J'ai beau douter de la capacité de l'auteur à tenir 20 tomes au rythme qu'il nous propose dans cette série, je suis cependant toujours au rendez-vous et j'ai même pris un grand plaisir à ce tome très accès sport pour une fois.
Depuis le début de la série, le sport se fait un peu discret dans celle-ci alors qu'il est le moteur des aventures de notre héroïne championne en herbe. Mais ici, le mangaka a décidé de le mettre au coeur et la fan de shonen sportif en moi en fut ravie ! Yawara est aux J.O. de Séoul et
Urasawa nous plonge en plein coeur des matchs pour la médaille d'or de judo. Les matchs s'enchaînent, tout comme les termes techniques pas toujours facile à comprendre, surtout avec des notes en bas de pages intempestives pour moi qui souvent déteste ça. Mais malgré tout grâce au dessin vif et expressif de l'auteur on y prend grand plaisir.
En effet, les matchs sont très bien rythmés. Les filles enchaînent les prises et on sent bien tous les enjeux derrière que ce soit lors du match de qualification de Yawara qui met fin à la carrière d'une grande sportive, lors du match de Jody qui se remet à peine d'une blessure et ne voit que la finale qu'elle pourrait jouer contre son amie, ou lors d'une finale au goût de revanche où l'héroïne perd de vue son judo. C'est superbe à suivre ! Les prises s'enchaînent. On sent chaque coup, chaque manoeuvre, chaque impact.
Urasawa met cela superbement en scène alternant avec le regard de spectateurs plus ou moins avisés qui encouragent également les sportives. Celles-ci sont à fond dans leur match et donnent tout. Les matchs durent et pourtant on reste collé devant, se demandant jusqu'au bout si celle qu'on soutient va s'en sortir car il y a quand même du lourd en face. Il faut donc ruser, tout donner, puiser dans ces ultimes ressources et prises longuement étudiées et répétées. Passionnant !
Mais au-delà de ça, comme toujours avec
Urasawa, on a aussi un titre profondément humain. Ainsi, même si la figure du grand-père est et reste détestable dans sa façon plus que machiste et patriarcale de "gérer" la carrière de sa petite-fille, il pose en regard juste sur son judo. de la même façon, même si son père absent et parti loin d'elle, il continue à la suivre de loin et à penser à elle. Quant à Yawara, elle a beau dire, c'est sa famille qui a forgé celle qu'elle est, aussi bien sur qu'en dehors des tatamis et c'est bien à cause de sa vision de sa famille qu'elle en vient à douter. Certes, ce ressort imaginé par l'auteur est un peu gros. Qui va croire qu'une enfant de 5 ans a fait une chose pareille ? Mais au moins, cela permet de relancer l'intrigue et le rapprochement entre Yawara et notre cher journaliste qui la suit depuis le début et la soutient dans cette épreuve m'a fait grandement plaisir.
Dans le shonen sportif,
Urasawa est peut-être plus maladroit que dans les thrillers qui ont fait sa marque de fabrique. Il reste néanmoins un très bon conteur qui sait accélérer et densifier son récit quand c'est nécessaire pour nous offrir comme ici des chapitres de haute volée avant de repartir sur le tranche de vie humain qui lui est si cher. Une série qui sait me surprendre comme lorsque l'héroïne envoie son ippon !
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