Qu'est-ce que vous voulez ?

Russie, dans le cadre des événements de 2011-2012*, un témoignage précieux d'une tranche de vie moscovite, où l'auteur met en scène sa propre vie et donne la parole à sa fille de quatorze ans, Dacha. Nous sommes au pays de Poutine, et l'auteur est une figure d'opposition. L'adolescente, perdue entre les discours des médias « pour Poutine », ceux des figures parentales « contre Poutine », et aux vues et publications controversées d'internet, école et amis, n'arrive pas à hiérarchiser l'information; d'où le titre, « Qu'est-ce-que vous voulez ? ». Un livre intéressant et très actuel, alors que dimanche dernier Poutine vient d'être reconduit à son poste pour un nouveau mandat de six ans.
Dacha en semaine à l'école, le week-end entre cours de basson et de solfège, est stressée par cet état angoissé permanent, que tous partagent. "Ils étaient sûrs que si Poutine redevenait président, tout s'écroulerait immédiatement, la Russie serait perdue. D'autres estimaient que personne sinon Poutine ne pouvait sauver la Russie du naufrage”. Ce que racontent ses parents ne correspondent pas aux sources internets, où elle va vérifier chacune de leurs énoncés.
Un pays où la liberté d'expression n'existe pas, où la majorité de la production est aux mains d'oligarques russes résidant à l'étranger, où si on se trouve ouvertement dans l'opposition on risque de ne pas faire long feu, où la pauvreté est toujours latente, les élections truquées ou exécutées sous forte pression........des faits que nous connaissons déjà à travers la presse occidentale,mais l'entendre de ceux qui le vivent même, de première main, nous bouleverse encore plus.

En s'exprimant à travers sa jeune fille, l'auteur en un sens allége un sujet très lourd, où le raisonnement, les discussions , ne mènent à rien de concret, sinon se soulager temporairement (« –Ça ne sert qu'à nous donner bonne conscience, disait tonton Serioja. Les chiens aboient, la caravane passe. »). Dans l'autre sens, il accentue son désarroi, face à un régime autoritaire et criminel qui semble installé pour l'éternité ("–Ha ! Qu'est-ce qui peut nous attendre ? Douze ans de Poutine,puis Setchine ou Chouvalov, ou de nouveau Medvedev. Toute cette canaille est jeune, en bonne santé… Poutine ne donnera le pouvoir à personne, sinon à des gens à lui"). Encore une fois on remarque qu'organiser un pouvoir destructif pour faire du mal est beaucoup plus facile qu'organiser un pouvoir constructif pour faire du bien. Pourquoi ? L'homme est-il si mauvais, et si bête pour s'autodétruire ?? On se demande toujours si tous ces politiciens, ces policiers ....qui participent à ces organisations du mal, les soutiennent, n'ont-ils aucune conscience, aucune moral ? Ou que tout simplement, regardant d'une autre perspective ( pour moins souffrir ) , cela fait-il simplement parti de la condition humaine, où domine la loi du plus fort et pour « manger » pour vivre ou survivre, ne reste que l'option de s'y soumettre,.....alors rien à dire? Je crois je n'y aurais jamais de réponse. Ce livre est le cri d'un désespoir infini, que je partage.
A part des connotations un brin raciste des russes envers les autres peuples de l'ex-confédération russe, un sujet sur lequel je ne peux émettre aucun jugement ne connaissant pas la situation à ce sujet, un livre intéressant qui parle d'une actualité brûlante, qu'à mon avis il faut lire.

“J'ai perdu tous mes principes les uns après les autres. Je dis “perdu” parce que je n'en ai plus aucun en réserve. “

*A la fin du livre un court appendice nous donne la chronologie des événements ( des
événements et méthodes valable pour toutes les dictatures.)

Et dire que j'ai "gaspillé" un budjet cadeau de Noël pour cela... J'attendais beaucoup de ce livre, découvert au travers des critiques de babéliotes.
J'avoue avoir été très déçue. Je n'ai pas du tout adhéré à la conception même de ce "roman" qui n'en est pas un : l'idée de se mettre à la place de sa propre fille, et donc de parler de soi par ses mots à elle était certes originale, mais apparaît au final assez nombriliste. L'écriture est insipide (ce n'est que mon humble avis), le thème est intéressant, mais traité de manière trop extrême, on a du mal à reconnaître des faits qui ont pourtant eu lieu.
Enfin, de nombreuses pages de ce (plutôt) court roman ne sont que des retranscriptions écrites d'articles, de vidéos, de reportages tirés du Net, de la presse russe.
Je suis pourtant très loin d'être fan de Poutine, mais l'aspect trop anarchiste et intolérant des personnages/personnes m'a paru tout de même éloigné des ressentis et de la manière de vivre des Russes "lambda" vivant à Moscou (je précise que j'en connais un certains nombre, et de profil fort varié).
Bref, moi qui rêve de me noyer dans un bon roman du XXIème siècle de littérature russe, je reste sur ma soif, euh, ma faim !!
NB : J'ai par contre adoré la photo de couverture, représentation visuelle absolue de cet ouvrage !

Pour nous parler de la Russie et de l'opposition d'une partie de la population à la réélection de Vladimir Poutine, Roman Sentchine donne la parole à sa fille Dacha, âgée de quatorze ans. de la description de son appartement aux menus faits de la vie quotidienne de sa famille, des recherches que fait l'adolescente sur internet pour mieux comprendre ce qui se passe dans son pays, aux discussions politiques qui animent ses parents et leurs famille et amis, Dacha livre une page de l'histoire de sa famille et de son pays. Parfois révoltée, parfois triste, souvent angoissée, elle pose la question " Qu'est-ce que vous voulez?" En fin d'ouvrage, une petite chronologie de l'hiver 2011/2012 à Moscou.

Moscou 2012, à la veille des élections. Une jeune ado issue d'une famille pas très riche, vit dans un appartement avec ses parents et sa petite soeur. Faute de moyens, sa chambre est une loggia que ses parents ont fait isoler. Sa mère, très présente la rêve en musicienne et la tanne pour qu'elle répète. Elle l'a inscrite dans une école publique mais assez élitiste. Pourtant ses parents semblent être