« Femme perdra la France, vierge la sauvera, l'une de l'autre sortira. »
Cette prophétie dite de Merlin serait à l'origine d'un des mystères qui planent encore autour de notre bien fameuse Pucelle.
Comme tout mystère, il paraît bien difficile de délier le vrai du faux !
Toujours est-il que
Chantal Touzet a choisi, elle, dans ce troisième volet de « La reine violée » de croire en cette prophétie.
Non,
Jeanne d'Arc ne serait pas née à Donrémy en Lorraine. Non,
Jeanne d'Arc ne serait pas la fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Romée. Non,
Jeanne d'Arc ne serait pas fille de simple laboureur...
Voilà qui nous remue un peu !
Mais l'Histoire est loin d'être immuable. Il convient toujours de prendre du recul quant à certaines anciennes « vérités » annoncées. C'est cela aussi qui la rend si passionnante. On pourrait penser qu'une fois la messe dite, les historiens peuvent se la couler douce, mais c'est loin d'être le cas. Entre hypothèses et contre hypothèses, il y aura toujours du pain sur la planche !
Mais revenons à nos moutons, enfin, plutôt à notre bergère.
Au début de ce troisième tome,
Chantal Touzet revient sur l'épisode qui est à l'origine de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons : l'assassinat du Duc Louis d'Orléans, frère cadet de Charles le Fol par son cousin bourguignon Jean sans Peur, en 1407. Eh oui, non contents d'être aux prises avec leurs voisins (et cousins) anglais, les grands seigneurs de France vont se payer le luxe d'une petite guéguerre fratricide...
C'est dans ce contexte qu'on poursuivra le destin de la reine Isabeau de Bavière. Amante de son beau-frère Charles sauvagement assassiné, elle aurait pu se ranger définitivement du côté des Armagnacs défendant le clan Orléans contre les Bourguignons, mais Isabeau est avant tout une femme de caractère - qui ne supporte guère la tyrannie du comte Bernard d'Armagnac, devenu connétable - et là voilà oscillant entre les deux camps, tantôt fière louve, tantôt pauvre brebis égarée. C'est finalement vers Jean sans Peur qu'elle se tournera, vers les Bourguignons et vers leurs alliés... les Anglais.
On l' a longtemps considérée comme la pire des traîtresses, la pire des traînées, reniant son fils, vendant le Royaume de France aux Anglais...
Chantal Touzet brosse ici le portrait d'une femme ardente prise dans la tourmente de la guerre de Cent ans, subissant plus souvent les volontés d'hommes assoiffés de pouvoir, suivant son instinct de mère et surtout de femme amoureuse au détriment sans doute d'une réelle perspicacité politique.
Et la bergère dans tout ça, me direz-vous ?
Eh bien, la bergère ne serait autre qu'une enfant royale née des amours illégitimes d'Isabeau de Bavière et de son beau-frère Louis d'Orléans, sauvée des envies meurtrières du Fol roi Charles VI par celle qui jouera un rôle non négligeable en cette période bien troublée, la duchesse d'
Aragon, Yolande d'Anjou.
Je ne vous en dirai pas plus...
Bien évidemment, on y croit ou on y croit pas...
Peu importe finalement. L'histoire est troublante,
L Histoire bien plus encore...