Lire
Shakespeare ou ne pas lire
Shakespeare ? That is the question !
Les
oeuvres complètes aux éditions La Pléiade sont en deux volumes. Dans le premier, on y trouve ses poèmes, ses drames historiques et plusieurs comédies. Dans le second, il y a le reste de ses comédies et ses fameuses tragédies.
J'ai lu le second volume il y a quelques décennies de cela. Autant vous dire que tout ça est dans les brumes de ma mémoire. Que me reste-t-il de ces lectures ? A vrai dire, pas grand-chose si ce n'est qu'à l'époque, j'avais bien constaté que
Shakespeare savait lire dans l'âme humaine. Un vrai psychanalyste, le bonhomme ! le second volume contient toutes les tragédies dont les noms sont archi connus (
Hamlet,
Othello, le roi Lear, Macbeth,
La Tempête etc)
En ce début 2022, j'avais décidé de lire ses drames historiques. Bien m'en a pris car je n'ai pas été déçu ! du coup, je me suis rajouté quelques comédies, histoire de voir («
Le songe d'une nuit d'été », «
Le marchand de Venise » et «
Beaucoup de bruit pour rien »).
Lire
Shakespeare, c'est lire du théâtre. Alors attention aux conventions inhérentes au théâtre… on n'a pas un roman dans les mains !
Perso, j'ai fait l'économie de ses poèmes. Je ne doute pas qu'ils soient intéressants, mais bon, des poèmes anglais traduits en français, il y a fort à parier que ce soit une gageure. Un mot néanmoins sur la traduction, car c'est un élément fondamental. Je ne sais pas pour les autres éditions, mais, dans celles de la Pléiade, c'est
François-Victor Hugo qui s'y est coltiné. le fils de son père… si vous voyez ce que je veux dire ! Résultat, ça vole haut et nul doute que cela restitue, en français, la qualité littéraire anglaise. Les phrases sont ciselées, c'est du grand art.
Alors, pourquoi lire du
Shakespeare ? Si on veut rester dans l'Hexagone, on pourrait se poser la même question pour
Molière.
La réponse est simple : c'est génial. Ce sont des génies qui ont tout compris de l'âme humaine. il y a toujours quelque chose d'instructif et d'enrichissant à retirer de leurs pièces de théâtre. Et puis, bien sûr, il y a l'écriture, une écriture exigeante mais de grande classe. Il faut s'essayer à les lire, même si parfois, on peut trouver cela suranné.
En ce qui concerne les drames historiques, je dois dire que j'ai dépoussiéré mes vagues connaissances concernant les rois d'Angleterre au Moyen-Age et à la Renaissance. C'est passionnant, encore faut-il avoir de l'intérêt pour la chose historique ! Heureusement qu'un tableau généalogique des rois d'Angleterre était fourni avec le recueil car franchement, une vache y retrouve pas son veau ! Quelle histoire, quel grand bordel, si vous voulez bien m'autoriser l‘expression !
En général, dans chaque pièce de théâtre,
Shakespeare aborde une période bien précise du règne de tel ou tel roi, une période généralement clé, charnière. Fatalement, on se retrouve à aller sur Wikipédia pour en savoir plus, pour corroborer les éléments mis à notre disposition.
Quel pied tout de même de pouvoir, en un clic, avoir tous les renseignements nécessaires ! Lorsque Wikipédia n'existait pas, il fallait avoir une encyclopédie à la maison, ce qui n'était pas à la portée de tout le monde et ce qui n'était pas aussi ludique que de se promener sur la toile ! (Fin de la parenthèse)
Dans ses drames historiques,
Shakespeare s'exprime avec la même grandiloquence qu'utilisait
Homère dans l'Iliade. Des envolées lyriques magnifiques. Les sentiments humains sont exacerbés et portés à leur paroxysme. Tout est exagéré, démesuré, bref too much !
Et que retient-on de ces drames historiques ? Ma foi, je dirai que, dans les hautes sphères du royaume, on a affaire à un vrai panier de crabes ! Tout n'est que flatteries, flagorneries, mensonges, trahisons. La guerre des roses, la rivalité entre les différentes branches de la généalogie royale, les Lancastre et les York. On ne se fait pas de cadeau. On s'entre-tue, on empoisonne, on emprisonne, on décapite, on écartèle, on démembre. C'est dingue ! Mais ce qui est encore plus dingue, c'est que la réalité dépasse très certainement la fiction !
Toujours est-il que je me suis fait ma culture historique. La dernière pièce historique est «
Henri VIII », vous savez, celui qu'on voit dans la série des Tudors. Celui qui a eu 6 femmes – sans compter les maîtresses – qui a divorcé de sa première (bonjour le scandale!), qui a fait décapiter la seconde (Anne Boleyn)…
Alors, pour digérer tous ces crimes royaux, un peu de délicatesse dans ce monde de brutes… quelques comédies pour finir, avec l'amour en fil rouge.
«
Le songe d'une nuit d'été » m'a surpris et déstabilisé. Un vrai sac de noeuds dans ces
histoires d'amour où fées et lutins viennent interférer dans les
histoires des humains.
«
Le marchand de Venise » n'est pas qu'une histoire d'amour. C'est aussi une histoire d'honneur où Shylock, le juif usurier, n'est pas drôle du tout. J'ai été surpris de constater que
Shakespeare en avait fait un personnage central malfaisant L'antisémitisme est une affaire qui date de la nuit des temps.
Quant à «
Beaucoup de bruit pour rien », encore une belle intrigue amoureuse entre plusieurs personnages qui vont connaître des affres et des tourments avant, enfin, d'être réunis pour le meilleur et pour le pire !
Vous l'aurez compris,
Shakespeare à lire sans modération mais avec un peu de cerveau disponible.