Les mondes de Magnus Ridolph

Les dix récits qui composent cette intégrale Magnus Ridolph ne constituent pas à proprement parler un roman car il n’y a pas de continuité narrative entre eux, chacun est totalement indépendant vis-à-vis des autres.
Ce recueil donne l’occasion à Jack Vance de donner libre cours à toute sa fantaisie, en nous faisant visiter des mondes particulièrement exotiques et en décrivant des créatures tout à fait pittoresques, et à toute son ingéniosité, en mettant en scène un Hercule Poirot du futur qui trouve une solution à des énigmes particulièrement intrigantes grâce à son extrême sagacité !

1) Pas de veine !
Un conducteur de travaux sur une planète extraterrestre fait appel à Magnus pour découvrir le pourquoi et le comment d’une série de meurtres : 33 personnes ont été assassinées dans des pièces closes !
2) Un raccourci pour Sanatori
Magnus, grâce à de savants calculs, s’enrichit à un équivalent du loto et résout une étonnante énigme concernant un dangereux malfaiteur.
3) L’immonde McInch
Magnus est chargé de découvrir l’identité d’un criminel mystérieux qui terrorise la population de la planète Sclerotto habitée par de nombreuses races extraterrestres, dont les descriptions sont tout à fait savoureuses.
4) Les sardines de qualité inférieure
Des boîtes de sardines extraterrestres ont été sabotées : leur contenu s’éparpille dans les airs dès qu’on les ouvre !
5) Les butors hurlants
Magnus fait l’acquisition d’un domaine agricole étonnamment bon marché ; il découvre trop tard que sa propriété est ravagée par des créatures particulièrement coriaces…
6) Le roi des voleurs
Magnus se rend sur la planète Moritaba pour obtenir la concession de gisements de cristaux précieux ; mais sur cette planète le vol est un art de vivre pratiqué par toute la population, y compris par son souverain !
8) Le Spa des étoiles
Les touristes d’un hôtel sont assaillis par différents types de créatures terriblement agressives : comment s’en débarrasser ?
9) Les guerriers de Kodod
Magnus accepte une « mission impossible » ! Non seulement il doit mettre un terme aux agissements de deux individus qui s’enrichissent en organisant des excursions touristiques pour assister aux affrontements meurtriers des peuples de la la planète Kodod, mais il doit également mettre un terme aux affrontements eux-mêmes !
10) Coup de grâce
Un archéologue est assassiné : qui a fait le coup ? Une succession d’interrogatoires permet à Magnus de découvrir un coupable inattendu…

Autant de récits qui suscitent la curiosité du lecteur et qui s’achèvent par des chutes tout à fait astucieuses.

P.-S. : cette intégrale reprend l'édition présentée dans le volume Emphyrio et autres aventures (Denoël, collection Lunes d'encre) ; les éditions antérieures (Galaxie bis / Presses Pocket ) ne contiennent que les nouvelles 3, 5, 6, 7, 9 et 10 dans une traduction différente.

Je précise tout de suite que j'ai lu Magnus Ridolph l'intégrale dans le recueil « Emphyrio & autres aventures », donc une traduction plus récente et avec deux nouvelles supplémentaires par rapport au poche Pocket (pour l'édition Hélios je ne sais pas).

Pas besoin d‘instaurer un long suspense : ce recueil est génial.
Hormis les deux dernières, plus tardives, ces nouvelles ont dû faire le bonheur des lecteurs du pulp Startling Stories entre 1948 et 1950 (entre parenthèses, j'aurais aimé être un lecteur américain à l'époque rien que pour avoir le plaisir d'acheter tous ces pulps de légende). Jack Vance est encore au début de sa carrière – avant Les cinq rubans d'or et Les avaleurs du vide – et pourtant son talent à mixer l'humour aux péripéties policières sur des planètes exotiques en présence de sociétés aux moeurs inédites est déjà explosif.

Les premières nouvelles – Pas de veine !, Un raccourci pour Sanatoris et l'Immonde McInch – m'ont tout de même un peu inquiété car Magnus Ridolph, détective hors-pair se révèle trop bon : il découvre tout et ne laisse pas le moindre indice ou la moindre fausse piste au lecteur. Du coup l'intérêt des nouvelles réside surtout dans l'ébahissement de ses faire-valoir et de la chute toujours futée.
Mais les suivantes modifient la donne. Plus centrées sur l'escroquerie que sur le meurtre, elles sont l'occasion de confronter notre détective affairiste à des tas de filous de haute volée. Jack Vance y réalise un concerto de dialogues de grande politesse, de menaces voilées et de mensonges artistiques de toute beauté. Et chaque fois les particularités exotiques des planètes visitées jouent un rôle majeur. C'est du Mozart !
A noter que dans Le cycle infernal, l'auteur utilise pour la première fois les particularités d'un système stellaire à plusieurs étoiles dans son intrigue. Il reprendra l'idée dans Marune, Alastor 933.

La dernière nouvelle – le coup de grâce, datant de 1958 – revient au meurtre sous la forme d'un Hercule Poirot dans l'espace où Magnus Ridolph résout l'affaire grâce à une technique de… d'ethnologie comparée, pourrai-je dire ? C'est aussi imparable que du Holmes.

Je ne m'attendais quand même pas à quelque chose d'aussi bon. Et durant ma lecture, je n'ai pu que rêver que l'auteur écrive un récit mettant face à face Magnus Ridolph et Cugel. La planète mourante n'y aurait pas survécu.

Premier roman que je lis de Jack Vance, auteur bien connu de science-fiction. Et je peux dire que j'ai adoré cette première rencontre ! Dans Les mondes de Magnus Ridolph, on suit Magnus Ridolph, un détective de l'espace qui mène enquêtes et missions pour des particuliers à la recherche de tueurs ou afin d'empêcher des paris sur la planète Kokod ou pour trouver un moyen d'empêcher les Hurleurs de saccager un terrain acheté un peu précipitamment. La logique de Magnus est particulière puisqu'elle obéi aux lois qui régissent les mondes mais c'est ça qui fait son charme du livre et du personnage.
J'ai apprécié l'humour de Jack Vance, les différentes espèces exotiques qui peuplent les nombreuses planètes de l'espace, les descriptions tout en couleurs de l'auteur. Six petites histoires que j'ai pris plaisir à déguster : la première et la dernière, surtout, sont excellentes. le roman date de 1955 mais il a remarquablement vieilli. Juste un petit bémol sur la fin un peu précipitée de la troisième, pour chipoter un peu. Une belle entrée en matière, je poursuivrai ma découverte de cet auteur, tout me fait envie !

Je vais faire court, je suis en vacances et j'ai pas trop la tête à écrire de longs avis. Superbes enquêtes pour ce Sherlock Holmes du futur, mi-scientifique mi-aventurier.
Le dépaysement est total, on sent le goût du voyage de l'auteur ici. Les descriptions sont excellentes, l'humour omniprésent, c'est bien traduit.

On a juste un petit goût de trop peu tant c'est court, et on aurait envie d'en lire un peu plus !

Crimes et châtiments dans l'open space.
Tributaire de son solde bancaire, reflet d'investissements parfois hasardeux et de revenus souvent irréguliers, Magnus Ridolph loue ses capacités logiques et déductives hors normes pour se renflouer et continuer à vivre décemment, avec élégance et désinvolture. Sa silhouette mince, sa barbichette blanche soignée, ses gestes mesurés et sa parole châtiée vont à l'encontre de l'image stéréotypée du baroudeur de l'espace, tanné, couturé, musculeux, physiquement apte à s'extirper des multiples pièges intersidéraux que les Zorglug ricanant sèment dans leur sillage. Appelé à résoudre des cas incompréhensibles, Magnus Ridolph fera des hypothèses et choisira la plus invraisemblable, garante de la solution adéquate. Souvent moqué par ses employeurs pour ses mines, Ridolph sait orienter les événements pour obtenir gain de cause, quitte à dévier la trajectoire des astres.
Recueil de nouvelles aux vertus apéritives, « Magnus Ridolph » apporte des ingrédients savoureux mais ne rassasie pas. le but n'est pas là. Raconter, imaginer, divertir pourrait constituer une trilogie vancienne s'épanouissant ici. Les nouvelles d'une vingtaine de pages n'ont pas la prétention d'édifier des mondes mais plutôt de les esquisser pour en apprécier les quintessences. L'entrée en matière de l'oeuvre inaltérable de Jack Vance est réussie. Bien que tous les dénouements des nouvelles soient au moins étonnants, au plus incroyables, le bien-être du lecteur réside dans la peinture des moeurs extraterrestres chez les ligneux, les poissons, les humano-insectoïdes ou les bonzes amis avec les chutes idoines, mélancoliques ou comiques ainsi que dans les attitudes, les adaptations et la compréhension des mondes exogènes et des comportements humains par Magnus Ridolph. du grand art !