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(01/01/1900)
4/5   2 notes
Résumé :
Dans L'Homme et les Armes, Raina, une jeune Bulgare, attend le retour de son fiancé qui s'est distingué au combat.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'Homme Et Les Armes est, une nouvelle fois, un petit bijou signé George Bernard Shaw. Une fluidité, une aisance, une saveur de ton et une profondeur de propos savamment dissimulée sous l'apparente légèreté de la comédie. Autant d'ingrédients qui justifient pleinement l'obtention d'un prix Nobel pour ce grand Monsieur du théâtre.

Le titre original, Arms And The Man, peut se comprendre à la lumière des premiers vers de L'Énéide de Virgile :
" Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris
Italiam, fato profugus, Lauiniaque uenit
litora, multum ille et terris iactatus et alto
ui superum saeuae memorem Iunonis ob iram ; "
dont le premier peut se traduire comme : Je chante les armes et l'homme, qui, le premier depuis les rivages de Troie, etc., etc.

Pour Virgile, il s'agissait donc de raconter l'arrivée d'un Troyen (côte de la Turquie actuelle) venu apporter la civilisation à l'Italie, des combats qu'il avait dû mener, de la bravoure qu'il avait dû déployer pour fonder cette grande civilisation romaine.

Pour Shaw, c'est un peu la même chose en négatif. Il s'agit d'un Suisse (Bluntschli) venu faire la guerre en Bulgarie aux côtés des Serbes fin 1885 dans la pétaudière que sont devenus les Balkans.

Les armes de Bluntschli sont très significatives puisqu'il remplace ses munitions par des morceaux de chocolat. de plus il a l'âme prosaïque et calculatrice, totalement dénuée sentiments et d'attachement à une quelconque patrie.

Au cours d'une bataille délirante, où l'une des parties (les Serbes) tenait une position admirable mais avait des troupes sans munition et où l'autre partie (les Bulgares) avait une position désespérée mais dont les officiers étaient tellement inconscients et inexpérimentés que ne percevant pas le danger ils ordonnèrent la charge et emportèrent la position, le capitaine Bluntschli trouve refuge dans la maison Petkov.

Le Suisse tombe sur la fille de la maison, Raina, une ravissante Bulgare, fille du Major Petkov, fiancée du major Saranov, celui-là même qui a lancé la charge inconsciente contre les Serbes.

Commence alors pour Shaw une situation propice à libérer toute l'hypocrisie des relations humaines en général et amoureuses en particulier. L'auteur ridiculise l'idée même d'officier militaire, exhibe clairement l'inutilité et la non légitimité totale de cette guerre.

En effet, George Bernard Shaw est un témoin privilégié des guerres balkaniques. Né en Irlande en 1856 dans l'Angleterre victorienne et mort au lendemain de la seconde guerre mondiale, il a personnellement assisté à tout le processus de clivage des Balkans orchestré, depuis le congrès de Berlin en 1878, par le Royaume-Uni, notamment et qui conduira, d'abord aux Guerres Balkaniques, puis, bien sûr à la Première Guerre Mondiale, laquelle conduira etc., etc.

Cette pièce de 1894 est donc particulièrement lucide sur ce point et extrêmement contemporaine des événements qu'elle dénonce. Même si ce trait peut nous sembler un peu effacé de nos jours, c'est bel et bien une pièce politique et engagée à laquelle nous avons affaire.

C'est une pièce très plaisante et, sans aucune recherche de bon mot, c'est tout naturellement qu'elle a été intégrée à l'ensemble " Pièces Plaisantes " de son auteur.

C'est aussi une pièce où l'on parle beaucoup d'amour et de la faiblesse des sentiments que l'on dit les plus forts. Bref, un très, très bon moment de théâtre, drôle et sagace, que je recommande vivement.

Mais ceci n'est bien évidemment que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
CATHERINE : Au fond, vous êtes resté un barbare, Paul. J'espère que vous vous êtes bien conduit devant tous ces officiers russes.
PETKOV : J'ai fait de mon mieux. J'ai pris soin de leur faire savoir que nous avons une bibliothèque.
CATHERINE : Ah ; mais vous ne leur avez pas dit qu'il y a une sonnette électrique ? J'en ai fait mettre une.
PETKOV : Qu'est-ce que c'est une sonnette électrique ?
CATHERINE : Vous appuyez sur un bouton, quelque chose tinte dans la cuisine, et alors Nicolas monte.
PETKOV : Pourquoi ne pas l'appeler ?
CATHERINE : Les gens civilisés n'appellent jamais leurs domestiques. J'ai appris cela pendant votre absence.
PETKOV : Eh bien, je vais vous dire quelque chose que j'ai appris moi aussi : les gens civilisés ne mettent pas leur linge à sécher là où les visiteurs peuvent le voir ; il vaudrait donc mieux que vous fassiez mettre tout ça ailleurs.
CATHERINE : Oh, c'est absurde Paul : je ne crois pas que les gens vraiment distingués remarquent ces choses-là.

Acte II.
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L'HOMME : Il n'y a que deux sortes de soldats : les vieux et les jeunes. J'ai quatorze ans de service, moi : la moitié de vos gars n'avaient jamais encore senti la poudre. Tenez, comment se fait-il que vous veniez de nous battre ? Par pure ignorance de l'art de la guerre, rien d'autre. Jamais je n'ai vu manquer de métier à ce point.
RAINA : Ah ! Était-ce manquer de métier que de vous battre ?
L'HOMME : Allons ! Est-ce faire preuve de métier que de jeter un régiment de cavalerie sur une batterie de mitrailleuses, avec la certitude absolue que si les mitrailleuses tirent, pas un cheval ni un homme n'arrivera à moins de cinquante mètre de sa position ?

Acte I.
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PETROV : Je ne crois pas qu'il faille aller trop loin avec ces habitudes d'aujourd'hui. Ça ne peut pas être bon pour la santé de se laver tout le temps : ce n'est pas naturel. À Philippopoli, il y avait un Anglais qui s'arrosait entièrement d'eau froide, chaque matin, quand il se levait. Dégoûtant ! Tout cela vient des Anglais : ils sont si sales, avec leur climat, qu'ils doivent se laver perpétuellement. Regardez mon père ! Il n'a jamais pris un bain de sa vie, et il a vécu jusqu'à quatre-vingt-dix-huit ans, et c'était l'homme le plus sain de Bulgarie. Se laver à fond une fois par semaine pour tenir son rang, je n'ai rien contre, mais une fois par jour, c'est pousser la chose au comble du ridicule.

Acte II.
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RAINA : Oh, maintenant, je vois exactement ce que vous pensez de moi ! Vous n'étiez pas surpris de m'entendre mentir. Pour vous, c'était quelque chose que je faisais sans doute chaque jour ! chaque heure ! Voilà ce que les hommes pensent des femmes.
BLUNTSCHLI : Il y a des raisons à tout. Vous dites que vous n'avez menti que deux fois dans votre vie. Chère demoiselle, n'est-ce pas un peu maigre ? Je suis moi-même quelqu'un de très franc, mais cela ne me suffirait pas pour toute une matinée.

Acte III.
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RAINA : Je suis désolée de vous avoir fait peur. (Elle prend le pistolet et le lui tend.) Je vous en prie, prenez-le pour vous protéger contre moi.
L'HOMME : Inutile, chère demoiselle : il n'y a rien dedans. In n'est pas chargé.
RAINA : Chargez-le donc !
L'HOMME : Je n'ai pas de munitions. À quoi servent les cartouches dans la bataille ? J'emporte toujours du chocolat à la place ; et il y a longtemps que j'ai fini le dernier morceau.

Acte I.
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Videos de George Bernard Shaw (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de George Bernard Shaw
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw 0:28 - Julien Green 0:45 - Heinrich von Kleist 1:04 - Georges Henein 1:13 - Ladislav Klima 1:31 - Michel Schneider 1:44 - Hector Berlioz 1:55 - Henry de Montherlant 2:12 - Friedrich Nietzsche 2:23 - Roland Jaccard 2:37 - Alphonse Allais 2:48 - Samuel Johnson 3:02 - Henrik Ibsen 3:17 - Gilbert Keith Chesterton 3:35 - Gustave Flaubert 3:45 - Maurice Maeterlinck 3:57 - Fiodor Dostoïevski 4:08 - Aristippe de Cyrène 4:21 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
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