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EAN : 9782812623578
416 pages
Editions du Rouergue (11/05/2022)
3.9/5   81 notes
Résumé :
Personne ne s’y était attendu : nous avons d’abord cru à une gigantesque farce, puis nos sourires incrédules se sont figés sur nos visages, les étoiles dans nos yeux se sont éteintes. Les fées sont arrivées, sorties d’on ne sait où, et ont transformé le monde et ses habitants. Elles nous ont offert une apocalypse couleur arc-en-ciel.

Sarah, Maylis la licorne et Léa la dragonne ont survécu. Ensemble, avec leur bibliothèque itinérante, elles mènent un v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Une licorne blanche qui aime être bichonnée, une dragonne rose sensible qui apprécie un bon livre et une humaine douée aux armes blanches, tiennent une bibliothèque itinérante de village en village dans un monde post-apocalyptique coloré avec ta palette arc-en-ciel.
Dans un souci d'améliorer le monde, les fées ont tenté de supprimer les infrastructures, l'électricité, les armes à feu, le système monétaire, etc… Et avec leur humour plus que douteux, elles ont transformé de manière aléatoire certains individus en chimères. On y rencontre donc des dragons, des dinosaures, des griffons, des centaures (multicolores bien évidemment) ...

Mais voilà, qu'un bonhomme accro à la cigarette, fait apparaître au gré de ses envies, des locaux du monde d'avant : une station essence, un cabinet de toilette de chantier, un square, et même un métro tenue par une bonne femme-araignée moche en costume de la RATP… Et cela déplaît très sérieusement tout ce que les fées ont entrepris pour que le monde d'avant s'éteigne à tout jamais (l'individu a la possibilité de faire quelque chose d'autre que je ne vais pas spoiler, à vous de lire). Elles décident de passer un contrat avec notre bande de bibliothécaires, pour attraper l'individu…


Et j'ai envie de crier au génie !!! Non seulement ce roman est très soigné, bien écrit mais l'imagination est au-delà de mes espérances ! Sans compter que la palette de couleurs nous immerge dans un monde post-apocalyptique absolument unique ! C'est très visuel et surtout : C'EST TRES TRES DROLE ! C'est classé en roman adolescent, mais il me semble que l'humour et les références culturelles concernent plutôt ma génération.

Un Mad Max psychédélique.

Attention, cela reste un roman post-apocalyptique, donc quelques passages pas marrants (Le racisme est toujours présent, certains veulent revenir au capitalisme et on sent un passif au moment où les Fées ont arbitrairement tout transformé, pas très réjouissant…)

Les histoires avec les Fées ne sont habituellement pas mon truc, j'étais attirée en premier lieu par le titre et zéro déception ! L'auteur et moi avons le même humour et pour un premier roman, je lève mon chapeau et je l'encourage très vivement à poursuivre !!! Merci Tristan, c'était trop fun !!! Continue d'écrire !
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Incontournable Juin 2022


Mention "Olibrius" Roman Ado 2022*


Comme ce fut le cas pour les romans "Félicratie" ou "Jimmy Diamond est une merde", quand j'ai vu ce roman, et pas que sa couverture, la fibre en moi qui résonne aux cas atypique a vibré. Non, mais regardez moi cet objet! Rose radioactif pour la tranche, un titre paradoxal dont la police et l'arc-en-ciel laisse entendre du vieux rock des années 80 ( en atteste les noms de groupes sur le manteau et le sac de la demoiselle enrosée [ Black Sabbath, Metallica, Nirvana et un autre que je n'arrive pas à lire], une dragonne couleur gomme balloune et une licorne qui semblent copines avec ladite demoiselle, qui a une dégaine qui rappelle à la fois van Helsing, Mad Max, Star Lord et Lara Croft réunis. Et là, on découvre que la quatrième évoque un monde post-apocalyptique peuplé de créatures issues du monde Merveilleux, mais dans un contexte où des Fées franchement pas commodes ont conquit le monde. Woh. Y a "Welcome to the jungle"de Guns N'Roses qui commence à jouer dans ma tête. Bref, impossible d'y résister.


Donc, au-delà de cette couverture assez équivoque, qu'avons nous? Un monde, le nôtre, près de huit ans après la conquête des fées sur celui-ci. Elles ont rasé des villes, fait disparaitre l'électricité, transformé nombre de citoyens en créatures au coloris ostentatoire (et très peu sérieux) et ramené l'humanité au temps du troc, des villages et des méthodes d'armement traditionnelles. À comprendre: si vous voulez poursuivre votre campagne d'autodestruction débile, abrutis d'humains, allez-y, mais faites le sans armes à feu. Dans ce monde où le colorie du drapeau de la parade gay semble bien banal, nous trouvons notre personnage central. Sarah Zenari, 20 ans, tient une bibliothèque ambulante avec ses deux collègues, la licorne Maylis et la dragonne Léa. Sur leur route, elles croisent une station-service, objet aussi inusité qu'une piscine hors-terre dans un désert, complètement neuve et d'une propreté fort louche. Et puis, il faut vous demander si vous risquez d'en croiser souvent en pleine forêt. Sarah décide d'y entrer ( vu les magazines cochons qu'on y trouve, c'est une trouvaille rarissime qui va ajouter de la valeur à son actuel catalogue). Mal lui en prit, car une Fée, Kala, débarqua et l'accusa non seulement d'avoir fait apparaitre cette immonde insulte à l'originalité, mais aussi d'avoir tué l'une de ses congénères. Après avoir défendu sa vie à grand coup de Manuel de mathématique, niveau seconde générale, Sarah parvient à rejoindre le prochain village, mais elle sera kidnappée en pleine nuit par une fée très singulière: Zerka,une administratrice, "scusez-la. Sarah est investie de la mission de trouver l'homme qui a fait apparaitre la station-service, dont les pouvoirs sont très dangereux. Une mission qui réveillera certains de ses vieux talents et qui impliquera une formidable quantité de personnes: plusieurs factions plus ou moins bras-cassées, quelques fanatiques évidemment timbrés, deux-trois couillon.ne.s qui se prennent bien trop au sérieux, une fée revancharde et nos trois bibliothécaires. Welcome to the jungle.


Bien que ce roman fasse parti du sous-genre de Science-Fiction appelé Post-apocalyptique, je lui ai trouvé un sous-sous-genre: le "Merveilleux Assombri". Loin des gentils lapins, des licornes pimbêches et des princesses écervelées, ont a au contraire un univers impitoyable, avec des créatures "magiques" qui ont plus en commun avec des mercenaires, des losers et des citoyens lamdba bien ordinaires. Rien de mignon ou de joyeux ici, on traite de forêts dangereuses, de Fées toute-puissantes qui ont une très mauvaise réputation et une santé mentale questionnable, des humains qu'on a transformés en griffons, en licornes, en lapins, en nagas, en dragons, en dinosaures plumés, etc. L'humanité n'est plus suprématisme, au contraire, elle survie comme elle peut. Tant mieux, au fond, la Nature a reprit ses droits, la pollution a disparu et on ne regrettera pas le fast food numérique qui enfarinait l'esprit des gros consommateurs d'écrans. Pas la peine de vous faire des films, ce roman là ne traite pas du retours à la normale d'une humanité orgueilleusement supplantée. "Merveilleux Assombri", donc. Un cauchemars au nuancier de jelly beans.


Contrairement à ce que pourrait laisser présager la couverture, quoique la dégaine de Sarah est un bon indice, il y a beaucoup de violence et même une partie vers la fin qui est carrément "trash". le contrat qui lie Sarah aux fées est de l'ordre de l'assassinat et même si certaines péripéties restent généralement tranquilles, certaines impliquent des meurtres, des bagarres sanglantes et des sévices psychologiques. Surtout vers la fin.


Le roman est raconté au "je" une bonne partie du livre, quand nous suivons Sarah. Quand nous sommes avec Maylis ou une autre personnage, on tombe au "il". Les chapitres sont relativement courts, près de 40 chapitres pour 400 pages.


À partir d'ici la critique contient des divulgâches - et des quelques commentaires un brin insolant.


Sarah est le genre de personnage que j'aurais adoré étant ado,parce qu'elle est d'un style très rare chez les personnages féminins et que c'est un personnage féminin réellement badass- pas l'une de ces pseudo rebelles qui revêtent du cuir, une couleur de cheveux funky et boivent avant l'âge légal, mais sont incapable de ne pas tomber dans la dépendance affective la plus affligeante. Sarah est un personnage "gris foncé", en ce sens où elle a un code moral boiteux, mais un minimum d'humanité. Elle ne cherche pas forcément à paraitre bonne et elle sait que son passé est peu glorieux, truffé de violence et ayant impliqué des actes de nature criminelle. Néanmoins, elle en est sortie et aspire à changer de vie, ce qui dénote une certaine forme d'indépendance de caractère et une capacité à faire un minimum d'introspection. Tout au long de sa mission, on perçoit que Sarah tâche avant tout de survivre et que les grandes aspirations de reconquête ou de théorie raciale la laisse de glace. C'est un personnage pragmatique et un brin cynique, mais elle attache de l'importance au sort de ses deux collègues et comprend que le monde ne se divise pas entre Blanc et noir. Et chapeau au concepteur graphique, Patrick Connan, qui lui a fait cette apparence aussi badass que stylée. Qui a dit que le rose ne pouvait pas être "virile"? Un dernier aspect que j'ai vraiment apprécié de Sarah est le fait qu'à aucuns moments elle ne se soit arrêté au physique des gars ou pâmée sur l'un d'eux. Sarah est l'une des rares héroïnes qui n'a véritablement pas d'intérêts amoureux ou sexuel et ça fait vraiment du bien de voir une fille penser à tout sauf à l'Impératif Masculin. Ah, et Sarah, toute proportions gardés, jouit d'une chance un brin insolente.


D'ailleurs, et ça aussi c'est rare en littérature ado: Aucune romance! Yeah! Qui plus est, il n'y a pas de "compagnon" masculin, vous savez, ce personnage secondaire qu'on colle au principal histoire d'être politiquement correct pour le lectorat ou en vue de la romance obligatoire susmentionnée? Nope, ici, on a nos trois protagonistes, les deux fées qui sont des alliés par procuration pas toujours sympa, plusieurs femmes à la tête de divers groupes, une Caporal, bref, beaucoup de personnages féminins qui ont une bonne tête et aucuns des rôles ultra-stéréotypés féminins. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de personnages masculins, mais pour une fois, ils sont moins nombreux, souvent moins importants et je note qu'à aucuns moments ils n'ont été macho. Aucunes allusions sexuelles, pas un geste sexuellement déplacés, pas de viols, pas d'allusions à un physique avantageux chez un personnage féminin. J'ignore si Monsieur Valroff s'en est rendu compte ou a conçu son roman volontairement en ce sens, mais pour une fois, je trouve que le roman met en valeur les filles sans tous les stéréotypes sous-jacents et implicites qui sont le lot des romans pour ado avec des héroïnes. C'est donc du vrai féminisme, à savoir, l'égalité entre hommes et femmes.


Maylis aussi était un personnage original. Elle a la réplique acerbe et sardonique, bien souvent, et elle ne laisse aucunement impressionner. Sauf quand la vie d'une amie est en jeu. Maylis est intelligente, perspicace et intuitive. Elle a aussi un côté très coquet, un trait qu'elle avait quand elle était humaine et qu'elle continue d'assumer. J'aime bien cette combinaison de "j'aime prend soin de moi sans être une cloche pour autant".


Léa a treize ans et la petite dragonne a assisté au massacre des siens, de sa mère plus spécifiquement. Elle en garde donc un état anxieux. Léa est naïve, parce qu'elle est jeune et que certains aspects lui échappent encore dans ce monde d'adultes, mais elle n'est pas non plus crédule. C'est un personnage au tempérament doux, qui n'aime pas la dispute et la confrontation. Sarah et Maylis ont souvent une attitude de grandes soeurs face à elle. Ceci-dit, Léa étant une dragonne, elle a officiellement le rôle du "garde-du-corps" puisqu'elle crache le feu ( maladroitement).


Les deux Fées, Kala et Zerka , tout comme la plupart des personnages, sont aussi très nuancés. Parfois, on sent leur volonté d'être droites et empathiques, alors qu'à d'autres moment, elles sont à la limite de la cruauté. Elles vivent avec une condition particulière: les Fées ne peuvent pas tuer. Sinon, elles se corrompt et cela signifie qu'elles seront rejetées par les leurs. Les fées sont globalement peu logiques, imprévisibles et peu enclines à faire de grandes réflexions. À certains égards, on dirait des petites filles un peu fofolles qui détestent tout ce qui est cartésien, froid, anguleux et cohérent. Sauf Zerka, qui est la tête administrative de sa région. Il en faut bien une pour penser logiquement et faire des stratégies. Fait notable: les Fées sont gay, puisqu'il n'existe pas de mâles fées. Kala tend dangereusement vers les travers moraux humains, pour sa part, mais s'adoucie au contact des trois héroïnes. C'est un personnage qui change beaucoup.


Je dois souligner un truc sur les fées. Oui, on les décrit comme des êtres qui ont l'air d'avoir une approche de la vie chaotique, voir une tête en l'air carrément encastrée dans les nuages. Certes lecteurs ont évoqué que cela n'avait pas de sens alors qu'elles sont aux commandes du monde. Je vous pose cette question : Ça fait du sens, peut-être, que les huit milliards d'abrutis que nous sommes courent à leur perte parce que l'argent, le pouvoir et le sexe nous rendent à ce point aveugles et débiles que la planète est pratiquement vouée à griller comme une toast? J'dis ça comme ça...


Parlant de changement, il me semble que "le changement" est un thème central. D'abord, nous avons un antagoniste qui opère des changements dans l'espace lui-même. Une station-service, une bécosse/toilette chimique, des cigarettes à la tonne, une station de Métro, il semble avoir des pouvoirs nihilistes et on l'appelle "le sorcier". Les changements qu'il apporte sont de plus en plus marqués et semblent devenir de plus en plus malsains. le mystère quand à son "pouvoir" est l'élément mystérieux du récit, surtout combiné au comportement pour le moins étrange de son dépositaire.


Le changement se voit aussi dans le monde en lui-même, forcé à se réinventer pour survivre. Certains ramènent des notions archaïques comme les théories raciales, d'autres tentent de ramener une forme d'ordre, qui rappelle le capitalisme et la monarchie. D'autres encore, ramènent le commerce. Ce qu'on voit dans cette histoire, c'est l'absurdité de certaines de ces idées, parce que le monde a définitivement changé. Pourquoi ramener des concepts qui étaient déjà mauvais "avant" l'invasion? Nostalgie? Espoir? Bêtise humaine?


Enfin, et j'aime bien cette dimension, il y a le changement des personnages. Sarah est non la moindre. Elle tient d'ailleurs un touchant discours sur ce qui l'avait menée à être ce qu'elle était: une meurtrière, une tortionnaire et une membre de gang. Ce qu'on en comprend est que les gens se retrouvent parfois dans des situations qui les dépassent eux-même, entrainés par l'effet de groupe, aveuglés par le besoin de survis et incapables de discerner le "besoin" du "crime". Dans un contexte de survie, les codes moraux, les conceptions du bien et du mal deviennent floues. Ce qui importe alors, c'est la capacité d'introspection, de pouvoir se regarder soi-même et se demander si ce qu'on y voit est en accord avec nos valeurs profondes, notre tempérament et notre code moral personnel. Si cela correspond à son "soi idéal", comme on dirait en psycho. En ce sens, Sarah est le genre de personnage qui a réussi à faire cette démarche, mais comme on le dit souvent, changer n'est pas simple. On ne change pas tant le tempérament ou les traits de personnalités, ils font parti de nous. En revanche, on peut changer les valeurs auxquelles on adhère et on peut tendre vers un idéal de soi. Dans la veine des changements chez les personnages, il y aussi toute la question des liens entre les trois héroïnes, qui sont malmenés, mais finalement plutôt solides.


Seul petit détail technique qui manquait au récit: les besoins de base. J'avais l'impression que Sarah et ses amies n'avaient jamais faim, jamais sommeil et ne vivaient aucun inconfort lié à l'hygiène. Compte tenu du contexte, ils auraient du souffrir des trois au moins de temps de temps. Je pourrais ajouter qu'elles n'ont jamais envie d'aller au toilettes, mais de manière générale, les personnages de roman semble n'avoir aucune vessie...


Aussi, j'apprécie le degré de vraisemblance du récit. Je m'explique: je reproche souvent aux auteurs/autrices américain.e.s de faire dans le sensationnel outrancier, rajoutant couches sur couches des drames inutiles et grandiloquents, du "sérieux" à la limite du ridicule et des improbabilités de scénarios à la Chuck Norris lassantes. Mais ici, les personnages sont parfois maladroits, ils font des erreurs stupides et ils ne sont pas parfaits. Certaines situations cocasses ne sont même pas le fruit des personnages, mais d'éléments extérieurs hors de contrôle. C'est ça la "vraisemblance". Une certaine forme de réalisme, pas dans le sens de "réel", mais dans le sens de "crédible". Ici, on reste à un niveau local, quelque part en France, avec une situation pénible, mais pas de taille à refaire le monde grâce à un micro-groupe de personnes, façon Divergente ( un exemple typique d'Invraisemblance totale).


En conclusion, je dirais que derrière les répliques comiques, l'humour noir, les éléments parfois absurdes et la présence des éléments de l'univers Merveilleux réappropriés, on a un degré de profondeur bien réel et une dimension très humaine. Un peu à la manière de Félicratie, de H.Lenoir. On oublie que les romans qui ont la fibre humoristique peuvent être très pertinents et humains. Je suis agréablement surprise par le traitement des personnages féminins, très moderne et féministe, par l'audace du style et par l'efficacité du rythme. Une chose est sure, on sort des sentiers battus et j'ai ici un roman de plus qui illustre qu'on a tort de bouder les personnages féminins. Des personnages comme Sarah, Maylis et Léa, on en mérite davantage et des genres malmenés comme le Merveilleux, ça s'apprécie.
Un "Olibrius" comme je les aime.


Pour un lectorat du second cycle secondaire, 15 ans +, qui peut aussi plaire aux jeunes adultes.


Pour les profs et les bibliothécaires: Il y a présence de jurons et termes grossiers, rien de très sévère, cependant. La dernière partie du roman contient de scènes d'un bon niveau de violence, et il y a des meurtres. Aucune présence de violence sexuelle.


* Qu'est-ce que cette mention? Une petite nouveauté personnelle de libraire qui aime mettre de l'avant les romans atypiques, originaux et inclassables ( ou presque). Ça n'a donc rien de très "glorieux", mais ça vous donne une idée du genre de livre présent ici.
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Hé bien hé bien ! Voilà ma pépite de 2022 ! Je suis tombée complètement par hasard sur l'Instagram de l'éditeur sur cette couverture qui détonne et pétille et j'ai tout de suite été attirée par le ton qu'elle annonçait : WTF et plein de couleurs ! Ça n'a pas loupé : Rainbow Apocalypse est un OVNI qui explose avec gourmandise comme les bonbons acidulés le font dans notre bouche.

Suivez ici les aventures de Sarah, bibliothécaire itinérante, accompagnée de Maylis, une licorne qui aime les gros mots et le franc-parler, et Léa, une dragonne fan de lecture remplie de sensibilité, dans un monde (et plus particulièrement une France) qui a subi une apocalypse, mais pas n'importe laquelle : celle des fées. Celles-ci ont supprimé la technologie pour laisser place à la nature et aux Chimères, résultats des transformations qu'on subit beaucoup d'humains. Alors que le trio est en route pour une nouvelle livraison d'ouvrages, se dresse sur leur chemin une station essence aussi flambant neuve qu'anachronique. Alors que Sarah y fait sa curieuse, elle finit par rencontrer une fée qu'elle va attaquer à coups de... manuel de mathématiques ! le ton est donné : bienvenue dans le monde décalé et rythmé de Tristan Valroff !

Mais détrompez-vous : on ne va pas passer son temps à rire. le roman prend toujours au fil des chapitres un ton plus sérieux que précédemment et la tension se fait toujours de plus en plus forte (tout autant que le plaisir de lecture !). La mission que se voit confier Sarah est en effet bien plus ardue que tout le monde ne le pense, vous et moi, mais aussi, chacun des personnages qui va croiser la route du trio. Et les rencontres que les filles vont faire au cours de leur road trip gentiment déjanté sont nombreuses ! Et quelles rencontres ! Tous les personnages qui vont croiser le chemin des protagonistes ont un petit quelque chose qui fait qu'on va les apprécier. Quelles soient anecdotiques ((big up au kangourou bleu !) ou qu'elles aient toute leur importance, les rencontres, mémorables, fleurissent ici et là, viennent colorer le récit et le ponctuer d'humour, de violence ou de légèreté. L'auteur maitrise la totalité de ses personnages (et de son bestiaire) sans exception, du plus petit passant au plus important d'entre eux, avec une palette de couleurs et de caractères très variée. C'est comme si l'imagination de Tristan Valroff était intarissable.

Quant aux personnages que l'on suit tout au long du roman, ils n'en sont pas moins géniaux. Jamais on ne se lasse d'eux ; on les découvre toujours un peu plus, les évènements venant souvent alors les atteindre, et les changer. L'héroïne badass, à laquelle je me suis attachée bien plus rapidement que n'importe quel autre personnage principal féminin, est en constante évolution, jusqu'aux toutes dernières pages où sa carapace pourrait bien se briser pour laisser entrevoir une certaine fragilité qui va résonner dans la relation qu'elle entretient avec Léa notamment, ou avec elle-même d'ailleurs. L'auteur, qui témoigne de temps en temps d'une certaine cruauté assez jouissive envers ses personnages, sait, par ailleurs, nous faire subir parfois un certain ascenseur émotionnel pour, en début de chapitre, nous faire mourir de rire et, en cours de chapitre, nous mettre un grand coup au coeur ou encore, pour rarement nous mener là où on s'attend à aller. Tristan Valroff a su m'étonner du début jusqu'à la fin ; il m'a surpris à malmener quelques-uns de ses personnages, alors qu'un certain ton léger prédominait dès les premières pages du roman.

Enfin, Rainbow Apocalypse aborde forcément quelques sujets importants comme l'écologie, la quête de soi, l'amitié, le passé ou la nostalgie, etc. Mais toujours entre les lignes, sans que les thèmes ne deviennent le sujet incontournable de l'histoire ni sans que celle-ci ne dépende d'eux. Ils font, finalement, des apparitions dans le roman tellement naturellement que ça passe tout seul, sans que le roman ne se veuille le porte-parole d'un mouvement quelconque. le roman n'en est pas moins fort pour autant : il excelle dans le divertissement, avec ses protagonistes parfaits, son univers riche, ses scènes d'action réussies, sa mission principale qui va repousser toujours plus loin les limites de ses intervenants et son juste dosage de violence et de sentiments. Il en devient rapidement un véritable page turner, effréné et captivant, créatif à souhait, tout bonnement excellent.

J'accorde ★ ★ ★ ★ ★ à Rainbow Apocalypse. L'univers que construit l'auteur est riche et original ; les personnages sont tous attachants et intéressants ; l'héroïne aux allures badass est en constante évolution ; la quête principale est maitrisée du début jusqu'à la fin... Avec Rainbow Apocalypse, je m'attendais à quelque chose de barré et j'ai adoré être surprise (voire choquée parfois) des tournures que la trame prenait doucement mais sûrement. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde et c'est assez rare pour moi de vouloir autant engloutir un roman qu'il faut le notifier ! Mon seul regret est sans aucun doute d'avoir entrecoupé ma lecture trop souvent à cause de ma fatigue. Ça n'enlève absolument rien au fait que Rainbow Apocalypse est, somme toute, parfait en tout point !
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J'ai dévoré ce roman. Commencé à une pause déj, terminé dans la soirée, il n'aurait pas fait long feu. Il faut dire que le road trip façon apocalypse au milieu des fées et des chimères, ça avait de quoi donner le ton et l'envie d'en lire toujours plus. Ça et le personnage de Sarah, nonchalante, cynique et badass à souhait (avec une (mal)chance incroyable) accompagnée de Maylis la licorne à la langue trop pendue et au flair indomptable ou encore la dragonne Léa, aussi douce que sensible au feu dévastateur. On peut dire qu'elles forment un trio pour le moins amusant et terriblement attachant entre joutes verbales et solidarité féminine au milieu du chaos. Peut-être qu'elles auraient vraiment pu être bibliothécaires itinérantes toute leur vie, ou bien diplomates à force d'intervenir entre les différents villages pour éviter des guerres fratricides. Sans la curiosité de Sarah qui la pousse à ouvrir la porte d'une station service.

Une station service. Vous avez lu comme moi ? Qu'est ce qu'elle fait là, la station service, alors que les fées ont anéanti toute société moderne au profit d'insectes gigantesques et de maisons en bois ? Et d'ailleurs que leur veut cette fée qui les attaque à coups de magie verte et qu'elles sont obligées de battre à coup de problèmes mathématiques ? (vous avez bien lu, j'ai toujours dit que l'algèbre était à mourir d'ennui, c'est chose vérifiée). Quoique, elle n'aurait sans doute pas dû faire ça. La voilà obligée de composer avec des fées pour assassiner un homme capable de magie et peut-être, même, capable de restaurer la modernité à ce monde détraqué tout en composant avec les bandes de joyeux lurons, parfois débiles, parfois juste violents, qui ont résisté aux fourmis géantes et autres joyeusetés qui en a tué plus d'un.

Pour ne pas vous mentir il y a bien quelque chose qui m'a agacée… ce sont les « ou bien ? » qui ponctuent parfois certaines questions x) Pour le reste c'était aussi étrange, loufoque, et drôle que ça en a l'air, un petit air de Félicratie de Hélène Lenoir pour celleux l'ayant lu, sauf qu'on ne tue pas des aliens à coup de poils de chat mais on blesse des fées à coups de mathématiques. Chacun ses ennemis et ses méthodes ! Pour autant, comme dans tout bon roman post apocalypthique, l'auteur pense aussi à construire des micro-sociétés fonctionnant bien plus comme des gangs que comme dans des sociétés civilisées, sévissant, asservissant, tuant et torturant tout sur leur passage, avec un petit peu de ségrégation (l'humain ne se refait pas, faut croire). Ce qui diverge c'est que notre héroïne, Sarah, n'est pas du tout rose dans cette histoire, elle y même plongée jusqu'au cou, et a participé activement à pas mal d'exactions dont elle tait les conséquences à ces amies mais qui ravissent au plus haut point les fées l'ayant engagée.

Il y a des choses qu'on voit venir (pourquoi tout le monde s'amuse à mentir alors qu'on SAIT avec tous les livres et tous les films qu'on a vu, que ça se retourne toujours contre soi), et d'autres qui surprennent (oh my god, la RATP j'avoue j'ai rigolé, avant d'ouvrir la bouche comme une carpe parce que j'étais choquée) ; en d'autres termes : c'est riche en rebondissements ! Et puis l'auteur y instille quelques éléments plus classiques comme les interdits des fées, choses que vous avez sans doute déjà dû lire dans d'autres romans comme l'interdiction de mentir (que tout le monde contourne d'habitude joyeusement grâce au mensonge par omission) qui se rapproche ici de l'interdiction de tuer (mais commanditer des assassinats par contre c'est ok).

Pour en rien vous cacher, mais en vrai j'aurais dû le voir venir, certaines parties étaient carrément trash d'hémoglobine et on verse un petit peu dans ce côté très dark que j'avais adoré dans Sortie 32B au Rouergue. Associé aux fées et aux lapins roses comment vous dire que c'est presque jouissif ! Autre réjouissance d'ailleurs : l'absence de stéréotype hétéronormé. Sarah ne s'intéresse à personne ni fille, ni garçon, d'ailleurs la seule qui remarque le physique de playboy d'un certain chef, c'est la licorne. Aucun personnage secondaire masculin ne fait son apparition, les fées semblent être essentiellement féminines, tandis que nos trois comparses s'identifient aussi à ce genre ; d'autres femmes, alliées ou ennemies font aussi leur apparition. Les hommes ne sont pas absents mais ça fait du bien de ne pas les voir au premier plan ni même au second, et encore moins en sauveteur ou moralisateur. Et c'est écrit par UN auteur, comme quoi c'est possible.

En résumé

Rainbow apocalypse est une petite bombe arc-en-ciel. Je sais j'ai paraphrasé le titre mais soyons sérieux.ses. deux minutes, comment pourrait-il en être autrement avec une héroïne bibliothécaire au passé trouble absolument badass, une licorne cynique et revêche, une dragonne douce et sensible, toutes les trois embarquées dans une affaire d'assassinat commandité par des fées qui ont le sens moral d'une huître et les facultés intellectuelles sérieusement perturbées, LE TOUT au milieu de bandes rivales se tirant dessus, de gangs foncièrement agaçants et d'apparitions aussi invraisemblables que des cabines de chiotte en pleine forêt ? mmmh ? Comment vouliez-vous que je ne kiffe pas ? Que je ne prenne pas un pied d'enfer à lire un roman de SF post-apo mâtiné d'éléments merveilleux particulièrement pervertis avec un bon taux d'hémoglobine et de trash ? Ai-je oublié de préciser qu'on s'éloignant aussi des stéréotypes de genres et que nos trois bibliothécaires n'ont besoin à aucun moment de présence masculine ? C'est génial. Et addictif. Tout simplement.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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Are you gonna be the same
When they'll make you change your name?
They just break us day by day
Into million of small pieces of rainbow

Emilie Simon
Rainbow


Notre monde a connu une apocalypse provoquée par les fées. Depuis c'est plutôt thème survival, nature et forêt, avec comme faune des humains et d'autres qui, au gré du hasard féerique sont devenus poney, chimeres, dragons, sphinx ou licornes. Et depuis c'est vachement mieux (d'après les fées) mais un énergumène s'amuse à faire apparaître des objets de la civilisation effondrée. Alors trois bibliothécaires ambulantes vont se retrouver chargées de le retrouver pour lui botter les fesses.

La fantasy pastiche et irrévérencieuse, à part le maître, Terry Pratchett, nombreux sont ceux qui s'y sont collés mais peu ont évité les écueils (l'histoire qui barre complètement en crabe, coucou Neil G, le coup de mou en moitié de bouquin, coucou Karim K, voire l'ensemble parti dans le vulgaire crasse pas drôle, coucou Martin S), aussi, Rainbow Apocalypse c'est le bouquin qui me faisait de l'oeil depuis un moment mais sans jamais oser l'ouvrir. Et aussi à cause de sa couverture qui vomit ses couleurs et ses personnages féérico-fantastiques comme d'autres chantent fort et faux sous la douche.

Mais en fait je n'ai pas connu tout ça. Ni les coups de mou, ni le vulgaire (par contre, il y a deux scènes bien gores, ce roman est à destination des djeuns à partir de 13 ans et euh... Si tu es impressionnable fais gaffe c'est visuellement très réussi), ni le résumé qui promet un kiff qui ne viendra pas.
C'est simple, il n'y a aucun temps mort, je l'ai avalé en deux jours, adoré les trois héroïnes, leur univers et leur quête. Ça manque peut-être à la toute fin (un poil précipitée) d'explications, je crois que j'aurais aimé étirer l'histoire sur quelques chapitres supplémentaires pour tout connaître et élucider.

J'espère néanmoins que ce livre n'est que le premier d'une longue série d'histoires pour Tristan Valroff parce que c'était tellement cool ! Que j'aimerais même faire partie de tes bêta-lecteurs, les p'tits veinards remerciés à la fin du bouquin.


Take my hand and see
We're still part of the rain-bow-ohohohoh-oh
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La créature du guichet n'a pas une tête à remporter des concours de beauté, certes. Mais des Chimères moches, tout le monde en a déjà vu. Ce qu'il y a de moins courant, c'est de voir des Chimères moches vêtues de l'uniforme de la RAPT : chemise blanche et cravate rayée de vert.
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- J'aimerais que tu meures au lieu de parler. Là, tu fais vraiment chier, je lui réponds.
- Mais je viens de mourir. Tu viens de le faire : tu viens de me tuer.
Oui. C'est aussi l'impression que j'ai eue. J'apprécierais seulement qu'il ferme sa gueule, comme tous les cadavres.
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Même s'il y a plus horrible que des lapins, je suis sûre qu'ils auraient préféré mourir. Pour des gens qui passaient leur temps à faire chier les Chimères, je crois qu'on peut parler de justice poétique.
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Mon regard se porte vers le tourniquet à livres. Des noms connus, des best-sellers. Et puis de la fantasy (dans notre catalogue, ce n'est pas ce qu'on nous emprunte le plus, j'imagine que c'est l'époque qui veut ça).
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Ce sont les héritiers des mecs en sarouels qu’on voyait gratter leur guitare au parc municipal (ou, dans le pire des cas, taper sur leur djembé), ce sont les héritiers des mecs qui animaient des ateliers de capoeira et de slam thérapeutique. Beaucoup espéraient qu’ils disparaîtraient avec l’apocalypse mais, miraculeusement, ils sont toujours là.
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