Une lecture qui me laisse un sentiment mitigé : certaines pages confuses, abstraites, parfois agaçantes et d'autres qui touchent au sublime : celles où Yves Simon parle notamment du désir ou des fantômes de Paris, de la vie à laquelle on essaie tant bien que mal de donner un sens. le titre pourrait être aussi "la voie perdue des hommes" puisque pas mal de personnages semblent se chercher. En tout cas, Yves Simon reste le romancier attaché au monde actuel, tel qu'il évolue et se transforme : pas de nostalgie dans ces lignes mais, au contraire, une volonté farouche de vivre son temps, le temps présent...
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A travers diverses lectures, je constatais que je n'aimais pas vraiment ce genre des errances parisiennes, mais ici Yves Simon a un ton et un style qui fait mouche en moi. Tout semble tissu de fil blanc et artificiel mais en fin de compte pas vraiment, il y a de la matière, de la substance à ces fausses facilités, qui se dissolvent dans ce talent.
Voilà, tout ça ne vous dira pas grand chose ni du fond, ni de la forme, ni du style. Mais il y en a, il y a de tout cela dans ce livre.
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Les cinquante premières pages de ce livre sont assez confuses et absconses mais passé ce cap les vies des différents personnages s'articulent bien entre elles. Andrea et ses ouailles sont très touchants.
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Moi,je t'offre une équation:Deux cent cinquante-six égale deux milliards...Rassure-toi,ce n'est pas une conjoncture mathématique improbable ,mais la fortune des deux-cent cinquante-six personnes les plus riches du monde qui équivaut à la richesse des deux milliards d'humains les plus pauvres. Il y a des équations qui tuent.
Mondes étrangers dans une ville indifférente. Chacun est recroquevillé dans son alvéole, sans aucun modérateur pour rendre compte de la diversité des autres mondes. Qui aurait autorité pour dire à chacun des emmurés, on ne vit pas partout comme vous là, dans votre cellule, avec votre répertoire de mots, de visages, de films, de numéros, votre trousseau de clés, vos préférences sexuelles... Tout ce qui fait que vous êtes vous, et pas un autre, avec une histoire unique à dérouler. Juste à côté de votre territoire, il y a des gens qui vous dissemblent, des riches, des pauvres, ignares ou têtes bien pleines, les autres, familiers et tellement étrangers, issus d'un même périmètre national, dune identique langue, mais d'à côté... Ils ont des règles et des principes qui sont les vôtres, parfois pas. Ils vivent en face, à l'écart, de front, dans le même espace qui n'est pas traversé par le même temps. Votre mémoire n'est pas la leur, votre futur n'est pas le leur, qu'ont vos présents à se raconter ?
Je vous regarde alors que vous ne me voyez pas. Des mers et des ciels m'apparaissent lorsque je songe à vous, de vastes étendues où je vous sens à mes côtés, et nous en quête d'une île, d'une oasis où je poserais ma tête sur votre poitrine pour ne penser à rien. Seulement à vous qui marchez avec moi sur la peau du monde. Danser avec vous ma vie, c'est rire et parler, bouger mon corps à la même musique que la vôtre, c'est pleurer les mêmes larmes et se dire ensemble que rien ne saura entamer notre joie d'être côte à côte. Vous êtes mon espérance, comment dire... Je vous rêve en pensant au délice d'une rencontre, je la situe dans le métro, dans le hall d'un hôtel, ou peut-être tout simplement dans la rue, là où tout se passe. Paris est vaste et quand je marche, je m'attends à entendre votre voix prononcer mon nom. Souvent, je m'arrête devant les vitrines des magasins et, dans le reflet, sans avoir à me retourner, j'observe derrière moi pour vérifier si vous n'y êtes pas, timide à m'appeler. Parfois, je vous néglige, le quotidien accapare tout, me prend mes plus jolies réflexions à votre endroit, pourtant je revisite des images aperçues à la télévision ou dans un film et c'est là que j'aimerais me trouver, dans les grottes près de Naples, sur des pentes neigeuses du Tyrol ou un lagon azuré, je murmurerais des mots à votre oreille [...] C'est le soir que mes pensées pour vous sont les plus nombreuses, les plus intenses. Voir vos yeux se fermer de sommeil avant les miens, que je puisse comme aujourd'hui vous murmurer des mots qui viendraient frôler votre visage, votre nuque, comme un ange protecteur, écouter votre respiration apaisée et vous dire que notre danse sur le monde ne fait que commencer.
Je voulais simplement te dire que l'on peut souffrir tout autant de ne pas trouver que de perdre. Il y a des gens qui ne parviendront jamais à trouver le réconfort, l'amour, la beauté, le plaisir, la foi, un idéal. Trouver le temps où ils vivent, paisible. C'est ça la maladie universelle qui nous ronge parce qu'elle est invisible et provoquée par rien.
- Je me sens inachevée, Andrea, incomplète, amputée de désirs, de parfums, de volonté. Vouloir, c'est la faculté de nommer ce qui ne l'est pas, de façonner avec des ombres un visage, de parfumer l'inodore. Je fais le bien et ça ne me rend pas heureuse. Je me soucie. Pourtant, j'ai un désir simple : danser ma vie avec un homme.
- Danser...
- Danser sur le monde avec quelqu'un... Vivre des jours ordinaires en se disant le soir, le miracle continue.
07 janvier 1989
Le chanteur Yves SIMON parle de son livre "Né en France", livre qui raconte des souvenirs anecdotiques dignes de passer à la postérité. Il se livre au jeu de l'anti-portrait chinois : que voudrais-tu être... Quelle serait pour toi la pire injure, etc. Images d'archive INA
Institut National de l'Audiovisuel.