Dora est un roman graphique en noir et blanc (à l'exception de quelques rares pages en couleurs) réalisé par Ignacio Minaverry, auteur argentin. C'est le premier tome d'une série de quatre.
On y découvre un personnage attachant, celui d'une jeune fille de seize ans,
Dora Bardavid. Au début de l'histoire, nous sommes en 1959 en Allemagne.
Dora travaille dans un service d'archives du Berlin document center. Elle vit en colocation avec sa collègue et amie prénommée Lotte, pour qui elle ressent une certaine attirance. Elle se cherche encore sur le plan de la sexualité, quant à son amie, elle est plus avancée qu'elle sur le sujet et fréquente un garçon.
Mais le sujet central, ce sont ces archives du nazisme que
Dora est chargée d'inventorier. Un travail qui la bouleverse puisque son père a trouvé la mort dans un camp de concentration. Un jour, elle trouve un document qui le concerne. Elle décide de prendre en photo les documents confidentiels concernant les exactions nazies auxquels elle a accès, à l'aide d'un vieux Minox qu'elle dissimule dans son chignon.
A la mort soudaine de son chef,
Dora et Lotte sont mises à la porte.
Dora décide de rentrer à Paris chez sa mère avec qui elle semble entretenir une relation complexe. Elles déménagent à Bobigny.
Dora y rencontre Odile avec qui elle se lie d'amitié et découvre le milieu communiste. Nous sommes au début des années 60, période de la guerre d'Algérie. Travaillant comme traductrice, elle rencontre un agent israélien qui lui propose de partir en Argentine sur les traces de Mengele, le médecin d'Auschwitz. Elle devient une espionne sur la "route des rats" (il est question des nazis, mais aussi des oustachis, mouvement croate fasciste et antisémite, dont je ne connaissais pas l'existence).
Le livre est bien documenté, il est le reflet d'une époque complexe : les non-dits de l'après-guerre, le besoin de reconnaissance des crimes commis, le communisme, la guerre d'Algérie, le démantèlement du peronisme après la révolution libératrice en Argentine... Malgré tout, je l'ai parfois trouvé complexe, notamment sur ces derniers sujets que je ne maîtrise pas. le tout sur fond d'affirmation d'une jeune fille indépendante. le graphisme est fourni, inspiré de la dactylographie des archives.