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EAN : 9782848767543
188 pages
Philippe Rey (22/08/2019)
  Existe en édition audio
3.44/5   287 notes
Résumé :
Esther est une enfant de droite née par hasard dans une famille de gauche, au mitan des années 70. Chez elle, tout le monde vit nu. Et tout le monde - sauf elle - est excentrique. Sa mère est une secrétaire anticapitaliste qui ne jure que par Mai 68. Son père, juif pied-noir, conjure son angoisse d'un prochain holocauste en rédigeant des listes de tâches à accomplir. Dans la famille d'Esther, il y a également un frère hyperactif et des grands-parents qui soignent le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (96) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 287 notes
Elle est drôle la demoiselle, née dans une famille de hippies décomplexés, mais rêvant de cols Claudine, et d'une maison bien rangée, où elle pourrait inviter ses camarades de classe sans craindre que ses parents ne déambulent en tenue d'Adam et Eve.

Les situations cocasses abondent, tant des univers peu faits pour se croiser s'entrechoquent ici au gré des rencontres inévitables.

Les personnages sont hauts en couleur : un père barjo (on comprendra plus tard pourquoi), qui voudrait être juif, une mère qui n'est pas à une contradiction près et effectue sans vergogne le grand écart entre ses principes et ses actes, un petit frère hyperactif et assez destructeur. le quotidien est mouvementé chez les Dahan.

C'est drôle tout ça. Mais si tout le début du roman est une comédie habile et une satyre sociale sur fond d'histoire politique , le ton change lorsque la jeune fille perçoit les tenants et aboutissants de cette situation familiale bancale.




Excellent roman, écrit avec une belle inspiration et qui incite à se conforter dans l'idée que si, sous les pavés, la plage, sous l'humour peut se cacher le mal-être.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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«  Je suis née d'une levrette, les genoux de ma mère calés sur un tapis en peau de vache synthétique .
«  Je naquis donc, de droite, dans une famille de gauche ».

Deux extraits de ce premier roman étonnant qui nous plonge au coeur des années 70-80 et plus! .

Esther est une petite fille sage, pudique, discrète ,à l'intelligence vive .

Elle rêve ,en vain, d'avoir des parents conformistes , des cols Claudine, une enfance normale, cadrée, presque rigide , afin d'échapper au mode de vie décalé de ses parents , lui apportant , au final ,trop peu de repères .

Née par erreur dans une famille dysfonctionnelle: ses parents soixante - huitards avérés, partagent une passion pour l'exhibitionnisme d'intérieur, regardent la télé nus et militent contre la peine de mort .

Le père , cyclothymique, juif pied noir , bipolaire,'adepte des listes , un très curieux amalgame de rigidité , maniaquerie ou laisser aller , toujours nu , sauf à son travail de banquier——- responsable grands comptes à l'agence Banque Populaire ——-légèrement claustrophobe, tendance tyrannique, récite des listes , à l'endroit , à l'envers , déclame en s'accompagnant de gestes ——croit - il, extrêmement efficaces ———, astique les meubles , joue la comédie..
Babeth la mère , secrétaire anticapitaliste est une bonne nature : pense l'homme foncièrement bon et tient son mari —— pour un poète .

N'oublions pas Jeremy , le petit frère : trois ans de moins qu'Esther ,souffrant de troubles sans doute liés à une hyper activité avérée ….

L'enfance d'Esther souffre des réconciliations , disputes , rabibochages , excentricités , de ses parents.
Parlons aussi des grands- parents soignant leur nostalgie de l'Algėrie , en jouant à la roulette avec des pois chiches du couscous …

L'ambiance est pesante , l'humour mordant , les situations cocasses , les géniteurs pétris de contradictions , les manières du Père inquiétantes …

Une fantaisie à la belle inspiration qui cache à merveille le drame qui se joue sournoisement.

Toutes les questions d'éducation liées à cette époque sont abordées , en toile de fond l'émergence du Front National .

Émouvante plongée dans la France de ces années - là , satyre sociale : humour , fantaisie , cocasserie , excentricités , cachent un très sérieux mal être,.
Y figurent jeux et comportements dangereux :
La brutalité du final de cet ouvrage glace !
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Pour parodier un titre de film : tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents... conformistes.
Comme la plupart des enfants, la petite Esther rêve de 'normalité', de stabilité.
Sage, pudique, discrète, elle est terriblement gênée par la nudité de ses parents à la maison, leurs ébats du dimanche après-midi dans le salon devant 'L'Ecole des Fans', et leurs crêpages de chignon fréquents...
Esprit soixante-huitard es-tu là ? Oui, chez les Dahan, en ces années 70-80.
Cela dit, le père présente un curieux mélange de lâcher-prise peace & love et de rigueur maniaque. Descendant de juifs pieds-noirs, toujours nu chez lui, petit banquier BCBG dehors, il fait des listes, les récite, à l'envers, à l'endroit, astique les meubles inlassablement, s'avère claustrophobe, hypocondriaque, tyrannique. Un doux dingue, finalement pas si doux. En tout cas assez flippant pour sa femme et leurs deux enfants, témoins de scènes de plus en plus surréalistes.

Cette histoire tragicomique m'a fait penser à l'excellent roman 'La vraie vie' (Adeline Dieudonné). Et, dans une moindre mesure, à 'Interdit' (Karine Tuil) et 'Profession du père' (Sorj Chalandon).
Si l'ambiance est pesante lorsque la fillette redoute les crises paternelles et l'image donnée à l'extérieur, le ton pertinent et plein d'humour est particulièrement réjouissant, notamment lorsqu'il est question de choc des cultures.

L'auteur nous immerge dans 'nos' années d'enfance (1970-1980's), alors que les notions de gauche et de droite étaient (apparemment) moins floues, que Mitterrand apparaissait comme le sauveur, et que certains précurseurs, traumatisés par une éducation religieuse, s'affranchissaient 'déjà' de la religion catholique.

Ce drame familial est une preuve supplémentaire que dans tous les milieux, (presque) 'toutes les familles sont psychotiques', comme dirait Douglas Coupland (titre d'un roman de 2002). De 'Un peu' à 'A la folie'.

• sélection prix du roman Cezam 2020 •
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Esther est née par erreur dans la mauvaise famille. le sort lui a donné des parents dysfonctionnels, et un petit frère souffrant de troubles liés à son hyperactivité. Et le reste n'est pas plus glorieux, entre les grands-parents nostalgiques de l'Algérie qu'ils ont connue "au temps béni des colonies" comme dirait Sardou, et la tante juive ultra-orthodoxe. le père revendique également sa judéité, et guette les signes du prochain holocauste. Pour tenir ses angoisses à l'écart, il adopte des comportements compulsifs tels que la tenue de listes (toujours les mêmes, centrées sur les tâches à accomplir ou les sujets à régler) ; ou il inflige régulièrement aux membres de la famille des "spectacles" où il chante Brel (travesti en Brassens ???). Esther souffre de ne pas avoir des parents traditionnels, surtout quand elle découvre ceux des élèves de sa nouvelle école. Car, contre toute logique, elle se retrouve inscrite à l'école Jeanne d'Arc, un établissement catholique réservé à des familles plutôt aisées. Elle va se faire des amies, et se rendra encore plus durement compte de ces différences qu'elle cachera soigneusement. Imaginez son angoisse le jour où Agnès Robert, sa meilleure amie, est invitée à la maison ! Ses parents feront-ils l'effort de s'habiller au moins ? Parce qu'en temps normal, on se balade joyeusement "matos" à l'air chez elle... Il faut dire que l'histoire se déroule entre la fin des seventies et le début de l'ère Mitterrand, ces temps où l'esprit baba-cool était encore présent chez nombre de trentenaires. J'ai connu ça aussi dans mon entourage quand j'étais enfant ou ado, ça peut perturber !
C'est Esther qui nous raconte son quotidien, ses questionnements, sa gêne aussi, souvent, surtout devant les comportements de plus en plus étranges (et parfois à l'opposé des valeurs qu'il prône) de son père. Elle supporte mal les conflits entre sa mère Babeth et lui, et espère souvent une séparation. On compatit, même si parfois elle envisage des solutions un peu extrêmes...
Les personnages qui gravitent autour du noyau central ont leur importance aussi, ils permettent pour certains de mieux comprendre les racines des singularités du père, et d'autres font office de "points de référence" en matière de "normalité" pour la fillette. Mais sont-ils réellement si normaux, ces gens qui ont des valeurs complètement opposées à celles de sa famille ? A voir !
J'ai eu un peu de mal à entrer dans la vie de cette famille où l'on crache sur le capitalisme tout en étant responsable d'une agence bancaire et secrétaire de mairie (à Marseille). Les raisons pour lesquelles Esther est inscrite dans une école catholique ne m'ont pas convaincue non plus. Et le vocabulaire, ainsi que le niveau de raisonnement ne me semblaient pas vraiment en adéquation avec l'âge de la fillette. Malgré ces défauts mineurs, j'ai passé de bons moments souvent empreints d'humour à partager le quotidien de ces néo-hippies plein de contradictions. Mais la fin...aïe !


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La petite conformiste est un livre qui secoue et la fin du roman nous laisse sans voix.
Ingrid Seyman nous décrit avec une verve assez gouailleuse au départ l'histoire présumée de sa famille. Je dis présumée car comme elle finit mal , j'espère que ce n'est pas un livre autobiographique.
L'auteur, enfant, rêve très vite d'une vie "normale et cadrée", pour contrer la vie dissolue de ses parents qui ne lui apportent que peu de repères.
Son enfance est traversée par les disputes et réconciliations de ses parents. On est impressionné par le côté cyclothymique de son père sur lequel on finira par poser l'étiquette de bipolaire.
Toutes les questions, dès lors de l'éducation, de la société des années 70/80 sont posées avec en toile de fond, l'émergence du Front national naissant.
On a beaucoup d'attachement pour cette petite fille qui voit sa vie basculer et se scinder à l'aube de l'adolescence.
Un premier roman à découvrir sans aucun doute.
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critiques presse (1)
LeFigaro
05 septembre 2019
Dans son premier roman, Ingrid Seyman raconte avec un humour mordant l’enfance d’Esther, qui se présente comme une fille de droite née malencontreusement dans une famille de nudistes de gauche.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
A l'inverse d'une partie de notre famille, mon père n'était juif que par intermittence. L'essentiel de sa pratique religieuse consistait à ajouter un suffixe à consonance israélite au patronyme des gens célèbres n'en étant pas encore pourvus. Et il suffisait qu'on entende à la radio les premières notes du tube 'Boule de flipper' pour que Patrick en baisse autoritairement le son et me convoque dans le salon :
« Esther, écoute-moi bien !
Corinne Charby, mon cul.
C'est Corinne Charbit qu'elle s'appelle.
Mais les Juifs ont peur, tu comprends.
Ils continuent à se cacher. »
J'appris ainsi que la plupart des gens qui passaient à la télé étaient de la même confession religieuse que mon père mais préféraient taire leurs origines par crainte des représailles. A trois ans, je ne savais pas encore en quoi consistaient ces représailles mais j'avais déjà peur, au cas où.
(p. 8-9)
____
♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=mBiTrNzJ7DE (1986)
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[Ma mère] posa la poêle sur le dessous-de-plat et commença à nous servir.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Agnès en désignant les rectangles de colin qui baignaient dans leur huile de friture.
- T'as jamais mangé de poisson ? s'étonna Jérémy sans soupçonner qu'Agnès n'ait pu connaître de cet aliment que sa version préindustrielle.
- J'en mange tous les vendredis soir, répondit Agnès. Je n'aime pas trop, à cause des arêtes.
Babeth [ma mère] s'engouffra dans la brèche :
- Esther se plaint tout le temps parce que je ne cuisine jamais et que je préfère de loin jouer à 'La Bonne Paye' avec elle. La maman d'Agnès passe certainement des heures aux fourneaux et Agnès n'est pas contente non plus.
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[ première rentrée à l’école privée Jeanne-d’Arc ]
Toujours bien rangée dans la file de ma classe, j'observai le corps du Christ qu'arboraient à leur cou mère Charles, Mme Monasterio - ma maîtresse de CP - ainsi que la quasi-totalité de mes camarades. Si j'avais déjà pénétré dans une église, c'était la première fois que je le voyais de si près. Le surprendre dans de tels états - agonisant au-dessus du tableau ou étouffant entre les seins de ma truculente maîtresse - ne me rassura pas.
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Toujours bien rangée dans la file de ma classe, j'observai le corps du Christ qu'arboraient à leur cou mère Charles, Mme Monasterio - ma maîtresse de CP - ainsi que la quasi-totalité de mes camarades. Si j'avais déjà pénétré dans une église, c'était la première fois que je le voyais de si près. Le suspendre dans de tels états - agonisant au-dessus du tableau ou étouffant entre les seins de ma truculente maîtresse - ne me rassura pas.
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Il faisait très chaud le jour de ma première rentrée à l’école privée Jeanne-d’Arc. Et je fondais dans mes bottines en poil de chèvre.
Les mères des autres avaient fait un brushing.
On était venus en avance et Jérémy, qui s’ennuyait dans sa salopette rouge, tentait d’arracher le sparadrap d’un blanc douteux – qui ornait depuis peu le verre gauche de ses lunettes de vue – censé guider ses yeux vers ce point d’équilibre que ses pieds jamais ne trouvèrent.
Les fils des autres portaient des bermudas en flanelle.
Autour de nous, tout le monde se connaissait. Des filles en robes marine se racontaient leurs vacances. Et des mères en tailleur s’invitaient à boire le thé au bord de leur piscine sur le coup des 15 heures.
Personne n’avait l’accent marseillais. p. 29
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