Diane Setterfield s'inscrit avec “
Le treizième conte” dans une tradition littéraire très britannique, celle des récits gothiques et des
histoires de fantômes.
Margaret Lea travaille avec son père dans une librairie où tous les deux vendent et achètent des livres anciens. Un jour Margaret reçoit une lettre très étonnante de Vida Winter qui la somme d'écrire sa biographie. Margaret est perplexe devant ce courrier de “(…) l'écrivain le plus aimé d'Angleterre ; le Dickens de notre temps ; l'auteur vivant le plus célèbre du monde.” D'autant plus perplexe, qu'elle ne s'intéresse absolument pas aux écrivains contemporains et préfère amplement ceux du passé. de plus, Margaret n'a écrit que quelques biographies confidentielles et s'étonne d'avoir éveillé l'intérêt de la grande Vida Winter. Tentant au départ d'exprimer un refus poli, Margaret se lance dans la lecture des oeuvres de Miss Winter et se laisse totalement envoûter.
Elle se rend dans le Yorkshire où l'attendent Vida Winter et ses souvenirs. Margaret va aller de surprise en surprise tant la vie de l'écrivain est peuplée de drame, de folie et de fantômes. Et elle devra sortir de ce labyrinthe d'histoires pour recomposer la terrible vérité.
“
Le treizième conte” est un récit qui m'a plu pour deux raisons. La première concerne la thématique gothique du récit de Vida Winter. Celui-ci est en effet peuplé de fantômes qui hantent le château d'enfance de l'écrivain. Vida Winter vit avec sa soeur jumelle, Emeline, dans un manoir laissé quasiment à l'abandon. Leur mère n'est plus là, leur oncle ne sort pas de sa chambre, il ne reste que deux vieux serviteurs pour s'occuper des jumelles. Une gouvernante, Hester, est embauchée mais elle finira par partir à cause du caractère des jumelles et d'une mystérieuse présence qui contre-carre sans cesse ses projets. Cet épisode du roman fait référence à la célèbre nouvelle d'
Henry James “
Le tour d'écrou”. D'ailleurs Hester y fait clairement référence dans son journal : “Il se trouve que ces
histoires de fantômes tombent précisément le jour où le livre que je suis en train de lire a complètement disparu - pour être remplacé par un court roman d'
Henry James. (…) Ce qui rend la chose remarquable, c'est qu'une coïncidence frappante fait de cette facétie une plaisanterie bien plus astucieuse que n'aurait pu le penser son auteur : le livre raconte l'histoire assez stupide d'une gouvernante et de deux enfants hantés.” Je m'insurge contre l'adjectif “stupide” employé par Hester, “
Le tour d'écrou” est excellent ! Un autre roman est très souvent cité et sert de parallèle à l'histoire de Vida Winter. Il s'agit de “
Jane Eyre” de
Charlotte Brontë. L'auteur nous y parle d'une gouvernante (décidément très british !) qui tombe amoureuse de Mr Rochester, son patron, et qui découvre l'existence cachée de la femme de celui-ci. Dans “
Le treizième conte” on découvre également une vie cachée… mais je ne peux en dire plus sous peine de gâcher tout suspens. Dans “
Jane Eyre” comme dans “
Le treizième conte”, tout se résoudra dans un incendie.
La deuxième raison qui me fait aimer le roman de
Diane Setterfield, c'est l'hommage rendu à la littérature et à l'amour de la lecture. Margaret Lea et Vida Winter vivent toutes les deux au milieu des livres, au milieu des histoires et de l'imaginaire. Les livres sont pour toutes les deux une consolation aux douleurs de la vie. “De quelle aide peut être la vérité à minuit, dans l'obscurité, quand le vent hurle dans la cheminée comme un loup ? Quand les éclairs jettent des ombres sur le mur de la chambre et que la pluie griffe les vitres de ses ongles ? Non, quand la peur et le froid vous paralysent dans votre lit, n'espérez pas que la vérité, créature sèche et osseuse, vienne à votre secours. Ce dont vous avez besoin alors c'est du confort moelleux d'une histoire. ” de nombreux
romans sont cités dans les pages du “Treizième conte” et ils sont tous des exemples de la grandeur de la littérature anglaise : “
Les Hauts de Hurlevent” d'
Emily Brontë, “
La dame en blanc” de
W. Wilkie Collins, “Le château d'Orante ” de H.
Walpole, “Le secret de Lady
Audley” de
Mary Elizabeth Braddon, “Docteur Jekyll et Mr Hyde ” de Robet
Louis Stevenson, “
Middlemarch” de
George Eliot, “Raisons et sentiments” et “
Emma” de
Jane Austen, “Les
temps difficiles” de
Charles Dickens, “Les diamants d'Eustace” d'
Anthony Trollope… Margaret Lea qui égraine cette liste de chefs-d'oeuvre, serait une compagne bien agréable avec qui je discuterais avec plaisir !
“
Le treizième conte” n'est bien entendu pas un chef-d'oeuvre à rajouter à la liste donnée ci-dessus. Il reste que lorsque l'on apprécie (et c'est mon cas… je crois que ça se voyait sans que je le dise !) la littérature anglaise, les fantômes et le suspens, on passe un excellent moment en compagnie de
Diane Setterfield.
Lien :
http://plaisirsacultiver.unb..