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Albert Bensoussan (Traducteur)Daniel Lefort (Traducteur)
EAN : 9782072860546
310 pages
Gallimard (11/02/2021)
4/5   12 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
Dans Le poisson dans l'eau (Gallimard, 1995), la première partie de son autobiographie, Mario Vargas Llosa partageait avec ses lecteurs deux périodes décisives de son existence : d'une part, les années de son enfance, de son adolescence et de sa jeunesse, entre la maison d'Arequipa où il est né en 1936 et son premier voyage en Europe, en 1958 ; d'autre part, les trois années qu'il a consacrées à parcourir le Pérou, entre 1987 et 1990,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci" nous dit Albert Camus dans L'homme révolté. A explorer l'oeuvre de Mario Vargas Llosa, voilà une assertion que l'on peut mettre au crédit de l'oeuvre de ce dernier. de la même façon qu'avec cet ouvrage dans lequel le prix Nobel de littérature convoque sa tribu, ceux-là même qui ont concouru à la genèse de sa pensée politique, à l'instar d'un Albert Camus il sait revêtir le costume du philosophe. Philosophie qu'il applique ici à la politique avec cet ouvrage autobiographique dans lequel il nous décrit l'évolution de sa pensée en la matière. Comme pour beaucoup, la maturité formant l'homme, elle a évolué de l'utopique vers le pragmatisme libéral.

Libéralisme dont il nous détaille sa conception. Se défendant de le réduire à une recette économique des marchés libres, l'orientant vers une « doctrine fondée sur la tolérance et le respect devant la vie, d'amour de la culture, de volonté de coexistence avec l'autre et sur une ferme défense de la liberté comme valeur suprême. » Mais selon lui, le libéralisme ne fonctionnant qu'avec des convictions morales solides l'intervention de l'Etat peut s'avérer nécessaire selon un dosage subtil qui devra écarter toute tentative d'hégémonie du collectif sur l'individu. L'écueil étant cet étirement vers les extrêmes que le discours populiste tente de faire, à droite comme à gauche.

Evoquant au passage le paysage politique français, qu'il connaît bien pour avoir séjourné en notre pays, Mario Vargas Llosa met en avant le fait que les belles intentions affichées au fronton de nos édifices publics peuvent comporter leur lot de contradiction. « Ainsi pour établir l'égalité, il n'y aurait d'autre remède que de sacrifier la liberté, d'imposer la contrainte, la surveillance et l'action toute puissante de l'Etat. Que l'injustice sociale soit le prix de la liberté et la dictature celui de l'égalité – et que fraternité ne puisse s'instaurer que de façon relative et transitoire, pour des causes plus négatives que positives, comme celui d'une guerre ou d'un cataclysme qui regrouperait la population en un mouvement solidaire – est quelque chose de regrettable et difficile à accepter. » Mais selon lui, ignorer ces contradictions serait plus grave que de les affronter et c'est sans doute la raison de son engagement en politique, non seulement dans son oeuvre mais aussi dans ses actes. N'a-t-il pas été candidat, certes malheureux, à l'élection suprême en son pays en 1990.

Dans l'appel de la tribu, Mario Vargas Llosa invite les penseurs politiques qui ont concouru à forger sa conviction, depuis le précurseur de la pensée libérale au 18ème siècle, Adam Smith, jusqu'à des Raymond Aron et Jean-François Revel au 20ème siècle. Intellectuels qu'il situe parmi les derniers célèbres pour l'originalité de leurs idées et leur indépendance, nos contemporains du 21ème siècle étant quant à eux plus préoccupés de leur image et du spectacle qu'ils donnent en apparaissant dans les médias.

Romancier philosophe ou philosophe romancier, quelle que soit l'étiquette que l'on collera au personnage on ne peut être qu'emporté par l'érudition du personnage et le talent qu'il met au service d'un humanisme lucide, vertu en laquelle il voit la sauvegarde de toute société.

L'homme est un animal politique selon Aristote, Mario Vargas Llosa l'a bien entendu et n'est pas resté spectateur des choses de ce monde. Avec cet ouvrage il nous offre l'occasion de mieux comprendre l'univers dans lequel évolue beaucoup de ses personnages romanesques. Sachant qu'avec lui de chaque roman il faut tirer une philosophie.

L'ouvrage foisonnant de substantifs en « isme » demande un effort d'implication. Il est révélateur de la puissance conceptionnelle du personnage, de ses hauteurs de vue lui permettant dans ses romans de disserter sur la complexité de l'animal social qu'est l'homme. Sa force étant de garder un discours à la portée de son lecteur le plus humble, sans toutefois amoindrir la force du message.
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J'avais posté une première critique de ce livre lors de sa sortie, dans laquelle je regrettais qu'un auteur du talent de Vargas Llosa perde son temps à écrire des libelles politiques alors qu'il a tellement mieux à faire. Ce genre d'ouvrages, le premier politicien venu (ou son negre ) en est capable, mais il n'y a que Vargas Llosa qui puisse écrire La Tante Julia et le scribouillard, La guerre de la fin du monde, la série des Lituma. Je persiste et signe.
Cependant j'ai souhaité refaire cette chronique en raison de l'élection de l'auteur à L Académie Française, que je salue, et des réactions honteuses qu'elle provoque, de plusieurs côtés qu'on s'étonne de voir ainsi tomber d'accord.
D'une part Monsieur Zemmour s'indigne de voir couronner un écrivain hispanophone, de l'autre un collectif d'"intellectuels" s'en étonne au nom de positions politiques qu'ils lui reprochent.
C'est l'union sacrée des cuistres de tout poil, incapables de comprendre que le talent littéraire transcende la langue et les engagements politiques ( présentés par ailleurs de manière très partiale)
J'ai par ailleurs revu la note, qui s'adresse désormais à l'auteur et non au livre en question Et après tout il est bien écrit, et en tout cas mieux que les livres et factum des critiques de son élection.
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Certains auteurs semblent avoir le don de la clarté. Cet essai démontre due Mario Vargas Llosa en est pourvu.
Il y livre son parcours intellectuel du communisme de son jeune âge au libéralisme qui l'anime depuis longtemps déjà en l'illustrant par les sept auteurs qui l'ont le plus marqué et influencé: Adam Smith, José Ortega y Gasset, Hayek, Popper, Raymond Aron, Isaiah Berlin et Jean-François Revel.
Il les évoque avec admiration et tendresse dans rien cacher de leurs limites, expliquant leurs approches et leurs pensées de façon limpide.
Un grand livre de référence pour qui a envie de comprendre - à rebours des critiques qui cherchent encore et toujours à la démoniser, frustrés dans doute par son succès pluri-centenaire - la pensée libérale qui a permis l'émergence du monde que nous connaissons, à l'enseigne de la Liberté.
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L' APPEL DE LA TRIBU de MARIO VARGAS LLOSA
Entre mémoires et essai, Llosa nous entraîne dans son parcours intellectuel qui le mènera du marxisme le plus orthodoxe à un libéralisme avec revalorisation démocratique avec Camus, Orwell ou Koestler. Dans les années 50, sous la terrible dictature d'Odria, il participe activement à une cellule marxiste. Il cessera toute activité au retour d‘un voyage en URSS en 68 avec la découverte des camps ainsi que d'un autre voyage à La Havane.
Après cette introduction, il va analyser successivement tous les économistes comme Adam Smith, José Ortega Y Gasset, von Hayes, Karl Popper, Raymond Aron, Isaiah Berlin, et Jean François Revel à travers l'étude succincte de leurs écrits les plus connus comme La Richesse des Nations, La Route de la Servitude, La Société Ouverte et ses Ennemis, L'opium des Intellectuels, La Révolution Introuvable, La Tentation Totalitaire ou Comment les démocraties finissent.
Un livre passionnant qui montre le cheminement intellectuel de Llosa, né comme la plupart des très grands écrivains Sud américains sous des dictatures de droite extrêmement dures et qui assez naturellement cherchèrent un chemin avec la philosophie en vogue de l'époque, le communisme.
On est à des années lumières du Llosa romancier de la Fête au Bouc ou du Rêve du Celte.
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critiques presse (3)
LaViedesIdees
12 octobre 2021
Prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llosa a aussi été un homme politique, engagé à droite. Dans cet essai de vulgarisation, l’écrivain péruvien rend hommage aux philosophes qui ont forgé sa conception du libéralisme.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
LaLibreBelgique
18 mars 2021
Dans "L’appel de la tribu", Mario Vargas Llosa l’essayiste nous présente ses auteurs politiques de prédilection. Tour d'horizon de sept philosophes du libéralisme.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
15 mars 2021
Le Prix Nobel 2010 publie, presque trente après son premier volet, la suite de son autobiographie. « L’Appel de la tribu » retrace son évolution politique, de Castro au libéralisme, et sa résistance à toute forme d’oppression, grâce à la littérature.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pas intelligentsia qui fait l'histoire. En général, les peuples sont meilleurs que la majorité de leurs intellectuels: plus sensés, plus pragmatiques, plus libres au moment de décider sur les questions sociales et politiques. (pp.310-311)
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Nous vivons dans la civilisation du spectacle et les intellectuels et les écrivains qui figurent parmi les plus populaires ne le sont presque jamais pour l'originalité de leurs idées ou la beauté de leurs créations ou, en tout cas, pas seulement pour des raisons intellectuelles, artistiques ou littéraires. (p.237)
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Dans les démocratie occidentales, l'idée de la planification économique s'est ouvert la voie sans que ses promoteurs comprennent que ses conséquences seraient, tôt ou tard, la réduction de la liberté dans tous les domaines, non seulement l'économique, mais aussi le politique, le culturel, l'individuel. (p.127)
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Personne n'a mieux résumé que Hayek les bénéfices de tous ordres qu'apporta à l'être humain ce système d'échange que personne n'inventa, qui naquit et se perfectionna en fonction du hasard et, surtout, l'irruption de la liberté, cet accident dans l'histoire humaine. (p.113)
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La doctrine libérale est le symbole de la culture démocratique - celle de la tolérance, du pluralisme, des droits de l'homme, de la souveraineté individuelle et de la légalité - le fleuron de la civilisation. (p.283)
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Vidéo de Mario Vargas Llosa
Avril 2011 Mario Vargas Llosa parle de Pedro Camacho - "La tante Julia et le scribouillard"
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