A vrai dire, ce premier manifeste dada est assez cryptique. Il y en aura sept en tout, tout aussi obscurs, écrits par Tristan Tzara entre 1916 et 1920. « Sept manifestes DADA Lampisteries » (1963, Jean-Jacques Pauvert,156 p.). Il commence par un dialogue entre Mr Bleubleu, Mr Cricri, la Femme Enceinte, Pipi et Mr Antipyrine. Ce dernier a de la conversation « Soco Bgaï Affahou / zoumbaï zoumbaï zoumbaï zoum ». Je dois reconnaître que la critique aide beaucoup à la compréhension du texte. « Cette liquidation métaphorique de l'écriture phonétique instaure un syllabaire (dada) qui se définit par une sonorité (oralité) libre des contingences syntaxico-sémantiques. L'oral se trouve ainsi inscrit dans ces mots-syllabes agrammaticaux qui renforcent la nature bruitiste (lautgedicht) de la graphie tzarienne ».
Je ne sais pas si tout ça est bien sérieux, mais on peut au moins espérer se marrer au passage.
A tous les déçus du surréalisme qui ont trouvé toutes ces histoires un peu prise de tête, je conseille dada.
Un retour vers le futur bienheureux dans le passé du passé, et qui, à l'époque, chantait.
Si vous êtes très faibles, si vous êtes trop forts, si vous êtes malades, si vous êtes petits, si vous avez des ennuis, lisez mon livre, il vous guérira. Vous verrez que tout le monde est fou, vous verrez pourquoi la logique doit être supprimée ; tous les secrets vous seront dévoilés, la vérité n'existe pas ; le langage est un jeu d'enfants ; la morale et les lois de la causalité nous ont assez coupé la vie en morceaux, sous des formes différentes : art, philosophie, sociologie, politique, psychologie, etc. Si vous voulez redevenir des hommes pour entendre avec vos oreilles et parler avec votre bouche, si vous voulez savoir pourquoi il ne faut pas prendre au sérieux l'art, la morale, la religion, la politique, la grammaire qui, au début, n'étaient que des passe-temps, simples chansons comme le jeu des rossignols, lisez mes manifestes : vous pourrez m'écrire que je suis fou.
non point une citation mais une critique citée
critique qui aide beaucoup à la compréhension du texte.
« Cette liquidation métaphorique de l'écriture phonétique instaure un syllabaire (dada) qui se définit par une sonorité (oralité) libre des contingences syntaxico-sémantiques. L'oral se trouve ainsi inscrit dans ces mots-syllabes agrammaticaux qui renforcent la nature bruitiste (lautgedicht) de la graphie tzarienne ».
je reprendrais bien des moules.
Françoise Sagan : "Le miroir ***"