Trois grammes peuvent modifier le cours d'une vie, surtout lorsque ces
trois grammes sont constitués de cellules cancéreuses.
Jisue Shin possédait toutes les caractéristiques de la jeune femme épanouie : petit ami, travail intéressant, activités multiples… Pourtant, des changements apparemment anodins caractérisent les derniers mois qui se sont écoulés : fatigue, envie incontrôlable d'uriner, douleur après les rapports sexuels… Quelques examens et, après une mauvaise blague montrant le détachement de certains professionnels (« Votre ventre est plein de gaz et de matières fécales »), le diagnostic est posé :
Jisue Shin est atteinte d'un cancer de l'ovaire.
Avant d'examiner son propre désarroi,
Jisue Shin rapporte le comportement des employés du milieu médical -pas toujours très compatissants-, de ses connaissances et de sa famille. le soutien provient surtout d'un cercle très restreint de proches qui permettra à
Jisue Shin d'accepter son hospitalisation de manière un peu plus sereine. Cette phase constitue une grosse partie du livre. La dessinatrice nous décrit son traitement avec une méticulosité toute médicale et un détachement qui évite la confusion entre affect et objectivité. Les relations avec les autres patients et l'objet phare de l'hôpital –la télévision- sont également évoquées comme autant d'anecdotes qui éloignent le regard du strict traitement thérapeutique –source d'angoisse si élevée pour
Jisue Shin que nous ne tardons pas, à notre tour, de partager ses inquiétudes les plus fondées.
Sous des traits en apparence simplistes,
Jisue Shin réussit à transmettre son récit d'une expérience grave dont elle semble se remettre avec une force rare. C'est sans compter les illustrations muettes, en simple ou double page, qu'elle insère entre deux passages narratifs. C'est presque avec honte –en tout cas avec pudeur- que
Jisue Shin ose alors faire part de ses émotions.
Il en résulte un récit très équilibré qui n'a pas d'autre prétention que celle de faire partager une expérience à ses lecteurs. Pas d'apologie de la maladie comme révélateur de soi à soi-même –au contraire- ni de morale : le bonheur qui s'empare de
Jisue Shin lorsqu'elle retourne chez elle, prête à reprendre une vie calme et banale, se suffit à lui-même.
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