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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, nous allons parler d'un roman de SF signé Tade Thompson et titré Rosewater.

Au Nigeria les extraterrestres sont arrivés et occupent un dôme gigantesque autour duquel une ville a poussé. Cette ville porte un nom : Rosewater. Kaaro y travaille comme barrière de sécurité pour une banque et comme agent du S45, une organisation chargée de… euuh… d'exploiter ses pouvoirs psychiques à des fins peu limpides.

-Waaah. Si quelqu'un a pigé quelque chose, qu'il se manifeste, hein.

-Oui, c'est un peu compliqué, je l'admets…

-Compliqué, c'est rien de le dire ! Je n'ai RIEN compris à ce roman. On ne t'explique rien, tu es assommée d'informations auxquelles tu saisis que dalle ! Et puis, Kaaro, le personnage principal, ne t'aide pas, non non ! Il est tout froid à l'intérieur. Aucune émotion forte ne prend vraiment le pas sur une autre chez lui, du coup, impossible de le cerner, lui aussi. le texte est sec, plat, ça ne donne pas du tout envie de lire ça.

-Tu n'as pas complètement tort… cependant, tu n'es pas non plus laissée dans le noir complet.

L'intrigue de Rosewater se déroule dans un monde à peu près similaire au nôtre, situé dans un futur proche, avec ces deux différences majeures : les aliens ont atterri et on ne sait pas trop ce qu'ils font ni dans quel but ; certains humains sont devenus des « réceptifs », des personnes aux aptitudes inhabituelles. Des sortes de voyants, qui accèdent à un monde superposé au nôtre appelé « xénosphère ».

Rosewater constitue une lecture active. Vous ne pouvez pas vous asseoir et attendre gentiment que l'intrigue suive son cours : pour cerner les éléments, il vous faut les méditer, les noter, attendre la venue des éclaircissements… et patienter. Patienter longtemps.

-Trop longtemps à mon goût ! Et il y a des flash-backs incessants entre le passé et le présent ! Là non plus, on ne t'aide pas ! Bonjour perditude !

-Bon. Pour la défense du roman, une grande partie dudit roman a été lue pendant un coup de mou assez long, et nous n'avions pas tout notre cerveau disponible pour bien appréhender ce texte.

Quoi qu'il en soit, j'en ai compris assez pour être convaincue et dépaysée par Rosewater. J'ai adoré l'exploration de la xénosphère, avec ses images incongrues et percutantes, j'ai vaguement pensé à un de mes films préférés, Paprika. Certaines scènes se trouvent d'autant plus cauchemardesques que vous ne les comprenez pas. Et, chose assez rare pour être soulignée, Tade Thompson offre une bonne place à l'odorat dans son roman. Quant à la froideur que tu mentionnais plus haut, elle rend paradoxalement certaines situations encore plus lourdes d'horreur.

Je ne suis pas certaine cependant d'avoir cerné tous les enjeux d'un roman riche et dense, je le regrette, mais cela ne m'empêchera pas de lire la suite. D'une certaine façon, les réponses que l'on reçoit dans le premier tome appellent d'autres questions… »
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Quand un dôme extraterrestre surgit au Nigeria et prodigue une fois par an des guérisons miraculeuses, une ville se constitue tout autour : Rosewater. C'est là que le narrateur, Kaaro, mène des missions semi-officieuses pour le compte d'une obscure branche gouvernementale. Kaaro a la particularité d'être un « réceptif », une personne dotée de pouvoirs psi probablement dus au dôme. Mais depuis quelques temps, les réceptifs meurent les uns après les autres dans des circonstances étranges.

L'histoire est divisée en trois lignes temporelles distinctes : le présent, en 2066, où les réceptifs disparaissent; le passé, entre 2032 et 2055, avant l'irruption du dôme; et les missions de Kaaro entre 2055 et 2066 qui constituent des chapitres « one-shot ». Au début, la distinction est aisée à faire, mais à mesure que les lignes temporelles passées se rapprochent du présent, l'ensemble devient plus difficile à suivre et parfois confus, d'autant plus que les trois lignes temporelles tendent parfois à diluer le rythme et les enjeux de l'intrigue. J'ai failli me perdre plusieurs fois dans l'histoire. On sent pourtant que l'auteur a bien pensé à son affaire, avec certains échos d'une ligne temporelle à l'autre ou des informations distillées à certains moments critiques.

Quelle que soit la ligne temporelle, la narration est à la 1e personne et au présent, et suit le personnage principal, Kaaro. Celui-ci est une figure classique d'anti-héros doué mais rebelle, peu attachant quoique intéressant à suivre.

Toutefois, la grande réussite de ce roman, c'est la xénosphère, sorte de réseau psychique extraterrestre porté par des champignons microscopiques, avec lequel peuvent interagir les réceptifs comme Kaaro. L'auteur utilise ici deux thèmes archi-classiques de la science-fiction : le premier contact extraterrestre et les pouvoirs psi comme la télépathie. Mais il le fait d'une manière très inventive et organique (sans mauvais jeu de mots) qui renouvelle grandement l'intérêt pour ces tropes, en plus de donner à son roman une ambiance très singulière. J'ai eu l'impression de lire un roman d'afrofuturisme additionné d'une petite dose de Lovecraft, un mélange plutôt séduisant.

Bref, malgré une lecture ardue, j'ai été assez charmée pour embarquer directement dans le tome 2. Bilan : à lire à condition d'être bien concentré·e!
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J'ai achevé ce premier tome avant de savoir qu'il s'agissait d'une trilogie, même si effectivement, je trouvais qu'il manquait quelque chose. Je dois dire que j'ai apprécié ma lecture, tout en ayant traîné un peu des pieds durant les soixante premières pages avant le grand plongeon garanti. Je n'ai pas vu le temps défiler, ce qui est bon signe, notamment à cause des allers-retours dans le passé qui dynamisent l'ensemble, tout en ayant un récit mettant en avant un pays africain et la culture yoruba que je connais mal à travers le regard d'un parfait antihéros.


Ainsi, Rosewater est un bidonville sale et puant qui s'est construit autour d'un biodôme alien, notamment pour ses bienfaits, et cadeaux plus empoisonnés qu'il n'y parait. Offrir des capacités incroyables, faire pousser de nouvelles plantes, guérir les malades jusqu'à en faire souvent des mutants, voire relever les morts pourtant vides de toute personnalité. On retrouve d'ailleurs sur ce dernier point le côté zombi des croyances vaudou… Mais que serait tant de bienfaits parfois tordus sans une contrepartie moins avouable ?


Le thème de la colonisation, ou de l'invasion est amené par pallier de manière insidieuse avec justement une insistance finale sur l'inaction concrète des politiques. Un parallèle est facile avec la ville de Lagos où des comptoirs commerciaux furent installés par les portugais une vingtaine d'années avant que les conquistadors envahissent l'Amérique, reprises ensuite par les britanniques. Britanniques ayant été aussi « colonisés ». Amérique apparaissant en filigrane et fermée dans ce premier tome suite également à un début d'invasion. La boucle est bouclée. le tout en dépit d'une géopolitique mondiale pas si éloignée de ce qu'on pourrait craindre aujourd'hui.


La xenosphère rappelle le monde des rêves, une réalité alternative et/ou virtuelle, l'accessibilité au subconscient des autres (individuel et collectif), mais également le moyen de pirater les esprits avec une forme de télépathie instinctive, poussive et poussée dans un cadre où tout humain est connecté inconsciemment. Plus sciemment d'ailleurs au sein d'un chapitre où chacun.e semble être des livres ouverts, capable de vivre et travailler collectivement sans aucune malveillance (chose que l'on retrouve chez les homoncules qu'on croisera rapidement à un moment), ce qui m'a amené à songer aussi à certaines notions en spiritualité (toujours pas au sens religieux du terme) à propos de l'ego ; mais également d'une possible forme d'esclavage, voire à des ruches et fourmilières.


Quant à la nouvelle végétation dont finalement on sait peu, j'ai forcément songé au réchauffement climatique en me demandant si la piste sera exploitée dans les futurs tomes.


Dans tous les cas, si les humains ne sont pas amenés à réellement disparaître, le tout sonne comme une métamorphose à l'image du fameux papillon aux ailes bleues. du moins, possiblement ce que j'en attends des prochains tomes, tout en espérant en savoir plus sur le reste du monde, mais également des conflits entre les aliens…


Si rien n'est nouveau, le tout s'avère parfaitement original et addictif. Quoiqu'il en soit, le tome 2 en vf étant prévu début septembre, je l'attends donc déjà de pied ferme !
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Ce roman de Tade Thompson est ma première incursion dans la SF dite africaine, c'est à dire avec un auteur africain ou d'origine africaine, qui se situe majoritairement sur le continent africain. (si je me trompe, n'hésitez pas à me le dire !!!)
Tade Thompson est né à Londres de parents yorubas et a vécu son enfance au Nigéria avant de revenir en Angleterre. Il nous parle donc de lieux et paysages qu'il connait bien, mais aussi de sa culture, dont les croyances se mêlent habilement aux conséquences de l'apparition du biodôme de Rosewater. Pour moi qui n'ai jamais visité le continent africain, et qui n'en connaît, je dois l'avouer, pas grand chose, ce roman a été très dépaysant, voire déstabilisant par moments. En effet, dans un cadre pourtant bien réel, je ne visualisais pas du tout les différentes villes citées, ni les distances. Je me suis donc laissée portée comme dans un space ou planet opéra, visitant des lieux jusqu'alors inconnus, du moins de moi cette fois-ci !
Ce mélange de science-fiction et de traditions est extrêmement intéressant, certaines des conséquences du biodôme étant plus ou moins imputées aux dieux nigérians, yorubas en particulier. Les différentes croyances croisent la science, ou parfois les croyances scientifiques, quand aucune preuve tangible n'existe encore… Pour quelqu'un qui, comme moi, ne connais pas du tout la région ni les croyances, c'est une découverte passionnante.
Concernant le rythme du roman, la première moitié avance doucement, on découvre les protagonistes, dont Karoo, le personnage central, et la vie quotidienne autour du dôme. On effleure aussi le fonctionnement de ce biodôme, et ses origines. On découvre les pouvoirs psychiques de Karoo et de ses collègues, créant une toile proche de l'internet entre leurs cerveaux. Les choses se mettent doucement en place, et ça ne m'a pas plus gêné que ça, surtout dans un premier tome de trilogie.
On suit (tout au long du roman d'ailleurs), Karoo a deux époques, de nos jours, et au moment de l'apparition du biodôme, sans compter quelques incursions dans des périodes intermédiaires, lors de missions spécifiques, pour nous faire découvrir plus avant certains aspects de l'univers. Si les chapitres sont clairement indiqués, il m'a fallu un (court) temps d'adaptation pour bien me repérer dans l'espace temps, tout comme je l'évoquais concernant les lieux que je ne connaissais pas. Au bout de quelques chapitres, le rythme est pris, et j'ai suivi avec plaisir les pérégrinations du Karoo des deux époques. Cette alternance donne d'ailleurs un rythme intéressant, assez addictif. On a envie de connaître la suite des événements d'une époque, alors on se dit non pas « encore un chapitre et j'arrête », mais « encore deux chapitres et j'arrête ». Pour peu qu'on trouve une mission interlude entre les deux, c'est trois chapitres qui sont dévorés avant de s'en rendre compte !!! C'est très bien fait, et ça contrebalance la langueur de cette première moitié, qui prend vraiment le temps de poser l'univers et les personnages.
Dans la deuxième moitié, les événements s'enchaînent et s'emballent même. L'intrigue s'accélère, et les éléments de celle-ci fusent de partout, trouvant parfois leur résolution en quelques pages… J'ai été déstabilisée par ce changement de rythme, même si au bout du compte, il ne m'a pas empêchée d'apprécier ma lecture. Je ne m'attendais pas à cette accélération, puisque je pensais que la suite allait s'équilibrer sur trois tomes. Cependant, il semblerait que les deux autres romans, s'ils se déroulent dans le même univers, se centrent sur d'autres personnages. La multiplicité des événements n'empêche pas leur intérêt, et j'ai trouvé un peu frustrante cette accélération, j'aurais aimé voir certains arcs narratifs plus développés…
Au bout du compte, j'ai beaucoup aimé ma lecture, l'originalité de l'univers mis en place tout autant que les lieux et caractéristiques des personnages qui me sont assez inhabituels. L'européen, quand il apparaît (rarement) dans le roman, est traité sous une perspective plutôt négative, le passé colonial et de traite négrière restant très vif dans les esprits. J'ai vraiment apprécié ce changement de perspective sur l'Histoire, cette découverte d'un monde qui m'était jusqu'alors presque inconnu. Je me plongerai avec plaisir dans la suite du roman, impatiente de découvrir quel sera le personnage central, et si il apparaît déjà dans ce premier opus. Je me plongerai aussi avec une curiosité accrue dans d'autres romans de SF africaine, dont Qui a peur de la mort ? de Nnedi Okorafor, qui attend sagement sur ma liseuse. Sa taille me faisait peur, mais la curiosité prend maintenant le pas sur l'inquiétude.
Ce roman, s'il est le premier tome d'une trilogie, peut tout à fait se lire indépendamment des autres. Toutefois, l'univers posé par l'auteur me donne une forte envie de découvrir la suite, maintenant que j'en sais un peu plus sur le biodôme… La parution du tome deux, toujours dans la collection Nouveaux Millénaires, est prévue en fin d'année, il me semble.
J'ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu. Merci à eux pour la confiance.
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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Rosewater est un roman dépaysant à plus d'un titre. Dans la seconde partie du XXIème siècle, les Etats-Unis se sont (volontairement ?!) isolés du reste du monde et il semblerait que la Chine soit devenue la première puissance mondiale sans qu'on en sache vraiment plus. L'auteur place le coeur de son action au Nigéria, un pays en profonde mutation. Les technologies se sont grandement développées et dans le même temps les traditions ancestrales sont toujours bien présentes. Une double culture que l'on retrouvera tout au long du récit, entre modernisme et conservatisme.

Rosewater est le nom de la ville qui s'est développée autour d'un artefact extraterrestre apparu quelques années auparavant. Ce biodôme est inviolable, rien n'y entre ni ne sort. Seule l'ouverture annuelle draine une population de plus en plus nombreuse. En effet, cette ouverture engendre des guérisons miraculeuses (et quelques ratés !)

Le récit tourne autour d'un personnage central : Kaaro, "un réceptif", c'est-à-dire une personne capable de lire les pensées et d'appréhender les actions de ceux qui l'entourent. Ce pouvoir lui a permis de survivre dans sa jeunesse. Repéré par les services secrets nigérians, Kaaro est engagé et utilise son don à des fins un peu plus politiques. Mais ce talent fait aussi de lui une cible...

Le récit est lent, l'atmosphère envoûtante. L'immersion n'est pas des plus aisées. Il n'est pas facile de se plonger immédiatement dans ce futur, les clefs ne nous étant pas tout de suite données. La construction du roman ajoute également un peu de confusion avec deux arcs narratifs autour de Kaaro : deux périodes de sa vie à onze ans d'intervalle racontant des histoires similaires. L'auteur nous propose également quelques flash-back pour mieux cerner le personnage. L'ensemble permet de faire connaissance avec cet homme au destin particulier, au passé tortueux et au présent compliqué. Les allers-retours rapides et incessants créent tout de même un certain imbroglio.

Beaucoup de questions sans réponse abreuvent la première moitié du livre. Ce qui pourrait paraître ennuyeux est en fait une réussite. A contrario, c'est l'arrivée des révélations qui pose problème. Elles sont souvent imagées, pas toujours très claires et il faut parfois une bonne dose de suspension d'incrédulité pour se laisser porter.

Quand j'ai refermé le roman, j'étais plutôt mitigé mais avec le recul je dirais que c'est un très bon roman qui a pas mal de défauts. Reste à savoir ce que le lecteur retiendra le plus : l'ambiance générale assez déconcertante mais époustouflante, la construction décousue du roman qui le transforme en page-turner efficace, l'originalité de son histoire par son lieu et son protagoniste écorché vif ou les intrigues passionnantes mais à la résolution un peu "bancale".


Lien : https://les-lectures-du-maki..
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Découverte l'an passé avec Les meurtres de Molly Southbourne dont j'avais beaucoup aimé l'ambiance, le style et les thème, Tade Thompson est un auteur que j'ai envie de lire sur un titre plus long. Ainsi, j'ai été ravie de découvrir Rosewater, sa saga prévue en 3 tomes chez J'ai Lu - Nouveaux Millénaires, qui a publié Les livres de la Terre fracturée de N.K. Jemisin que j'avais beaucoup aimé.

Rosewater est un titre assez étrange, à mi-chemin entre la SF, le fantastique et le thriller. Dans un monde futuriste où les humains ont vécu leur premier contact avec une espèce extraterrestre, nous suivons un nigérien qui a la faculté de lire dans les esprits, pour faire simple, mais c'est en fait bien plus compliqué que ça. Il travaille pour une agence du gouvernement qui se sert de ses facultés lors d'enquêtes et d"interrogatoires.

Pendant longtemps, je me suis demandée où voulait nous emmener l'auteur, mais portée par sa belle plume au rythme énergique et son héros ou plutôt anti-héros cabochard, j'ai enchainé les chapitres, dont la mise en scène n'a pas été sans me rappeler la saga de N.K. Jemisin dont je parle plus haut. En effet, on alterne entre présent et passé, retraçant le parcours du héros pour comprendre comment il est arrivé là. Cela peut paraitre agaçant car cela casse sans arrêt le rythme du récit mais aucune des deux trames n'est faible, les deux sont passionnantes.

J'ai beaucoup aimé découvrir ce nouveau monde post-arrivée des extraterrestres, en particulier le Nigéria dans lequel vit le héros, pays que je ne connais pas du tout mais dans lequel je n'ai pas été surprise de retrouver des critiques sur la corruption, la pauvreté, le racisme, etc. C'est un monde sombre à l'ambiance plombante où le Dome de Rosewater est à la fois source d'espoir et de crainte. Les mystérieux pouvoirs qu'il détient sont terrifiants et fascinants, tout comme c'est le cas pour le héros, cet ancien voleur à gouaille qui m'a bien fait rire malgré son côté je m'en foutiste. Les deux se complètent à merveille pour former quelque chose de fascinant malgré une certaine lenteur malaisante du récit, c'était étrange.

J'ai beaucoup aimé au fil des pages comprendre et découvrir le fonctionnement des pouvoirs de Karoo et du Dome donught. C'était fascinant et très ingénieux de la part de l'auteur qui surfe ainsi sur plusieurs genres avec brio, car le pire c'est que tout se tient malgré un côté assez fumant et invraisemblable. J'ai également aimé suivre les enquêtes passées et présentes du héros qui contribuaient à la compréhension de son univers et de sa personnalités. Les personnages qu'il croise sont par contre un peu trop transparents parfois à l'exception de sa chef et de sa future compagne car malgré son côté nonchalant sa présence bouffe celle des autres.

J'ai donc trouvé le mélange entre développement de l'univers et développement de l'intrigue assez bien fait même si je ne peux m'empêcher de noter que la lenteur et le flou des débuts ont joué sur mon appréciation générale à la baisse. Alors que le dernier tiers du tome m'a énormément plu tant le rythme s'y accélère et la tension s'épaissit au point de nous étouffer avant d'exploser le temps de révélations surprenantes. La toute fin est par contre un peu abrupte pour ne pas dire maladroite comme s'il manquait quelques pages pour vraiment l'amener. En plus, j'ai appris que le prochain tome, même s'il se passe dans le même univers, lâche Karoo comme héros pour s'intéresser à Aminat ce qui change beaucoup de choses.

Rosewater fut donc une découverte déconcertante au début. J'ai aimé avoir un auteur mêlant SF, fantastique et thriller, le tout dans un univers futuriste africain jouant à fond sur notre propre présent extrapolé. J'ai aimé cet anti-héros nonchalant qu'est Karoo. J'ai trouvé l'univers de ce premier contact fascinant et le concept autour de ces extraterrestre m'a séduite. Cependant les problèmes de rythme aurait pu avoir raison de moi au début s'il n'y avait pas eu la plume de l'auteur, heureusement que ça s'améliore de beaucoup par la suite, pour donner quelque chose d'assez fascinant. Je recommande donc à ceux qui souhaite découvrir le titre de persévérer jusqu'au bout car la surprise et la qualité sont au rendez-vous !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Parvenant à une superbe intrication de sources et de motifs disjoints, un rusé sommet de l'afrofuturisme contemporain, et de la grande littérature spéculative endiablée.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/28/note-de-lecture-la-trilogie-rosewater-tade-thompson/

Dans ce Nigéria du futur plus ou moins proche, bouillonnant d'inventivité technologique et de corruption, de manoeuvres politiciennes et de polices publiques comme privées, de capitalisme débridé et de misère mal dissimulée, une ville-champignon s'est créée ex nihilo en quelques années : Rosewater. Pourquoi cette prolifération humaine d'abord anarchique, avant de devenir une véritable municipalité, à cet endroit ? C'est que sur le site d'apparence anodine, au bord d'une rivière, une gigantesque entité extra-terrestre d'abord repérée à Londres, d'où elle a été plus ou moins chassée à grandes dépenses d'explosifs pré-nucléaires, sans être le moins du monde entamée, est venue s'installer ici, en voyageant sous la croûte terrestre, déclenchant au passage quelques séismes. Et cette entité, désormais protégée par un dôme infranchissable, tout en poursuivant ses propres visées (longtemps résolument impénétrables aux esprits humains), dispense une fois par an une sorte d'aura soignant toutes les maladies, difformités ou blessures, provoquant ainsi un afflux de patients, riches ou pauvres, bien décidés à camper là toute l'année en attendant le miracle de ce roi thaumaturge incongru : Rosewater est née. Et les services secrets nigérians, entre autres, sont bien décidés à ne pas laisser cela hors de tout contrôle, malgré les difficultés apparemment insurmontables de la tâche.

Sur ces prémisses science-fictives d'emblée placées sous le signe de l'énorme, puissamment ramifié dès les premières pages dans un quotidien économique, social et politico-militaire foisonnant, Tade Thompson, Nigérian d'origine britannique revenu s'installer au pays à sept ans, en 1976, a construit en trois ans une trilogie de 1 400 pages, devenue presque instantanément l'un des grands emblèmes de l'afrofuturisme contemporain, et pas uniquement de cela.

Maniant avec adresse et inventivité le mélange de premier contact avec les extra-terrestres (en en secouant sans ménagement certaines des mythologies les mieux ancrées, comme ont su aussi le faire, différemment, par exemple Peter Watts ou Steven Erikson) et de grands desseins élaborés sur le temps long (voire très long) qui caractérisait déjà au premier chef les oeuvres science-fictives les plus marquantes d'Octavia Butler et de Doris Lessing, élaborant une fusion intime des motifs et des codes du cyberpunk et du techno-thriller d'espionnage, avec toute leur violence et leur éventuelle cruauté (sans la complaisance qui caractérisait trop souvent certains des précédents hybrides dans ce domaine, à l'image du « Carbone modifié » (2002) de Richard K. Morgan, par exemple), Tade Thompson a su concevoir un grand roman spéculatif, capable de plonger aussi bien dans les réalités africaines contemporaines superbement extrapolées, les mégalopoles, les relations tribales ou les structures symboliques de l'imaginaire étant ici tout sauf de simples éléments de décor (plusieurs critiques d'Afrique anglophone ont noté à quel point la culture yoruba irriguait discrètement l'ouvrage, notamment dans son onomastique), que dans les traumatismes toujours plus profonds que soupçonnés laissés par la guerre sécessionniste du Biafra, notamment (comme on l'évoquait récemment sur ce même blog à propos de la poésie de Christopher Okigbo – dont on trouvera parfois de curieux échos au long de « Rosewater » : il se joue souterrainement quelque chose de fort du côté de la danse des esprits, des ancêtres et de la transmission, jusque dans la trame multi-chronologique fiévreuse et rusée adoptée par l'auteur).

Capable de mobiliser sans effort apparent des univers virtuels de poche dignes du George Alec Effinger de « Gravité à la manque » et de ses suites, des virtuosités en matière de création de créatures qui n'ont rien à envier à celles du grand China Miéville de « Perdido Street Station » ou des « Scarifiés », une malice pour vivifier le traditionnel nigerian scam qui réjouirait la Lauren Beukes de « Zoo City », ou un sens de la mythologie du slum et de la zone qui rend honneur à ceux d'Andreï Tarkovski et de son « Stalker » comme de Neill Bloomkamp et de son « District 9 », Tade Thompson transforme le corpus mythologique issu d'Orphée et d'Eurydice pour en extraire un jeu global de stratégie dans lequel le Diplomacy débridé viendrait perturber la rationalité des échecs, où une pensée mycélium en pleine diffraction vient habiter successivement les points de vue adoptés pour la narration dans les trois volumes, permettant à d'ex-personnages secondaires ou fugitivement entrevus de venir prendre pleinement la lumière à leur tour.

Comme le dit joliment alors Abigail Nussbaum dans The Guardian : « Rosewater augmente notre compréhension de ce que peut faire la science-fiction », et cette puissance de feu intérieur est bien celle de la grande littérature.

Traduite en français en 2018, 2019 et 2020 par Henry-Luc Planchat chez J'ai Lu / Nouveaux Millénaires, la trilogie « Rosewater » offre ainsi une magnifique démonstration de ce que peut atteindre l'afro-futurisme en tant que déplacement du centre de gravité du point de vue littéraire des dominants vers les dominés, à l'échelle d'un monde, et en en tirant habilement les conséquences narratives et humaines. Il n'est donc pas surprenant que Michael Roch ait attiré avec force notre attention sur cet ensemble déjà presque monumental lors de son passage comme libraire d'un soir chez Charybde en 2019, et qu'il lui rende un hommage implicite dans son extraordinaire « Tè Mawon », qui s'attelle aussi, entre autre missions réussies, à aller plus loin dans la direction du renversement de l'attention et de la créolisation du Tout-Monde.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Premier tome d'une trilogie.
Celui-ci se passe à Rosewater, ville du Nigéria, construite autour d'un dôme protecteur extraterrestre, qui ne s'ouvre qu'une fois par an, provoquant des guérisons, ou autres, ces fois-là.
Le personnage principal, Karoo, et ce qu'on appelle un réceptif, il peut savoir ce à quoi pensent les gens, éventuellement pénétrer leur pensée et les influencer. Officiellement celui-ci travaille pour une banque en protégeant les clients d'actes de réceptifs pirates, mais il travaille aussi pour le S45, agence gouvernementale secrète.
Le découpage des chapitres est assez perturbant, on alterne en général un chapitre dans le présent (2066), et des années antérieurs nous présentant un peu plus le passé du "héros", entrecoupé de chapitres "interlude" en général une mission faite pour le cadre du S45 dévoilant un peu plus l'univers.
Les quelques personnages secondaires sont plutôt bien écrits et tiennent la route.
L'histoire est assez prenante malgré quelques longueurs. Je lirais très vite la suite, l'ayant déjà emprunté à la bibliothèque ^^.
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JUNGER PUNK

En 1984 sortait Neuromancien de William Gibson. Ce roman fonda le mouvement cyberpunk où des hackers pénétraient réellement la matrice, sorte de web surmultiplié, et s'y mouvaient avec grâce pour dérober les secrets de multinationales surpuissantes. Sans Neuromancien, point de Matrix ni de Ghost in the shell.

Le roman phénomène du très doué Tade Thompson (auteur du remarqué et remarquable Les meurtres de Molly Southborne) est un héritier déviant de Neuromancien. À la matrice techno-frigide de Gibson, Thompson oppose une cosmologie aliène, un immense inconscient collectif, du Jung revu par ET. Seuls quelques elu.e.s (?) peuvent voguer dans cet imaginaire fantasmé, ce vaste psychisme commun, au risque de s'y perdre...

Situé judicieusement en un Nigéria futuriste, Rosewater est une ville champignon (au sens figuré et propre) où les spores ont remplacé les pépites. Un organisme d'outrespace a fertilisé plusieurs endroits du globe, Londres, les USA (devenu terra incognita, plus rien n'en sort, plus personne n'y entre). Une colonisation du sous-sol suivie d'une prolifération en surface pour terminer sa croissance en un immense dôme spongiforme.

Quel est le but de cette anatomie sidérale ? En a-t-elle seulement un ? Est-elle consciente, pensante ? La réponse a ses questions n'est pas d'un inédit renversant. Rosewater est bien plus convaincant dans la peinture de ces personnages, sa construction temporelle alambiquée, qui acquière une cohérence biscornue et un tempo jamais démenti. Alternant les scènes d'actions, les combats psychiques épiques et les manipulations étatiques sordides et dérisoires, Rosewater est un excellent livre. de ceux qui interrogent notre rapport à l'inconnu. de la pure SF en somme.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Nous sommes au Nigeria en 2066 et nous suivons Karoo un homme d'âge mûr, doté d'un don surprenant. Karoo est un Réceptif, c'est à dire qu'il peut lire et fouiller dans l'esprit et les souvenirs des gens. Ce don semble hériter d'un organisme extraterrestre appelé le biodome et apparu il y a déjà bien longtemps.

Quelle histoire ! Je dois reconnaître que l'auteur a une imagination débordante et très originale. Nous suivons grâce à des chapitres flashback la vie de Karoo depuis son enfance et clairement son don va lui offrir une vie incroyable et mouvementée. Je ne saurai plus dire le nombre de fois où il a frôlé la mort et donc le suspense et l'adrenaline sont fortement présents.

Si ce roman est très intéressant et original, j'ai eu toutefois un peu de mal avec le style d'écriture. Plus habituée aux dystopies, ici nous sommes dans un vrai roman de science-fiction avec un personnage d'âge mûr, où les émotions sont peu présentes et clairement pas la préoccupation de l'auteur. L'auteur va privilégier le contexte futuriste, à grand renfort de description et de langage propre à ce monde.

Pour conclure, il s'agit d'un roman se déclinant en trilogie et présentant pour ce 1er tome une intrigue complexe et fouillée, qui plaira à coup sûr aux amoureux de science-fiction.
Lien : http://evenusia.canalblog.co..
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