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Désormais partie intégrante des éditions Mnémos, le label Mu se propose d'explorer des territoires de l'imaginaire à la confluence des genres.
Un voyage déjà largement entamé par le passé avec le Moi, Peter Pan de Michael Roch, les Confessions d'une Séancière de Ketty Steward ou plus récemment avec Walter Kurz allait à pied d'Emmanuel Brault.
Pour cette année 2021, voici que Mu se lance dans la traduction en publiant leur premier roman étranger d'un auteur injustement méconnu dans l'Hexagone… et quel auteur !

Cet auteur, c'est l'israélien Lavie Tidhar. Né et élevé dans un kibboutz avant d'émigré en Afrique du Sud puis au Laos pour finir par s'installer à Londres, l'écrivain n'a, pour le moment, pas réussi à percer en France. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé puisqu'on se souviendra notamment de la traduction de son roman Osama — lauréat du World Fantasy Award — dans la défunte collection Éclipse de Panini.
Pour cet auteur de l'ailleurs, la fiction sert avant tout à penser le réel.
« Je pense souvent que je suis un simple écrivain de pulps touché par la folie des grandeurs » déclare-t-il ainsi dans la postface du présent ouvrage : Aucune terre n'est promise. Pourtant, Lavie Tidhar explore méticuleusement les évènements traumatiques de notre époque moderne pour nous interroger sur les possibles, du 11 Septembre à Auschwitz en passant par le conflit israélo-palestinien. Aucune Terre n'est promise s'appuie sur un détail de l'Histoire qui, comme tous les détails, aurait certainement pu changer la face du monde tel que nous le connaissons.

Palestina, ou la Palestine en Afrique
Dans son introduction, Lavie Tidhar explique au lecteur l'origine de son roman. En 1904, Nahum Wilbusch, un jeune juif russe, s'embarque pour Mombasa afin de rejoindre le major Alfred Hill Gibbons, un explorateur anglais, et Alfred Kaiser, un naturaliste suisse. Ensemble, les trois hommes découvrent la région de Nakuru, un territoire à la frontière Ougandaise qu'une partie des juifs « Territorialistes » de l'époque se propose de transformer en « Nachtasyl » (ou « asile de nuit ») capable d'accueillir les juifs d'Europe.
Après cette déplorable expédition ponctuée par une attaque nandi, Wilbusch livre son rapport au Congrès sioniste réuni suite à la proposition extraordinaire de Chamberlain. Son verdict est sans appel : impossible de transformer cette terre inhospitalière en une terre promise.
Le projet est donc définitivement abandonné.
Sauf que… voici que Lavie Tidhar imagine un monde où Wilbusch, confronté à une vision de l'avenir, valide cette proposition et engendre la création de la Palestina au coeur de l'Afrique. Dans cet univers, les juifs ne connaissent pas l'Holocauste et Hitler est assassiné en 1948. Une utopie ?
Pas vraiment puisque la Palestina occupe le territoire des nandis, une peuplade africaine de l'Est du Kenya, et qu'Ararat City devient la cible d'attaques terroristes qui réclament la fin de l'Occupation des Territoires Disputés et la fin des brimades à l'encontre des peuples africains.
Pour se prémunir des attentats, l'état juif décide la construction d'un mur censé les protéger du reste du monde.
Il semble donc que L Histoire bégaye sérieusement…

Uchronie ou collision des mondes
De ce postulat uchronique, Lavie Tidhar en tire une histoire complexe, protéiforme, fascinante. Son héros, Lior Tirosh, tente de fuir une existence qui tombe en ruines. Cet écrivain de polar/fantasy/science-fiction raté prend le premier avion depuis Berlin pour se rendre en Palestin…a !
Mais comment a-t-il pu oublier la Palestina, sa terre natale qui l'a vu grandir et qui semble encore lovée au plus profond de lui ?
En arrivant à Ararat City pourtant, Lior reconnaît son « asile de nuit », cet asile qui a sauvé les juifs de la guerre en Europe et qui a permis à la nation de prospérer. Mais voilà, les choses ont empiré depuis l'enfance de Tirosh, les attentats se sont multipliés et les nations africaines ne cessent d'attaquer l'état juif d'Afrique. Alors qu'un immense mur autour de la ville cristallise toutes les tensions, Lior se retrouve mêlé à une sale histoire de meurtre et d'enlèvement dans laquelle sa nièce Deborah risque sa vie. de là, le lecteur s'imagine déjà l'histoire policière qui en découle, l'enquête et les indices, les retournements de situation et les coups fourrés.
Sauf que…
Sauf que Lavie Tidhar n'a en réalité pas juste construit une uchronie mais… un monde parallèle au nôtre ! Petit à petit, pièce par pièce, l'écrivain nous explique que la Palestina n'est qu'une version différente de notre Palestine et qu'il en existe d'autres, beaucoup d'autres. Nous faisons ainsi la connaissance de Nour, une visiteuse qui voyage entre les mondes et qui cherche à rétablir l'équilibre dans le multivers… son monde à elle ne compte plus de Jérusalem mais une immense place vitrifiée, un « petit Holocauste » dont personne ne connaît l'origine. Puis vient l'enquêteur-spécial Bloom et son Atneuland, une Palestine pacifiée où les Juifs vivent dans le bonheur et l'harmonie avec les quelques arabes qui restent là. Un pas de côté et le lecteur peut vite se retrouver face à des Abominations, à des dinosaures, à des homo erectus, à des créatures Lovecraftiennes… Une infinité de mondes, une infinité de possibles.
Pour illustrer cette pluralité de mondes, Lavie Tidhar choisit un mode narratif pluriel en « je » (Bloom), en « tu » (Nour) et en « il » (Tirosh).
Trois points de vue narratifs pour illustrer la collision des mondes et des perspectives.
Aucune terre n'est promise n'est pas une simple enquête policière, c'est aussi une histoire de science-fiction, de fantasy, de fantastique, de fiction politique.
Un organisme hybride qui incarne la vision de son auteur qui lutte constamment pour trouver une autre voie au monde décevant qu'il connaît.
À travers son double-littéraire, l'écrivain raté Tirosh, Lavie Tidhar livre son auto-critique (et celle de l'imaginaire au passage) tout en s'interrogeant sur le pouvoir réel de la littérature face aux injustices de notre époque.
Une interrogation d'autant plus importante de la part d'un auteur juif lorsque l'on en vient à parler du fameux conflit israélo-palestinien.

Quand le réel se dissout dans l'imaginaire
Ne nous y trompons pas. Malgré ses dehors science-fictifs, ses mondes-parallèles et ses créatures parfois étranges aperçues du coin de l'oeil, Aucune terre n'est promise reste avant tout une méditation historique sur l'état d'Israël et la place des Juifs dans le monde. Lavie Tidhar constate l'échec de son peuple quelque soit la voie qu'il emprunte. Il y aura toujours un oppresseur et un oppressé. Même en troquant la Palestine pour la Palestina, L Histoire tourne en boucle, retrouve des camps de réfugiés temporaires devenus permanents, des populations déplacées et humiliées, des territoires occupées et des territoires disputés, des attentats et des forces de défense… Ce qui semble le plus étrange dans ce multivers, c'est que certains éléments historiques semblent se répéter d'une façon ou d'une autre.
C'est que L Histoire, quoique l'on fasse, finit par bégayer, s'enrayer.
De là, Tidhar poursuit son analyse de l'intrication du réel, de la dualité des choses. du juif perpétuellement incomplet, du peuple sans terre qui finit par en priver un autre et par construire des murs qui séparent les mondes comme Lior, Nour et Bloom se heurtant aux différentes réalités qu'ils finissent par confondre.
À force d'y croire, chacun voit un monde différent, personne n'est le méchant, personne ne prend ses responsabilités et les personnages d'Aucune terre n'est promise finissent par se fondre dans le monde qu'ils désirent.
Mais, s'il n'existait qu'un monde, que ferions-nous ?

Melting-pot de genres et de peuples, de réalités et d'imaginaires, Aucune terre n'est promise s'impose comme une brillante réflexion sur la condition juive à l'heure du conflit israélo-palestinien ainsi que sur ces ramifications de l'Histoire qui auraient pu tout changer. Terrassant les murs et évitant les clichés, Lavie Tidhar offre au lecteur un grand roman, l'un de ceux qui interpelle et fascine durablement.
Lien : https://justaword.fr/aucune-..
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Un livre bien attirant, une uchronie au point de départ original, partant d'un fait peu connu ; aux origines du sionisme, et à côté des sionistes proprement dits,ou « sionistes pratiques », pour lesquels l'Etat Juif ne pouvait trouver sa place qu'en Palestine, il exista un bref moment un courant dissident, celui des Territorialistes, prêts à se satisfaire de n'importe quel territoire qu'on voudrait bien leur concéder . Et Theodor Herzl lui-même en vint en 1903,à proposer au congrès sioniste un projet Ouganda de colonisation alternative dans l'ouest de l'actuel Kenya. (*) Et l'auteur imagine qu'il n'y a pas eu de déclaration Balfour, et que l'Etat Juif a finalement été fondé sur les hauts plateaux de l'Est du Kenya ; il a pris le nom de Palestina, capitale Ararat.
Et dans ce monde alternatif...mais il existe en réalité de nombreux mondes alternatifs, reliés par des passages que des Voyageurs peuvent emprunter, ils tournent parfois autour de Jéusalem et d'Israël qui existe ou n'existe pas, on en visite certains (y compris, fugitivement, le nôtre, qui n'est ni le pire ni le meilleur, ni particulièrement important - bonne leçon d'humilité » d'ailleurs) , sur lesquels on aimerait en savoir plus, et on en devine bien d'autres, d'une infinie variété, où l'on rencontre même les entités de l'oeuvre de Lovecraft, et pourquoi pas, s'il existe une infinité d'univers parallèles, il peut bien en exister où les oeuvres de notre fiction s'incarnent ; mais ces univers s'interpénètrent de plus en plus, on y rencontre des objets ou des créatures qui ne devraient pas y être et viennent d'ailleurs, et...et, à partir d'un certain moment, on ne comprend plus grand chose, c'est ce qui m'a empêcher de l'apprécier autant que j'aurais voulu le faire attendu sa richesse thématique et ses possibilités (beaucoup mieux traitées au demeurant dans Les Colmateurs, de Michel Jeury, un des chefs d'oeuvre du genre, malheureusement un peu oublié.)
Mais en lisant ce livre, j'ai surtout pensé – et là, je frise le sacrilège- au Maître du Haut Château de Philip K.Dick, que beaucoup considèrent comme l'un des chefs d'oeuvre de l'uchronie, et d'ailleurs de la SF tout court, qui l'est certainement, mais auquel je n'ai hélas jamais rien compris.
A noter pour finir que l'idée d'un autre Israël, fondé en un autre pays, n'est pas absolument originale ; dans le Club des Policiers yiddish, paru aux USA en 2007 et traduit en France en 2009,Michaël Chabon imagine un foyer juif fondé en Alaska durant la Seconde Guerre Mondiale.

A noter pour l'anecdote que l'une des Palestines parallèles porte le nom d'Altneuland. C'est le titre d'un roman de Theodor Herzl, pour lequel l'auteur aurait bénéficié des conseils d'Alphonse Daudet

(*) on peut en apprendre davantage sur cet épisode dans Comment la Palestine fut perdue de Jean_-Pierre Filiu, bonne synthèse parue l mois dernier, écrit par un vrai spécialiste de la question.

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Et si en 1904 à la suite de son expédition en Afrique, Nahum Wilbusch avait rendu un rapport favorable à l'établissement de Palestina, un pays juif près du lac Victoria, entre l'Ouganda et le Kenya ? La face du monde en aurait été changée, certaines tensions évitées et des millions de victimes épargnées. À moins que… Cette situation de départ est le postulat de départ d'Aucune terre n'est promise de Lavie Tidhar. Plus exactement, nous y suivons Lior Tirosh qui rentre chez lui après avoir vécu pendant des années à Berlin avec son ex-femme et son fils. Écrivain de pulps sans ambition, il ne reconnaît plus son pays natal entouré par un mur pour le protéger des terroristes nandis (la population qui vivait dans ce coin d'Afrique avant que le colon britannique ne cède la terre pour créer Palestina, toute ressemblance avec ce qui se passa dans un coin de notre Moyen-Orient…). Et à peine arrivé en ville, il se retrouve mêlé à un meurtre et doit enquêter sur la disparition de sa nièce.
Sauf que… Aucune terre n'est promise n'est pas qu'une uchronie. C'est également une histoire de voyage entre les mondes, entre les différentes possibilités de la création. Certains ressemblant fort à notre propre monde, d'autres où les Juifs se sont réinstallés dans l'Israël biblique et vivent en bonne intelligence avec les autres populations dans un monde futuriste à la Central Station, d'autres où Jérusalem a été radiée de la carte, d'autres enfin où Homo Sapiens n'est jamais devenu l'espèce dominante… Et pour compliquer le tout, Lavie Tidhar nous raconte une histoire avec trois narrateurs, en changeant de point de vue à chaque fois : à la troisième personne du singulier quand nous suivons Lior, à la deuxième pour marcher dans les pas de Nour et à la première pour nous glisser dans la peau de Bloom, l'antagoniste. le tout fait de ce roman une galerie des Glaces où chaque chapitre est un reflet déformé du suivant ou une ouverture vers un ailleurs inattendu. Sans que nous ne sachions jamais ce qui est réel ou imaginé dans l'univers du livre, quels souvenirs des personnages sont vrais ou hallucinatoires. Et pourtant, l'écriture est fluide et l'on entre avec plaisir dans ce dédale avant d'en sortir avec quelques pistes de réflexion sur notre propre monde et sur la façon dont, à notre petite échelle, nous pouvons choisir d'agir ou nous sur ce qui nous entoure.
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Entre sa construction policière, ses ressorts fantastiques, ses éléments historiques, sa dimension religieuse et ses nombreuses trouvailles narratives et formelles, le livre de Lavie Tidhar a tout du livre total. Il souligne les dysfonctionnements de notre monde à la lumière de celui qu'il dessine et frappe fort. Plus qu'un "simple" roman de genre - une littérature dont l'auteur se moque gentiment à travers le (auto)portrait d'un écrivain raté et de son oeuvre caricaturale -, Aucune terre n'est promise est un livre critique sur la situation actuelle, le conflit permanent et surtout sur la condition juive d'une part et la spoliation des territoires d'autre part. En suggérant que, malgré quelques variations, nos erreurs tendent à se répéter, et en proposant un nuancier des schémas possibles, il comble quelques lacunes, invite à se retourner sur notre Histoire et à y réfléchir.
L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
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Une idée d'uchronie très intéressante (toute uchronie est de toute façon intéressante à mon sens, mais celle-ci a le mérite d'être originale par son sujet et son point de divergence avec notre monde) : les juifs se sont installés au début du 20e siècle sur des terres est-africaines nommées Palestina. Au détriment des populations des environs, hostiles, qui sont isolées par un mur. Toute comparaison avec notre monde ne sera sans doute pas une coïncidence…

Ce roman, c'est aussi une belle écriture, et un récit à plusieurs voix (ou plutôt à plusieurs personnes : je, tu, il).

J'aurais donc adoré cette lecture… si j'avais compris l'histoire ! Trop métaphorique pour moi, et pas assez explicite. J'ai eu un peu la même impression que lorsque j'avais lu "L'adjacent" de Christopher Priest : c'est tout aussi passionnant et confus à la fois.
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Je ne suis pas toujours à l'aise avec l'anticipation ou les textes qui s'en rapprochent, mais cette uchronie qui se mélange avec notre présent et notre passé pas si lointain avait quelque chose qui m'appelait. Ayant grandi dans les années 90 au son des représailles entre Israël et Palestine tous les soirs au JT, j'avais envie de tenter l'aventure.


C'est tout d'abord avec un vif plaisir que j'ai découvert la plume de Lavie Tidhar. Simple et efficace, celui-ci m'a parfaitement fait vivre et revivre ce qu'on traversé ses personnages juifs et africains, souvent déracinés dans un monde proche qui pourtant les dépasse. C'était très immersif et l'auteur nous prend bien par la main pour nous accompagner dans cette étrange aventure revisitant notre histoire récente, ce que j'apprécie également parfois. D'où, je m'interroge, pourquoi n'a-t-il pas été plus traduit chez nous, seulement 3 textes sur plus d'une vingtaine de romans ?

J'avais vraiment peur de ne pas être le public pour un tel récit même si la curiosité me démangeait. Mais en l'incluant dans une tonalité à mi-chemin entre thriller et récit historique, cela a tout changé. J'ai adoré dans un premier temps découvrir ce projet d'installation du peuple juif, non pas en Palestine, mais en Afrique noire, entre Ouganda et Kenya, pas loin de la Tanzanie. L'auteur nous raconte cela avec force de détails, rendant cela très réaliste et se penche avec brio sur ce que cela aurait de pareil ou de différent au quotidien. J'ai adoré cette relecture du problème d'un état juif et ce que ça pouvait en dire sur la décision prise dans notre réalité. L'auteur ayant lui-même vécu en Israël mais aussi en Afrique du Sud ou encore au Laos et à Vanuatu, je pense que son expérience de globe-trotter lui a parfaitement servie ici.

Ensuite, même si j'ai apprécié la dimension thriller du récit dans son écriture, son rythme et son énergie propre à nous entraîner à tourner les pages toujours plus vite, j'ai regretté que l'aspect uchronique soit un peu laissé de côté dans la seconde moitié du récit pour se focaliser sur l'action. Il y avait, pour moi, encore plein de choses à dire et raconter sur cette vie à Ararat City, sur ce mur de séparation en construction, sur les différents groupes d'opposants, etc, et je regrette qu'on ait planté un tel décor pour le délaisser et aller classiquement vers une intrigue plus proche du thriller et de l'espionnage. Non pas que cette partie-là soit mal écriture, mais je la trouve plus facile, plus classique, moins riche, par rapport à la proposition faite précédemment.

Cela m'a permis de noter une certaine confusion et précipitation dans l'écriture, qui certes correspond bien à ce qui se déroule et à son héros ballotté d'un événement à l'autre, mais qui rend la lecture moins claire. J'ai parfois eu l'impression que l'auteur ne savait pas trop où il allait et qu'il cherchait à se raccrocher aux branches, s'étant trop laissé entraîner par son récit et ne le maîtrisant plus... Mais paradoxalement, cela donne un sacré souffle au récit et cela rend la lecture de celui-ci très additif, rappelant les grandes heures du Maître du haut château (dont j'avais adoré l'adaptation à défaut d'avoir lu la saga >
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Culte, lumineux, perpétuel, « Aucune terre n'est promise » est la pierre angulaire d'une littérature hors pair.
« Aucune destinée n'est manifeste. »
Universel, un cri dans la nuit qui cherche sa place dans la voûte lactée.
Lior Tirosh est un emblème de haute puissance. Fil rouge de cette histoire qui se heurte aux fracas des existences. Écrivain trop méconnu, il est en errance entre les frontières qui assignent leurs violences et le panneau FIN.
Il rejoint Palestina : (une carte explicite se trouve en introduction). « Un territoire à la frontière de l'Ouganda partitionné pour devenir une nation juive. »
« Aucune terre n'est promise » voici l'adage de ce récit. Lior Tirosh est en quête existentielle. Soumis aux diktats des surveillances, des filatures, il est le bouc-émissaire des frustrations et des espoirs refoulés d'une patrie en souffrance. Palestina réfute la dualité, acclame l'identité marquée au fer rouge. La trame est souffle, désir et désespoir.
L'écriture sait le chemin, Lavie Tidhar est le double de Lior Tirosh, la mémoire de ce qui fût dans les rêves les plus utopiques. Dans ce grand livre il y a l'épars assemblé. La géopolitique, les religions, les croyances et les douleurs d'une initiation éprouvante. On ressent une filiation s'élever pour tous ces êtres apatrides et emmurés. Une compassion, l'envie d'écraser les murs et dans un même tempo accorder l'as de coeur aux fleurs sur les barbelés. Ici, il y a avant tout ce qui est notre contemporanéité. Clairvoyant, implacable, véridique, rien n'est laissé dans le hasard fictionnel. On ressent une gratitude pour ce beau texte.
« Je me souvenais des vaisseaux silencieux qui flottaient sereinement au-dessus du temple nouvellement construit sur le mont. de la tranquillité de cette vieille nouvelle terre, de la Judée, de Samara et de Gaza. Je me souvenais des collines de cyclamens et de coquelicots, effervescences roses et rouges s'étendant à perte de vue, et des villes récentes sur les rives de la Méditerranée, qui rayonnaient de lumière électrique. Mon Altneuland. Parfois, j'avais l'impression qu'il s'agissait d'un rêve, seulement d'un rêve. Il était difficile de savoir s'il avait jamais existé. »
« Aucune terre n'est promise » est une métaphore. Cosmopolite, il cède sa place à l'urgence des migrations intérieures et salvatrices. Sa force intrinsèque est un message de tolérance et d'estime pour la vie avant tout. Il interroge l'identité et délivre de par son intelligence loyale les clefs pour retrouver son appartenance à la terre-mère, fils et peuple. Ce macrocosme est de loin ce qu'il y a de plus censé et de plus mémoriel. C'est un livre doux comme de la soie dans son approche fraternelle et émouvant lorsque Lior Tirosh marche à l'aveugle sur la terre ferme. Ce livre est de loin une page d'Histoire à apprendre par coeur. Magistral. Traduit de l'anglais par Julien Bétan.Publié par les majeures Éditions Mu.
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Aucune terre n'est promise est un roman de science-fiction uchronique de Lavie Tidhar, dans lequel l'auteur les devenirs du peuple juif, à travers la mise en scène d'univers multiples, dont Palestina, un état juif à la frontière ougandaise, qui constitue une réalité possible parmi d'autres, qui se fracturent et s'interpénètrent peu à peu.
Grâce à une narration complexe qui donne le point de vue de trois personnages, à la première, deuxième et troisième personne, aux prises avec le tissu du réel, l'auteur interroge le pouvoir de la littérature et des questions politiques contemporaines, tels que la création de frontières toujours plus tangibles.
Aucune terre n'est promise était mon premier contact avec la plume de Lavie Tidhar, et vous recommande sa lecture ! J'espère que d'autres oeuvres de l'auteur seront traduites !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://dragongalactique.com..
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Dystopies multiples, autant de glissements à partir de territoire que l'on s'approprie, hommage aussi au pulps au tant que réflexion sur nos non-appartenances à L Histoire et à nos souvenirs. Aucune terre n'est promise ne propose pas seulement une réflexion, par décalage, sur Israël, Lavie Tidhar crée une pensée sur l'endroit, ses altérations, censée nous définir.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Le synopsis résumant de manière assez claire le récit, je ne vais pas en rajouter une couche. J'ai découvert le personnage de Lior comme étant quelqu'un d'assez peu sûr de lui, perdu même dans sa vie, ses désirs profonds… Tout au long du récit j'ai découvert que c'était un homme malheureux, en conflit avec son père, en manque de sa patrie, en manque de confiance en lui mais aussi avec un passé pas si lointain très douloureux. Malheureusement je ne peux pas dire que je me suis attaché a lui puisque j'ai plus été une spectatrice de son histoire.

Et parlons-en de son histoire. L'auteur nous livre ici un roman mi thriller mi science fiction. Son écriture est très fluide et surtout, j'ai beaucoup aimé la force de descriptions et le style d'écriture parfois très poétique. Étant fan de thriller évidemment que cette partie du roman m'a conquise mais j'ai également beaucoup apprécié les mondes parallèles de ce qui aurait pu être ou ne pas être. Je regrette d'ailleurs que ce fameux point n'ait pas été un peu plus approfondi. C'est un roman à la fois riche et intéressant qui mérite d'être lu et je ne regrette pas cette découverte même si je ne me suis pas plus attaché que ça aux personnages. le style d'écriture de l'auteur peut parfois déstabiliser passant d'un personnage a l'autre sans forcément prévenir le lecteur et tous parlant a la première personne mais c'est toujours très entraînant et fluide avec un rythme soutenu qui tient en haleine de bout en bout.

Pour conclure, j'ai apprécié cette lecture qui perturbe, bouscule et intrigue. On entre dans un monde entre politique, thriller et monde alternatif et je dois avouer que ça marche plutôt pas mal malgré quelques points négatifs.
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