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EAN : 9782330017699
208 pages
Actes Sud (03/04/2013)
3.78/5   9 notes
Résumé :
Stasiuk, chef de file de la littérature polonaise, nous entraîne à l'époque de sa jeunesse révoltée : ambiance rock'n'roll garantie. Musique, littérature, alcool - la venue à l'écriture de l'auteur se fait en opposition à la déprime d'un quotidien socialiste. Il est entouré de personnages hauts en couleur, eux aussi sur le chemin de la rébellion. L'histoire est en marche, les événements se précipitent : service militaire, désertion, prison, état de siège, clandestin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Parce que quelqu'un lui a dit : "Assieds-toi à cette table et écris" Et qu'il l'a fait. Pour devenir un auteur reconnu de romans et d'essais, et éditeur aussi.
Cependant, ce n'était pas gagné. Il a passé une bonne partie de sa jeunesse à boire, fumer, voyager à travers le Pologne, rencontre des tas d'énergumènes dont certains le feront entrer dans la clandestinité. A lire aussi, et pas n'importe quoi. Ça suinte l'ennui et le laisser aller. Une jeunesse communiste déresponsabilisée et dépolitisée ; l'État pourvoira. En attendant, je gruge le train et m'assomme de vin.
A lire comme ça, le lecteur a l'impression que tout s'enchaine sans heurt, que tout est prévu d'avance. Rétrospectivement, c'est sans doute l'impression qu'en a STASIUK. Même s'il reconnait ne pas se souvenir de tout et avoir une petite nostalgie du temps d'avant. Une seule césure : l'armée et la désertion. Avec la peine d'emprisonnement qui va avec (ça ne l'a a priori pas trop affecté) Après cela, il sera impliqué assez fortement dans le combat contre la dictature, et passera dans la clandestinité. C'est là qu'il commencera à écrire.
Pourquoi je suis devenu écrivain ? Parce que je n'ai pas pu être musicien !
Lien : http://avecvuesur.over-blog...
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Dans Pourquoi je suis devenu écrivain, paru en 1998, l'écrivain polonais Andrzej Stasiuk, raconte les souvenirs des années 1970 et 1980 dans son pays sous le régime communiste. C'est le premier volet d'un récit autobiographique dont le second porte le titre de Un vague sentiment de perte.
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce livre. Cela tient au style déconcertant, petites phrases courtes, sèches, froides, sans aucun développement, aucune analyse des faits, encore moins des sentiments. Et parfois l'impression que l'auteur saute du coq à l'âne, comme si une phrase chassait l'autre, on est averti de ses goûts musicaux, c'est un amoureux du rock, point à la ligne, sans plus d'explication, on passe à autre chose !
Bon ! J'ai commencé par m'ennuyer ferme d'autant plus que ces jeunes gens ( c'est à dire Stasiuk et ses amis car il refuse de dire « je » et emploie le « nous » ) s'ennuient eux-mêmes, désoeuvrés, sans but, refusant la contrainte et l'autorité :

« Nous passions notre temps à glander, à faire des allers-retours entre les deux places de la Vieille-Ville. »

A mes yeux, rien ne se passe, rien d'intéressant n'arrive. A part des cuites mémorables, des bagarres, des moments de travail qui alternent avec des moments de pénurie que l'amitié et la solidarité aident à faire passer. Il décrit d'ailleurs ses amis et en dresse des portraits pittoresques. Ils sont tous aussi fous que lui !
Pourtant, je continue ma lecture car ce style m'interpelle et finit par m'intéresser; je me demande ce qu'il me rappelle. Je penche pour certains écrivains américains quand Stasiuk répond lui-même à ma question en me disant que s'il a « pompé » sur quelqu'un c'est plutôt sur Céline.
Mais à force « d'oublier » d'aller à l'école, « d'oublier » d'aller travailler, il va lui arriver de gros problèmes car « oublier » de rentrer de permission quand on est dans l'armée, cela s'appelle déserter ! Voilà donc notre futur écrivain en prison et pas n'importe laquelle, une prison militaire dont l'organisation est calquée sur un camp de concentration. Et quand il parle du régime carcéral militaire et des gradés, c'est bien l'ironie et la hargne céliniennes que l'on retrouve :

« Et me voilà de nouveau devant des pantins qui s'agitaient comme dans un cirque (..) Garde-à-vous ! A terre ! Rampez ! Debout ! Exécution ! … Bref la vieille rengaine, car, dans ce domaine, il est quasi impossible d'être inventif. J'ai réussi tant bien que mal à rejoindre le reste des condamnés, regroupés dans une immense salle pleine à craquer. Puis, de but en blanc, j'ai demandé à quoi on jouait. »

A ce stade du récit, je commence à être de plus en plus sensible à l'humour noir qui se dégage des ces pages, à la violence de cette société privée de liberté - n'oublions pas que nous sommes dans la Pologne communiste -. Je comprends que le seul moyen de résister, c'est la passivité, c'est le refus de coopérer, de rentrer dans les rangs.
Mais ce qui me frappe le plus, c'est l'utilisation de la litote que Stasiuk porte au niveau de l'art ! de même que Voltaire désigne la prison comme des « appartements d'une extrême fraîcheur », Stasiuk quand il est jeté au cachot pour rébellion écrit :
« Ma cellule était très chic. Je pouvais faire un pas dans le sens de la longueur, et un demi-pas dans le sens de la largeur. Dans un coin il y avait des toilettes. Et un châlit, bien sûr. En planches. Pour la nuit j'avais une couverture.
Heureusement, je n'avais pas de corvée à faire. Je restais donc assis. Ou bien debout. Je faisais quelques pas sur place. Je m'allongeais. Trois fois par jour j'avais droit à une gamelle. Des cailloux et des vers. »

C'est là que les petites phrases sèches, réduites, prennent du poids, et parce qu'elles paraissent anodines, elles soulignent la dureté de l'incarcération et la déshumanisation. En fait, plus il subit de violence, plus son style devient minimaliste : « après un petit passage à tabac » !

La seconde partie du roman correspond à la libération de Stasiuk. Nous sommes en 1980, le premier syndicat libre Solidarnosc a vu le jour. L'écrivain entre dans la clandestinité et il travaille de temps en temps mais toujours en dilettante; il va pourtant peu à peu se mettre à écrire des livres, à la demande de son ami qui organise la résistance, pour témoigner de la prison, écrits qui ne seront pas publiés.
Sa vie est toujours aussi bohème, il refuse toujours autant les contraintes, il est toujours aussi épris de liberté, aussi fou comme lorsqu'il grimpe sur la flèche d'une grue pour y accrocher un drapeau et l'humour noir est toujours présent. Il parle de ses lectures, des écrivains qu'il aime ou non; Genêt le déçoit, il adore Beckett. Ce qui me m'étonne le plus dans cette partie, ce sont les réflexions du narrateur sur la société polonaise libérée du communisme. le livre est publié en effet en 1998 et reflète son désenchantement :

« Aujourd'hui, nous avons enfin la liberté, mais les gens sont asservis comme jamais auparavant. Dans le passé alors que nous étions totalement privés de liberté, chacun faisait ce que bon lui semblait. En tout cas les personnes de mon entourage « .

Cela peut paraître un paradoxe mais c'est ce que ressent l'écrivain. Oui, l'on sent la nostalgie d'une époque révolue « Quelle merveille ces années 1980 ! » par contraste avec une société devenue conformiste, où la pression sociale est très forte, ou chacun doit entrer dans le rang, tant au point de vue du travail, que des exigences vestimentaires, de ce que l'on attend de l'individu. le temps aussi a changé, il est pressé, alors que jadis il se fragmentait et s'étirait lentement.

Finalement et même si la lecture n'a pas été aisée, je suis heureuse d'être allée jusqu'au bout de ce livre et d'en avoir compris l'intérêt. Ce qu'il faut bien en avoir en tête en le commençant c'est qu'il ne sera pas conforme à ce que l'on attend habituellement d'une autobiographie ou d'un récit de souvenirs. L'auteur lui même nous en avertit :

« J'ai vécu une histoire d'amour. du sérieux. Je ne vais pas en parler ici, ceci n'est pas un journal intime mais une chronique d'un certain état d'esprit ».


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Pour qui veut humer, goûter, entrapercevoir ou toucher de l'Europe de l'Est véritable, qu'il lise les livres de Andrzej Stasiuk.
Cette figure de proue de la littérature Polonaise est, en effet, un bon ambassadeur des ces contrées slaves et centre européennes.
Stasiuk n'est pas un guide emmenant gentiment les visiteurs à Prague, Cracovie ou Budapest. Non, il plonge le lecteur et le noie presque dans ce qui est la véritable âme de ces régions jouxtant la Russie.
Pour tout dire, j'ai déjà lu chez cet auteur : "sur la route de Babadag", "Taksim" ou "Fado". J'ai donc, déjà été baigné par l'atmosphère et la vie de ces gens bien éloignés des codes occidentaux.
Dans son dernier livre "Pourquoi je suis devenu écrivain", l'auteur parle de son passé "d'homme libre" dans cette Pologne vérouillée par une dictature chancelante (nous sommes dans les années 80). Il évoque ses vies : les potes, les virées , l'alcool (une ambiance un peu à la Kerouac), la prison, l'hôpital psychiatrique, et ceci dans une ambiance très rock'n roll.
Pour finir, je dirais que Stasiuk écrit fort bien. Il ne met pas de fioritures dans ses textes, il n'embellit rien et ne lance pas de coups de gueule. Il offre juste de la simplicité et du naturel. Un auteur vrai quoi.
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Un ouvrage autobiographique qui présente l'auteur durant sa jeunesse polonaise où il se présente comme une personne vivant au sein d'un environnement de personnes en marge de la société.
L'ouvrage est plaisant et on est tenu en haleine pour découvrir quand et comment cette personne si compliquée, si posée dans les extrêmes et loin du citoyen modèle va t-il revirer d'un seul coup dans un chemin qui le mènera à la littérature.
Le final est captivant mais on reste sur sa faim, on aurait donné 50 pages de plus à l'auteur pour étayer cette partie de l'histoire...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je ne jouais de rien. Quand on lit beaucoup,on est incapable de jouer. Maintenant, je regrette. J'aurais pu lire moins. Surtout que la plupart des livres étaient des navets. J 'aurais pu apprendre à bien jouer d'un instrument. Je serais devenu star de rock'n'roll, et je n'aurais pas eu à écrire tous ces livres.
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Et me voilà de nouveau devant des pantins qui s'agitaient comme dans un cirque (..) Garde-à-vous ! A terre ! Rampez ! Debout ! Exécution ! … Bref la vieille rengaine, car, dans ce domaine, il est quasi impossible d'être inventif. J'ai réussi tant bien que mal à rejoindre le reste des condamnés, regroupés dans une immense salle pleine à craquer. Puis, de but en blanc, j'ai demandé à quoi on jouait.
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Regarder par la fenêtre, à condition qu'il ne passe pas grand chose dehors, est un excellent moyen de développer l'imagination. Meilleur sans doute que la lecture. La plupart des livres sont nés de l'ennui, parce qu'une fenêtre ne donnait sur rien d'intéressant. Mieux vaut étudier les sources que les commentaires.
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Aujourd’hui, nous avons enfin la liberté, mais les gens sont asservis comme jamais auparavant. Dans le passé alors que nous étions totalement privés de liberté, chacun faisait ce que bon lui semblait. En tout cas les personnes de mon entourage.
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Aujourd'hui, nous avons enfin la liberté, mais les gens sont asservis comme jamais auparavant. Dans le passé, alors que nous étions totalement privé de liberté, chacun faisait ce que bon lui semblait. Enfin dans mon entourage.
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Video de Andrzej Stasiuk (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrzej Stasiuk
Le jeudi 25 octobre 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr) recevait Hélène Gaudy en qualité de libraire invité.
Elle nous présentait sept livres qui lui tiennent particulièrement à c?ur :
1. Georges-Arthur Goldschmidt, La traversée des fleuves (02:05) 2. Andrzej Stasiuk, Un vague sentiment de perte (12:15) 3. Jakuta Alikavazovic, L'avancée de la nuit (20:40) 4. Sylvain Prudhomme, Là, avait dit Bahi (32:26) 5. Jean-Christophe Bailly, Description d'Olonne (42:16) 6. Georges Perec, W ou le souvenir d'enfance (48:10) 7. Gwenaëlle Aubry, Personne (54:40)
En fin de rencontre, Charybde 7 évoquait chaleureusement plusieurs ouvrages d'Hélène Gaudy (1:00:30)
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