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Jeannie Malige (Éditeur scientifique)Michèle Sarde (Éditeur scientifique)
EAN : 9782721002648
520 pages
Editions des Femmes (05/07/1984)
3.55/5   10 notes
Résumé :
Les lettres de Sido, restées inédites jusqu’à la présente édition, furent écrites entre 1905 et 1912, année de sa mort. Elles sont toutes adressées à Colette. À les lire, on mesure tout ce que Colette a pu apprendre de sa mère et que l’on ne connaissait, jusqu’à maintenant, qu’à travers l’œuvre et les déclarations de l’auteure elle-même. En ces lettres, coexistent la faiblesse émouvante de Sido vieillissante, comme sa force — affirmation et transmission d’une connai... >Voir plus
Que lire après Lettres inédites de Colette / Sido : Lettres à sa fille (1905-1912)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je ne résiste jamais à la lecture d'un ouvrage qui m'évoque, de quelque manière que ce soit, Colette ou ses livres.
Ici, dans ce recueil, 12 lettres inédites de Colette et les lettres écrites par Sido à sa fille sur la période allant de 1905 à 1912, date de la mort de Sido.
Les lettres de Colette m'ont semblé, dans l'ensemble, de peu d'intérêt, sinon qu'elles ont dans l'écriture quelque chose de très proche du style de Sido : une façon directe de s'adresser à l'interlocuteur, d'entrer dans le vif du sujet sans préambule inutile, un curieux mélange de considérations matérielles ou pécuniaires – qui vont du menu du petit-déjeuner à l'approvisionnement en coke ou à la superficie d'une propriété – de remarques sur son état de santé, de notes sur l'avancement du travail, le tout lié par le ton de l'intime qu'elle sait entretenir avec son correspondant qu'elle quitte toujours par une adresse affectueuse.
Les lettres de Sido, nombreuses, sont très intéressantes. Il ne s'agit pas d'un intérêt littéraire, son style bien que vigoureux est assez lourd, mais d'un éclairage indirect très précieux sur Colette. Elle travaille, beaucoup, elle écrit, mais aussi joue dans des pantomimes, parcourt la France dans de longues tournées théâtrales, fournit des feuilletons, des articles aux journaux. Dans l'écho répété d'une Sido qui attend les visites de sa fille, nous voyons l'activité démultipliée de Colette qui cherche à gagner les moyens de son existence tout en bâtissant au jour le jour une œuvre.
Que nous disent encore les lettres de Sido ? Elles sont le reflet en creux de la vie sentimentale de Colette et nous laisse deviner beaucoup de choses. Ainsi, Sido commente abondamment les soins que prodigue Missy à sa fille, note les attentions d'une femme éprise, les cadeaux, les voyages. Ne voit-on pas que cet amour finira par faire suffoquer celle qui le suscite et le reçoit, passées les blessures de la séparation avec Willy ? Il y a une lettre étonnante, datée du 16 février 1907, où Sido commet un raccourci psychanalytique foudroyant. Elle parle à Colette de ses dents « réparées », évoquant la douleur que provoquait à celle-ci une dent de sagesse. Puis, elle enchaîne sur la douleur morale consécutive à la séparation d'avec Willy. Sido ne partage pas la « mentalité » de sa fille en ce qui concerne les relations conjugales et la mansuétude de Colette à l'égard de son époux volage. En fait, la mère semble dire à la fille : tu te prives de dents vis à vis de Willy, la compréhension, le dialogue que tu maintiens avec lui t'enlève tes dernières défenses face à un imposteur (on sait que Sido n'aime pas beaucoup les maris et leur tient la dragée haute!). Mais, par la critique de la mère, on comprend aussi que Colette s'éloigne définitivement d'un mari qui l'avait révélée à elle-même. Sido qui a vilipendé son gendre après l'avoir apprécié, qui a chouchouté Missy, mais qui, à l'égard de M. de J., M. de Jouvenel, De Jouvenel, tout court, M. Sidi, ne peut cacher ses préventions. Colette est amoureuse, elle n'est plus la « petite cochonne » dont les frasques restent dans le cadre d'une homosexualité féminine jugée scandaleuse mais, somme toute, circonscrite à l'univers féminin, donc contrôlable pour une mère. Elle s'est éprise d'un homme qui la tient loin de sa mère. Curieuse lettre du 7 novembre 1911. Sido y parle de sa méchanceté à l'égard de M. de Jouvenel. Plus loin, Colette lui ayant sans doute rapporté que leur couple s'est trouvé au théâtre avec Willy et sa femme, Sido évoque la jalousie des hommes pour celle qui leur a apporté sa virginité. Le terme surprend car la mère de Colette n'a jamais été obsédée par cet état. Deuxième interrogation, pourquoi Willy serait-il jaloux de Colette ? Jaloux de son indépendance, de son succès, de ses talents, sans doute, mais parce qu'elle est accompagnée de M. de Jouvenel quatre ans après leur séparation ? Cela paraît plus improbable. Sido ne transpose-t-elle pas sur Willy la jalousie qu'elle éprouve à l'égard de l'amant de sa fille, un homme qui lui enlève une enfant retournée à une pseudo virginité grâce à Missy ? La mère aimante, mais possessive qu'est Sido sent que sa fille est réellement et profondément amoureuse de Henry de Jouvenel. Faut-il rappeler que cette mère quasi exclusive dans ses sentiments maternels, se méfie sans cesse de sa bru, Jane, et les silences qui suivent les petites notations vachardes sur son compte dans les lettres qu'elle écrit à Colette doivent être bien meurtriers dans la vie quotidienne. Par ailleurs, après la mort de sa fille Juliette, elle mêle habilement les ragots (tout en affirmant qu'elle n'en croit rien) sur une relation incestueuse entre Roché et sa fille Yvonne à de vraies questions d'argent. Sa nature sourcilleuse sur les relations qu'elle tisse avec ses enfants ressort encore quand elle reproche à un ami de Colette de l'appeler Gabri, en notant qu'il ne peut se prévaloir d'un intimité partagée avec la famille pour donner ce diminutif à sa fille.
Dure Sido, qui accompagne de soins jaloux sa progéniture, mais exige en retour une fidélité sans faille. Le seul qui semble se méfier est Léo qui garde une distance certaine avec sa mère.
Je me suis souvent demandée pourquoi Colette avait eu un enfant dès son mariage avec Henry de Jouvenel et aucun durant les quatorze années de vie commune avec Henry Gauthier-Villars. Etait-elle restée pendant toutes ces années l'enfant de Sido plus qu'une épouse et une mère elle-même ?
J'ai conscience, en faisant ce portrait en demi-teintes de Sido, de heurter l'image que l'on a produit d'une relation idéale entre la mère et la fille. Sido est dépeinte comme une femme forte, généreuse, sans préjugés, dévouée à ses enfants, solidement campée sur son bon sens et sa terre bourguignonne. Ses lettres nous révèlent une autre personnalité. Un tempérament orageux, voire violent (dans une dispute conjugale, elle jette à la tête de son mari tout ce qu'il y a sur la cheminée).
« quoique j'ai trouvé toujours que coucher avec son mari ce n'était ni propre ni convenable » (6 novembre 1906)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Lettre du 16 septembre 1908 de Sido à Willy : “Les caresses de ce père à sa fille m'horripilaient, mais soyez certain qu'elles n'étaient pas criminelles et embêtaient souvent Yvonne, mais je me méfie un peu de ma tendance à ne pas croire aux infamies”
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Lettre de Sido à Colette du 24 février 1909 : “Elle me raconte les brutalités de son mari et tremble devant lui. S'il avait été le mien, je l'aurais tué !”
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