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Aurélie Journo (Traducteur)
EAN : 9782493036155
370 pages
Editions Project'iles (05/10/2023)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Yasmin, une jeune adolescente indienne de Zanzibar, est mariée par ses parents à un commerçant indien beaucoup plus âgé qu'elle. Malheureuse elle s'enfuit et va trouver refuge chez une Swahilie du quartier populaire de Ngamb'u, qui l'initie à la vie swahilie et ses plaisirs. Yasmin découvre alors l'amitié et l'amour quand elle rencontre Denge, un jeune intellectuel rentré de Russie et engagé dans la lutte anticoloniale.
Avec ses compagnons de lutte, il fait e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Zanzibar, années 50. Yasmin , une jeune indienne, n'a jamais eu son mot à dire pour choisir sa vie : mariée par ses parents à un commerçant indien bien plus âgé qu'elle, puis reniée par sa famille quand elle le quitte et s'enfuit loin de chez lui. Elle se réfugie chez son ancienne voisine, Mwajuma, une africaine des quartiers populaires de la ville qui lui fait partager sa vie insouciante faite de petits plaisirs et de musique. Mais quand Yasmin rencontre Denge, un jeune intellectuel rentré de Russie et se battant pour l'indépendance de son pays, son destin va irrémédiablement basculer.

Après la lecture de Zanzibar d'Altaïr Despres, roman d'une jeune chercheuse française qui décrit le choc des cultures entre touristes blancs aisés et habitants de Zanzibar, j'ai eu envie d'en savoir plus sur cette petite île à l'histoire si riche et c'est sans en connaître grand chose que j'ai choisi ce roman, Les indociles, lors de la dernière Masse Critique organisée par Babelio. J'ai découvert à la réception de ce livre que Adam Shafi Adam était un des plus grands écrivains tanzanien de langue swahilie et que pourtant ce titre n'était que son second ouvrage traduit en français. Armée de ces quelques éléments et du peu que je connais de l'histoire de cette île, j'ai plongé dans cette lecture comme on entreprend un grand voyage et n'ai jamais été déçue. Il m'a toutefois fallu quelques chapitres pour m'adapter et mieux comprendre le contexte et l'histoire que décrit l'auteur. En effet Adam Shafi Adam nous immerge immédiatement dans l'histoire de Yasmin, sans plus de présentations ni de préambules : elle est indienne, très jeune, mariée à un commerçant indien beaucoup plus vieux qu'elle et qu'elle connaît à peine et nous partageons son désarroi et ses interrogations face à cette vie qu'elle n'a pas choisie.

Quand soudain Yasmin décide de s'enfuir et, rejetée par son oncle, se réfugie chez son ancienne voisine, la jeune Mwajuma, le roman bascule dans une autre atmosphère. Sur les pas de Yasmin, un peu perdue dans cette atmosphère de liberté si différente du monde qu'elle connaît et surtout très angoissée face à la précarité de sa situation, nous découvrons le Zanzibar swahili : son quotidien souvent précaire, toujours joyeux, ses fêtes, ses cafés où on vient se ravitailler en alcool ou en en-cas et surtout sa musique, ses chants et ses danses dans lesquels les deux jeunes femmes excellent. L'auteur réussit en peu de mots, sans description superflue ni détails sur les états d'âme de ses personnages, à nous faire ressentir toute l'atmosphère et l'ambiance de l'île. La traduction française impeccable, mêlée à quelques expressions swahilies explicitées en fin d'ouvrage, nous permet de nous immerger dans cette culture et au fil des pages on a l'impression de marcher sur les traces des personnages et de partager leur vie.

Derrière ce quotidien qui semble au premier abord banal, l'auteur décrit aussi toute l'atmosphère et l'injustice du Zanzibar colonial, là aussi sans grande démonstration, sans faire la leçon, par petites touches et détails qui en disent tant. C'est d'abord Denge qui sous ses airs de beau gosse dilettante mène en fait un vrai combat politique pour la liberté et l'indépendance de son pays. Ce sont ces tracts et journaux qu'il fait entrer clandestinement dans le pays et pour lesquels il risque sa vie. C'est l'injustice et le pouvoir absolu de la police et au dessus du résident anglais et de l'administration coloniale qui peuvent manipuler, emprisonner, arrêter arbitrairement n'importe quel habitant. Au fil des chapitres le roman gagne en intensité en même temps que son héroïne, Yasmin, grandit, comprend mieux le monde qui l'entoure, le combat politique de Denge et ses amis et va petit à petit conquérir son indépendance et faire ses propres choix. Je me suis complètement attachée à ce magnifique personnage et j'ai vraiment eu l'impression en refermant ce roman d'avoir fait un bout de chemin avec Yasmin, Mwajuma, Denge, Monba et tous leurs amis.

Les indociles, ce roman au très beau titre qu'on comprend mieux une fois le livre refermé, m'a offert un très beau voyage sur une île pas comme les autres. J'ai particulièrement apprécié le fait que l'auteur nous plonge dans le quotidien et l'atmosphère de Zanzibar sans rien expliquer, sans vouloir tout contextualiser, laissant le lecteur se faire sa propre expérience et son ressenti tel le voyageur plongé brusquement dans un monde qu'il ne connaît pas. Un roman émouvant et très beau qui me donne vraiment envie de découvrir l'autre ouvrage traduit de cet auteur.

Et bien sûr un grand merci à Babelio et à la maison d'éditions Project Iles qui, en plus de faire un excellent travail pour nous permettre de rencontrer des auteurs insulaires encore peu diffusés, a accompagné cet envoi d'un joli marque page et d'un petit mot personnalisé qui m'a touchée. Merci pour cette belle rencontre et cette jolie découverte !
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Je remercie tout d'abord Babelio et les éditions Projectiles de m'avoir fait parvenir ce livre dans le cadre d'une Masse Critique.
Nous partons sur la côte est africaine avec ce roman. Direction Zanzibar, un archipel de l'océan indien.
Yasmin, une jeune adolescente indienne, est mariée par ses parents à un commerçant indien âgé de plus du double de son âge. Elle fait bonne figure un temps et semble s'accoutumer à cette situation. Mais rapidement, et alors qu'ils viennent de déménager dans une autre ville pour raison professionnelle, Yasmin s'enfuit de chez elle. Elle ne supporte plus de rester chez elle, sans rien faire, sans perspectives.
Elle revient dans son village et pense revenir dans sa famille mais celle-ci, craignant le déshonneur, la met à la porte. Yasmin trouve alors refuge chez une amie, Mwajuma, une swahili. Avec elle, elle va découvrir une autre société, des autres codes, mais elle va surtout affronter les différences sociales et sociétales, le racisme et les discriminations.
Yasmin va rencontrer de nombreux jeunes dont Denge, un jeune intellectuel rentré de Russie et engagé dans la lutte anticoloniale. Yasmin et Denge vont rapidement être sous surveillance. La police va arrêter Yasmin et lui demande de trahir Denge en dénonçant ses actions.
Ce roman est un portrait d'un pays rarement présent en littérature. Moi-même ne connaissant pas grand-chose à l'histoire de Zanzibar, j'ai dû aller lire quelques informations pour mieux comprendre. Cette fiction nous offre la possibilité de comprendre les difficultés de cohabitation entre indiens et swahilis. Ce fut une belle découverte culturelle. On voit très clairement les différences entre Yasmin et Mwajuma, la façon dont elles agissent, la façon dont elles sont perçues par la société, et surtout, les possibilités et opportunités qui leur sont offerts.
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Adam Shafi Adam nous présente “Les indociles”, ah ! C'est un conte des Mille et une Nuits du V siècle .. ! he be non page 22 “Tu as déjà pris l'avion toi ? ” Je jette un oeil au dépôt légal, il s'agit bien d'un récit de 2023 se déroulant vers 1960, cela me rappelle par le style le prix Nobel 2021, Abdulrazak Gurnah également Zanzibari.
Récit à l'ancienne , récit suranné peut être, mais on est vite pris par cette histoire ou la princesse Yasmin “fut donnée en mariage dès qu'elle eut ses premières règles”.
Ça se passe à Zanzibar, certains noms de villes enchantent l'esprit et font résonner nos sens. C'est l'Afrique de l'Est , ce sont plusieurs îles rattachées à la Tanzanie. Présentations géographiques faites on se retrouve dans un joyeux mélange d'ethnies tout à fait rafraîchissant , arabes, indiens, et noirs africains se côtoient harmonieusement , tout cela en langue swahili . La cuisine des poissons à peine sortis de l'océan et ses odeurs épicées, les vêtements, les parfums jouent un rôle enchanteur dans l'atmosphère du livre.
Nous sommes en 1960, période de décolonisation, on pense à une société extrêmement corsetée et finalement c'est tout l'inverse, l'héroïne devient une femme libre découvrant l'émancipation politique et maritale . Les anglais, puissance occupante de ces îles, un peu ridicules dans leur désir de contrôle, finissent par plier bagage devant l'irrépressible désir d'indépendance. Un roman plein de charme sous le souffle équatorial des vents de l'océan indien.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ecoute, ma soeur, ces colonisateurs et les sales chiens qui sont à leur botte sont des abrutis finis, pour eux, tout le monde est communiste. Si tu réclames des droits, tu es un communiste. Si tu refuses qu'ils te gouvernent, tu es un communiste. Quoi que tu fasses, si ce n'est pas dans leur intérêt, tu es un communiste. Les Mau Mau au Kenya, ils les traitent de communistes, les indépendantistes en Algérie, pareil. Pour eux, celui qui se bat pour ses droits est un communiste, et leur poison de prédilection pour diviser ceux qui se battent et leurs compatriotes est de dire que ceux qu'ils appellent les communistes ne croient pas en Dieu.
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Chez Mwajuma, on prenait la vie comme elle venait, en comptant sur l'aide des amis et la générosité des inconnus. Les gens y entraient et en sortaient à longueur de journée, tantôt c'était celui-ci qui y entrait, tantôt celui-là, hommes et femmes , jeunes et vieux. On ne cessait d'y profiter des plaisirs de la jeunesse. Tout cela ne dérangeait pas du tout Yasmin, mais l'étonnait souvent et l'effrayait même parfois. A mesure que les jours passaient, elle commença à se sentir chez elle avec ces gens et leurs histoires.
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Depuis qu'elle s'était installée chez Mwajuma, Yasmin sortait très peu. Aller et venir, très peu pour elle. Jamais dehors, toujours dedans comme une jeune vierge. Mawjuma, elle, allait et venait sans cesse, la journée entière à courir les rues.
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