Je remercie vivement Babelio et les
Presses Universitaires de Grenoble (PUG) dans la collection « L'empreinte du temps » qui m'ont permis de découvrir cet ouvrage.
Dans ce livre, qui nous décrit l'évolution des chemins de la Chartreuse de Saint Bruno à
Balzac, l'auteur nous propose un travail remarquable, mais que cette critique est difficile à rédiger ! il y a une telle profusion d'informations, de thèmes de l'Histoire à l'économie en passant par la littérature, étayé par des textes d'époque…
Il nous explique la nature et la formation des deux chemins qui relient la Chartreuse et les petites villes. « le grand Chemin du Sappey, utilitaire, fréquenté surtout par les bûcherons, les charroyeurs », et l'autre chemin plus touristique. Les routes utilitaires, par lesquelles étaient « transportés » les troncs d'arbres, qu'on appelait les « bois de marine » en direction des chantiers navals pour construire les bateaux, faisant des dégâts au passage, le chemin étant toujours à remettre en état.
Il y a eu également un arrachage pour fournir des essences au parc de Versailles aux dépens des habitants, et pour étayer ses dires, l'auteur cite « la remontrance des habitants de la commune du Sappey » en 1726 :
« Les Jardiniers du Roi arrachèrent en 1672, 1673 et 1674 plus de cent mille plants d'arbres dans les bois de ladite commune (Le Sappey) qu'ils transportèrent à Paris pour les transplanter dans les jardins de Versailles et ailleurs […] sans aucun dédommagement » P 29
L'auteur nous livre une étude détaillée sur l'évolution des petites communes, la manière dont elles tentent de s'organiser pour résister avec de faibles moyens tout au long des différentes périodes de l'Histoire.
On voit émerger, grandir, se structurer ce monastère, en suivant les traces de Saint Bruno. Les relations pas toujours simples avec
les paysans locaux.
C'est ma région, alors j'ai eu beaucoup de plaisir à voir l'évolution de ces accès, les villes ou villages avec leurs noms de l'époque.
J'ai voyagé aussi avec Saint Bruno certes, mais aussi avec des « pèlerins » célèbres : Rousseau, qui a marché durant toute sa vie car il accordait beaucoup d'importance à la notion d'hygiène corporelle « marchez, voyagez, herborisez » disait-il,
Chateaubriand,
Stendhal :
Jean Sgard cite au passage des extraits des «
Mémoires d'un touriste » ou de « Voyages en France »
On croise aussi Mandrin avec une étude intéressante des trafics du tabac, des étoffes et de la manière dont celui-ci a pris de l'ampleur ainsi que des conditions de son arrestation.
Il consacre un chapitre très intéressant à mon ami
Honoré de Balzac : «
Balzac à cheval » dans lequel il évoque le pèlerinage que celui-ci dit avoir fait et qui sert de trame à la rédaction de «
le médecin de campagne » en se demandant s'il a bien suivi le trajet ou s'il s'est inspiré des guides de l'époque, ce qui n'enlève rien au fait qu'il ait vraiment potassé son sujet…
Les hommes à l'époque marchaient énormément, par rapport à nous, ils ne devaient pas avoir trop de surcharge pondérale, et pratiquaient le « Mens sana in corpore sano ».
Jean Sgard partage avec nous ses références, les textes de l'époque, une bibliographie très étoffée.
Le livre nous propose aussi une belle iconographie de Catherine Coeuré, avec notamment des eaux fortes magnifiques, des cartes, des portraits…
Un bon et beau livre, très intéressant, passionnant même, aussi bien quand on est de la région, que pour tous les personnes qui ont envie de la découvrir.
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