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sur 275 notes
L'abominable, est-ce ce sommet inatteignable que semble être l'Everest en 1925, juste après l'échec et la tragédie ayant coûté la vie aux célèbres alpinistes George Mallory et Sandy Irvine ? Ou est-ce cette créature mythique vivant au sommet des montagnes et crainte par les Tibétains ? Ou bien serait-ce une toute autre menace qui pèse sur la petite équipe d'alpinistes partie à l'assaut des pentes pour tenter le sommet et retrouver des traces d'un jeune anglais disparu lui aussi l'année précédente ?

Mieux vaut avoir du temps devant soit pour se plonger dans l'Abominable : déjà parce que ce beau pavé fait plus de 800 pages et ensuite car Dan Simmons prend son temps pour nous embarquer dans son histoire. J'ai eu un peu de mal avec le premier tiers du roman qui certes est intéressant sur le plan de la reconstitution historique mais qui décrit par le menu la préparation de la tentative d'ascension d'une nouvelle équipe, un jeune américain, un guide français et un alpiniste anglais chevronné. On a parfois du mal à comprendre l'intérêt de certaines scènes ou rencontres narrées dans le détail et j'ai trouvé certains passages un peu longuets. Heureusement le roman devient passionnant dès lors que le voyage débute et que nos aventuriers partent vers l'Inde puis le Tibet. L'auteur a parfaitement reconstitué le contexte historique et ce que j'ai trouvé le plus intéressant était de voir à quel point les expéditions des années 20 étaient complexes à organiser sur le plan logistique et surtout particulièrement mal équipées par rapport à tout ce qu'on sait maintenant du matériel indispensable en montagne. Nos héros expérimentent pour la première fois des crampons révolutionnaires, des doudounes en duvet qui font rire leurs collègues, des bouteilles d'oxygène moins lourdes et plus efficaces... et malgré tout quel courage fallait-il pour se lancer à l'assaut d'un sommet encore si mal connu dont on ne sait même pas s'il sera atteignable.

Même si j'ai dévoré ce roman malgré son nombre de pages impressionnant, je reste un peu mitigée sur mon avis final. Il faut reconnaître qu'en plus du contexte historique déjà évoqué, l'auteur a du talent pour nous embarquer dans son histoire. C'est aussi un titre qui me restera longtemps en tête, les héros sont attachants, le fait d'installer tranquillement l'action nous les rend vraiment familiers et on n'a pas envie de les quitter. Néanmoins le roman a un rythme assez étrange et parfois mal maîtrisé : tantôt on est totalement embarqué dans l'action et les scènes s'enchaînent sans souffler, tantôt l'auteur semble souffrir d'une baisse de rythme, les pages s'étirent indéfiniment et se noient dans des détails pas toujours intéressants. Plus gênant, j'ai trouvé que Dan Simmons n'exploitait finalement pas totalement le potentiel de l'histoire qu'il avait lui même créée. Quand le fantastique et l'étrange font leur intrusion dans le roman, l'ambiance devient franchement angoissante, j'ai vraiment frissonné et tourné frénétiquement les pages en quête d'une explication. Malheureusement l'auteur se saborde lui-même en offrant très rapidement une explication plus rationnelle aux événements ôtant ainsi toute part de mystère et revient à des ressors scénaristiques vus et revus qui font retomber ce livre au rang de banal thriller alors qu'il avait un potentiel beaucoup plus important. J'ai parfois soupiré devant certains rebondissements trop prévisibles, dommage d'avoir ainsi privilégié la solution de facilité.

C'est donc finalement une lecture mitigée : paradoxalement alors que j'ai souvent été agacée par ces facilités ou ces baisses de rythme, j'ai quand même dévoré ce livre et il m'a longtemps trotté dans la tête. Cela reste un roman original avec de belles descriptions d'expéditions en montagne et un contexte historique passionnant. A découvrir au moins pour ces aspects là si vous en êtes amateur !

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J'avais adoré mon excursion dans le monde de Dan Simmons via Terreur ! Ce roman était précis, détaillé et retransmettait parfaitement la peur d'un équipage isolé dans une nature mortelle. Avec L'abominable, l'auteur propose une excursion pour le sommet de l'Everest. Une expédition pleine de dangers et impressionnante. Qu'en ai-je pensé ?

Dan Simmons explore l'alpinisme et l'escalade des années 20. On sent qu'il a fait beaucoup de recherches sur les techniques, le matériel utilisé à l'époque… L'auteur détaille beaucoup les éléments, ce qui peut être passionnant pour certains et ennuyeux pour d'autres. Pour ma part, j'ai trouvé cela très intéressant, notamment toute la préparation sur comment mener une expédition de cette ampleur. Il y a ainsi beaucoup d'informations sur les difficultés à s'attaquer aux hautes montagnes. Manque d'oxygène, basses températures, perte de chaleur, glaciers… et sur les innovations développées pour les contrer : nouveaux piolets, crampons, vêtements en duvet plutôt qu'en coton… La sensation de faire face à un défi quasiment inhumain, durant lequel la mort peut frapper à tout instant, est retranscrite le long du récit.

La montagne n'est pas le seul danger ! L'aventure prend place dans les années 20. Les souvenirs de la Grande Guerre hante encore les européens. L'Allemagne voit se développer des groupuscules politiques violents. Les tensions montent crescendo avec les autres pays, à un moins que c'est même visible entre les alpinistes eux-mêmes. Jean-Claude Clairoux, gui de Chamonix, refuse de poser les pieds en Allemagne. Les grimpeurs allemands et autrichiens montent peu avec les autres. Quant au décès qui ont eu lieu lors de l'ascension de l'Everest, ils semblent suspects et attirent l'attention.

L'histoire est racontée à la première personne. Jake Perry, jeune américain idéaliste, grimpe aux côtés du Diacre et de JC. Il tient un journal qui documente toute l'aventure. Dan Simmons rend très bien un style concis et simple, emprunt de la naïveté de la jeunesse, qui donne vraiment l'impression de connaître Jake Perry, grimpeur de 23 ans issu d'une famille connue mais désargentée de Boston. Il nous présente de nombreux autres personnages, comme Richard Deacon, dit le Diacre. Ancien poète au caractère ombrageux et leader de l'expédition, j'ai aimé l'aura énigmatique qui l'entourait. Jean-Claude est peut-être un peu en retrait, mais il brille par sa dévotion, son franc-parler et ses prouesses physiques. Dan Simmons ajoute également des personnages inattendus, comme Reggie ou Pasang, dont je ne parlerai pas plus avant pour ne pas spoiler.

Ils vivent tous une expérience unique. le style clair de Simmons permet de bien mettre en avant l'aventure dans la montagne. Dan Simmons choisit de décrire avec précision les difficultés, mais aussi les dangers, parfois de manière assez crue. La souffrance à cause du manque d'oxygène qui crée des hallucinations. Les amputations, nombreuses, de doigts (main comme pieds). Comment soigner les blessures à une telle hauteur ? Évidemment, l'auteur ne nous épargne pas le risque ou les décès. Il le rappelle par ailleurs à travers divers événements, mais la mort fait partie du quotidien des alpinistes. Je suis, moi-même, très peu tournée vers la prise de risque. du coup le comportement des personnages cherchant l'adrénaline dans les activités potentiellement mortelles me fascinent.

J'ai cependant été moins convaincue que par Terreur, qui malgré sa longueur avait un bon sens du rythme. Ici, j'ai trouvé que les événements traînaient en longueur. Ce qui est étonnant, c'est que que la sensation de longueur est venue vers la fin du roman. L'épilogue prend vraiment son temps et raconte beaucoup de choses qu ne sont pas vraiment captivantes. J'ai eu l'impression que Dan Simmons ne savait pas vraiment comment terminer son récit de manière convaincante.

C'est accentué par les événements à la fin qui ne sont pas convaincants. Dans un premier temps, le fantastique est très discret. Il y a quelques références au cours du récit mais il apparaît plus clairement tardivement dans le récit. Trop tardivement que ça apparaît presque comme un ajout superflu. Ensuite, la révélation finale, qui est presque uchronique, manque vraiment de finesse.

L'abominable est recherché ! le travail autour des techniques d'escalade et l'alpinisme des années 20 est remarquablement constitué. Dan Simmons a un sens du détail extraordinaire pour mettre en scène des histoires qui offrent une grande immersion. On apprend beaucoup de choses sur les risques physiques et psychologiques de la haute montagne. Et l'auteur n'épargne pas ses personnages. Entre un contexte historique compliqué et un risque mortel constant, Dan Simmons propose une galerie de personnalités variées, qui brillent par persévérance dans la difficulté et leur caractère unique. La fin du roman traîne cependant en longueur, ce qui n'est pas aidé par des choix scénaristiques douteux et un fantastique tellement discret qu'il semble accessoire et superflu. Cela reste une lecture captivante et remarquable par sa précision historique et technique.
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J'ai bien aimé ce bouquin, le début qu'on imagine être vrai et nous plonge encore plus dans l'histoire, les événements historiques qui s'y passent et s'entremêlent à nos protagonistes!
Tous les personnages étaient attachants, coup de coeur pour le Diacre, l'homme droit, juste et courageux et Reggie, une femme forte !
J'ai pas vu passer les 700 premières pages! le reste m'a moins emballé, mais parce-que je sentais venir la suite, le plot-twist etc... Et ça m'a déçue! Je dirais pas que c'était une mauvaise fin mais j'aurais aimé autre chose ou une fin plus courte
Passionné d'alpinisme, je vous conseille ce roman! Des références historiques, des montagnes, la créations de nouveaux instruments, l'alpinisme des années 30!
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Une petite introduction intrigante et prenante !
Jack Perry a remis ses carnets à titre posthume à Dan Simmons, sur les récits de sa vie. Dan Simmons les a repris et retravaillés (comme un éditeur si j'ai bien compris son intro). du coup, je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas écrit ou fait mention du nom de Jack Perry sur la couverture.
Est-ce finalement un personnage de fiction et toute l'introduction est tiré de l'imagination de l'auteur ? Ou est-ce un vrai personnage ? J'étais un peu perdue et les informations trouvé sur internet vont plus dans le sens d'un personnage de fiction.
J'avais bien aimé la plume de l'introduction. Après elle change énormément, elle est plus lourde, on respire moins…
Technico-technique !
Mais là, j'abandonne. Il y a trop de termes techniques sur l'alpinisme. J'ai l'impression que ça tourne en rond. Les descriptions techniques sont trop redondantes. Tout un paragraphe pour expliquer pourquoi les chaussures à crampons ne sont pas adaptées et les risques d'engelures qui y sont liés. C'est un peu trop, surtout quand il en reparle deux pages plus tard. J'ai lâché, dommage parce que le reste est intéressant.
Malheureusement, je n'ai même pas pu arriver à la seconde partie. Ma lecture fut très laborieuse et rien n'a su me tenir en haleine. Pourtant, l'alpinisme et l'ascension de l'Everest ont toujours exercé sur moi une certaine fascination.
En résumé : Intéressant mais trop détaillé et technique !
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En refermant ce pavé de plus de 650 pages, je suis très partagée entre un avis absolument enthousiaste sur la majeure partie du roman et une énorme déception sur 100 dernières pages !

Commençons par le positif. S'inspirant de l'histoire vraie de la disparition en 1924 de deux célèbres alpinistes britanniques, George Mallory et Sandy Irvine sur les pentes de l'Everest, Daniel Simmons nous livre un magnifique roman sur l'ascension de ce mythique sommet himalayen, dont l'écriture extrêmement documentée, précise, réaliste et inspirée force l'admiration.

1924. Trois alpinistes de renommée internationale, l'américain Jake Perry, le britannique Richard Deacon et le français Jean-Claude Clairoux sont missionnés par Lady Bromley pour retrouver son fils Percy, disparu lors de son ascension de l'Everest, dans des circonstances un peu mystérieuses. Mais les trois amis sont surtout motivés par la possibilité de profiter du gros budget que leur donne la mère de Percy pour payer l'expédition et gravir eux-mêmes l'Everest. Pendant un an, ils préparent méticuleusement l'expédition, testant et améliorant leur matériel. Enfin, ils se lancent sur les traces de Mallory, Irvine et Percy Bromley.

La préparation de l'expédition, que certains pourraient trouver longue, dure un an et couvre plus de 200 pages. Mais elle est absolument passionnante, minutieusement détaillée et permet de se familiariser avec les techniques et le matériel utilisé par les alpinistes des années 20 du XXème siècle. le romancier prend quelques libertés avec L Histoire, accélérant le temps en prêtant au trio d'amis des innovations qui n'existeront que bien des années plus tard, et qui contribueront à augmenter leurs chances de survie lors des ascensions en haute altitude : ils vont ainsi "inventer" les crampons à 12 pointes dont les 2 pointes frontales permettent l'escalade de parois de glace en réduisant considérablement sa durée, les parkas imperméabilisées en duvet d'oie plus chaudes et légères que les vestes en laine de l'époque et surtout restant sèches à l'inverse de la laine mouillée impossible à sécher avec le froid, les bouteilles d'oxygène moins lourdes à porter et plus faciles à utiliser, des cordes plus solides que les anciennes en chanvre, des bloqueurs, de nouveaux piolets etc.

Puis l'expédition commence à Darjeeling, toujours décrite de manière extrêmement immersive, relatant les allers-retours entre le camp de base, le camp II, le camp III, le IV, le V jusqu'au camp VI vers 8200 mètres d'altitude, avec les portages de matériel, l'installation des cordes et des balises de bambou pour éviter les crevasses, les problèmes d'acclimatation à l'altitude des héros qui affrontent le blizzard et les températures plus que négatives. C'est très prenant, on s'y croirait presque ! A partir des traces laissées par Mallory et Irvine, on revit dans le détail les étapes de leurs derniers jours d'expédition. Je suis plutôt néophyte en matière d'himalayisme et toute cette partie de l'ascension m'a époustouflée et passionnée. Les connaisseurs n'auront peut-être pas le même ressenti.

A partir du camp VI, l'aventure prend une tournure angoissante : un sherpa meurt d'une embolie pulmonaire, les sherpas restés au camp de base sont victimes d'une attaque sauvage et les membres de expédition sont traqués par les mystérieux attaquants qui s'en sont pris aux sherpas.

C'est à ce moment là que le roman est censé devenir fantastique comme le laisse entendre la quatrième de couverture très "marketée" et son titre qui évoque irrésistiblement la mythique créature du yéti. Mais si, comme moi, vous espériez des monstres ou toute autre entité surnaturelle, vous en serez pour vos frais. L'auteur, ou plus certainement l'éditeur, s'est livré à un petit jeu de mots sur le titre qu'on ne comprendra que dans les 100 dernières pages et qui nous fait attendre, espérer inutilement l'arrivée d'un abominable homme des neiges.
C'est avec cette révélation de la véritable nature de l'abominable qu'est venue mon immense déception : le mobile sur lequel repose toute cette intrigue et qui explique la disparition de Lord Bromley est tout simplement grotesque. Et ce qui était un génial roman d'aventures devient d'un seul coup ridicule et totalement non crédible. J'aurais préféré que Dan Simmons se casse un peu moins la tête pour trouver une explication incroyable à la disparition de Lord Bromley et se contente d'une explication rationnelle en lien avec la fabuleuse beauté et la terrible hostilité naturelles de cette zone de survie et de mort qu'est le sommet de l'Everest. Quel dommage ! Pourquoi un romancier de grande valeur, capable de nous faire vivre l'ascension du terrible ressaut Hillary, s'est-il perdu dans une intrigue qui sonne si faux ?

Je vais me consoler avec Tintin au Tibet : là au moins, il y en a un vrai d'Abominable !

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Stephen King est un génie du psychologique, capable d'analyser l'âme humaine et la société américaine à travers ses personnages. Dan Simmons est au moins un auteur aussi talentueux mais dans un autre registre, celui de la précision et du réalisme des sujets dont il s'empare. Lorsqu'il écrit Illium/Olympos sa maîtrise du sujet quantique lui permet de l'extrapoler en un récit de SF d'une rare complexité, lorsqu'il s'attaque à Dickens avec droods il mélange fiction et réalité avec un tel brio qu'on ne sait plus ce qui est vrai de ce qui est inventé, où ce situe la frontière. Avec Terreur il en fait autant en réécrivant une partie de l'histoire (la partie inconnue) de la conquête du grand Nord. L'Abominable s'inscrit complètement dans la même démarche en s'intéressant à la conquête du toit du monde. Je ne vous fais pas le pitch, lisez le livre c'est mieux.
C'est un livre très pointu sur l'alpinisme où la part surnaturelle est réduite à son minimum. Je ne suis absolument pas passionné par la grimpe et pourtant je ne me suis pas ennuyé une seule minute à la lecture de ce pavé (en version poche c'est 950 pages, vous êtes prévenus).

J'ai découvert Dan Simmons avec l'Echiquier du mal (à lire absolument) et cet auteur ne m'a jamais déçu depuis. Même sur ces livres les moins ambitieux, on retrouve toujours un os à ronger intéressant. Cet auteur fait partit de ceux qui utilisent la SF, le Thriller ou l'horreur pour parler d'autre chose : Poésie, science sociale, moeurs, histoire, science. Je ne serai pas étonné qu'on le site en référence comme étant un visionnaire dans un siècle comme on considère aujourd'hui Jules Vernes.
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Dan Simmons nous raconte l'aventure de Jake Perry sur sa conquête du toit du monde, l'Everest, en le laissant narrateur. Début du XXème siècle, entre les deux guerres plus précisément, Jake est alors un jeune étudiant d'Harvard, mais déjà un alpiniste chevronné. Il va nous conter comment il a été approché, lui et son ami français Jean-Claude alpiniste et guide de montagne de Chambéry, par Richard Deacon, dit "le Diacre", un lord anglais pour envisager l'ascension.

Sauf que depuis la débâcle de l'expédition de George Malloy de l'année précédente qui s'est soldée par plusieurs morts, des disparus et qu'en plus on ne sait même pas si le sommet a été atteint ou même si un record a été établi, le Tibet a fermé ses frontières et refuse l'accès de sa montagne sacrée. C'est donc clandestinement qu'ils vont s'en approcher, avec pour mission de retrouver le corps d'un des disparus. Mais ne nous leurrons pas, ils ont tous derrière la tête le secret espoir de le vaincre ce terrible mont, même si leur exploit ne sera jamais ni reconnu, ni validé.

Je ne sais combien de pages fait ce roman, ce doit être un pavé au vu des 25 heures et quelques d'écoute. 25h sur cette expédition, de la préparation, à l'approche, puis aux différents camps installés ! Monter, redescendre, remonter. Toutes les difficultés matérielles, sportives et climatiques nous sont narrées dans le détail et jamais une seule seconde on ne s'ennuie. Mieux, on a l'impression de devenir spécialiste... lové dans notre fauteuil bien au chaud !

Et le talent de Dan Simmons ne s'arrête pas là, car il va glisser dans son récit une intrigue impliquant de l'espionnage et du contre-espionnage en pleine période de la montée du nazisme. À cela, il nous rajoute la présence du légendaire yéti craint mais vénéré par les locaux.
La suite sur le blog ;)
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Voici un roman d'aventures comme je les aime : un défi humain (l'escalade du toit du monde) agré-menté de morts mystérieuses et d'un soupçon d'angoisse (yéti or not yéti ?), le tout situé aux marges de l'Histoire.
Dan Simmons pose tout de suite l'ambiance dans une longue introduction : ce récit est celui de Jake Perry, que Simmons a rencontré en 1991. A l'issue de leur entretien, le vieux monsieur avait promis à Simmons un manuscrit, récit de sa vie intrigante et surprenante. Ce n'est finalement que vingt ans après sa mort que Simmons recevra le texte, qu'il livre ici aux lecteurs.
En 1925, Jake Perry et deux comparses alpinistes gravissent l'Everest juste après l'ascension mortelle d'Irvine et Mallory. Si cet exploit n'a pas été médiatisé, c'est qu'il a été accompli secrètement et que les événements qui s'y sont déroulés ne sont pas officiels.
Le lecteur plonge alors dans un maelstrom climatique mais surtout politique : rivalités entre associa-tions d'alpinisme et enjeux géopolitiques, sans oublier les agents secrets et les croyances locales.
L'Everest se révèle comme le lieu de rencontre entre la dureté des éléments et la cruauté du coeur de l'homme, un endroit où l'Histoire aurait pu basculer. le lieu de l'Abominable, qui n'est pas celui au-quel on pense.
Dan Simmons signe ici un grand roman. Tout y est pour combler le lecteur, même s'il est (comme moi) peu féru de montagnes : l'aventure humaine, la documentation, le souci du détail juste auront de quoi satisfaire les plus exigeants et ces quelque 900 pages passeront en un clin d'oeil.
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Encore une fois, la dernière fois d'ailleurs,
que je suis déçu par cet auteur, l'idée, bien que piquée parait intéressante, mais encore gâchée par ce Dan simmons!
Puéril ce passage pédophile du führer! Vu les atrocités qu'il a commis ou fait commettre, je trouve absurde d'inventer ce genre de chose. Cela n'apporte rien et même rabaisse le niveau du livre.
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Après « Terreur » (2008) (l'expédition polaire arctique Franklin de 1845 et le mythique passage du nord-ouest le long duquel elle disparut), Drood (2011) (un retour crépusculaire sur certaines zones d'ombre de Charles Dickens et de Wilkie Collins) et « Collines noires » (2014) (de Little Big Horn au Mont Rushmore : la Grande Histoire US revue et corrigée par un Peau-Rouge), Dan Simmons nous propose une fois de plus, avec « L'Abominable », un pavé documentaire camouflé en roman Fantastique (quoi que ... voir plus loin). L'auteur nous raconte le monde encore rudimentaire de l'alpinisme des années 20's au service de l'Everest. Il régurgite tous les renseignements qu'il a trouvé de ci de là: les techniques de grimpe d'alors en haute altitude, les particularités météorologiques, géographiques, géologiques, géopolitiques et ethniques de l'espace himalayen, certains faits historiques de l'époque (agitant le monde et par ricochets la région) ... etc; le tout déversé en vases communicants des faits réels (à maxima) vers la fiction pure (à minima); le mix est crédible, c'est la force première de l'auteur.

L'Himalaya donc, celui des années 20's, à qui gravira enfin le plus haut sommet du monde, l'Everest (8849m).

La réalité historique fait état du premier pied vainqueur en 1953. Mais en 1925 déjà, ainsi du moins l'affirme Simmons, une autre expédition n'a-t-elle pas accompli l'exploit sans qu'on n'entende parler d'elle pour des raisons appartenant au « secret d'état » ?

Quatre de couverture : « Juin 1924. La disparition inexpliquée des alpinistes Mallory et Irvine, au cours de leur ascension de l'Everest, fait la une de la presse. Mais qui se souvient de Lord Bromley, dit « Percy », autre concurrent à la course au sommet, évaporé dans les mêmes conditions la même année ? Manque d'oxygène ? Avalanche mortelle ? Autour du camp de base, la rumeur fait état d'une mystérieuse créature des neiges alors qu'une nouvelle expédition s'élance en 1925 à la recherche des disparus... voire d'une vérité bien plus abominable encore... »

Deux anglais, un américain, un français et un indien ; cinq alpinistes chevronnés sur les flancs glacés de l'Everest ; tous (ou presque) en mission de rapatriement des corps et accessoirement d'ascension enfin réussie. Une équipe resserrée et efficace, discrète, très mobile, réactive, porteuse des dernières technologies en matière d'alpinisme, aidée d'une poignée de sherpas. Simmons nous sert la version officieuse de quelques-uns sur la piste perdue d'aventuriers disparus. Comme dans « Terreur », il use du scénario archétypal de l'expédition évaporée dans la nature hostile et ayant engendré les rumeurs les plus folles sur ce qui lui est advenu. le passage mythique du nord-ouest arctique de « Terreur » renait dans la voie inlassablement recherchée vers le sommet de l'Everest encore invaincu. Simmons brasse la réalité historique (majoritairement) à celle de son imaginaire, comblant les lacunes et les mystères laissés inexpliqués au-delà des faits connus.

« L'Abominable » est sorti en 2013 (version US), en 2019 (grand format made in France), en 2020 (année de parution poche chez Presses Pocket). 6 ans, donc, avant d'enfin débarquer chez nous ? Robert Laffont en avait de loin en loin reculé la parution. Lenteur de traduction (tu m'étonnes) ou crainte d'un accueil mitigé ? Problème autre (« Flashback », J.D. Brèque) ? le temps s'était, semble t'il, mystérieusement étiré d'un bord à l'autre de l'Atlantique pour qui guettait la VF de ce best-seller potentiel, l'enfin nouvel opus teinté de Fantastique d'un écrivain de renom qui, au-delà de certains « mauvais genres », s'était trouvé un créneau juteux dans le blanc du mainstream, cachant son Fantastique sous des habits de littérature générale. Que s'est t'il passé ? Basta si ce n'est qu'il convient peut-être de trouver l'explication dans les faiblesses et défauts de l'ouvrage.

Le pavé (cette obésité de pages était attendue, le format dodu étant devenu marque de fabrique de l'auteur) est enfin là sous mes yeux ; 957 pages bien gonflées en poche, menue police typo et rares renvois à la ligne d'un paragraphe à l'autre. Une avalanche de signes déferle dès l'introduction comme autant de cailloux rendus à la gravité, il va falloir résister pour aller jusqu'au mot « fin », là-haut, tout là-haut. Il va falloir y consacrer du temps, beaucoup de temps le lecteur tourne lentement les pages, une à une, comme l'alpiniste gravit les presque verticalités de l'Everest au ralenti, en manque d'oxygène. Près d'un millier de pages en attente ; un sacré poids en bout de bras, le demi-kilo frôlé ; pas de lest, pas de condensé, de reader's digest usant de raccourcis. La lecture s'amollit quand le détail pullule et overdose, il faut se soumettre à la lenteur qu'il impose quand, lecture en diagonales rapides inévitablement engagée, taillant dans le gras pour éliminer le superflu, on confond les versants, les arêtes, les pics, les pénitents, les moraines, les glaciers, les ressauts et les à-pics, les faces, les altitudes, les camps … On sait que l'approche sera longue et lente, que le vif du sujet enfin sous les yeux prendra du temps à s'affirmer (les deux tiers sinon même les trois quarts en lents préparatifs), qu'il y faudra de l'abnégation et de la patience. A l'égal de « Terreur » et de « Drood » ce sera une interminable attente d'hors-d'oeuvres documentaires. On va bouffer du crampon ; du mousqueton ; de la chaussure de montagne ; de la crevasse ; de corde au mètre, de ses qualités et défauts au regard de ses millimètres de diamètre ; de noeuds compliqués, de la façon de les faire et défaire ; d'avalanches meurtrières ; de piolets ; de précipices insondables ; de bouteilles et de masques à oxygène ; de rappels en à-pics ; de règles de cordée ; du bric-à-brac tout cliquetant et tintinnabulant que l'alpiniste pro des années 20's trimballait sur lui ; de l'anorak à duvet d'oie récemment breveté vs les lainages en pelures d'oignon superposées ; du sherpa vs le sahib ; du yak vs le mulet ou le cheval ; de la toile de tente battue par des vents d'outre-ciel ; de chaussettes mouillées et d'orteils gelés intégrés ; de lunettes noires contre la réverbération aveuglante du soleil sur la neige. Simmons nous avait fait le coup avec Terreur mais çà matchait, là çà coince par overdose ; Simmons s'est posé en équilibriste entre le trop et le pas assez et clairement à mon sens s'est flanqué à l'à-pic du premier.

Mais Simmons, versant Fantastique, est un conteur ; il sait y faire ; je suis allé au bout de son propos, heureux non pas tant d'en avoir enfin fini avec lui que de l'avoir lu comme un obstacle à franchir, d'avoir pris plaisir à ce qu'il m'a appris sur la très haute montagne. J'ai refermé l'épais volume avec la certitude de revenir vers les parutions ultérieures de l'auteur au gré des mêmes mécanismes de narration. On a dit de Stephen King qu'il aurait été capable de décrire le contenu de sa poubelle sans ennuyer son lecteur ; je reformulerai en précisant que ses longues digressions m'intéressent plus que ses brefs instants de frissons, on y suit avec passion cet American Way Of Life qui est le coeur de son propos d'écrivain. Simmons est du même tonneau mais d'une finalité différente et peut-être inférieure en qualité, il s'overclocke sous le poids de la documentation d'amont qu'il régurgite en aval. le bonus de le lire est dans ce qu'il apprend sur un sujet que l'on n'aurait pas chercher à approfondir autrement. C'est d'ailleurs ce qu'il a fait avec Hyperion, me remettant en mémoire ce que la SF a pu inventer avant lui. Simmons, en ce sens bon faiseur ? Oui ; sans cette qualité, comment boucler sans abandonner une aussi longue lecture gonflée (jusqu'à l'overdose) d'autant de détails techniques (à priori réservés aux spécialistes de la verticalité rocheuse et glaciaire) ? Etrange paradoxe que celui d'un auteur qui fait ronronner ce qu'il écrit au rythme ce qu'il prend ailleurs, lénifie ce qu'il raconte et qui, bon an mal an, conduit son lecteur à terme, le rendant fier d'en avoir fini et d'avoir tant appris.

Restent cependant deux gros grains de sable dans la machine :

La montagne accouche d'une souris : le(s) yéti(s) attendu(s), promis au générique d'ouverture manque(nt) à l'appel. Tout petits riquiqui les bestioles terrifiantes, à tel point qu'il n'y en a pas la moindre grosse patte griffue d'une seule. Pourtant, rien que le titre du roman déjà, « L'abominable » : quoi de plus explicite, quoi de plus attendue que leur présence ? On en trouve mention dans la 4 de couv. Simmons, lui-même, dans le corps du récit, en parle de loin en loin. Titre racoleur et 4 de couv trompeuse donc. Il me manque mes yétis (smiley boudeur). Bref, les yétis hibernent pendant les courtes périodes favorables à l'alpinisme himalayen, j'aurais au moins appris çà.

En outre le Fantastique promis s'évapore sous le roman d'aventures et d'espionnage qui longtemps se cache et peu à peu, hélas, s'impose : les armes à feu remplacent les cris de terreur dans la nuit face à la bête immonde et le tout se fait "chasse au trésor" d'un secret d'état. « L'Abominable », au final, prend goût de thriller d'altitude et s'ampute de ce que son lecteur attendait de lui en priorité: sa part fantastique. La fin est inattendue (ce qui est une qualité) mais grotesque (ce qui est un énorme défaut). La mise en abime principale (il y en a plusieurs en strates d'inégales importances) émerge des neiges éternelles comme un cheveu à la surface d'une soupe, elle m'a laissé pantois et désabusé : tout çà pour çà me suis-je dit.. !

Alors, « L'abominable », pavé pour remplacer un pied cassé d'armoire (normande) bancale ? Comment dire… ? Oui, un peu. N'empêche : le long voyage vaut peut-être le détour si la passion montagne vous anime, si les bases techniques de l'alpinisme ne vous sont pas des artéfacts lointains (presque E.T.) à l'usage de celles et ceux qui rêvent de verticalité sur fond de ciel tourmenté.
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Thème : Le cycle d'Hypérion, tome 1 : Hypérion de Dan SimmonsCréer un quiz sur ce livre

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