qui fut mère debout…
qui fut mère debout tout au bout du couloir
(ses colliers ses médailles en or fané dans des boîtes)
qui refermait sa main sur des mots disparus, qui larmoyait, que peu ou
mal entendre toujours impatientait
qui voudrait que rien ne se perde, qui vit dans la modeste maison de sa raison
qui n’eût pu être mère d’aucun autre fils
féroé féroé…
féroé féroé
vois-tu les vaines demeures (et l’arbre esseulé en ce monde)
ne pas croire à la mort
l’étoffe des songes
la foudre qui s’abat l’angoisse qui étreint les sanglots retenus
les couronnes de fleurs déposées à nos portes
bribes et sensations
floraisons nouvelles
je ne savais pas je ne savais pas je ne savais pas
LA VIE ÉTERNELLE, I
Choses de l’oubli…
Choses de l’oubli.
La rime (avec le vent).
L’autre nom (de votre solitude).
L’immense nuit même s’y apaise.
Jusqu’à de plus sombres degrés.
Seule et inchangée à la vigie du phare.
Ma tête, mon bocal, mon oursin.
Fracas de l’étrave (falaise de craie).
Une huître (fermée).
LA VIE ÉTERNELLE, I
Tombe la neige…
Tombe la neige (que même regardent les étourneaux transis).
Où mourir de tant de neige (parmi les herbes et les fleurs).
Cœur vibrant du lapereau.
Cœur humide du bouvreuil.
Se défaire (et se défait).
Au cœur de neige disparaît.
les morts ont froid la nuit…
les morts ont froid la nuit
et trois pièces d’or dans l’étang
puis plus rien plus jamais
aucune voix jamais
les morts ont froid la nuit
et voient grandir l’ombre la peur
dans la dure terre et l’oubli