J'ai mis quatre étoiles à ces "Chroniques d'ailleurs", non pour ses qualités littéraires, mais pour l'importance du témoignage, pendant de celui de Primo Levi.
Paul Steinberg est en effet décrit par Levi dans "Si c'est un homme", sous le pseudonyme d'"Henri", un prisonnier en voie de devenir un "éminent" du camp, armé d'égoïsme, d'insensibilité et de trois crédos : combine, pitié et vol.
Steinberg s'est reconnu sous ces traits et il est tout à son honneur de n'avoir pas cherché à réfuter ce jugement (sauf en ce qui concerne l'accusation de vol qu'il n'aurait commis qu'une seule fois).
Il est intéressant d'avoir le point de vue d'un survivant qui se voit mis à charge par l'un des co-détenu ses capacités exceptionnelles de survie en milieu hostile ; qui reconnaît avoir flatté des assassins, étouffé sa sensibilité et banalisé la mort des siens.
Qui s'interroge cinquante ans après sur la culpabilité des survivants.
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p91 "Il véhiculait une forme de rage froide, peut-être en définitive une sorte de désespoir qui lui conférait un magnétisme, l'aura du monstre. "
p23. "Le virus de la conscience est présent chez tout le monde, mais très peu de gens en tombent malades ou en ont des démangeaisons"
p101 "Rendre compte de l'angoisse. Un monde où on perd pied faute de savoir nager"