A l'approche de la Renaissance, dans cette période de transition qui s'établit à la fin du Moyen Age et que marque l'éclosion des nationalismes (...) il existe alors en Europe un "gouvernement des femmes" sans précédent dans l'Histoire. Un tel gouvernement n'est pas le fruit d'une volonté politique, mais celui du hasard : fondé sur l'idée dynastique, il résulte du jeu des mariages et des successions. Anne de Beaujeu assure la régence à la mort de son père Louis XI, Isabelle de Castille construit l'Espagne moderne, Louise de Savoie dirige le gouvernement de Paris quand son fils François Ier est prisonnier à Pavie. Marguerite, princesse de Bourgogne, administre les Pays-Bas de 1507 à sa mort. Toutes ces femmes se connaissent ; à l'exception d'Isabelle de Castille, elles ont été élevées ensemble à la Cour de France. Plus prosaïques, moins romanesques, plus réfléchies que les hommes, elles consacrent leurs efforts à la politique intérieure. (...) Chacune, chez elle, tient sa maison ; ensemble, elles fondent un nouvel ordre européen.