Commando Barbare

On découvre un univers de fantasy barbare, où la guerre et la violence ont disparu depuis 86 ans. On va s'ennuyer dans ce monde, sauf si tout dérape d'un coup. Il y a eu un meurtre et un vol, un nain guerrier, cantonné à la surveillance des remonte-pentes est impliqué dans l'affaire.
Le dessin de Keramidas est expressif, coloré et contrasté, d'un dynamisme enthousiasmant. J'ai aimé le principe de cet univers, très inspiré des jeux de rôles, mais l'humour est basé justement sur ces jeux, les personnages parlent de gagner des points d'expérience ou autres, humour trop private joke. Je n'ai pas retrouvé la fraîcheur de la série Donjon, le ton est trop orienté pour les amateurs de jeux de rôles dont je ne fais pas partie.
Quant à la quête et l'enquête à travers le monde du chaos, justement à cause de ses références, elle n'est pas des plus originales, les personnages manquent d'attrait, trop caricaturaux. Je suis plutôt déçu.
Cependant, la fin laisse entrevoir une suite qui raconte la même histoire du point de vue d'un autre personnage, genre de principe que j'adore, alors, j'attends de la découvrir, peut-être que la confrontation des différentes versions changera totalement mon impression.

Commando Barbare, c'est le nouveau projet du très prolifique auteur Joann Sfarr (Petit Vampire, le Chat du Rabbin, Donjon...) en partenariat avec Nicolas Keramidas au dessin qui a travaillé sur des séries telles que Donjon ou les revisites des aventures de Mickey dans les albums glénat.

Un bon duo dynamique et inspiré qui nous promettent un univers de fantasy débridé, tout droit inspiré du bon vieux jeu de rôle et surtout un univers ambitieux puisque décliné également en roman et véritable jeu de rôles. Là où la série Donjon et ses multiples séries étaient surtout guidés par l'humour , Commando Barbare, bien que l'humour de Sfarr est toujours présent, se veut plus frontal, plus trash, voire même plus dramatique dans son approche. Ajoutez à cela des thématiques sérieuses telles que le racisme dans cette intrigue qui défile à cent à l'heure et vous aurez une fantasy avec un certain caractère. le dessin de Nicolas Keramidas ajoute à ce ton décalé avec une fantasy grimaçante, des personnages au style caricatural et guerrier à la fois. le dessinateur accompagnée à la couleur par Walter a le champs libre pour laisser défiler créatures et environnements que ce soit au coeur d'une forêt remplie de gobelins ou dans les tréfonds d'un lac hanté par des créatures du chaos.

Commando Barbare est un titre généreux qui séduire les amateurs de fantasy et de jeux de rôles qui reconnaitront quelques références avec les points d'expériences ou le passage de niveau. le problème, c'est que l'intrigue et la narration semblent aussi construites sur un jeu de rôle, c'est à dire que l'histoire tourne en roue libre, enchaînant les péripéties au risque de perdre de vue le fil de la quête.

C'est peut-être l'un des défauts qui, personnellement, m'a un peu lassé à la lecture, c'est cette narration ultra-frénétique qui enchaine les actions du personnage en deux-trois cases tout en nous faisant découvrir tout un univers de fantasy qu'il faut d'abord appréhender à travers une voie-off un peu lourdingue. Certes, Commando Barbare est généreux dans son approche et est prometteur d'un univers ambitieux mais son ton décalé et frénétique se retourne parfois contre lui nous empêchant d'éprouver un certain attachement pour cet univers qui oscille entre bouffonnerie et fantasy trash avec son lot de morts pas forcément marquants. Car si le projet de l'auteur était de vouloir faire une fantasy plus radical, plus sérieuse, force est de reconnaître que nous nous situons plus dans le rire gras façon Fluide Glacial.

En comparaison, je préfère des titres de fantasy bd plus propre et plus structurés telle que la série Wollodrin ou encore la remarquable saga des 5 Terres. Un autre ton par rapport à Commando Barbare qui se veut explosif et aussi imprévisible qu'un jeu de rôle.

Toujours est t-il que ce premier tome de Commando Barbare est la promesse d'une fiction ambitieuse comme le souligne Joann Sfarr dans un dossier sympathique en fin de volume. A voir comment la série évoluera et si cette vision d'ensemble sera à la hauteur.

En somme, Commando barbare donne l'impression d'un vaste foutoir de fantasy comique écrite à l'improviste, un peu dévoré par son rythme effréné et pourtant porteuse d'une généreuse ambition d'univers étendu. Cette bd de Sfar et de Keramidas séduira avant tout un lectorat friand de fantasy trash et décalé façon Naheulbeuk.

Autant le dire de suite : Commando barbare c'est de la fantasy bien barrée, un peu trash et franchement pas poétique !

Nous allons suivre les aventures du nain Burrato, accusé à tort de vol, le premier crime depuis 100 ans et la fin du chaos !

Bon, "fin du chaos" c'est vite dit...

Il faut ajouter à ce départ déjà bien frappé que dans cet univers on retrouve les points de vie et la notion de niveau issue du jeux de rôle. C'est fun et vraiment foutraque.

Bref, une BD qui ne plaira pas à tout le monde car franchement barré mais un très chouette moment de lecture pour moi !