Tristesse et joie dans la vie des girafes

Cette oeuvre m'a semblé nettement en-deça des deux autres pièces précédemment lues de cet auteur et qui, celles-là, m'avaient réellement enthousiasmée. Déjà, les deux premières pièces étaient résolument positives, alors que celle-ci nage dans le marasme social de la crise économique portugaise. Une petite fille voit son père chômeur et désargenté ; sa mère n'est plus là, est-elle décédée ou partie ? le lecteur n'en saura jamais rien. Et plutôt que d'avoir neuf ans, cette petite fille, appelée Girafe tellement elle est grande en fait, en paraît trois de moins au moins, tellement elle est encore dans le monde de la petite enfance.

De plus, cette pièce doit être difficile de mettre en scène, tant les personnages apparaissent dans des contextes divers. Donc, ce n'est pas la scénographie qui pourra sauver le reste, me semble-t-il.

A force de nous réserver du tout grand, Tiago Rodriguez est ici décevant.

Fond : une dénonciation de système sociopolitique portugais

Forme : un conte
Récit en forme de patchwork de références culturelles et politiques ( la mouette de Tchekhov, Judy Garland, le petit chaperon rouge, les personnages incarnant des institutions...)

Procédés utilises :le détour, la distanciation, le point de vue subjectif.
Le fil conducteur est incarné par une gamine en deuil, déphasée par rapport au monde qui l'entoure ( celui qui est…)
le point de vue est celui de l'auteur via la gamine
ce qui est dit est un détour pour exprimer autre chose
les mots sont des détours pour exprimer la pensée .Les émotions sont mises à distance
le conte est un détour pour dénoncer les dysfonctionnements du système politique portugais

Thématiques : l'absence, la mort, l'absurde, la résilience, le théâtre dans le théâtre, subjectivité de la réalité, ( Girafe se fait son petit théâtre)

Effet : le lecteur est bousculé ,reste a distance, obligé de s'interroger via le texte du conte sur le sous texte qui parle de ce qui est essentiel pour l'auteur c'est à dire la situation politique au Portugal.

Appréciation :
la forme est au service du fond
les lecteurs qui aiment cogiter apprécieront ‘' tristesse et joie dans la vie des girafes''
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"Ça, c'est nous ressentant de la joie de nous être perdus" : ces quelques mots qui décrivent la joie de Girafe et de Judy Garland prises dans l'aventure de la fugue, le lecteur de cette pièce inventive et jouissive pourra les reprendre aisément à son compte !