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EAN : 9782221122655
544 pages
Robert Laffont (17/10/2013)
3.81/5   87 notes
Résumé :
Indien lakota, Paha Sapa alias "Collines noires" possède un don remarquable : il lui suffit de toucher un être humain pour pénétrer sa conscience et lire dans son passé comme dans son avenir. C'est en 1876, lors de la bataille de Little Big Horn, qui opposait une coalition de tribus indiennes aux tuniques bleues du général Custer, que le jeune Indien alors âgé de onze ans découvre ses pouvoirs visionnaires et divinatoires. Entré fugitivement en contact avec Custer, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Jeune indien de la tribu des lakotas, Paha Sapa, alias « Collines Noires », n'a que 11 ans quand survient la dernière grande victoire indienne de la Conquête de l'Ouest : la bataille de Little Big Horn où le général Georges Amstrong Custer et 267 hommes du 7e régiment de cavalerie trouvèrent la mort sous les tomawaks et les flèches sioux et cheyennes. Trop jeune pour participer aux combats, Paha Sapa ne l'est pas assez pour résister à la tentation de se rendre sur le champ de bataille après le massacre, une initiative qui va se révéler très malvenue puisque en touchant le corps d'un officier mourant, l'enfant absorbe accidentellement l'esprit de l'agonisant – « Longs Cheveux » Custer en personne ! A sa grande consternation et à celle des siens, voici l'enfant forcé de partager son esprit et ses souvenirs avec ceux du fantôme du colonel défunt, un fantôme particulièrement teigneux, épouvantablement bavard et peu disposé à se faire exorciser.

Cet incident va également réveiller le don de divination en sommeil de Paha Sapa et provoquer chez l'enfant un rêve terrifiant : celui de quatre géants de pierre taillés dans le roc des Collines Noires, le site sacré des nations indiennes auquel le jeune garçon doit son nom, et dévorant tout sur leur passage, indiens, animaux, végétaux… Terrorisé, Paha Sapa n'a plus qu'une seule idée en tête : vivre assez longtemps pour voir se réaliser sa vision et pour détruire les quatre gigantesques statues dont l'édification, il en est certain, signera la défaite finale et l'irrévocable perte de son peuple.

S'il faut reconnaître quelque chose à Dan Simmons, c'est que celui-ci n'a pas peur de s'éloigner des sentiers battus de la littérature fantastique ! Après nous avoir entrainé au fin fond des glaces arctiques avec « Terreur », puis dans les bas-fonds du Londres du XIXe siècle avec « Drood », c'est à l'Histoire américaine que le romancier se mesure maintenant et, plus précisément, celle de la Conquête de l'Ouest. A travers la longue et mouvementée existence de Paha Sapa, de la petite enfance de celui-ci à son ultime et désespérée tentative de destruction des quatre statues du Mont Rushmore en 1936, c'est tout un pan de l'épopée des Etats-Unis que Simmons fait revivre pour nous et ceci avec un luxe de détails à faire rougir d'envie un historien. C'est d'ailleurs dans cette accumulation parfois abusive d'anecdotes véridiques que réside le principal défaut de son récit, Dan Simmons résistant parfois difficilement au plaisir de raconter l'Histoire avec un grand H plutôt que de nous raconter « une » histoire, perdant ainsi en rythme ce qu'il gagne en richesse narrative. Autre point noir – mais celui-ci tout à fait indépendant de la volonté de l'auteur : une traduction de qualité assez moyenne et pas toujours très judicieuse, notamment en ce qui concerne les lieux et les noms indiens.

Ces défauts mis à part, « Collines noires » n'en reste pas moins une oeuvre valant le coup d'oeil, porteuse d'une réflexion tout à fait fascinante et dépourvu de manichéisme sur le choc et la lutte des civilisations, forcées de se détruire mutuellement pour pouvoir survivre et évoluer, doublée d'un hommage touchant à la culture amérindienne. le tout donne un roman tout à fait recommandable, ambitieux et subtil qui devrait satisfaire tous les amateurs d'Histoire américaine : pas le meilleur livre de Dan Simmons mais un bon cru tout de même.
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Territoire considéré comme sacré par les Amérindiens, les Black Hills sont aujourd'hui encore réputées pour abriter les célèbres sculptures du mont Rushmore représentants les quatre présidents américains que sont Georges Washigton, Thomas Jefferson, Théodore Roosvelt et Abraham Lincoln. Mais « Collines noires » (« Paha Sapa » en lakota), c'est également le nom d'un vieil indien âgé en 1936 de plus de soixante-dix ans et travaillant sur le chantier en tant que dynamiteur. Or, Paha Sapa a juré de venger l'affront fait à son peuple par les « Wasichu » (hommes blancs), responsables de l'écrasement de la culture indienne, de la disparition de ses représentants et surtout de la profanation de ses lieux sacrés. Parallèlement aux préparations du vieil homme oeuvrant afin de mettre son plan à exécution, c'est progressivement toute la vie du personnage qui défile sous les yeux du lecteur qui ne pourra que s'émouvoir du tragique destin de Paha Sapa et, au-delà, de l'ensemble de sa civilisation. Car Dan Simmons profite évidemment de l'histoire de son héros pour revenir sur la plupart des épisodes clés de la Conquête de l'Ouest et du conflit entre les Blancs et les Amérindiens à la fin du XIXe siècle : la bataille de Little Big Horn opposant le 7e régiment de cavalerie mené par le général Custer à une coalition de Cheyennes et de Sioux ; les massacres perpétrés par l'armée américaine et la spoliation des territoires indiens ; la mort des grands leaders que furent Sitting Bull ou encore Crazy Horse... Difficile de rester de marbre à l'évocation de tous ces événements qui, en l'espace de seulement quelques décennies, aboutiront à la disparition de toute une civilisation.

Si certains pourront être gênés par les trop nombreuses digressions de l'auteur ou sa tendance à accumuler les anecdotes ou les détails sans rapport directs avec l'histoire de son personnage, j'ai pour ma part été particulièrement sensible au travail de reconstitution effectué par Dan Simmons, sans à aucun moment me lasser de ses précisions sur tel lieu, tel personnage ou tel élément de la culture indienne. Une culture dans laquelle le lecteur se laisse, après une nécessaire phase d'adaptation, complètement immerger. L'une des plus grandes qualité du roman réside en effet dans le travail de documentation de l'auteur qui redonne vie ici à une civilisation complexe et foisonnante mais souvent méconnue, avec ses rituels, ses légendes, ses croyances et évidement son vocabulaire (petit bémol à ce sujet en ce qui concerne la traduction qui renvoie trop souvent à l'index situé en fin de volume alors même que la traduction de la plupart des termes lakota est explicitée dans le corps même du texte). Dan Simmons a cependant l'intelligence de se garder de toute vision manichéiste et, si notre sensibilité nous pousse évidemment à embrasser la cause du personnage et à s'indigner de l'injustice avec laquelle son peuple fut traité, l'auteur ne tombe jamais dans la caricature du « bon sauvage » luttant courageusement contre le méchant et avide Blanc. Une subtilité en partie due à la place accordée dans le récit au personnage du général Custer, tué lors de la bataille de Little Big Horn mais dont l'esprit est parvenu à pénétrer celui du très jeune Paha Sapa qui devra supporter toute son existence la présence de ce « fantôme » wasichu, symbole de la ruine et de la mort de son peuple mais que l'on découvre sous un jour totalement nouveau.

Dan Simmons signe avec « Collines noires » un magnifique hommage à la civilisation amérindienne grâce à un travail de recherche et de reconstitution historique particulièrement soigné. C'est avec beaucoup d'émotion que l'on quitte le personnage de Paha Sapa, cet Indien que l'on aura suivit de son enfance à ses dernières années et avec lequel on aura partagé joies et peines, pertes et retrouvailles. Une lecture poignante dont on ne ressort pas indemne.
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Ouf, au terme d'une lutte acharnée, j'ai fini par faire le tour de ces fameuses Collines Noires ! Soulagement.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Dan Simmons fait rarement dans la facilité, et se renouvelle très largement à chacune de ses (copieuses !) parutions.
Bien souvent il tombe juste (voir les excellents Hypérion, Ilium, Drood ou Terreur, qui comptent parmi mes références en terme de littérature fantastique), parfois il tombe un peu à plat... C'est le jeu, ma pauvre Lucette.
Incontestablement, ce cru 2013 n'a pas la saveur de ses prédécesseurs, et j'avoue avoir eu du mal à terminer la bouteille (devrais-je dire le Jeroboam ? ou le Mathusalem ?)

Cette histoire de guerrier Sioux "possédé" par l'esprit du général Custer depuis la bataille de Little Big Horn, et farouchement résolu par la suite à sauvegarder coûte que côute ses montagnes sacrées menacées par l'Homme Blanc, était pourtant très prometteuse. Dieu que j'avais hâte de me plonger dans une nouvelle aventure fantastico-historique haletante et instructive, d'arpenter les grands espaces américains et d'assister à un duel psychologique qui s'annonçait épique entre le jeune Paha Sapa, dans le rôle du brave sans peur et sans reproche, et le célèbre général de l'Union, dans le rôle de son vilain parasite mental !
Hélas, la confrontation s'avère beaucoup moins palpitante que prévue et c'est tout juste si l'on assiste, de loin en loin, à quelques échanges assez communs entre l'indien et le fantôme, qui préfère s'adresser en apparté à sa veuve Libbie.
L'histoire se concentre plutôt autour du mont Rushmore et de ses prodigieuses sculptures en construction que Paha Sapa, embauché sur le chantier, rêve d'atomiser pour présever les Black Hills de toute profanation. C'est sans doute passionnant pour les tailleurs de pierres ou les férus d'Histoire de l'art, de dynamite et de statues monumentales, mais ça m'a un peu laissé de marbre (pardon).

Heureusement, Dan Simmons se rattrape brillamment dans la description des us et coutumes des indiens lakotas, de leur spiritualité, de leur merveilleuse conception du monde, de la nature et du vivant.
Ces chapitres, très documentés, m'ont fasciné, de même que le récit des principaux affrontements entre les Wašíču (= les Blancs) et les différents peuples autochtones. Tous les personnages, ou presque, ont réellement existé, et Dan Simmons ressuscite avec un certain talent les emblématiques figures de l'Ouest, pour nous donner à voir le triste phagocytage d'une culture par une autre...

Attention toutefois à ne pas se noyer dans l'exotisme d'un vocabulaire lakota très (trop ?) riche, répété à chaque évocation d'un lieu, d'un objet sacré ou d'une cérémonie en l'honneur du Grand-Tout. Ce dialecte est en plus mâtiné d'anglais et de traductions françaises parfois oiseuses (quand "Sitting Bull" se transforme en "Taureau Assis, ou que "Crazy Horse" devient "Cheval Fou", on a un peu l'impression de perdre au change...)
Il résulte de tout ça une écriture parfois brouillonne, et le lecteur distrait aura vite fait de se mélanger les crayons.*

Pour conclure, ce roman relativement complexe se révèle long et inégal (comme cette critique, hein ?). L'auteur s'éparpille trop à mon goût, et si j'ai beaucoup aimé les séquences indiennes, j'ai quand même regretté de ne trouver en lieu et place du suspens et du foisonnement habituels de Simmons qu'une histoire un peu plate, en manque de rythme, alourdie par des digressions superflues, et où la part du fantastique est plus que limitée.

Une lecture exigeante en forme d'ascension presque laborieuse au coeur des Collines Noires, pour une découverte quand même orginale de l'Ouest américain.

- - -
* : A noter qu'un lexique très fourni est disponible en fin d'ouvrage pour les plus courageux, ou pour ceux qui souhaiteraient parfaire leur maîtrise du langage sioux (on sait jamais, sur un CV ça peut faire la différence !).
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Voici un roman qui procure un joli lot d'émotions. Ce n'est pas un livre exempt de défauts, mais c'est un coup de coeur personnel. Ayant été très déçu par le roman de Jim Fergus : "Mille femmes blanches", c'est avec une petite appréhension que j'ai entamé la lecture de Collines noires...Les fictions caricaturent souvent les Indiens je trouve, mais pas ici ! Dan Simmons a effectué un superbe travail de documentation et nous avons en prime une multitude de mots et d'expressions Sioux (qui sont répertoriés dans un lexique en fin d'ouvrage), ce qui nous plonge totalement dans ce récit. La construction du mont Rushmore vous sera dévoilé, ainsi qu'une autre célèbre construction américaine de l'époque. Je n'ai pas trouvé ces détails et explications redondants; ils ralentissent le scénario et augmentent le nombre de pages, mais c'est très instructif et assez bien écrit. Les seules choses qui m'ont déplus sont les dialogues en italiques, et les premiers discours de Custer qui est "prisonnier" dans la tête de Paha Sapa, le personnage principal. Mais rassurez-vous, ce n'est que passager, car par la suite, les "apparitions" du général Custer son nettement moins chiantes à supporter. Dans les défauts du livre, nous avons aussi une traduction un peux foireuse au niveau des noms Indiens, car ils ont été traduits en Français... pas sûr que ce soit le meilleur choix de la part de la traductrice. Mais tout cela est effacé par le "héro" du livre...Paha Sapa... Un homme bon et courageux auquel il est très difficile de ne pas s'attacher. Un destin hors du commun que seul un livre peut raconter.
Malgré le petit investissement que nécessite cette lecture, (c'est loin d'être un pages-turner comme le dit Amnezik dans sa critique) je vous invite grandement à vous plongez dans ce livre (dans cette partie de l'Histoire de l'Amérique) car la satisfaction est assurée. Une histoire et un" héro" mémorable !
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Avec Collines noiresDan SIMMONS signe son « grand roman de l'Amérique » comme indiqué dans la quatrième de couverture. L'Amérique selon lui a pour fondation la bataille de la Little Big Horn en juin 1876 qui fut l'occasion d'une victoire écrasante des amérindiens contre les forces armées américaines, et la mort du général George Armstrong Custer. Ce jour-là un jeune lakota, Paha Sapa (littéralement « Collines noires », ou « Black Hills » en anglais), entre en contact avec le général juste au moment de son décès. Dès lors l'enfant va grandir et vivre toute sa vie en mêlant son esprit sioux avec celui du militaire américain.

Paha Sapa va ainsi passer le dernier quart du XIXème siècle et le début du XXème en tant que Billy Slow Horse, notamment en participant à la construction du pont de Brooklyn, puis à la troupe de Buffalo Bill pour son Wild West Show. A la fin des années 1920 il est recruté comme dynamiteur par le sculpteur Gutzon Borglum dans le cadre de la construction du mémorial national du Mont Rushmore, la sculpture monumentale représentant Washington, Jefferson, Roosevelt et Lincoln, soit quatre des présidents les plus marquants de l'histoire américaine. Projet pharaonique s'il en est, l'ironie de l'histoire est d'autant plus forte pour le désormais sexagénaire Paha Sapa que le monument est situé non loin des Black Hills (il fut même un temps question de le bâtir sur ce site même).

La vie de Paha Sapa est donc jalonnée de nombre de participations à des créations purement américaines. Si cela flatte l'esprit quelque peu moqueur du général Custer, le sioux n'en oublie pas pour autant ses origines lakotas. C'est ainsi que secrètement il construit le projet de faire tout bonnement sauter ces quatre têtes qui émergent lentement mais surement de la roche de sa terre sacrée...

Le destin exceptionnel de Paha Sapa est raconté par Dan SIMMONS de manière non linéaire, alternant souvenirs et présent, et faisant même intervenir l'esprit de Custer qui fait part au lecteur de ses réminiscences. Ce faisant il construit une Histoire des Etats-Unis très personnelle, une Histoire pleine de richesses, mais également de contradictions et de sang, dans un cadre grandiose. Comme souvent chez SIMMONS, le caractère fantastique de son récit est mis en oeuvre tout en finesse ajoutant encore à la crédibilité et à la densité de son récit.

Cette densité a toutefois son revers. L'auteur a manifestement réalisé un gros travail de documentation et donne parfois l'impression de vouloir l'exploiter intégralement. Cela se traduit par une multitude de détails sur L Histoire américaine qui, aussi intéressants soient-ils, nuisent grandement au rythme du récit et au caractère romanesque de ses personnages, à commencer par celui de Paha Sapa ; il est probable que cette sensation soit d'autant plus prégnante pour les lecteurs non américains. L'autre défaut du roman est encore plus gênant, mais certainement pas le fait de SIMMONS ; il touche à la traduction, en particulier celle des termes lakotas qui, dans le corps du texte, casse le rythme du récit, alors même que l'ouvrage est doté d'un index en fin de volume ; on ne peut guère s'attendre à autre chose que de la pénibilité quand, dans une même phrase, sont utilisés le lakota, l'anglais et le français pour exprimer un terme unique...

Ces défauts diminuent grandement le plaisir que l'on peut retirer de cette lecture. Il n'en demeure pas moins que la vision de Dan SIMMONS sur l'Amérique au tournant des XIXème et XXème siècles est intéressante du point de vue historique ; il partage ainsi avec ses lecteurs une vue toute personnelle sur la façon dont l'Amérique est devenue une hyperpuissance dès lors que la conquête de l'ouest à été achevée.
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critiques presse (1)
Telerama
04 décembre 2013
Simmons montre l'inéluctable écrasement d'une culture par une autre, rendant un hommage souvent bouleversant à l'univers des Indiens dont il intègre la vision du monde comme une donnée objective.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Les quelques paroles qu'il murmure alors ne s'adressent pas aux ossements ni aux souvenirs enterrés sur ce champ de bataille, sur cette colline du Montana, mais aux êtres qu'il a aimés, qu'il a combattus, avec lesquels il a vécu et travaillé, à ceux qui ont été proches de lui et qu'il a vus partir, à ceux qu'il a perdus à jamais et retrouvés ailleurs, dans des lieux sacrés, qui ne sont pas proches d'ici et qui, en même temps, n'en sont pas très éloignés. Toksha ake čante ista wacinyanktin ktelo. Mitakuye oyasin ! Je vous reverrai avec l’œil de mon cœur. Qu'il en soit ainsi. Tous les miens – chacun d'entre nous !
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L'univers de son enfance foisonnait littéralement de significations, de relations et de miracles invisibles ; les moindres pierres contenaient de la vie et des histoires. Les arbres recélaient des secrets sacrés. Les herbes de la prairie frémissaient de vérités chuchotées tout bas par les esprits qui l'entouraient, lui et sa bande d'Êtres Humains Libres Naturels. Le soleil était un être aussi réel que son grand-père de substitution ou que les autres hommes qu'il croisait à la lumière du jour ; les étoiles, au dessus des plaines, vacillaient sous le souffle des morts qui marchaient là-haut ; et à l'horizon, les montagnes observaient et l'attendaient avec leurs révélations.
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Les dieux, les Grands-Pères et le Grand-Tout lui-même existent parce que ceux qui s'appellent le Peuple existent pour les adorer. Le Peuple existe parce que les bisons existent et parce que l'herbe pousse librement sur la totalité du monde que nous considérons comme le Monde. Mais quand les bisons auront disparu et que l'herbe aura disparu, le Peuple aura disparu avec eux. Et alors les dieux, les esprits - de nos ancêtres, du lieu, de la vie elle-même - auront disparu, eux aussi. Comprends-tu, Paha Sapa ?
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Juin 1876

Paha Sapa boit sa soupe brûlante à petites gorgées. La multitude de feux allumés dans le village fait rayonner les peaux de bisons soigneusement grattées d'une lueur orangée à l'intérieur du tipi de Boite-Beaucoup. Il est très tard, mais une cacophonie de chants et d'incantations, accompagnée du bruit mat des tambours, résonne à l'extérieur – une cacophonie aux oreilles de Paha Sapa, parce que c'est un brouhaha criard et inhabituel, un mélange de sons de fête et de deuil, traversé par moments par les cris perçants des femmes affligées, les hurlements d'allégresse des guerriers ainsi que par les coups de feu qui retentissent toujours à l'intérieur du camp et auxquels répond l'écho de tirs plus lointains depuis les collines sombres, sur l'autre rive du cours d'eau au sud-est. Plusieurs centaines de guerriers, dont beaucoup sont complètement ivres, essaient à tour de rôle de repérer les wasichu rescapés encerclés là-haut, tirant sur les soldats chaque fois qu'ils croient apercevoir les vagues contours d'une tête ou d'un corps se détacher du cercle retranché de tuniques bleues tapies sur la crête enténébrée.
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Il faut savoir si c'est Cheveux-Longs qui a envoyé son esprit dans ce garçon. Collines-Noires, tu as vu l'homme mourir – penses-tu que c'était Cheveux-Longs ?

— Je ne sais pas, grand-père. Le Wasicun avait les cheveux très courts. Je pense que c'était un officier. Il avait vraiment de très belles armes, aussi bien son fusil que ses deux pistolets. Elles n'y étaient plus quand je suis retourné près du corps. »

Élan-Stupide toussote, hésitant manifestement à prendre la parole en présence de ses aînés, trois hommes du mystère.

« On dit que Cheveux-Longs a un fusil avec un canon à huit côtés. As-tu remarqué cela, Collines-Noires ?

— Non. J'ai seulement vu qu'il était magnifique et qu'il tirait plus vite que les carabines des autres tuniques bleues. »

Paha Sapa s'interrompt.

« Je ne suis pas un guerrier. Je suis désolé de ne pas avoir observé ces détails plus attentivement. »

Bison-Assis grommelle et écarte ses excuses d'un geste dédaigneux de la main.

« Personne n'a à s'excuser de ne pas être un guerrier. Tu n'es encore qu'un garçon et, apparemment, tu ne souhaites pas devenir un guerrier. Tu es – et tu seras – ce que Wakan Tanka** veut que tu sois. Nul homme ne peut rien y changer.
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