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3,8

sur 2910 notes
Je tenterai seulement un simple jet de sarbacane :
"Pas besoin de phrases ni de longs discours
Ça change tout dedans, ça change tout autour"


La littérature est le Petit pays de Faye (personnage principal), peu importe son "identité", et qu'importe de se perdre dans ce Labyrinthe de l'inhumain pourvu de l'écrire. Maintes fois j'ai déjà rêvé un livre essentiel.
"Le livre essentiel ne s'écrit pas." Nous confie T.C. Elimane dans le premier biographème en p.120.
De fait, le livre essentiel est infini.


"Ne retombe plus jamais dans le piège de vouloir dire de quoi parle un livre dont tu sens qu'il est grand. [...] Un grand livre n'a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou à découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout et ce quelque chose aussi est déjà tout" p.50


Magie des mots noirs sur une feuille blanche, envoûté suis-je. Mohamed Mbougar Sarr est un sourcier de la langue.


Merci incommensurable à cette amie très chère qui me l'offrit pour les fêtes, le bandeau rouge n'ayant pas sur moi le pouvoir d'une muleta.
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J'ai dérogé à mes habitudes en plongeant sans tarder dans ce roman récemment consacré. Selon moi, l'un des meilleurs Goncourt De ces dernières années. Ce roman mêle exigence littéraire et pouvoir de l'imaginaire, ainsi qu'une acuité cruelle sur le temps qui éreinte les hommes et les sociétés. Mohamed Mbougar Sarr est un habile conteur qui remonte à la source de la littérature tout en interrogeant sa fonction. Il mélange les genres, navigue entre le roman d'enquête et le récit initiatique, la fable philosophique et le recueil de témoignages. Il nous entraîne dans un labyrinthe sur plus d'un siècle d'Histoire, sans jamais nous perdre, laissant courir derrière lui le fil d'Ariane qu'il nous faut suivre de Paris à Amsterdam, de Buenos Aires à Dakar.

Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais et narrateur de ce récit, est fasciné par un écrivain maudit, T.C. Elimane, et par l'unique roman que celui-ci publia en 1938, « le Labyrinthe de l'inhumain ». Qualifié de « Rimbaud nègre » avant d'être mis au pilori puis oublié, Elimane est un homme insaisissable dont Diégane n'aura de cesse d'essayer de percer les mystères. Grâce à Siga D., écrivaine sulfureuse exilée du Sénégal, Diégane va s'enfoncer dans une quête à la croisée des chemins entre Afrique et Occident, traversant la mémoire tragique d'hommes et de femmes frappés par les tragédies individuelles, la Grande Guerre, la Shoah, la révolution argentine ou les soulèvements populaires à Dakar. Plus que le passé et la mémoire d'un homme, c'est la substance même de l'écriture que l'auteur explore, son pouvoir cathartique comme son ironie mordante.

Il est tentant de deviner l'alter ego de l'auteur sous les traits de Diégane, de sourire du tableau intransigeant qu'il dresse de ces jeunes intellectuels africains en quête de reconnaissance française, et même de cette allusion au Goncourt qui sonne comme une prophétie autoréalisatrice. Je retiens surtout de ce roman admirable son charme empli de noirceur, cet arrière-goût d'universalité, et une étourdissante aptitude à lier le destin des Hommes et celui des lettres.
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Le Goncourt 2021, rarement prix fut autant mérité, ne vient pas de nulle part. Il s'agit déjà du quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr, dont le précédent, de purs hommes, traitait de l'homophobie au Sénégal avec une force peu commune. Dans La plus secrète mémoire des hommes, l'auteur clame son amour de la littérature sur tous les toits et la douleur de l'écriture sur tous les modes. Mais c'est aussi la confrontation polymorphe entre l'Afrique et l'Occident, complexe et toujours à vif qui l'inspire. La plus secrète mémoire des hommes est un livre total, d'une densité invraisemblable, qui fait voyager dans le temps et dans l'espace, du Sénégal à Paris, en passant par l'Amérique Latine. de quoi se perdre dans sa luxuriance et ses incessantes métamorphoses de style ? Oui, certainement, mais le fil n'est jamais rompu, tout le long d'une enquête autour d'un écrivain maudit. Ce sont des rencontres successives qui éclairent la trajectoire d'un écrivain sénégalais, publié en 1938, étoile filante de la sphère littéraire. Les récits s'imbriquent les uns dans les autres comme des poupées russes avec des narrateurs différents et on ne sait par quelle miracle ce funambule de Mohamed Mbougar Sarr parvient toujours à retoucher terre. Dans ce livre virtuose, qui se joue des temporalités, ni l'humour (la scène du crucifix) ni la sensualité ne sont absents en un récit africain, certes, mais aussi nomade et universel. Pour paraphraser le titre du livre prodigieux (et fictif) qui est au coeur du roman, c'est le labyrinthe de l'humain dont l'auteur fait son miel, entraînant dans son sillage un lecteur émerveillé par tant d'intensité et de profondeur pour autant qu'il résiste à ce maelström insensé.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Je n'avais pas très envie de le lire ce roman.
Les avis étaient trop clivants ; très élogieux d'un côté, dépeignant un roman fantastique voire un chef d'oeuvre, très critiques presque méprisants d'un autre côté décrivant un roman pompeux, soporifique et même incompréhensible.
Et puis, j'ai dû le lire dans le cadre du jury du livre de poche 2023 et je me suis située entre le deux camps.
C'est l'histoire d'un homme qui part sur les traces d'un écrivain qui, accusé de plagiat, a disparu et n'a plus rien écrit après son premier roman.
Cette quête est presque un conte.
Il faut se concentrer mais le va-et-vient entre les époques et les lieux est compréhensible presque envoutant.
Il est questions de racisme, de quête d'identité, de pauvreté, de colonisation, de blessure d'enfance et de fantasmagorie.
L'écriture est dense, sensible et exigeante.
Il y a aussi beaucoup de lourdeurs et d'errances qui desservent le récit.
Les personnages sont franchement peu attachants.
Une lecture donc intéressante mais qui ne m'a pas conquise ; j'ai éprouvé trop peu de plaisir pendant celle-ci.
Ni un chef d'oeuvre ni un fiasco me concernant.
Lu dans le cadre du prix des lecteurs du livre de poche 2023.
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J'aurais dû lire La plus secrète mémoire des hommes, il y a quelques mois déjà, puisque je l'avais acheté fin 2021, après le Goncourt, qu'il venait de, brillamment, remporter.
Mais voilà, comme tous lecteurs, je me laisse déborder et le livre d'actualité fini par ne plus l'être.
Était-ce une mauvaise chose que de laisser l'oeuvre faire son chemin avant de donner mon ressenti ?
Je vais être clair, ce n'est pas mon Goncourt préféré. (Je parle de ceux que j'ai lus et je précise que je ne les lis pas tous).
Attention, soyons clair là aussi, il y a des choses que j'ai aimées dans ce livre et il y en a d'autres, moins.
J'ai aimé l'écriture de Mohamed Mbougar Sarr, je m'en suis régalé même parfois.
J'ai aimé son Afrique et ses Africains.
Je me suis vu au milieu de ses villages.
J'ai écouté leurs paroles et les ai observé.
Parce que l'auteur est un conteur.
Mais par contre, il m'a perdu à certains moments.
Diegane Latyr Faye, son narrateur, est un jeune écrivain sénégalais qui découvre, de nos jours, l'existence d'un livre écrit en 1938 : le labyrinthe de l'inhumain de T. C. Elimane.
Ce livre, qui a été encensé avant de déclencher un scandale, aurait disparu. Tous les exemplaires ayant été détruit.
Diegane veut savoir.
Ce livre et son auteur, mythes ou réalité ?
La quête (l'enquête) commence.
D'Afrique en Europe, en passant par l'Amérique du Sud, Faye va récolter des témoignages et tenter de rétablir la vérité.
C'est là que je me suis égaré.
J'ai perdu mes repères.
Je ne savais plus dans quelle partie du monde je me trouvais, ni à quel moment. Surtout, je ne savais plus qui parlait et à qui cette personne s'adressait.
Ce qui est contradictoire, c'est que je prenais du plaisir à cette lecture, tout en m'interrogeant et essayant de retrouver le rôle de chacun.
C'était perturbant.
Ayant, dans la vie, un sens de l'orientation catastrophique, je rassure l'auteur, je pense que mon égarement n'est dû, qu'à une mauvaise interprétation et perception de son travail et n'a donc rien à voir avec la qualité d'un ouvrage qui mérite sans doute les éloges qu'on lui fit.
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J'ai lu il y a longtemps "Le Devoir de violence" de Y. Ouologuem, qui à l'époque m'avait soufflé par sa puissance, et sur les traces duquel se lance l'auteur. Je n'ai pas pu dépasser une centaine de pages, tant le style de ce livre me paraît prétentieux, vide, affecté - de la prose de et pour khâgneux en chambre, verbeuse, fleurie jusqu'au comique involontaire, avec des accès de vulgarité anale pour faire frémir dans les salons...
Un livre dont le sujet est la littérature, Proust l'a déjà fait. Et j'ai beaucoup de mal avec les écrivains qui ne savent parler que d'écrivains, le pire étant les écrivains profs qui parlent d'écrivains profs (Cusset, Lodge, Alison Lurie...).
Ici, il ne se passe rien, rien n'est drôle ni tragique, du bla-bla emphatique et creux - bref, un Goncourt. L'an dernier, on a eu droit à un sous Stephen King. Jadis on a eu les platitudes sans fond de Modiano ou Weyergans... Vuillard, Rahimi et Ferrari étaient intéressants, mais un peu minces. Mais les médias parisiens s'extasient d'office, alors tout va bien. Cent après Maran, fallait bien commémorer ça... Dommage pour Mariamma Bâ, Abdoulaye Sadji, Sembene Ousmane... dont les romans auraient mérité une consécration parisienne. Mais ce n'était pas dans l'air du temps.
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Réflexion complexe et ambitieuse sur l'écriture et la littérature en leur ensemble, La plus secrète mémoire des hommes est aussi une enquête rythmée qui aborde plusieurs pans de l'histoire, volette d'un lieu à l'autre, s'imprègne des couleurs, des odeurs et des croyances d'ici et de là-bas, vogue entre monde intellectuel et monde sensoriel. Ce roman métafictionnel également quête identitaire mêle les récits et les narrateurs, se distingue par sa construction audacieuse et l'interrogation qui lui sert de point de départ, celle du milieu littéraire depuis la nuit des temps : est-ce possible pour un auteur de réellement créer, de se distinguer de ses influences et de ses prédécesseurs ? (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/09/30/la-plus-secrete-memoire-des-hommes-mohamed-mbougar-sarr/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre devenu mythique, le labyrinthe de l'inhumain. Ce livre, paru en 1938, a déclenché un scandale à sa parution et son auteur, T.C. Elimane, qualifié à l'époque de « Rimbaud nègre », a totalement et mystérieusement disparu.
Diégane va alors se lancer sur les traces du mystérieux écrivain, en tentant de reconstruire l'histoire de sa famille de la première guerre mondiale à nos jours, se confrontant à plusieurs des grandes tragédies du 20ème siècle que sont le colonialisme ou la Shoah. Pour cela, il se plonge dans les archives d'époque et découvre que toutes les personnes ayant critiqué le livre, en bien ou en mal, sont morts peu après. du Sénégal à la France en passant par l'Argentine, quelle vérité l'attend au centre de ce labyrinthe ?

Après avoir lu plusieurs bonnes critiques sur le livre j'étais très enthousiaste au moment de me plonger dedans. Malheureusement, le roman m'est vite apparu difficile d'accès. En effet, Il est dense, alternant récit, articles de presses et éléments historiques entrecoupés de retours dans le temps, de digressions et de passages biographiques sur les différents personnages. L'écriture de Mohamed Mbougar Sarr, faite de longues phrases avec très peu de ponctuation, si elle montre bien tout l'art littéraire de l'auteur, ne m'a pas permis de trouver un bon rythme de lecture. le récit, de son côté, est très intéressant, proposant notamment des réflexions sur l'écriture mais aussi sur la décolonisation. Mais il se trouve desservi par un enchevêtrement qui rend difficile l'identification des personnages et des différents narrateurs.

Lien : https://mangeurdelivres.word..
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Diégane ,un jeune écrivain sénégalais tombe sur un livre oublié ,écrit par un compatriote ,qui fit scandale en 1938 .Accusé de plagiat ,le livre fut retiré de la vente , les éditeurs condamnés et l'auteur disparaîtra .Fasciné par le livre et désireux d'en savoir plus sur l'auteur ,il va enquêter pour retrouver sa trace .Un bon roman qu'il faut malgré tout lire assez vite pour ne pas s'y perdre .
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Notre narrateur part en quête d'un auteur, Élimane, auteur Sénégalais, qui n'a écrit qu'un livre : le labyrinthe inhumain. Pendant qu'il découvre l'oeuvre, il découvre l'homme, enfin surtout ses mystères. Qu'ont-ils donc tou(te)s à courir après cet écrivain ? Et pourquoi ce roman bouleverse ses lecteurs ? Il en est de même pour ce roman, celui qui nous occupe : il ensorcelle. L'écriture est d'un autre niveau : on peut avoir un vocabulaire particulièrement riche, varié, obligeant même au dictionnaire souvent, et écrire une histoire accessible et surtout incomparable. le prix Goncourt 2021 est largement mérité si ce jury cherche à récompenser une lecture exceptionnelle, cette année c'était dans le mille. Ce roman s'approche de l'expérience personnelle inoubliable. C'est un hommage à la littérature, à l'écriture aussi ; d'histoires en chapitres, on a même parfois l'impression de lire les Mille et Nuits, vous savez quand tout est prétexte à continuer, à traverser les nuits, en attente de la suite - et, bon sang qu'on voudrait le lire ce Labyrinthe. Ce roman occupe décidément plus que nos mains pour le tenir . On est happé, envoûté. J'aurais pu faire plus simple : un chef d'oeuvre.
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