C'est très intéressant de lire un livre primé près de cent ans avant notre époque. Il n'a pas reçu n'importe quel prix: celui de l'Académie française.
Il est tout à fait indéniable que ce roman brille par son côté suranné! L'auteur nous raconte une époque déjà passée. Nous sommes vers 1870 et l'auteur se fait parfois le complice du lecteur pour nous expliquer que les personnages du livre vivent déjà en marge de leur époque dans une nostalgie qui n'est pas de leur temps. Alors près de cent ans plus tard... Ici j'ai rencontré une époque complètement révolue, qu'on ne trouve que dans les livres. Cette noblesse d'état et de terre qui essayait de s'incarner dans les actions est anachronique pour moi en 2022.
Mais quelle plume! J'ai pu finir ce roman grâce au style. Certes il est désuet, mais que c'est bien écrit!
Je ne saurais que conseiller de rencontrer un jour ces personnages du passé, qui essayaient d'être à la hauteur de l'endroit où ils se sentaient placés par leur naissance. Ces personnages qui avaient une conscience de ce qui les obligeait et qui avaient des dilemmes qui nous semblent totalement abscons et qui n'étaient pas pour autant manichéens.
Mais surtout de rencontrer cette langue, toute en nuances, qui manie la poésie en prose, les figures de style, les belles tournures de phrase tout en n'étant pas pédante.
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Un des grands romans de Jean de la Varende.
Un jeune homme tiraillé entre sa passion pour le Cheval (dans toute l'acception noble de la race chevaline) et sa vocation sacerdotale.
On retrouve dans ce roman tous les ingrédients de l'oeuvre de Jean de la Varende : voyage historique, grande fresque, histoire familiale, grandeur d'âme de personnages au coeur pur. Mais les questionnements intimes sont, comme dans la trilogie d'Anville, décrits avec une humanité et une précision qui rendent ce roman si touchant.
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La Bare avait, bon an, mal an, deux ou trois jeunes fils de fermier dont il payait les études au séminaire, non sans raillerie : "Encore un qui tourne mal, disait-il en rentrant, le fils aîné des Fortier qui se veut prêtre!" Mais immédiatement, il lui faisait faire à la ferme une chambre isolée dans les combles pour que le néophyte pût échapper au déshabillage en commun; le plaisantait d'ailleurs, jusqu'à l'apparition de la soutane - moment où il l'invitait à sa table. Alors, pour conforter le jeune lévite dans sa timide aisance, le marquis déployait des sciences extrêmes de courtoisie affable, de bonhomie gentille, dont même à l'office on admirait l'effort et la réussite. Il tutoyait encore le petit prêtre, mais l'appelait "l'Abbé". Et l'enfant s'en allait grandi, pour lui-même, pour les autres, avec le sentiment que son sacerdoce l'ennoblissait comme une couronne.
On pouvait croire que le marquis fût bon chrétien, en considérant ses dons, son respect pour les démonstrations officielles du culte, pour ses ministres. La Bare se collait à deux genoux dans la glaise, quand il rencontrait un prêtre allant porter la communion à un malade, aux champs. Il renonçait à la chasse, rompait ses chiens pour suivre, et finissait par s'agenouiller au premier rang des assistants dans quelque chaumine pourrie.
Le marquis Amélien Hordon de la Bare possédait deux fils légitimes; l'aîné répondait au nom de Manfred, et sans doute avait-on pour lui dépensé toute l'imagination de la famille, puisque l'autre fut nommé simplement Gaston comme son grand-oncle.
Mademoiselle de Corday
Jean de la Varende
Éditions Via romana
Initialement paru en 1939, ce portrait psychologique de Charlotte Corday est l'occasion pour l'auteur, royaliste et contre-révolutionnaire, de reconnaître la diversité des oppositions à la Révolution française. Il résume l'essence de l'assassin de Marat à une identité fantasmée : fille de gentilhomme, païenne, vierge, viking et normande. ©Electre
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