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EAN : 9782809703252
210 pages
Editions Philippe Picquier (09/11/2011)
4.12/5   12 notes
Résumé :
Ces journaux intimes ont en commun d'avoir été écrits en japonais au XIe siècle par des femmes, et valurent à leurs auteurs une gloire considérable qui fait encore d'eux aujourd'hui des chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale.
Le journal de Murasaki Shikibu, qui écrivit les deux mille pages du Dit du Genji, n'a trait qu'à quelques années de sa vie ; celui d'Izumi Shikibu ne concerne qu'un épisode de la sienne, mais le Journal de Sarashina, commencé à douze ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans le journal de Sarashina, c'est l'intimité de la jeune femme qui nous est proposée. Sarashina y évoque les événements de sa vie dès ses douze ans jusqu'à ses cinquante ans. Lors de voyages ou de visites à sa famille, les échanges sont épistolaires sous forme de poèmes faisant souvent référence à la nature pour décrire ses états d'âme.
Le deuxième journal est celui de Murasaki Shikibu, et nous plonge dans la vie de la cour. La jeune femme y fait preuve d'une grande connaissance des moeurs et des rites, notamment les hiérarchies à respecter par les différentes courtisans selon leur rang et leur importance. Elle y décrit les robes, les couleurs ou les fautes de goût, faisant preuve d'ailleurs d'un humour assez caustique, quelquefois drôle dans des portraits que La Bruyère ne renierait pas.
Le troisième journal est celui d'Izumi Shikibu, et surtout de ses amours avec un gentilhomme marié, illustré par de nombreux échanges de poèmes.
Une lecture en demi-teinte...Trois journaux intimes de la période de Heian au XIème siècle quand la capitale du Japon était Kyoto, qui nous révèlent trois femmes et leurs préoccupations principales, leurs échanges avec leurs interlocuteurs, famille, amants, sous forme de tankas, poèmes de trente et une syllabes, forme la plus usitée à l'époque et qui s'appuie souvent sur la nature pour décrire les états d'âme. J'ai eu quelque fois du mal à me concentrer sur les sujets abordés, pour certains assez elliptiques (des amours consommées ou non je ne sais toujours pas) des dialogues sous forme de poèmes épistolaires, processus qui se répète et m'a lassée et moult détails sur les tenues robes, dessous, manches qui ne m'ont pas passionnée...
Murasaki Shikibu, se lancera dans l'écriture "du dit du Genji", oeuvre fondamentale dans la littérature japonaise et il peut être intéressant de prendre connaissance d'écrits plus intimistes, mais ce recueil s'adresse plus aux spécialistes et érudits en littérature médiévale japonaise et je suis restée un peu de côté.
Pour les passionnés.
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Trois journaux écrits par des femmes de cour au Japon au XIème siècle.
Introduction éclairante sur les écrits intimes, la cour de l'époque, chacune de ces femmes et leur journal.

le Journal de Sarashina : il commence quand l'autrice est adolescente et se termine à un âge relativement avancé. Sur une soixantaine de pages, on rencontre la sensibilité de cette jeune fille puis de cette femme, à travers un récit de voyage, sa vie à la cour, ses pélerinages. Toujours sensible à la nature (nombreuses notes descriptives et souvent poétiques), passionnée de littérature (de la difficulté de se procurer des livres quand on n'appartient pas à l'aristocratie ; petite tendance au bovarysme de plus...), pas avare dans l'expression des sentiments que ce soit pour sa soeur morte, son père en voyage, un amant.
J'ai trouvé très émouvant d'imaginer le quotidien, les pensées et les émotions de cette femme d'il y a mille ans !

Journal de Murasaki Shikibu : Elle est l'autrice du Genji Monogatori / @le dit du Genji (dont l'autrice du Journal de Sarashina était une grande amatrice !), considéré encore aujourd'hui comme un des plus grands romans japonais, et l'un des premiers romans psychologiques au monde. Soixante-cinq pages dans lesquelles elle évoque le quotidien de la cour ponctué de cérémonies protocolaires, très attentive à la beauté et aux tenues des femmes qui constituent un art à part entière. Elle se montre pleine d'humilité, de compassion et de circonspection au milieu de ces mondanités. Elle n'hésite pas à en mentionner les travers et la lassitude qu'elle peut éprouver. On croise Izumi Shikibu (autrice du troisième journal présenté ici, qui faisait partie de la cour de la Princesse tandis que Murasaki Shikibu faisait partie de la cour de l'impératrice, grande poétesse encore renommée aujourd'hui) qu'elle considère comme une artiste pas vraiment accomplie, ainsi que Sei Shonagon (autrice de @Notes de chevet, considéré encore aujourd'hui comme un chef d'oeuvre) qu'elle trouve imbue d'elle-même. On la voit complice de l'impératrice pour cacher leur connaissance du chinois (interdit aux femmes à l'époque) alors qu'elles en admirent les créations littéraires (voir citation).
Quelques images bien senties, mais reste à savoir dans quelle mesure la traduction respecte le texte original, car elle n'a pas été faite à partir du texte japonais mais de sa traduction anglaise... ce qui ne m'a pas dérangé pour ces deux premiers journaux mais qui est un véritable gâchis pour le troisième journal, le Journal d'Izumi Shikibu.
Particularité, il est écrit à la troisième personne (donc doute sur l'auteur). C'est le récit de la romance entre Izumi Shikibu et le Prince Atsumichi : leurs rencontres et leur correspondance parsemée de poèmes. D'après les spécialistes, cet ouvrage est vraisemblablement plutôt l'enchâssement des poèmes échangés entre les amants dans un écrin narratif qu'un réel journal.
Je l'ai trouvé assez pénible à lire du fait de la succession souvent simplement juxtaposée des épisodes, sans détail descriptif du décor par exemple, des scènes répétitives, un style aux phrases assez allusives et alambiquées. Certains poèmes m'ont tout de même touchée par leur sensibilité et leur subtilité, le lien nature / sentiments etc. J'étais malgré tout déçue de ce journal - quand je suis tombée sur une traduction de René Ceccaty dans @Mille ans de littérature japonaise. J'ai en partie lu les deux textes en face à face : on pourrait presque dire que ce sont deux textes différents ! Et j'ai trouvé le texte fabuleux dans la traduction de Ceccaty ; de ce fait, j'ai des doutes sur les traductions de deux premiers journaux et je pense que ça vaudrait le coup de lire une version tirée directement de l'original. Cependant, il est possible que ce décalage se sente particulièrement dans le journal d'Izumi Shikibu par le caractère extrêmement poétique de son écriture (d'après ce que dit Ceccaty), jouant énormément sur les mots, leur homophonie et leur polysémie, chose très difficile à rendre en traduction (le fameux problème du "traduire / trahir"), donc en traduction de traduction... d'autant que des références culturelles ou littéraires n'ont vraisemblablement pas été identifées, vidant donc certains passages de leur sens.

Bref, une lecture intéressante dans l'ensemble malgré la déception sur le dernier tiers. Je trouve émouvant d'observer des tranches de vie aussi lointaines dans le temps, l'espace et la culture et pourtant tellement proches sur le plan humain !


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Ce recueil présente trois journaux, de taille inégale, tenus par des dames de cour de l'époque Heian, au XIe siècle. 

À l'époque de leur rédaction règne l'empereur Ichijo et ses deux impératrices, Sadako et Akiko. Chacune s'entourait des meilleurs éléments pour que sa cour surpasse celle de sa concurrente. Sadako comptait dans ses suivantes Sei Shonagon, talentueuse rédactrice des « notes de chevet », livre magnifique que j'ai chroniqué ici, alors que Akiko comptait à sa cour Murasaki shikibu, autrice de l'imposant et magnifique « Gengi monogatori ». En 1008, elle y sera rejointe par une poétesse célèbre, Izumi Shikibu.
Elles ont toute deux rédigé chacune leur journal : Murasaki Shikibu nous y décrit sa vie à la cour impériale pendant quelques années. Izumi Shikibu nous raconte comment, durant quelques années, elle entretint une liaison avec un prince impérial, et son journal s'achève au moment où elle le rejoint à la cour malgré les commérages au sujet de leur liaison.

Le troisième journal présenté est celui dit « de Sarashina », mais nous ne connaissons pas le nom de celle qui l'a rédigé* (Sarashina est une ville). Il couvre presque toute la vie de cette femme, de douze à cinquante ans. On y retrouve les récits poétiques de ses voyages, sa vie à la cour, ses déconvenues (nombreuses), ses rares joies et son goût pour la contemplation des paysages.

Mais au delà du fond, ce qui compte, ce qui transforme ces journaux, c'est leur musique interne, c'est l'enchantement que constitue la langue de cour utilisé par leurs rédactrices. Toutes trois sont les ambassadrices d'un monde raffiné à l'extrême, où l'on ne communique que par poèmes, où les sentiments se doivent d'être suggérés, les tenues éblouissantes et d'un accord parfait (une des dames de cour fait-elle une légère erreur dans la combinaison des couleurs, un peu trop pâles, du poignet de sa manche que tous les nobles présents le remarquent). C'est aussi un monde où règne le poids étouffant de l'étiquette et les moyens variés de la transgresser ; ainsi que l'admiration envers la nature et ses manifestations.

Ainsi nous y rencontrerons bien des fois les aspects changeants de la Lune (si bien décrits bien plus tard, par les estampes de Yoshitoshi), seule source de lumière et d'espoir dans les longues nuits de veille des belles de l'époque dans l'attente d'une visite galante ; nous y ferons connaissances avec des manches qui ne peuvent être que mouillées de larmes et lirons force description de tenues, mais aussi de nombreux tankas, poèmes d'amour, de désir, de remerciement où de désolation, traces par delà les millénaires des éternelles vicissitudes de l'âme humaine. Mots lancés pour un instant, pour séduire, pour laisser transparaître les sentiments qui ne peuvent qu'affleurer à la surface de ce monde codifié à l'étiquette rigide.

Ecoutons « Sarashina » alors qu'elle accomplit son premier voyage, à l'âge de treize ans: « Le mont Fuji se trouve dans cette province. Dans la province où je fus élevée et d'où je partais pour entreprendre ce voyage, j'apercevais cette montagne dans le lointain, vers l'ouest. Elle surgit peinte d'un bleu profond, et couverte de neiges éternelles. On dirait qu'elle porte une robe violet foncé avec un voile blanc sur les épaules. La fumée montait du petit plateau sur sa cime. le soir, nous y vîmes des flammes vives ».

Voyons comment Murasaki Shikibu nous confie ses désillusions passagères alors qu'elle hésite régulièrement entre s'éloigner de la cour ou y reprendre sa place: « Avant d'aller à la cour, j'essayais d'échapper à la mélancolie en correspondant avec celles qui partageaient mon coeur de diverses façons. Bien qu'étant une personne sans importance, j'avais passé ma vie sans éprouver le moindre mépris pour moi même, jusqu'au moment où je me rendis à la cour : depuis lors, hélas! j'en ai éprouvé l'amertume. »

Découvrons comment Izumi (seule à avoir rédigé son journal à la troisième personne) ouvre son coeur à son noble soupirant lorsque celui-ci lui demande de quelle façon elle pense à lui :

 « S'il était seulement permis à mon coeur d'éprouver la douleur de l'attente !
Peut-être d'attendre serais-ce une douleur moindre ce soir…
Que de ne pouvoir même pas espérer… »

Il règne dans les lignes de ces journaux un charmes féminin indéfinissable, perceptible encore malgré le millénaire qui nous sépare de leur rédaction.

Les textes présentés par les éditions P. Picquier proviennent d'une double traduction Japonais -> anglais (par Annie Shefley Omori et Kochi Doi) puis anglais -> français (par Marc Logé) qui date de 1925 (!)

L'Introduction d'Amy Lowell date de cette époque, et elle est d'une grande qualité, présentant parfaitement les trois rédactrices et leur cadre de vie. Celle qui l'a rédigée était une poétesse elle même d'un grand talent (Elle reçut le Pulitzer à titre posthume) et par ailleurs soeur de Percival Lowell, astronome « inventeur » des canaux de Mars et initiateur de la recherche de la planète Pluton, baptisée d'ailleurs en raison de ses initiales.

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* Comme leurs noms soient en fait des surnoms liées à leur fonction,  les noms des autres dames sont parfois inconnus : si Murasaki Shikibu se nommait To (Shikibu est le titre de son père, signifiant « maître de cérémonie, comme Shonagon, « conseiller d'état inférieur »), on ne connait pas le « vrai » nom d'Izumi Shikibu.
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Les journaux de Murasaki Shikibu, Izumi Shikibu et Sarashina collectés dans ce recueil sont le témoignage de la vie et de la littérature de la période Heian.

Journaux d'Au-dela des nuages, comme on appelait la cour de Kyoto, ces trois femmes collectent les histoires et se font les témoins de la sensibilité d'un temps heureux pour l'aristocratie japonaise.

Le spectacles des fleurs et des nuances des robes disent le raffinement de toute une culture, indiquant le caractère éminemment poétique de ces cercles et de ces goûts médiévaux du Soleil Levant.

Un témoignage précieux et intéressant sur cette culture...
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Ces dames de cour du Japon vivaient aux alentours de l'an mil, période de Heian ; un temps d'un raffinement extrême, qui précède l'époque de la féodalité et de Shoguns, dont l'imagerie est mieux connue. Point de combats de samouraïs dans ce Japon ancien mais des joutes poétiques et une délicatesse qui confine à la préciosité.

Murakasi Shikibu est l'autrice du premier roman japonais le "Genji monogatari". Son journal relate un moment de sa vie à la cour de l'impératrice Akiko et donne des détails sur le quotidien des courtisans et les rites de la cour. A noter l'importance et la qualité des descriptions de vêtements et des infinis nuances de couleur.

Izumi Shikibu fut une poétesse célèbre dont l'oeuvre est encore éditée et respectée. Elle consacre son journal à sa liaison passionnée avec le prince Atsumichi. Elle y recueille les poèmes qu'ils se sont échangés au cours des années.

Le journal de Sarashina est pour moi le plus touchant : cette fille d'un gouverneur y a écrit divers événements de sa vie entre ses 12 ans et ses 50 ans; une vie faite de peines et de deuils, d'un amour profond des romans et d'une grande sensibilité douloureuse.

Tout à fait délicieux !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mes parents, qui étaient très arriėrés, pensaient que la vie à la cour n'avait rien d'agréable, et ils souhaitaient que je passe mon temps à la maison. Mais d'autres me disaient : "Aujourd'hui, il y en a qui se rendent à la cour comme dames d'honneur, où les occasions heureuses (de mariage) sont naturellement nombreuses. Pourquoi ne pas essayer ?" C'est ainsi que je fus envoyée à la cour contre mon gré.
Journal de Sarashina.
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Si je m'habituais à la vie de la cour, la timidité serait vaincue et je pourrais facilement m'exposer aux regards. Ainsi mon avenir m'apparaissait  comme dans un rêve et je me laissais aller aux divagations. Mon esprit était très troublé, et j'étais incapable d'observer quoi que ce soit.
Journal de Murasaki Shikibu
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Mais celle qui s'exalte elle-même, qui est maniérée, a la moue boudeuse et l'attitude méprisante, attire immanquablement l'attention; et elle aura beau se tenir sur ses gardes, on l'observera de près et on ne manquera pas de découvrir ses défauts de parole et de maintien.
Journal de Murasaki Shikibu
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Mais l'Impératrice m'obligeait à lui lire les oeuvres poétiques de Li Tai Po, et comme elle souhaitait les connaître, voici deux ans que je lui fais apprendre, dans le plus grand secret, quand personne n'est présent, les deuxième et troisième tomes de ce recueil. Sa Majesté et moi avons essayé de nous cacher, mais l'Empereur et le Premier Ministre ayant découvert la chose, ce dernier a offert à l'Impératrice plusieurs livres poétiques qu'il avait fait copier.

Journal de Murasaki Shikibu p 145
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Certaine dame Koma avait de très beaux cheveux; c'était, autrefois, une dame fort agréable. Maintenant, elle est devenue comme le chevalet d'un luth qui aurait été immuablement fixé par de la colle. Elle ne bouge plus de chez elle.
Journal de Murasaki Shikibu
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