"-Ça va jeune homme? Vous êtes encore avec moi? ...Ne le réduisez surtout pas cela...ne vous réduisez surtout pas à ça. Nous sommes... Vous êtes des milliers de choses. Vous êtes la force et la faiblesse. La joie et les larmes. Vous êtes un roc et un souffle, un haïku et un roman fleuve , et en même temps vous n'êtes rien de tout ça. Vous n'êtes pas agoraphobe, vous souffrez d'agoraphobie, et dans cette différence-là, cet espace nouveau, vous pourrez déja mieux respirer, croyez-moi."
Mark avait épuisé le peu d'oxygène qu'il avait, en immersion par à coups dans sa détresse. Multipliant les mensonges pour ne pas avouer à Marie son problème. Ils ne pourraient pas être ensemble. La vieille dame lui avait néanmoins livré une leçon qui lui permettait d'espérer. Il avait renoncé à Marie. Renoncerait-il à son plus gros mensonge au point de décevoir de nouveau? Être prêt pour sa compétition de natation et participer au Marathon de Paris en même temps?
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Autopsie d'un papillon" est un récit dramatique Grands Ados intéréssant, presque un Thriller psychologique dont le héros est la victime, sa maladie le sadique assassin. Comment la ville de tous les possibles, la belle et grande Paris, devient un labyrinthe, comment progressivement les sauts de l'ange vers des moments de plaisir deviennent des épreuves, comment les moyens rapides de se propulser d'un lieu de fête à un autre deviennent des prisons fermées, voici le propos du roman. Mark déménage avec ses parents de Lille à la capitale, explose les performances à la nage papillon de son Lycée sportif et rencontre l'amour. Et puis, d'un coup d'un seul, le jeune espoir adolescent se trouve fauché en plein vol. Et à partir de là, sa maladie, qu'il tente de cacher, n'aura de cesse de l'enchaîner au sol, déterminant petit à petit autour de Mark un petit périmètre de confort et de "sécurité" personnel réduisant ses libertés d'être et de faire. le rationnel et l'irrationnel se croisent, tissent la toile de ce piège dont le jeune tente tant bien que mal de se tirer. À la force de la volonté cède le mensonge et Mark n'ose dire la vérité à sa belle éconduite de toutes les fêtes programmées. La première scène du roman pose le problème d'emblée. Tout en préservant un suspens, elle illustre le doute qui percera le sentiment de force virile et tranquille qui s'exprimait en Mark. Les choses s'inversent, il se sentait prêt à tout puis capable de rien. Sera t-il encore un homme, un valeureux capable de défendre sa belle devant une telle impuissance?
Jean-Noël Sciarini construit son histoire comme une confidence, la confession d'un menteur malgré lui, d'une victime jeune et honnête, d'un papillon à qui l'ont vient d'arracher les ailes de première jeunesse.
Le ton est très familier, profondément intime sans pour autant céder à la facilité, un soucis de crédibilité qui ne s'opposera pas à une belle exigence d'écriture. le personnage en est touchant dans les actes et les mots, passionné, poétique, l'auteur y est pour beaucoup. La construction est originale, une douce divagation maitrisée, une "fièvre" nous faisant passer de façon fluide de la perception de Mark à ce qui est. Nous nous retrouvons à sa place, manquant de repère, recherchant la distance, recalibrant la machine, à la poursuite des belles folies en société, des vivifiantes soirées estudiantines et des bons moments amoureux, faisant de manière permanente la nage papillon pour affronter ce qui est répertorié comme de l'agoraphobie. Une fin positive à plusieurs voix.Le récit fictif et poignant d'un ado de 16 ans, bouleversant, aussi coup de poing que "
Tarja", qui touche au ventre et au coeur. Une belle histoire d'amour(s) aussi.