Avec sa couverture tape-à-l'oeil et son titre prétentieux,
le Meilleur Livre du monde intrigue autant qu'il rebute. Finalement, la curiosité l'emporte, et le lecteur se retrouve embarqué dans cette histoire foutraque d'écrivain sur le retour persuadé de détenir la recette du best-seller ultime.
Bon, autant le dire tout de suite, le roman n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Certes, le titre n'est pas censé être pris au premier degré, mais il n'empêche que l'on est loin du chef-d'oeuvre, et surtout de la satire sans concession du monde de l'édition, promise par l'éditeur sur la 4e de couverture. L'auteur n'est pas assez féroce ni cynique dans sa critique, et son antihéros, quoique sympathique, n'a rien de mémorable.
Titus est en effet l'archétype du loser pathétique mais un brin attachant : alcoolique, bedonnant, maladroit avec les femmes, il fait tout de même preuve de lucidité, d'autodérision et de beaucoup de générosité. Son évolution au cours du roman, mimant celle de son propre héros, est assez lourdement soulignée par l'auteur, comme s'il voulait être sûr que le lecteur ait bien compris le message. de plus, les personnages dans leur ensemble manquent à la fois de consistance et de subtilité : ils ne sont que des portraits rapidement ébauchés, souvent caricaturaux. Mais le personnage le plus agaçant reste sans nul doute le fameux rival de Titus, Eddie X, grand méchant au petit pied : narcissique, dépourvu de talent, grotesque, il n'a rien d'impressionnant et ne suscite guère l'intérêt, et encore moins l'enthousiasme du lecteur.
L'intrigue elle-même est un peu poussive, facile, et vire parfois au grand n'importe quoi, notamment à la fin du livre, lorsque Eddie, poussé à bout par la jalousie, décide de séquestrer Titus dans une cave remplie d'alcool, de cigarettes et d'aliments caloriques... Quant aux extraits du fameux "Meilleur Livre du monde" qui émaillent le roman, ils sont au mieux inutiles, au pire complètement à côté de la plaque.
Le dénouement de l'histoire est par ailleurs fort décevant, avec son happy end bien mièvre. Et même l'épilogue, censé nous faire comprendre que l'auteur nous a complètement manipulés, laisse pour le moins sceptique : ce retournement de situation rocambolesque n'est pas suffisamment étayé, dans le reste du roman, par des indices, pour être crédible ou percutant.
En bref, même si l'ensemble se laisse lire, notamment grâce à l'humour absurde qui jalonne le roman, voilà un roman qui ne révolutionnera sans doute pas la littérature, et qui semble surfer sur la mode des romans scandinaves. Dommage, avec des personnages un peu plus étoffés, un style un peu plus travaillé, une critique plus acerbe du monde éditorial, ce roman aurait pu avoir une tout autre carrure.
Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération "Masse Critique". Merci à Babelio et aux éditions du Cherche Midi.
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