P. : On aurait dû écrire ça juste après l'avoir lu.
A. : Tu n'as pas tort mais les contingences...
P. : C'est tellement fou comme histoire. Est-ce qu'on peut vraiment la résumer ?
A. : On va prendre la méthode de la fable brechtienne.
P. : Connais pas.
A. : Les faits, et dans l'ordre chronologique. Pour une pièce.
P. : Tu pars de quels faits ? L'histoire d'Artaud ou celle de l'attaché culturel ?
A. : Je triche. L'attaché culturel. Ca donnerait ça, sans être très rigoureuse. Un écrivain mexicain raté, devenu attaché culturel à l'ambassade du Mexique en Irlande, décide de réaliser une anthologie sur l'oeuvre d'Antonin Artaud. Artaud, qui est allé au Mexique, y a été initié et est devenu fou.
P. : C'est une des grandes questions : que s'est-il passé sur le bateau qui le ramenait du Mexique ?
A. : Une question de spécialiste dans ton genre. Mais pour ceux qui ne connaissent pas bien Artaud, ça n'a pas d'importance. Bref, dans sa quête de textes inédits ou de révélations, l'attaché culturel rencontre un français, détenteur de l'oeuvre du pète maudit, un certain M. Lapin, qui va le mettre sur la piste d'une histoire de canne de St Patrick qui aurait été remise à Artaud par un chaman je crois…
P. : Et l'attaché va faire la rencontre d'un poète irlandais qui a connu Artaud et qui sait où se trouve la canne…
A. : Et ils vont partir ensemble à la recherche du fameux bâton…
P. : Une histoire de fous !
A. : de toute façon, c'est un livre complètement fou.
P. : Comment veux-tu le résumer sans le trahir ? Peut-on résumer un délire, même construit?
A. : C'est un canular, un vaste canular. Ce type, Jordi Soler, nous mène en bateau d'un bout à l'autre. Il aime raconter des histoires.
P. : Il a un sens aigu de la digression.
A. : Et des personnages secondaires délirants.
P. : le nain de l'IRA.
A. : M. et Mme Lapin.
P. : Harry Potter.
A. : le chauffeur de l'ambassade. La scène de répétition de son coming out est hilarante. C'est du théâtre pur.
P. : Et le cheval !!!! Je me suis bidonné pendant toute la lecture.
A. : A certains moments. Je t'ai même réveillé. Il y a des moments qui fonctionnent vraiment bien…
P. : …L'image des bottes et de la sculpture mexicaine contemporaine sur la plage de Joyce…
A. : Et d'autres où le délire patine, on s'ennuierait presque.
P. : A méditer. Je le recommande.
A. : Idem.
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Avec cette fin de pérégrination, Jordi Soler a créé un vrai personnage, un camelot de poésie échoué à Paris et qui s’aide étrangement d’une canne. Lacan est de retour.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
[...] et aussi parce que détester le travail éditorial tout en l'exécutant passionnément était une parfaite contradiction, et que les contradictions, comme on le sait, sont un élément indissociable de la vie, qu'elles réorientent fréquemment, qu'elles redéfinissent et portent à des confins que nous n'atteindrions jamais grâce au seul réalisme, celui où l'acte est cohérent avec la pensée.
Si vous aimez les romans burlesques qui tournent autour de personnages hauts en couleur à la recherche d'une quête étrange, ce roman est peut-être fait pour vous. Le burlesque n'étant pas du tout mon fort, j'ai abandonné ce roman un peu avant la moitié.
A partir du livre "Ce Prince que je fus" de Jordi Soler, réflexion sur la relation entre la fiction et la vérité historique (disponible aussi en podcast).