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EAN : 9782210975941
80 pages
Magnard (09/06/2022)
4.31/5   27 notes
Résumé :
La violence. Qu’est-ce qu’on en fait, à 17 ans, quand on a grandi auprès d’un père qui porte en lui la tempête ? En faire abstraction, s’en défendre, la transformer en énergie positive ? Que faire de ce modèle, dans un monde où par ailleurs la brutalité est partout, et impossible à ignorer ?
Quentin n’a pas toutes les réponses, mais tente d’y réfléchir.


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Incontournable Septembre 2022


"fight!" est le cinquième membre de la fratrie "La Brève" des éditions Magnard, et comme ses grands frères, ne laisse pas indifférent sur la porté de son message et la pertinence de son sujet.


Quentin est un enfant maltraité et négligé, mais il n'emploiera pas ces termes pour se définir. Au contraire, le presqu'adulte de 17 ans craint d'être de la même engeance que son paternel violent, qui a aussi des accents de masculinité toxique dans son discours sur "les vrais mecs, ça a soif de violence". L'adolescent canalise comme il peut ses frustrations et ses doutes dans le sport. Depuis quelques temps, c'est à un nouveau genre de "sport" qu'il se prête: le Fight Club. le nom fera sourire les cinéphiles, certainement, et vous auriez raison de croire qu'il trouve racine dans l'oeuvre de Chuck Palahniuk, car c'est le cas. Depuis sa parution en film, des groupes amateurs de cette pratique du combat à mains nus ont éclos un peu partout. Initiés au groupe de son quartier, Quentin et son meilleur ami Greg vont donc se mesurer à d'autres hommes, citoyens lambda cherchant à se défouler ou simplement en quête de projets pour tromper l'ennui. Cela ne résout en rien le problème initial, cependant: le père de Quentin maltraite autant son épouse que son fils. Quentin en arriverait presque à croire que c'est là son avenir, devenir comme son père. Mais ce qu'il va trouver dans les yeux de sa petite soeur de sept ans, Amira, pourrait bien changer la donne.


Non seulement le roman est bien bâtit pour imposer avec force son final, le roman regorge de thèmes exploitables à des fins pédagogiques. Il sera donc aussi ludique que pertinent, à l'instar des autres Brèves de la collection, même si la nouvelle tient en 60 pages.


Le premier élément qui marque est celui de la dimension héréditaire de la violence. On a longtemps cru que la violence était un trait de personnalité ou un gène qui se transmet de père en fils. Selon les actuelles recherches en psychologie du comportement, c'est faux. du moins, ça n'a rien de génétique et ce n'est pas la peine de se défendre en alléguant avoir un trait de personnalité violent. C'est faux aussi. On peut avoir un trait impulsif, cela dit, mais ce qui se cache derrière la violence est souvent de l'ordre de la gestion des émotions. Les humains ne naissent pas violents, ils le deviennent. Mais pour les jeunes qui n'ont pas cette information, l'idée a de quoi bouleverser et faire douter: Vais-je devenir comme mon parent? Les actes violents sont de l'ordre du comportement et des émotions, donc de la psyché également. Les comportements sont réversibles et sont également un choix, c'est donc quelque chose qui se travaille. La gestion des émotions également. Mais quand un jeune a de multiples modèles violents autours de soi, il est donc plus à risque de répéter ses comportements violents. Mais "à risque" ne veut pas dire "obligé à/condamner à", ce n'est pas causal. Bref, on pourrait en jaser abondamment de cette dimension de l'inné et de l'acquis, des facteurs de risques liés à la perpétuation de la violence dans la cellule familiale ou dans la sphère sociale du jeune. Et se poser la question est en soit salutaire, cela invite à se regarder, introspecter et à faire des choix.


La seconde dimension intéressante est celle dont on discuté les deux ados ensemble, quand ils discutaient de la définition même de la violence. Quentin affirme que pour lui, l'acte devient violent quand il y a imposition d'un parti sur l'autre. Autrement dit, la personne qui ne consent pas, celle qui subit, verra cet acte comme violent, que ce soit un geste ou une parole ( ou même l'absence de l'un et de l'autre, comme les gens qui sont témoins, mais qui ne font rien). Donc, à l'inverse, deux personnes qui consentent à se combattre ne perpétuent donc pas un acte violent. Une idée intéressante, ma foi. Après tout, il est vrai que des combats sont menés réellement et de manière légales, et c'est précisément parce que les partis sont consentants. La notion de consentement est d'ailleurs fréquemment mentionné quand on parle de Droit ou de Loi lié à la violence. Une chose est sure: cet axe là du roman à lui seul peut constituer un sujet de débat qui promet d'être intéressant.


La troisième dimension que je vois ici est le cycle de la violence conjugale et de ses répercutions sur les enfants. En matière de protection de la jeunesse, il est admit maintenant que l'exposition à la violence est un soi un sévice, un acte violent, même si l'enfant ne subit pas de séquelles physiques et qu'il n'est pas la cible des paroles violentes. le simple fait qu'il y assiste est un préjudice porté à son endroit et constitue un motif de signalement au DPJ ( Directeur de la Protection de la Jeunesse), au Québec. Ici, je parle bien sur d'Amira, l'enfant de 7 ans. Quentin pour sa part, vit également de la violence verbale, psychologique et physique. On peut imaginer assez bien, même s'il prétend le contraire, que la violence qu'il subit n'est pas étrangère à cet engagement dans le Fight Club, mais il serait aussi dangereux de sauter aux conclusions. Tous les jeunes ne gèrent pas la maltraitance de la même manière, de sorte que certains ados n'éprouveront pas forcément le désir de déplacer la violence subit en violence défoulatoire. Mais ce serait intéressant de voir le personnage dans l'avenir, hors de son milieu toxique et mieux entouré.


On a vu que Quentin a beaucoup de facteurs de risque dans son développement, avec la violence familiale comme principale. Mais je remarque la présence de trois facteurs de résilience: Amira, sa petite soeur, avec qui il partage une réelle affection fraternelle; son meilleur ami, qui a peut être des envies de combats, mais qui a une bonne tête sur les épaules et a une réelle empathie pour Quentin, quitte à lui dire quand ce dernier dépasse les bornes; et enfin, Keziah, une gitane, avec qui il a une relation en dehors des sphères familiales de part et d'autre, avec qui il parle de relation "solide", avec qui il a visiblement de l'aisance à discuter et avec qui il est prêt à évoluer. Ces trois personnes motivent Quentin a grandir et à garder espoir. Contre la violence, l'amour, peut importe sa forme, reste un solide adversaire.


Rapidement: le sport est un excellent canalisateur, que ce soit pour apprendre à se gérer ou à gérer ses émotions encombrantes. le sport est non seulement sain pour le corps, c'est aussi une attache positive, un pilier sur lequel se valoriser. Un autre facteur de protection pour Quentin. Cela met en valeur également l'importance de l'accès au sport pour nos jeunes, surtout nos plus vulnérables.


[Attention- Divulgâche]
Il n'empêche que si Greg et Keziah ont certes contribué indirectement à la décision finale de Quentin, c'est la petite Amira qui aura donner le coup de grâce. Après une énième querelle qui s'est soldée avec le père qui frappe la mère, avant de se confondre en excuses et en repentirs, Quentin les surprend: son père le gifle. Quentin, alors qu'il était en position de frapper son père, aura choisi de ne pas le faire. Influencé par la réaction et l'intervention d'Amira, qui les a surprit, il a décidé ne pas offrir un navrant spectacle à sa petite soeur et aussi de ne pas tomber dans la même faiblesse que son père, en frappant ce dernier. Car oui, la violence est une faiblesse, certainement pas une force. Quentin prend conscience qu'il aura, par ce non-geste, fait enfin la distinction entre son père et lui. Quentin devra malheureusement prendre acte du manque de volonté de sa mère à vouloir rompre avec le cycle de violence qui gangrène son couple. Ensuite, quand il aura accompagné Amira à son école, celle-ci aura eu un état proche de la panique avant de venir lui signifier, en larmes, qu'elle compte sur lui. Elle compte sur le fait qu'il "reste avec elle", dans le sens de "ne m'abandonne pas". Elle le lui signifie à lui, non pas ses parents, ce qui traduit assez bien l'état de la jeune fille et de son lien d'attachement compromis envers ses parents. Évidemment, ça m'a brisé le coeur, allons, c'est déchirant comme scène! Mais cela marque aussi la seconde grande décision de Quentin, qui a comprit la porté du message désespéré d'Amira. Juste après, Quentin appelle un numéro d'urgence sociale, pas celui de la violence conjugale, celui de la protection de la jeunesse. Un choix qu'on devine difficile, forcément, cela va peut-être se solder sur un retrait des enfants de leur milieu familial. Mais quel courage ça doit prendre pour un ado, surtout avec un enfant plus jeune impliqué, de se choisir, de privilégier son/leur bien-être, parce que les parents, dans ce cas-ci, sont inaptes à l'assurer?


J'apprécie la manière que cela a été raconté. Il y a tellement en si peu de mots. Nous avons aussi la vision par en-dedans; Nous suivons les pensées et l'introspection de Quentin. Je réitère que nous avons une carence en matière de représentation psychologique au masculin dans nos oeuvres jeunesse. On fait souvent parler le mental et l'esprit des filles, mais beaucoup moins sur les gars, plus souvent exploités comme des Héros que comme des jeunes humains capables d'être vulnérables, émotifs et incertains. D'être dans leur tête, dans leur ressenti et leurs tergiversations.
Bref, un très bon point pour ce roman.


On l'évoque très rapidement, mais comme il est là, je veux en glisser un mot: cette idée encore très ancrée selon laquelle la nature de l'homme en tant que mâle est considérée "virile" si elle s'ancre dans des comportements agressifs et des actes violents. "Les Mâles Alpha" comme on se plait à les appeler dans les romans sentimentaux fantastiques, qui reprennent la même idée de domination par la virilité. C'est de la foutaise. Un construit social qui plait, sans doute, mais qui contribue surtout à hiérarchiser les hommes et encourager la masculinité toxique. Ce thème là aussi mérite plus de place dans les débats, surtout qu'il reste très présent dans le milieu culturel et social. Et je pense que cette idée ne tombe pas très loin des enjeux de violence domestique, qui plus est. "L'homme fort", à mon sens, relève plus du genre de Quentin: avoir le courage de ses convictions, prendre ses responsabilités ( surtout quand une autre personne est en jeu et que cette personne ne peut pas se défendre) et faire apprendre à gérer ses émotions, au lieu de les laisser dicter nos actes.


Bon, je constate que je me suis un peu laissé emporté sur les termes soutenus, mais je vous rassure, le roman se lit très bien, avec des termes de "jeunes" [ français].


Une autre belle découverte au champs des nouvelles destinées aux ados ( qui bien sur restent pertinentes aux adultes). Une belle porte d'entré aux discutions, un final en coup de poing qui marque les esprits et une histoire ouverte sur l'espoir. Personne ne mérite de vivre la violence, peut importe sa forme et surtout pas nos jeunes, qui sont en construction. Mais fait étonnant, certains jeunes arrivent malgré cela à devenir des gens dont ils peuvent être fiers. La Jeunesse peut tout aussi bien se révéler résiliente et pleine de ressources, ne l'oubliez jamais.


Petit détail: Dans les oeuvres québecoises qui traitent de sujets sociaux réels, j'observe souvent que les maisons d'éditions et les auteurs/autrices ajoutent les numéros d'urgence social, ceux du Québec, mais même ceux de la France métropolitaine. Cela pourrait être un bel ajout à ce genre de livre.


Pour un lectorat à partir du secondaire premier cycle, 13 ans+.


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Décidément, la littérature ado ne démérite pas. Il y a vraiment des choses intéressantes à découvrir, notamment dans les formats courts comme celui-ci.
Quentin subit la violence tout les jours de son père. Pas tant la violence physique, mais les humiliations, la pression psychologique, la violence du couple de ses parents qui se déchirent régulièrement la nuit, l'alcoolisme du père, l'inaction de la mère, les terreurs de sa petite soeur. Car Quentin n'est pas seul. Il y a la petite Amira aussi, qui subit les mêmes violences quotidiennes, d'un autre point de vue .
Alors Quentin essaie de maîtriser cette violence , de la contenir, de l'exprimer aussi, dans un Fight Club. Mais est-ce la bonne solution pour lui? Est-ce cela dont il a besoin?
Quentin est un jeune de 17 ans qui a su me toucher. Une voix qui se cherche face à la violence et l'inaction.
C'est bref, c'est percutant.
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76 pages pour aborder le thème de la violence dans la famille. Violence des mots surtout, violence des empoignades, violence des coups, aussi.

Quentin a 17 ans. La colère de son père, il ne la supporte plus. Et le drame, c'est quand il se rend compte que lui-même devient violent. Est-ce dans les gènes ? Est-il condamné à répéter le cycle infernal? Existe-t-il des moyens de s'en libérer ?

Un texte qui se lit vite et qui peut aussi être écouté. Un récit qui peut trouver un écho chez les élèves et permettre de libérer la parole.
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Mais à quel moment, je me suis rendu compte que c'était pas normal de vivre des nuits interminables à attendre le calme pour s'endormir au petit matin ?...C'est la réflexion que se fait Quentin après une xième nuit à entendre les engueulades de ses parents.
Voilà pour le contexte.
IL s'agit d'un récit court, 76 pages qui se lisent rapidement ou qui peuvent être écoutées puisque lues par l'auteur lui-même. Ce qui est un petit plus.
Dans ce récit, il est donc question de violences conjugales, verbales, physiques..et d'une prise de conscience salutaire de la part de Quentin, notre héros.
Je ne connaissais pas cette collection : La Brève de chez Magnard Jeunesse, mais le message véhiculé peut-être un moyen de libérer la parole ou d'aborder un sujet quelque peu sensible.
Attention toutefois, le texte n'est pas à mettre dans toutes les mains car il est virulent et peut choquer ( les jeunes lecteurs ), il est plutôt destiné à des lecteurs de ' 4ème /3ème.
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Texte court et percutant de Jean TÉVELIS, professeur des écoles à Besançon. Lu d'une traite, il évoque les violences intrafamiliales et leurs effets sur les enfants.
Quentin a 17 ans et il souffre de la violence de son père, cachée pour l'extérieur. Ce sont des violences verbales, dénigrements, menaces physiques, parfois coups envers sa mère. Il essaie de protéger tant bien que mal Amira, sa petite soeur de 7 ans, effrayée mais silencieuse.
Son défouloir reste le Fight Club, fréquenté avec un ami, philosophe à ses heures et qui se plaît à réfléchir et analyser les situations. Les combats sont pour lui l'occasion de libérer colère et ressentis qu'il contient depuis des années.
Quentin craint d'être comme son père, mauvais et brutal. Mais la violence n'est pas une affaire d'hérédité, le jeune va pouvoir sortir de cette fatalité.
Concentré sur 24 heures où les événements s'enchaînent, le récit montre comment le héros prend une décision courageuse qui va lui permettre de sortir de la spirale de la violence et de se sauver avec sa petite soeur. le ton est juste, les personnages attachants, les émotions ressenties palpables, ce qui donne du rythme à la lecture.
Le combat de Quentin frappe fort et résonne longtemps chez le lecteur. Efficace, il fera écho à certaines situations d'adolescents. Il pourra sans doute permettre de débattre et de s'informer sur les ressources et les aides à disposition des enfants et des jeunes.
Encore un excellent titre de la collection « La Brève » que l'on peut lire ou écouter dans une version lue par l'auteur lui-même. Je l'ai découvert dans le cadre de la présélection du prix des collégiens et lycéens de Charente.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- A l'école, le maître, il dit que les mots ça peut blesser. Par exemple les insultes, ou les mots méchants. C'est pareil dans ton livre ?
- Non, dans mon livre, ça blesse pas les gens. C'est juste que ça met des images pas très belles dans la tête. Mais oui, il a raison ton maître. Quand on dit des mots méchants aux autres, ça peut faire très mal!
- Comme Papa.
C'est pas une question qu'elle pose. Elle l'affirme. C'est pas un mot méchant non plus. Pas une insulte. Même pas une image violente. Juste deux mots : " Comme Papa", et pourtant c'est violent et je le prends en pleine figure.
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Comme si j'étais enfin sorti de cette zone de vents déchaînés et que je voguais paisiblement au gré d'une très légère brise, sur une mer ridée, sans écume. En route loin du Fight Club. Mais pour mener un autre combat.
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Et je me mets en veille. Comme toujours. L'œil vide, le cerveau éteint, le corps en pilotage automatique. Juste pour tenir debout. Et encore. Il a l'impression d'empoigner une poupée de chiffon et ça l'énerve encore plus de baver sa rage sur un morceau de tissu. Mais j'y peux rien. Je contrôle pas.
Sauf aujourd'hui.
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Mon père. Un acteur, celui-là. Pas célèbre. Pas encore. Mais un jour, il sera dans le journal. Je le sais. Pas la chronique cinoche. Les pages au milieu plutôt, bien caché dans un petit cadre plein de texte. Même pas de photo. Pas même son nom.
Mais ce sera lui.
Dans les faits divers.
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Amira, ça veut dire "princesse" en arabe. Et même si elle est pas élevée en mode "princesse" par mes parents, elle a ses exigences. La plus chiante d'entre elles, c'est qu'elle veut tout comprendre. Et elle lâche pas l'affaire.
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