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EAN : 9782020525725
263 pages
Seuil (14/01/2002)
2.12/5   4 notes
Résumé :
Réfléchir à la meilleure façon de mourir n'est pas chose facile : cela demande du temps et de l'application. Et le narrateur n'en manque pas. Du temps parce que la vieillesse n'est pas encore installée, de l'application parce qu'il en faut pour être commis en écriture et quelquefois faussaire. Voilà que l'homme s'est amusé à de nombreuses contrefaçons– billets de banque, tableaux, papiers d'identité, articles de loi– et il aimerait donner enfinà sa vie un cachet... >Voir plus
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« Veuves au maquillage » de Pierre Senges (2002, Editions Verticales, 263 p.) ou l'art de se suicider par personnes interposées, et réalisant ainsi le crime parfait – sur soi -, mais sans assassin, avec un seul assassiné.
Un livre différent des précédents, dans la mesure où il ne s'agit pas d'un récit organisé, avec une introduction, un déroulement, puis une fin. Ce sont un demi-millier de petits paragraphes, 499 exactement donc, sur 257 pages de texte, donc des paragraphes d'une demi page, numérotés. Mais qui n'ont pas forcément de suite les uns des autres. Toujours le phénomène de la liste. Mais avec un commencement, intitulé « Au commencement » et une fin « ils en feront des gorges chaudes », en parlant de « la favorite et du pépin auquel ne manque que la parole ».
Finalement, la question est « Quelle est la meilleure façon de mourir ? ». Jacques Brel y avait répondu « Mourir cela n'est rien / Mourir la belle affaire / Mais vieillir... ô vieillir ». Et il avait raison. D'ailleurs « le poète a toujours raison » disait Jean Ferrat, autre grand poète. Et Brel enchainait « Quand je s'rai vieux / Je s'rai insup' portable ». Bon, je le suis déjà, aux dires de certain(e)s.
On n'est pas là pour parler chansons. « Bien entendu, vient une heure, vient un moment, où je ne peux plus suivre, où j'abandonne le stylo à ces veuves bienveillantes qui écrivent sous ma dictée ».
Donc au commencement « il y avait ce petit homme penché sur ses écrits : et ça a failli finir de la même façon : le même homme un peu vieilli, le dos penché sur le marbre, soudé par l'arthrose, et un tas de feuilles vierges, elles, inépuisables ». A la fin, il ne laisse derrière lui que les feuillets noircis que l'on a entre les mains. Il a réussi le crime parfait. Mais comme je l'ai dit plus haut, entre le début et la fin « Sort l'Assassin, Entre le Spectre ». Ah non çà c'est le titre d'un autre essai sur Macbeth (2006, Editions Verticales, 96 p.).
Obsédé par son futur suicide, « finir sous le couteau d'une veuve, tel est le fantasme du soir ». Il pense alors à un assassinat par une veuve déjà homicide. Mais « une seule veuve ne m'a pas suffi ». C'est « la figure de la Veuve Homicide innocentée, qui est un type éternel, au même titre que la vamp, la femme-enfant, la mère-courage, la passionaria, la précieuse » qui lui faut. Donc il se met en chasse pour trouver sa « veuve favorite », examinant tour à tour « la veuve brève » qui est « une lève-tôt », « la veuve accentuée », « la veuve morte », « la veuve muette », « la veuve somnifère » et « la veuve infirmière ». Ne pas croire que cela puisse se concrétiser sur un seul claquement des doigts. « Mes derniers instants devraient être de tout repos : les attendre aux bras de six veuves alternativement me demande en revanche beaucoup de travail ».
Il se résout alors à les réunir toutes sous le même toit, dans ce qu'il présente comme « une version parfaitement renversée, retroussée, d'un conte de Grimm : un nain et sept Blanche-Neige ». Les réunissant, il finit par les persuader de le découper vivant en de minuscules morceaux. Les morceaux, eux, sont envoyés à tous ceux qui par le passé se sont offerts les services du héros, puis à toutes « les figures de la contrariété ou de l'affligeance ou de la superbe injustifiée ». Sont programmées 49 étapes pour son démantèlement, des pieds à la tête pensante. « Au morcellement noble et pitre de mon propre corps ». Mais, même disparus, « ces petits morceaux poursuivent leur geste»...
« Parfois des petits boulots conformes à mon penchant pour la fraude me permettent de gagner trois sous honnêtement : comme ces traductions monolingues, du français au français, que commandaient les services du néologismes attachés à l'Académie (ce genre de commission où l'on décide que glamour-stock se dira valeur-vedette) »."



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Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.
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