Les lettres vermeilles

Grenade, 1489. Suleyman, 15 ans, et sujet du sultan Abu'Abdallah, a l'immense honneur d'entrer au secrétariat royal. Après plusieurs semaines, il est enfin capable de produire les fameuses lettres vermeilles qui sont si importantes pour la diplomatie en ces temps troublés. En effet, alors que le roi et la reine d'Aragon renforcent leur pouvoir et gagnent des batailles, les jours des musulmans en Andalousie sont comptés...

Dans ce roman court (200 pages), l'auteure, qui maîtrise bien son sujet, a choisi un narrateur jeune, qui travaille à la cour et qui a accès au palais et aux secrets des tractations entre chrétiens et musulmans. Au cours des chapitres (5 pages tout au plus), espacés de plusieurs semaines, on a l'impression d'être plongé à l'Alhambra, de comprendre le métier de secrétaire royal, la vie quotidienne des andalous et de mieux appréhender les enjeux politiques de cette époque qui marque un tournant majeur dans l'histoire espagnole. Si Abu Abdallah, le dernier sultan nasride, est resté comme étant "Boabdil", il a essayé de négocier au plus juste sa reddition (y compris pour les juifs qu'il protégeait dans la cité), dont les termes ont été maintes fois bafoués par Ferdinand et Isabelle d'Aragon, puis il a du s'exiler de l'autre côté de la Méditerranée, sans que les historiens ne parviennent encore aujourd'hui à savoir quel était son sort. Une lecture simple, fluide, et très enrichissante.

Je remercie vivement @babelio_ et @editionsdujasmin pour l'envoi de ce roman dans le cadre de la #massecritique.

Merci à Babelio et aux éditions du Jasmin pour m'avoir permis de découvrir ce roman à l'occasion d'une masse critique.

L'ouvrage est consacré aux derniers jours du califat de Grenade qui tombe sous les coup de la reconquista espagnole menée par Ferdinand et Isabelle. Cette histoire nous est contée au travers du journal d'une jeune scribe affecté au secrétariat royal de Grenade et en charge de rédiger les lettre vermeilles qui sont les courriers diplomatiques du sultan.

C'est un très beau roman qui décrit bien le contexte historique et nous fait partager le sentiment d'un royaume sur le déclin avec un véritable sentiment de nostalgie pour ce qui fut une grande civilisation qui nous a laissé tant de beautés sous forme de palais et de jardins.

La Reconquista nous est plus montrée sous ses aspects diplomatiques que guerriers et l'auteure relate fidèlement les trahisons des accords et les accrocs aux conventions faits par la couronne d'Espagne qui met peu à peu en place un système de spoliation et de persécutions religieuse.

On partage l'histoire de ce jeune secrétaire royal avec enthousiasme. Malgré le contexte guerrier, ce roman apporte beaucoup de douceur à l'ombre de orangers et des jasmins ou au coeur des palais de l'Alhambra.

En entrant au service du sultan Abu 'Abdallah, plus connu comme Boabdil, en tant que secrétaire, Suleyman, 15 ans et neveu du vizir, débute un journal dans lequel il relate sa formation et les trois dernières années du royaume de Grenade. Mis dans la confidence politique, le récit de ses journées narre les tractations menées avec les Rois Catholiques, la pression de plus en plus forte qu'ils exercent sur le sultan. Suleyman raconte aussi les trahisons de proches et la perfidie d'Isabelle et de Ferdinand jusqu'à l'inévitable départ d'Abu 'Abdallah.
Ce récit de siège, de guerre, est entrecoupé de moments plus joyeux qui plongent le lecteur dans les traditions nasrides et la beauté luxuriante de la région grenadine. de petites parenthèses qui font oublier la dureté du quotidien.

Ce roman historique est à la fois riche et facile à lire. L'auteure distille un grand nombre d'informations politiques, quotidiennes et culturelles et le choix de la forme du journal intime les rend suffisamment synthétiques pour avoir l'enrichissement et le plaisir de lire en même temps.
J'aurai peut-être un petit bémol sur la première grosse moitié du livre qui m'a semblée très factuelle et a quelque peu manqué d'émotions et de théâtralité. Je pense que ça aurait pu être un plus. Ceci dit, l'entrée dans la vie personnelle du sultan et la fin qui m'a beaucoup touchée ont mis fin à ce petit écueil très personnel.
"Les Lettres vermeilles" illustre les désastres de l'intolérance religieuse, un sujet on ne peut plus d'actualité malheureusement.

Je remercie Babelio et les Éditions du Jasmin pour cette belle découverte.