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EAN : 9782130490708
304 pages
Presses Universitaires de France (01/12/1998)
4/5   2 notes
Résumé :
Paru pour la première fois, pour des raisons contingentes, en deux volumes il y a une vingtaine d'années et réédité plusieurs fois entre-temps, L'événement et le monde retrouve sa forme originelle, celle d'un seul et unique ouvrage dont l'édition a été entièrement révisée par l'auteur. Cet essai philosophique visant à comprendre l'homme comme « advenant », c'est-à-dire comme ce vivant auquel il peut arriver quelque chose, seul « capable » d'événements au sens fort d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un essai d'une belle qualité, malgré les insistances récurrentes de l'auteur sur les points fondamentaux de sa doctrine. La prolixité de l'ouvrage permet un développement assez rigoureux et permet de saisir, de manière tout à fait philosophique (c'est-à-dire de manière conceptuelle), le « rôle » entendu par l'auteur de la survenue événementiale au sein même d'un système apriorique ayant alors la particularité d'être l'apriorité de l'aposteriorité. Il s'agit d'une philosophie de l'événement compris dans sa propre teneur indépendamment de toute ontologie de la facticité et de toute tentative de reconduction métaphysique du possible préalable : les choses mêmes de la phénoménologie ne sont alors rien d'autre que cette événementialité qui échappe à l'intramondanité, c'est-à-dire qu'il ne s'agit plus de se subordonner à un système téléologique et causal comme le font les faits intramondains (c'est-à-dire les faits de type « A se manifeste ainsi dans tel contexte événementiel », sachant que le contexte déterminera le sujet d'assignation qui est, vis-à-vis de l'événement, multiplement déterminable en tant que l'événement affecte par principe plusieurs sujets), en manifestant des possibilités préexistantes d'un contexte événementiel que seul l'advenant (l'homme) pourrait projeter, mais d'instituer son propre contexte, si l'on peut dire. L'événement est bien plutôt ce qui reconfigure impersonnellement mes possibles, en bouleversant du tout au tout le possible et son monde. Par là, l'événement n'est pas non plus intratemporel : il est bien plutôt temporalisant et échappe aux apories de la métaphysique classique voulant décrire le temps au sein même du temps, y compris et surtout dans les philosophies de la durée. Je retiens quelques thèses-clefs :
• L'événement surgit avant d'être possible, et s'absout donc de toute condition de possibilité de telle sorte qu'il serait inadéquat de penser l'événement par ces conditions
• Une pensée de la naissance est oubliée dans la pensée heideggerienne encore aux prises avec la pensée subjectiviste, le Dasein ne parvenant pas à saisir l'événement originaire de la naissance, qui ne saurait pour moi constituer un fait intramondain, dans sa pensée de l'être-vers-la-mort ; la naissance n'est pas pensable en termes de facticité
• Il y a un retard constitutif de l'originel sur l'originaire, c'est-à-dire que l'advenant est amené à la rétrospection, que l'événement survient de telle sorte que l'originaire n'est pas l'originel dans la perspective de la reconfiguration de l'événement
• L'ipséité est une capacité et n'est pas préalablement individuée (à ce titre, on se demande sur Romano ne revient pas, sans le vouloir, à une doctrine du sujet capable de prédication…), et constitue la matrice de toute individuation
• Il y a une aposteriorité transcendantale du comprendre
• L'événement a trois caractères : il est inaugural, rétrospectif et prospectif
• Il y a trois dimensionnels du temps : l'instant, le toujours-déjà et le futur
• La temporalité est précédée par le temps du fait du primat de l'événement sur la temporalisation du temps
L'auteur prend son temps à dialoguer avec Heidegger, Husserl et la métaphysique, ainsi qu'avec des références littéraires. Je me dis qu'une étude comparée à Alain Badiou, qui a lui aussi pensé l'événement dans une toute autre perspective, serait intéressante.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Il convient donc de distinguer le fait, qui est datable, c’est-à-dire qui prend place dans un présent limité et définitif, de l’événement qui ne cesse de survenir aussi longtemps que nos modalités d’appropriation de ce qui nous est arrivé le changent progressivement en lui-même. Le concept freudien de Nachträglichkeit, d’après-coup, qui ne concerne, dans la pensée psychanalytique, que les traumatismes infantiles, peut être ainsi étendu – en un sens modifié – à tout événement. L’expérience de l’événement est nécessairement une expérience ouverte, qui ne cesse de se renouveler et, en ce sens, qui conserve pour nous indéfiniment un avenir, qui est sans cesse en gestation d’elle-même ; et c’est pourquoi l’événement, à la différence du fait, prend place dans un présent lui-même « ouvert », qui déploie sa propre dimension d’avenir ou de futurité. On peut dire de l’événement ce que Heidegger affirmait du Dasein : « il a à être ce qu’il est ». Il ne cesse par conséquent de posséder un futur qu’il déploie lui-même par sa propre survenue.
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Participer au temps signifie, pour l’Un […], en même temps devenir plus vieux que soi-même et devenir plus jeune que soi […]. Or ce n’est pas dans le maintenant que l’Un peut subir ces deux changements, puisque le maintenant est l’arret du devenir (deuxième hypothèse [du Parménide]) : l’ek-stase du changement […] ne saurait se produire dans la stase du maintenant.
p344
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L'ipséité, c'est-à-dire la capacité de me rapporter en personne à ce qui m'arrive et de m'approprier des éventualités à travers une ex-pér-ience dont je ressors nécessairement transformé, se distingue de l'identité d'un étant d'une chose, c'est-à-dire de leur identité numérique conformément au principe A=A

p546
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La finitude ne doit pas être pensée en premier lieu à partir de la mort comme ce qui met un terme au pouvoir de l'advenant, mais de la naissance, c'est-à-dire de ce qui inscrit au creux de ses pouvoirs l'impouvoir d'un retard sur le possible qui transit son aventure et la structure de part en part.

p584
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« Par l’intentio l’esprit actif rend possible la transition des temps les uns dans les autres ; par la distensio passive, il recueille en quelque sorte le résultat de cette transition, élargissant le présent à l’avenir immédiat et au passé proche »
A propos d'Augustin, p414
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