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3,57

sur 438 notes
Depuis, quelques temps, on essaie de nous faire croire que Monsieur Tesson n'a rien d'un poète. C.'est vrai,qu' il n'a pas produit "les fleurs du mal" ni produit un recueil d'haïkus. Et pourtant... Ses livres, ses récits sont, tous, emplis de poésie.
Ce périple, à bord d'un voilier les mène des Asturies en Espagne aux îles Shetland en Écosse ren passant par la pointe bretonne et l'Irlande.
Fabuleux récit, qui, s'il n'y avait ni de poésie ni d'humour serait Inintéressant.
Lorsqu'il n'est pas sur le bateau, il parcours la lande en vélo ou à pied.
Bon ça le change des montagnes et des panthères enneigées.
Ce déglingué de la vie nous a encore entraînés dans une aventure que nous mêmes ne sommes peut-être pas sûr d'en relever le défi
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Paradoxe : il déteste les foules mais on le voit partout sur les médias, où il agace parfois tout en n'étant pas antipathique.
je me suis dit que ça vaudrait peut-être la peine de lire quelque chose de lui avant de me lancer dans le dithyrambe ou la vindicte…

En route donc pour un voyage avec ou à la recherche des fées, le long de l'arc celtique qui va de la Galice à l'Écosse en passant par la Bretagne, le Pays de Galles et l'Irlande. Sylvain Tesson commence par exposer son projet de voyage – un cabot(in ?)age moitié maritime, moitié terrestre en suivant le ruban littoral de ces pays, large de quelques lieues et long de deux mille kilomètres. Il cite Les contemplations de Victor Hugo pour mettre en évidence la nature homogène de ce décor : « C'est tantôt l'aubépine et tantôt le genêt ; de noirs granits bourrus, puis des mousses riantes ; Car Dieu fait un poëme avec des variantes ; Comme le vieil Homère, il rabâche parfois. »
Et de rajouter : un parapet peut constituer un monde. Qui le protégera de la laideur de l'autre qui ose désacraliser l'enchanteur Merlin et Le Roy pour baptiser de leur nom un magasin de bricolage. On pense aussi au télescopage récent de menhirs à Carnac avec l'agrandissement d'un magasin de bricolage. D'où sa fulmination contre les Vélux donnant sur la mer derrière lesquelles des femmes libérales mettent au lit leurs rejetons en pyjamas à rayures.
Le long de ce parcours, il met en place son dispositif triskellique censé faire surgir les fées de l'émerveillement par un cadencement de géographie poétique, historique et philosophique ponctué de références classiques.
Le démarrage est un peu poussif : ST échafaude des théories sur les menhirs, les calvaires, les fées en recul et la Sainte Trinité – dont il n'est lui-même qu'à moitié convaincu, semble-t-il : « Je tentai d'expliquer ces bouillies à Humann… ». Un peu d'humour ne peut jamais faire de mal. Une rencontre avec un humain (dont il ne recherche pas vraiment la compagnie dans sa démarche voyageuse) vient rehausser l'intérêt de l'étape bretonne : il s'agit d'une gueule cassée, comme lui, un militaire victime d'un accident à l'explosif.
Mais le moteur finit par trouver son régime et une fois arrivés en Irlande, nous avons droit à de belles envolées, sans doute parce que le ruban littoral s'ouvre sur un arrière-pays plus profond que l'on peut sillonner à bicyclette et où l'on a l'occasion de se ressourcer dans un lac ayant inspiré le grand poète Yeats, en laissant ceux du Connemara à Michel Sardou – qui lui n'a jamais fait le voyage mais à qui l'Irlande doit d'avoir vu au moins doubler le nombre de touristes du lieu. Même basé sur des éléments mensongers, le mythe celtique a du bon et trouve toute son utilité, notamment dans le cas de l'Irlande, estime Sylvain Tesson. Pour le climax, l'apothéose, l'acmé de son périple, il a convié un compagnon alpiniste, du Lac pour se lancer à l'assaut de l'Old Man of Hoy, au sein de l'archipel des Orcades. « Sur la plate-forme, suspendue entre ciel et mer, je me tenais sur un point de contact entre le réel et l'idéal. » « j'avais atteint la « fine pointe » inventée par Vladimir Jankélévitch, instant total où tout s'accomplissait, où l'homme éprouvait enfin la conscience d'être parvenu à ce qu'il avait désiré sans avoir même su qu'il en rêvait. » La quête du Graal. Mais il est rappelé à l'ordre par son guide chamoniard : « Tesson, il faut descendre ! ». « Un sommet n'est jamais ni fine pointe ni point final. »
Prémonition ? La fin du voyage coïncide avec le décès de la Reine ce qui redonne un panache inespéré au mythe arthurien ou tolkienien du Retour du roi. Les rosbifs précédemment dénigrés pour leur mesquinerie de décliner toute responsabilité en matière de sauvetage (contrairement aux guides chamoniards), leur manie de cultiver leur petit jardin dans leurs petits enclos, leurs vieilles dames à cheveux bleus, leurs fées factices en body rose et à bourrelet piercé, les gueules couperosées de miséreux façon Ken Loach retrouvent grâce aux yeux de l'écrivain voyagiste dans leur affliction de sujets – « heureux de confier à un autre qu'eux-mêmes le soin d'être plus grand que tous », nous rappelant un passé régicide propre à nous faire monter le rouge au front.
Sylvain Tesson retrouve ensuite sa belle venue le rejoindre, en traversant l'Écosse par le Canal d'Inverness mais on n'en apprendra pas grand-chose. Sur la navigation non plus. Des quarts, l'importance du vocabulaire, une petite alerte aux récifs et une petite avarie… Rien sur le bateau, sa taille, les vents changeants, la houle, les particularités de la mer par rapport aux découpages de la côte, des courants… La technique sans doute a aussi gommé la part d'aventure liée à la navigation à voile.
On ne tiendra pourtant pas rigueur au post-aventurier de venir cent ans après les péripéties de Henry de Monfreid en Mer Rouge où tous ces éléments étroitement imbriqués dans le récit prennent tout leur sens et où la mort succède brutalement à l'instant poétique d'un oiseau chassé par un enfant à la barre (La trilogie du haschich).
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Pour ma part, quand j'entre dans un roman, un récit et que je l'apprécie au fil de ma lecture, je fais fi des polémiques.
Et sauf cas extrême, je ne juge pas l'écrivain.
Mes critiques n'engagent que moi et font état de mes ressentis, de mes émotions de lectrice.
Toute littérature appelle une liberté de commentaires, d'opinions, il y a les détracteurs et ceux qui affectionnent et goûtent les textes.
Une liberté bien mal menée de nos jours, on aime ou on n'aime pas.
On plonge tête baissée dans l'univers tout puissant d'internet qui a tendance à dicter nos choix.
Les écrivains qui n'entrent pas dans des cases affolent, perturbent.
Oui, je rejoins souvent les coups de colère de celle gueule cassée (par sa faute), S.Tesson, avec son franc parler, il dérange.
Après cette envolée inappropriée, j'en reviens à l'essentiel, les fées qui vont accompagner l'écrivain de la Galice à la pointe de l'Ecosse.
Cette crête atlantique, unique, traversée d'histoires, de légendes, de peuples maltraités, de magie, de paysages somptueux, contrastés, toujours changeants et qui exigent le respect des hommes.
Un autre périple attend notre aventurier à bord d'un voilier ou à pied sur les chemins côtiers.
La poésie n'a jamais fait partie de ma formation, je croyais ne rien y comprendre, j'ai entrevu ce noble art grâce aux livres de S.T.
Elle est présente dans la nature avec sa nostalgie qui nous étreint lors que nous regardons les paysages toujours en mouvements perpétuels, ses nuances, ses coloris, ses beautés à l'infini.
Alors entrons dans le féerique, dans ce que l'on regarde et qui souvent nous échappe et oui loin des calculatrices qu'exècre notre romancier.
Je le cite : "Le mot fée signifie une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle de la perfection.
Les fées apparaissent parce que l'on regarde la nature avec déférence (et respect). Soudain un signal, la beauté éclate, c'est un jaillissement.
En équilibre sur cette courbe des bords de l'atlantique, on est certain de capter le surgissement du merveilleux".
Oui les fées existent, il suffit de les regarder.

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Un merveilleux carnet de voyage poétique contre le désenchantement du monde. le dernier livre de Sylvain Tesson, probablement l'un des meilleurs, nous convie à traquer la beauté à travers une balade de la Galice aux Shetlands en passant par la Bretagne, le Pays de Galles et l'Irlande, l'arc celtique atlantique des légendes. Les fées ne sont pas ici les personnages surnaturels des contes mais le regard émerveillé de l'enfant non encore pollué car les soucis de la vie d'adulte. Au fil des pages Sylvain Tesson du haut des promontoirs rocheux, convoquent les mythes et les poètes du monde celtique, nous fait découvrir des contrées enchanteresses du littoral atlantique, à l'écart du tohu-bohu de la civilisation et du mercantilisme, en compagnie de ses deux compagnons de voyage, avec lesquels il livre ses réflexions poétiques et parfois espiègles sur sa vision du monde qui nous entoure. La langue de l'auteur est riche et précise. Avec des phrase ciselées, où tout le dictionnaire est convoqué pour trouver le mot juste, ce poète globe-trotter et spiderman ( il ne peut s'empêcher de faire une escalade du Old Man of Hoy dans l'archipel des Orcades) Sylvain Tesson nous enchante et nous fait peu à peu basculer dans un monde où "là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté "comme dans l'invitation au voyage de Charles Baudelaire. Un livre à savourer lentement et qui nous donne envie de partir en voyage avec un simple carnet de voyage.



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Ce Tesson est juste sublime, je comprends désormais que la porte du printemps des poètes lui soit grande ouverte, Tesson est un voyageur dans chacun de ses ouvrages, sa prose de plus en plus poétique, j'ai adoré, pas une pause, c'est rare.
Le format deux cent pages est idéal, tout ruisselle comme l'eau d'un petit cours d'eau enchanté, il y a longtemps qu'un récit de voyage ne m'avait pas embarqué.
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Plus d'un mois pour lire ce court récit de voyage: ce fut fastidieux. Et pourtant la plume de Sylvain Tesson ne démérite pas. Ses mots nous plongent dans un monde poétique, entre rêverie humaine et nature profonde. Peut-être ai-je été fatiguée de la répétition du parcours: mer, port, randonnée... mer, port, bicyclette... Il m'a manqué un souffle d'aventure, le frisson du grand air pour le suivre vraiment à travers la lande celte.
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Avec les fées de Sylvain tesson
Equateurs Littérature

Que cherche donc Tesson au travers de ses pérégrinations ?
Si c'est le Graal, il aurait pu le trouver cette fois, en arpentant les terres celtiques, mais c'est une autre quête qu'il a poursuivie, celle des fées, autant dire la piste du merveilleux. Parce que les fées, on le sait tous ça n'existe pas ! Mais le merveilleux, il existe. Il est partout pour qui sait le voir, pour qui le mérité.
Tesson sait toujours s'entourer, Humann, skipper émérite et Benoit, cartographe doué qui était déjà sur les routes sibériennes, vont l'accompagner dans ce nouveau périple.
Au gouvernail de son voilier, à vélo ou à pieds, des Asturies à la Bretagne, de l'Irlande aux îles d'Aran, jusqu'à l'Ecosse, il laisse libre cours à ses maîtres à penser : Gracq, Hugo, Flaubert et sur ces terres gaéliques, la Légende arthurienne n'est pas en reste.
"Le merveilleux émane des choses. La grâce les surplombe".
L'oeil poétique de Tesson, sous prétexte du merveilleux, nous propose pensées, rêveries, histoire, géographie et philosophie.
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S'asseoir dans son canapé, bien au chaud avec une tasse de thé, et se plonger avec délices dans les pérégrinations de l'auteur et de ses amis sans bouger de chez soi, voilà un très bon moment ! C'est qu'ils bougent, naviguent, marchent, font de la bicyclette, Sylvain, Benoît et Humann...
Extrait p 17 : " J'avais un plan : bivouaquer sur le sol d'un Finisterre, avant de prendre le large. Une nuit de veille, à la fin des terres. Ensuite, je rejoindrais le bord".
En fait, juste voyager, ce n'est pas suffisant pour Sylvain Tesson ; s'il choisit d'être sur la mer, il ne prend pas assez connaissances des terres, et inversement ; il lui faut les deux. Donc dans ce voyage qui l'emmène de l'Espagne à l'Écosse, il fera tout : et naviguer, et marcher, et se déplacer en vélo.
De cap en cap, de couchers en levers de soleil, de quarts en quarts et en longeant le littoral, les voyageurs rêvent, pensent, philosophent et échangent ; Bretagne, Angleterre, Pays de Galles, Irlande et Ecosse seront parcourues sur mer et sur terre, prétextes à de nombreuses références historiques, géographiques et littéraires. Ils sont cultivés ces hommes-là et ce qui ne gâte rien, pleins d'humour, souvent.
Dans le bateau il y a des bouquins et des cartes, plus une table pour manger, boire et discuter ; une vie pleine d'amitiés, qui ménage des moments de solitude, indispensables pour rédiger un texte aussi beau et plein d'esprit que celui-là.
Extrait p 74 : " Aux origines, la vie s'était extirpée de ces creusets pour s'articuler à l'air libre. La paramécie avait eu son heure. Aujourd'hui, c'était le tour de l'homme. On appelle évolution le chemin qui mène de la bactérie au pêcheur breton. Les piétons brouillaient les flaques. Des tracteurs moissonnaient les casiers dans les parcs coquillers. En Bretagne, les rochers se mangent."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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J'étais impatient de le lire et ce dernier roman de Sylvain Tesson m'a déconcerté. Son style n'est pas identique à ce que je connaissais de lui : plus haché, moins construit. La richesse de la langue, les aphorismes et les images poétiques sont, par contre, toujours aussi beaux. Cependant, ce procédé d'écriture n'est pas fortuit et atteint son but en montrant l'état d'esprit de l'auteur pendant son périple. On sent un questionnement perpétuel, une recherche constante d'un sentiment ou d'une sensation difficile à circonscrire (bien que le rabat de couverture présente d'emblée une définition du mot "fée") , une succession de certitudes qui s'évanouissent au fur et à mesure, remplacées par les suivantes. Ce livre est, avant tout, le récit d'une quête sans but. Ses dernières pages, revenant à sa façon d'écrire habituelle, finissent d'ailleurs par livrer une réponse.
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Et quel effet… Sylvain Tesson, une fois de plus, nous entoure de beauté et nous transporte dans un ailleurs. Cette fois-ci, par la mer. Comment est-ce possible d'user de la poésie de la sorte ? Au lieu de médire, Sylvain Tesson décide de fuir, de partir, d'écrire. À bord du voilier et dans un langage unique, le sien, il nous dépeint les contours du bonheur : les îles, les promontoires, les falaises, mais surtout la terre, et puis la mer.
Nous naviguons avec lui et ses deux compères à la recherche de la grâce et des fées. Les fées se méritent, et s'offrent à qui sait les voir.
Merveilleux écrivain, doucereux conteur, il est en plus un fin dessinateur.
Pour l'homme égaré, Tesson est une leçon. Il alterne mouvement et contemplation, guette le surgissement, et suit ses émotions, au rythme des sons et des sensations.
« Les fées » ont du succès, l'auteur, jamais épuisé de raconter, n'a guère besoin de se justifier.
C'est encore un livre merveilleux, où nous suivons l'écrivain sur des eaux étales, les mers celtiques de la côte atlantique. Loin des banquiers, des machines, et du mercantilisme ; loin de ce qui nuit à l'homme intranquille, jamais rassasié d'aventures.
Et toujours, cette érudition, ces références multiples, cette vocation pour l'histoire et la géographie, ce sens inné de la formulation.
Ce regard docte.
En fin d'ouvrage, Sylvain Tesson se livre enfin, sur l'amour, sauveur et salvateur. Il semble trouver un peu de repos et ne plus être en quête, mais dans le présent, ici et maintenant.
Tesson a beau être souvent poursuivi, il ne sera jamais rattrapé…
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