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sur 2910 notes
Et donc, j'ai lu Sarr.

Il aura fallu que j'accepte de jouer les arbitres dans le duel équilibré opposant quelques bookstagrammeurs amis dans leur jugement, pour lire La plus secrète mémoire des hommes. Un livre que, malgré son Goncourt, je n'avais pas forcément envie de lire. Enfin pas tout de suite. J'avais tort.

Et donc, j'ai lu Sarr.

Et s'il y a autant de définition de la littérature qu'il y a de lecteurs, j'associe pour ma part à ce mot l'impérieuse nécessité d'y placer une grande ambition. Et celle portée par Mohamed Mbougar Sarr dans ce livre est immense. Démesurée. Au point de prendre à chaque page le risque de se perdre ou de perdre son lecteur. Ce qui n'arrive jamais. Ne comptez pas sur moi pour détailler l'histoire, elle est partout depuis 6 mois.

Et donc, j'ai lu Sarr.

Un livre érudit ; un texte magnifique ; une intensité omniprésente ; une histoire au long cours ; une multi-culturalité nourrissante ; une maîtrise parfaite de la langue dont les possibilités infinies se soumettent au projet du maître ; une sensualité savamment dosée ; une exigence assumée… de ces livres que tu refermes sans être sûr de tout avoir saisi, ce qui n'est pas grave tellement ce que tu en as saisi t'a passionné. Et tu te jures que tu le reliras ; ce que tu ne feras probablement pas.

Et donc, j'ai lu Sarr.

Et j'ai aimé qu'au-delà de son fil historique, l'auteur s'égare délibérément et délicieusement dans des digressions plus contemporaines : sur la condescendance accordée jusqu'il y a peu à la littérature africaine ; sur la génération d'auteurs appelée à prendre différemment la relève ; sur la vacuité d'écrire ; sur la satire ironique de la critique en général et des réseaux sociaux en particulier ; et enfin, version moderne de l'arroseur arrosé, sur la façon d'anticiper le formatage d'un livre qui plaira à coup sûr aux convives de Drouant.

Et donc, j'ai écouté Sarr.

Reprenant le fil interrompu de ses rencontres en province, j'ai eu la chance d'écouter Sarr il y a quelques jours. Et c'est là que Mbougar est grand. Car réussir à ajouter autant d'intelligence oratoire à son oeuvre écrite confine au sublime. Et l'écouter, c'est être convaincu que Sarr n'a pas tout dit. Alors s'il passe près de chez vous, courez-y vite !
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Prix Goncourt oblige... on m' a offert ce livre en cadeau de Noël, et j'étais sincèrement heureux de le recevoir. La couverture et l'auteur ont attisé ma curiosité. Je m'y suis plongé au coin du feu rapidement. Un plongeon dans une piscine vide. Comment vous dire... Cela m'a semblé être un récit nombriliste, dont on ne saisit pas très bien les tenants et les aboutissants, une histoire alambiquée autour d'un auteur secret dont on ne voit pas l'intérêt, parsemée de mots compliqués à intervalles extrêmement réguliers pour "faire littéraire".
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Ce Goncourt, je ne le sentais pas. Les livres qui cuisinent la littérature et ses adorat.eur.rices-servit.eur.rice.s ne m'attirent pas, à priori. de plus, une de mes libraires préférées m'a avoué à l'oreille l'avoir lâché après 50 pages. du coup, les dithyrambes unanimes (si rares) du Masque et la Plume m'ont fait presque peur, pour dire. J'ai donc réservé l'opus en bibli et patiemment attendu mon tour...
Lequel (tour) est arrivé plus vite que prévu.
Tiens ? Pourtant le chef-d'oeuvre annoncé est réputé difficile à lire. Alors ? Les réservataires précédents auraient-ils sauté des pages ?

Je ne le saurai jamais mais si c'est le cas, je les comprends.
À mes yeux, ce Goncourt 21 est un salmigondis amphigourique prétentieux vaniteux égocentré et creux.
Il ne m'a pas du tout intéressée. Il relève de la pensée magique. Écriture narcissique. La quête soi-disant essentielle tourne en rond à la recherche du chef-d'oeuvre inconnu absolu perché sur un piédestal et bien sûr introuvable... Pour moi : arnaque et panurgisme. J'ai lâché au milieu (ma PAL est trop haute et contient forcément de meilleures surprises). Joie de me délester dudit Goncourt au guichet de ma bibli tout en faisant le bonheur des réservataires suivants (meilleurs voeux :-) 007.




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Roman envoûtant. Mille histoires percutent le lecteur en même temps que la grande Histoire. Mille géographies aussi puisque le lecteur voyage sur plusieurs continents. Mille questions encore interrogent le lecteur. La vérité ? Quelle vérité ? Qui la détient ? Ou plutôt combien en détiennent une part ?

Et la liste de réflexions en tous genres est impressionnante : colonialisme, racisme, politique, recherche d'identité, filiation, appartenance à un groupe social ou ethnique. Mais surtout, l'auteur s'interroge sur la littérature et le rôle de l'écrivain, ainsi que sur la critique littéraire. Car qu'est-ce qu'un bon livre ? Doit-il rendre compte de l'Histoire ou conter une histoire ? Est-on couronné écrivain après un seul livre ou en faut-il plusieurs pour obtenir le titre ? Peut-on s'inspirer des anciens pour renouveler les genres ? L'écriture a-t-elle la couleur du pays d'où l'on vient ou est-elle universelle ?
Diable, comme la liste de questionnements est longue et comme le débat peut être intéressant au regard du nombre de questions, de participants et d'avis. J'ai hâte d'être parmi mon groupe de lecteurs pour discuter de ce livre intelligent, passionnant, multiple et même mystique parfois.

« J'attendrai, enfin, que Madag vienne. Je ne pouvais accepter sa demande. Publier ce qu'il y avait dans ce carnet aurait détruit son oeuvre, ou l'égoïste souvenir que je veux en garder. Madag viendra me voir une nuit pour me demander des comptes, peut-être pour se venger, je le sais ; et son fantôme, en s'avançant vers moi, murmurera les termes de la terrible alternative existentielle qui fut le dilemme de sa vie ; l'alternative devant laquelle hésite le coeur de toute personne hantée par la littérature : écrire, ne pas écrire. »

En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : le labyrinthe de l'inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s'engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. du Sénégal à la France en passant par l'Argentine, quelle vérité l'attend au centre de ce labyrinthe ? 

Un livre magnifique, une ode à la littérature.
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OUI MAIS NON

Oui j'ai lu le Prix Goncourt 2021, celui dont tout le monde parle, celui que beaucoup encensent.
Oui je l'ai lu parce que j'en avais très envie. J'avais lu les premières chroniques dithyrambiques mais aussi les abandons et les réserves, j'avais écouté avec intérêt ici ou là les interviews durant lesquelles Mohamed Mbougar Sarr m'est apparu comme un écrivain de son temps, au discours pertinent et incarné par la littérature.

Alors oui ce roman m'appelait, m'attirait au point que j'en ai précipité la lecture, en laissant d'autres sur le bas côté, pour une lecture commune qui s'annonçait passionnante.
Mais finalement non- non je ne peux pas dire aujourd'hui comme d'autres l'ont fait à force d'élogieuses chroniques, que j'ai aimé le dernier Prix Goncourt.

J'entends d'ici que ça chuchote : « quoi ? Elle n'a pas aimé ce chef d'oeuvre ? Enfin un vrai Goncourt mérité et elle ne daigne même pas l'apprécier ? »
Eh bien non, en effet. La magie Mbougar Sarr n'est pas passée par moi. Portant dès le premier quart du roman quelques beaux passages me laissaient espérer et même entrevoir un sursaut possible. On me disait en coulisse « mais si tu vas voir, tu vas finir par être transportée comme jamais ». le problème c'est que jamais je n'ai été transportée.
J'ai plutôt tour à tour été lassée, perdue, agacée (oui ça m'arrive) et de trop rares fois séduites par quelques passages.

D'aucuns me diront que ce roman est exigeant et qu'on peut alors comprendre les lecteurs qui ont décroché. Mais sincèrement ce n'est pas son exigence qui m'a rebutée, je ne l'ai d'ailleurs pas trouvé si exigeant que cela.
En revanche son irrégularité, sa tendance à vouloir accumuler les éléments ou les effets, ses nombreuses digressions, ses systématiques changements de narrateur non identifié, jusqu'à son découpage insondable des chapitres, le tout dans un rythme très lent, étirant mon temps de lecture comme jamais… oui tout ça a provoqué rapidement une forme de divorce entre Mbougar Sarr et moi. Nous avions goûté sur quelques pages au bonheur d'un coup de foudre (mutuel ?) glissant peu à peu vers un quotidien amoureux bien trop routinier pour terminer dans une séparation résignée après 457 pages de lutte et de lassitude.

Alors oui, Mohamed Mbougar Sarr a écrit un roman en forme de déclaration d'amour à la littérature et à sa puissance, et oui je l'ai lu jusqu'au bout, mot après mot, sans diagonale, mais non je n'ai pas été éblouie. Et force est de constater que ce Prix Goncourt n'a évidemment pas besoin de moi pour briller en librairie ou sous le sapin mais aussi dans le coeur des lecteurs séduits.

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Je serais curieux de connaître les critères du jury au moment d'élire le prix Goncourt de l'année. On trouve en effet parmi les derniers lauréats :

- Des romans destinés au plus grand nombre de lecteurs, faciles d'accès, comme "Rouge Brésil" de Jean-Christophe Ruffin (2001), ou "L'anomalie" de Hervé le Tellier (2020) ;
- Des romans plus intimistes, moins populaires, comme "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu (2018), "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" de Jean-Paul Dubois (2019), ou encore "Les bienveillantes" de Jonathan Little (2006) ;
- Des romans dont on se demande s'ils sont destinés à être lus au delà d'un petit cercle d'élus autour de l'auteur, comme "Boussole" de Mathias Énard (2015).
Sarr

Pour moi, "La plus secrète mémoire des hommes" appartient, hélas, à cette troisième catégorie...

Je me suis accroché pourtant, mais je n'ai pas pu aller au-delà du premier tiers du livre !

L'écriture n'est pas en cause : elle n'est pas facile à lire, mais elle est agréable et riche. On sent que l'auteur maîtrise son art. J'aurais pu retrouver le plaisir de lecture que j'avais connu avec "Terre ceinte", un précédent roman de Mohamed Mbougar Sarr.

Hélas, l'histoire que nous raconte ce roman tombe trop vite, et trop profondément, dans le nombrilisme. Il ne fait guère de doute que l'auteur s'est incarné dans son héro, Diégane, à moins que ce ne soit dans la peau de l'énigmatique T.C. Elimane, ce mystérieux écrivain, ou, peut-être, un peu dans les deux. Mais il m' a oublié en route, moi, le lecteur...

En résumé : cette lecture m'a profondément ennuyé. C'est à se demander si l'auteur a écrit ce livre pour être lu ou seulement pour se faire un plaisir d'écrivain...

Ce qui ne m'éclaire pas beaucoup sur les critères de choix des Goncourt.
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Au départ il y a les mots, les phrases qui se déploient, s'élèvent comme les frises des sculptures de cathédrales. Oui, très vite, impressionné et recueilli, je me suis interrogé sur le type de monument littéraire qui s'érigeait ainsi devant moi. Cela s'est confirmé tout au long de ma lecture, oh combien... et après 464 pages merveilleuses, j'ai pu contempler dans son intégralité cette oeuvre de virtuose. Des phrases, des mots savants sont livrés en début de volume comme autant de matériaux précieux destinés à enjoliver l'édifice, à rendre grâce aux dieux de la littérature, puis vient l'évidence de l'écriture dans sa beauté, concise et porteuse de multiples images.

Dans le récit, Diégane Faye, écrivain sénégalais en devenir, est entouré de jeunes auteurs africains. Tous sont animés par des vies intellectuelles... et aussi amoureuses, intenses. Lui est hanté par un auteur découvert au lycée : T.C. Elimane dont le livre demeure introuvable. Emerge de ce milieu littéraire et joyeux une femme : Siga d'épicentre de grands secrets familiaux liée à la figure mystérieuse de T.C. Elimane, auteur malheureux du livre « le labyrinthe de l'inhumain », rejeté à son époque.

« Son livre tenait de la cathédrale et de l'arène ; nous y entrions comme au tombeau d'un dieu et y finissions agenouillés dans notre sang versé en libation au chef-d'oeuvre. Une seule de ses pages suffisait à nous donner la certitude que nous lisons un écrivain, un hapax, un de ces astres qui n'apparaissent qu'une fois dans le ciel d'une littérature. »

La mise en abîme est parfaite, Diégane Faye le personnage du récit ressemble beaucoup à l'auteur, tous deux sur les pas d'un écrivain Elimane ayant raté son rendez-vous avec la reconnaissance et la célébrité, éreinté par les critiques, tourmenté par la quête d'une histoire familiale embarrassée par L Histoire sur trois continents – Afrique, France, Argentine.

Il s'agit bien d'une fiction mais je n'ai pas pu m'empêcher, tellement tout semble plus réel que le réel, d'aller rechercher des noms, des faits, sur internet et c'était très cocasse car je retombais toujours sur le livre de Mbougar Sarr lui-même. A-t-on trouvé mieux que le roman pour parler du réel ? J'apprendrais lors de la rencontre littéraire où j'ai eu l'insigne privilège d'approcher l'auteur que celui-ci s'est inspiré du destin tragique de Yambo Ouologuem « le Devoir de violence », Prix Renaudot 1968. Elimane c'est Ouologuem. Un livre auquel je vais vite m'intéresser !

Une histoire complexe au départ puis tout va se fluidifier, s'assembler parfaitement. Il faut savoir attendre, apprendre à écouter le formidable conteur Mbougar Sarr, apprendre à aller à son rythme – le narrateur dit souvent j'y viens... –, pressentir qu'il va emmener le lecteur dans des passages littéraires inexplorés et précieux. Peut-être vers le livre essentiel que tout écrivain rêve d'écrire.

Trois livres se succèdent, découpés en parties aux titres indiquant bien les étapes de la quête, de l'enquête : Livre premier avec, entre autres, Toile de l'araignée-mère, notes sur le livre essentiel ; deuxième livre avec le testament d'Ousseynou Koumakh, ... tremblement, Enquêteuses, troisième livre avec l'équation Amitié – amour x littérature / politique = ? et enfin solitude...
Il est question de littérature opposée-complémentaire ? à l'action, au doute dans des allers-retours entre l'Afrique, la France, l'Argentine sur fond de la Shoah, du nazisme, du colonialisme, le tout enrichi de contes merveilleusement écrits.

Mohamed Mbougar Sarr au talent évident, insolent sans insolence, nous dit la nécessité de dépasser le face à face. Dire les choses terribles, telles qu'elles se sont passées, pour avancer enfin ! Il écrit une Afrique qui ne peut plus revenir en arrière, l'homme noir pour toujours imprégné par la langue, la culture du colonisateur mais, en miroir, l'homme blanc pour toujours imprégné de ce qu'il a commis, toujours lié au continent autrefois occupé, relié par les fils tissés par L Histoire.

Quand on a un tel Prix Goncourt il faut le déguster, lentement si possible, ce qui n'est pas si facile, l'enquête est passionnante avec des explications distillées au goutte à goutte des lettres et des mots... jusqu'à la fin, magistrale ! Ce livre, édité conjointement par deux petites maisons d'éditions indépendantes, l'une française, l'autre sénégalaise, a la reconnaissance qu'il mérite. A ce niveau, le Goncourt ne doit être qu'une étape ! La roue tourne, des choses essentielles sont dites. Des auteurs de grande stature vont émerger, émerge sous nos yeux, courons les lire... J'espère que la voix de Mohamed Mbougar Sarr va continuer à résonner encore longtemps, ensemencer la littérature de mots essentiels, vrais. La plus secrète mémoire des hommes ne doit pas être cet hapax – ce dont on ne peut relever qu'un exemple... le doute, la notoriété ne doivent pas éteindre la flamme. Vite, avoir à lire d'autres livres approchant les vérités pour revenir vers la lumière de l'espoir.
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Retrouvez cette chronique avec composition personnelle du livre et titre audio du Super Diamono cité page 42 du livre sur mon site Bibliofeel, adresse ci-dessous.

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Ma critique n'apportera pas grand chose de plus à celles que l'on peut déjà lire sur Babelio, terriblement justes, qu'elles soient positives ou négatives. Il y a de tout dans ce livre. Une enquête sur un écrivain africain de l'entre-deux guerres qui va devenir une quête de soi pour plusieurs personnages dont on va suivre les itinéraires fragmentés en Afrique, en France, en Argentine. Je n'ai pas lâché le livre jusqu'aux dernières 150 pages où l'action tend à s'effilocher. Il y a beaucoup de choses dans ce livre, beaucoup de thèmes abordés, trop peut-être, et c'est son point faible. A force de vouloir nous éblouir, l'auteur noie son lecteur sous un flot d'informations, à mon avis, pas toujours nécessaires.
Cependant, je mets 4 étoiles pour le plaisir que sa lecture m'a procuré, mais aussi pour le brio dans la construction et le ton du récit.
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Ce récit est une quête, celle que mène Diégane Latyr Fayen apprenti écrivain qui, après la lecture subjuguante du Labyrinthe de l'inhumain de L. C. Elimane part à la recherche d'informations sur ce mystérieux compatriote encensé par la critique à la sortie de son livre en 1938 jusqu'à être qualifié de « Rimbaud nègre » avant d'être descendu en flammes sous l'accusation de plagiat. Dès lors l'auteur disparait.
Cette quête ou enquête va imbriquer de multiples récits : celui de Diégane bien sûr mais aussi ceux de Siga D. la nièce d'Elimane, celui d'Ousseynou Koumakh son oncle, aveugle doué de double vue et doté de pouvoirs de guérisseur, celui de Brigitte Bollème qui a écrit un article sur Elimane, de ces éditeurs Thérèse et Charles, les voix s'emmêlent au point que parfois la lectrice que je suis ne savait plus qui parlait. Les périodes aussi s'enchevêtrent : aujourd'hui, avant et après la 1ère guerre m., les années 30 et c'est pour le coup tout un contexte qui contribue à construire le portrait du romancier mystérieux : le Sénégal colonisé, le Sénégal d'aujourd'hui, les tirailleurs, les jeunes intellectuels qui montent à Paris et comme leurs aïeux morts pour la France rêvent d'être reconnus, acceptés pour leur valeur, le Sénégal des mythes et croyances…
C'est un roman riche et exigeant qui interroge sur les motivations de l'écrivain. Pourquoi écrire ? Pour qui ? Ecrire le livre ultime, le dernier livre, « celui qui engendre tous les autres ou que ceux-ci annoncent ».
C'est un roman qui rend hommage à Yambo Ouologem qui est le premier africain à avoir été récompensé du prix Renaudot avant d'être voué aux gémonies. Ce Malien dont le destin est si proche de celui d'Elimane s'il n'est son double à qui on a reproché de plagier lui aussi…
C'est un roman intrigant dont l'entrée est difficile car longue et verbeuse. C'est un peu rebutant comme entrée en matière. Mais heureusement, dès la seconde partie, je me suis laissée porter par l'intrigue grâce surtout à la voix de Siga D. qui nous embarque sur les traces des origines d'Elimane, qui mêlent mythes occidentaux comme celui des jumeaux rivaux à ceux du Sénégal, à sa magie et aux pouvoirs surnaturels qui guérissent ou qui tuent…
Ainsi chaque personnage ayant approché Elimane voire même seulement son oeuvre, semble hanté, poursuivi par une présence inquiétante, troublante. Cet homme fascinant reste une énigme même pour ses proches. Et si Mohamed Mbougar Sarr a légèrement soulevé le voile qui cache la vérité d'Elimane, cela m'a permis d'en découvrir quelques facettes et de laisser le soin à mon imagination de compléter les pièces manquantes.
Je n'irai pas jusqu'à dire que le personnage d'Elimane va me poursuivre moi aussi mais j'ai aimé attendre les révélations distillées au fil des différents témoignages, au fil des supports variés : conte, articles, lettres, journaux intimes… , d'attendre de découvrir où sa quête allait mener Diégane car il cherche bien plus qu'un auteur, il se cherche, lui, écrivain…
Merci pour cette Lecture Commune menée dans le cadre du Multidéfis 2022 en compagnie de @Mouche307, @Pas-chacha, @Tigo, @Fuyating, @Laurent81.
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Que de longueurs et de pédantisme dans ce livre de plus de 400 pages. Un exemple? "Marème, une écrivaine sénégalaise d'une soixantaine d'années, que le scandale de chacun de ses livres avait transformée, pour certains, en pythonise malfaisante, en goule, ou carrément en succube."
Je n'irai même pas jusqu'au bout tant je suis lassée. le prix Goncourt ne couronne pas que des chefs-d'oeuvre, loin de là.
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