C'est
Pierre Thiry qui m'a fait parvenir son roman, publié en autoédition. Il souffre dès lors de quelques défauts liés à ce mode d'édition, notamment en ce qui concerne la mise en page, des répétitions ou quelques coquilles (relatives principalement à la ponctuation), mais aussi -et c'est ce qui m'a le plus dérangée, moi dont les livres semblent parfois ne pas avoir été lus- une couverture qui a rapidement rebiqué. Voila, c'est dit, j'ai trouvé cela très énervant, mais cet aspect-là n'interviendra pas dans le jugement que je porte sur le roman en lui-même.
Abordons donc à présent le contenu. Avant tout, une mise en garde : si vous cherchez une enquête, des rebondissements, bref un mystère, vous n'êtes pas au bon endroit. le détective, Jules Kostelos, n'est d'ailleurs pas doté des petites cellules grises d'Hercule Poirot, loin s'en faut (le voir se demander si le I figurant en haut d'une page renvoie au chapitre 1 ou à la lettre i m'a d'ailleurs déboussolée et je me suis vraiment demandé où je mettais les pieds... L'appel du commissaire demandant d'enquêter discrètement sur le vol de son vélo m'a heureusement remise assez vite sur le terrain du second degré). Son amie bibliothécaire
Salammbô (le personnage que j'ai le plus apprécié) relève heureusement le niveau culturel (Il est bien entendu que je parle ici de la culture des personnages, et non pas de celle de l'auteur, ai-je besoin de le préciser?).
Bref, pas de mystère, disais-je. En effet, le vol du vélo sur lequel on lui demande d'enquêter n'est ici qu'un prétexte à une plongée dans la vie et l'oeuvre de
Gustave Flaubert. Sujet que
Pierre Thiry semble maîtriser sur le bout des doigts. Sans doute voue-t-il, comme son personnage, une certaine admiration ou une admiration certaine à cet auteur. L'ouvrage est ainsi parsemé d'extraits de l'oeuvre de
Flaubert, qu'il intègre dans son récit. Au point, parfois, de me donner davantage l'impression d'un exercice de style où il s'obligerait à insérer le plus d'extraits possible que d'un récit se construisant de manière naturelle (je pense par exemple à de très très courts extraits de
Madame Bovary, à la page 65). A d'autres moments, cependant, le va-et-vient entre le texte actuel et les classiques se fait de manière beaucoup plus fluide et naturelle.
Passionné par
Flaubert, l'auteur l'est sans doute également par la langue, si l'on en croit le travail sur les mots qui transparaît au détour de certaines phrases -avec l'inconvénient d'alourdir parfois l'ensemble-, mais aussi et surtout l'imbriquement entre son roman, ses personnages, ceux de
Flaubert ainsi qu'avec des personnes, réelles, ayant vécu à son époque ou dans son entourage. Il multiplie ainsi les clins d'oeil et les "leçons d'histoire", ce qui permet d'instruire le lecteur... au risque de le perdre parfois. Car c'est là finalement mon plus grand regret : je ne connais que très peu
Flaubert, sa vie, son oeuvre et ses contemporains... et cela m'a frustrée. Beaucoup. Je ne garde que de vagues souvenirs de ce que j'en ai lu (honte à moi, oui). Et je pense que cela m'a, sans doute, fait passer à côté d'une partie du roman. Peut-être serait-il judicieux de le (re)lire après une séance de rattrapage. Il m'a en tout cas, et c'est là son grand mérite, donné envie de découvrir ou redécouvrir l'oeuvre de
Gustave Flaubert, moi qui n'ai pas eu la chance de le rencontrer comme l'a fait Jules Kostelos.
En conclusion, un roman certes très intéressant et original, peut-être parfois trop, au style très particulier et qui nécessite que l'on fasse l'effort d'y entrer, mais qui souffre malheureusement de son mode d'édition et de son trop-plein de références littéraires et historiques, du moins pour le lecteur lambda. Les experts et passionnés de
Flaubert nous diront ce qu'ils en pensent.
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