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Nathalie Bauer (Traducteur)
EAN : 9782757814574
285 pages
Points (17/09/2009)
3.05/5   28 notes
Résumé :

À Grottole, dans la province reculée du Basilicate, les aventures extraordinaires et quotidiennes des Falcone, une famille italienne dont la généalogie s'étend de 1861 à 1989. Concetta, Giustina, Giuseppina, Angelica, Albina, Candida... ce sont elles, les mères courageuses, les grands-mères obstinées, les tantes restées seules avec leurs rêves, les belles jeunes filles qui rapportent, à la façon d'un chœur antique, " mille ans d'histoire " et nous entraînent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Cette saga familiale s'étend de 1861 à 1989, elle a pour cadre le Basilicate, une région très pauvre du sud de l'Italie. De génération en génération, les personnages sont nombreux. Un arbre généalogique est proposé au lecteur dès le début du roman et on y a souvent recours. Le village des protagonistes vit sa vie misérable, encadrée par la pression sociale et par les préjugés, voire les superstitions. Les grands événements historiques de l'Italie (unification, entrée en guerre de 1915, montée du fascisme, seconde guerre mondiale, chute du communisme en URSS) sont clairement évoqués, dans leur relation avec la vie de la famille.

L'unification italienne intègre tout le Sud de la péninsule au royaume du Nord, qui parait tout à fait étranger aux autochtones; des bandits s'opposent au nouveau pouvoir. Dans ce contexte, Concetta donne à Francesco, un riche propriétaire foncier, son seul fils… après avoir accouché de six filles ! C'est dans cette lignée que l'on trouve tous les héros successifs de ce roman, dont beaucoup de femmes. Chaque personnage est bien individualisé: on sent que l'auteure s'est s'inspirée d'individus réels. La modernité s'introduit progressivement dans cette famille particulière et dans le village. Les idées nouvelles – y compris le fascisme et le communisme – font leur apparition dans ce coin reculé. Les personnes commencent à bouger à travers toute l'Italie. Au fil des pages, on entre franchement dans la période actuelle, que le lecteur connait mieux.

Ce livre est donc à la fois une saga familiale, une peinture de moeurs et une chronique historique. Il est réussi, peut-être trop long (mon intérêt a un peu faibli après le milieu du roman), écrit dans un style direct et vivant, voire parfois foutraque. Comme d'autres écrivains italiens contemporains, Mariolina Venezia mérite d'être découverte.
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Où le jour de la naissance d'Oreste est vraiment un jour spécial ;

Où le coeur des cadettes a tendance à mariner dans le vinaigre … surtout dans les fratries de 6 soeurs ;

Où les problèmes de confection peuvent retarder un mariage ;

Où Rocco, apeuré par l'orage, s'éprend de sa petite truie ;

Où la faim touche tous les villageois et enlève précocement les enfants ;

Où Gioia connaît un destin contrarié.

L'incipit


« Fais-moi un papier car je ne me rappelle plus rien. Ni les prénoms de mes enfants, ni qui était mon père. Je l'aurais toujours dans ma poche. D'accord, je te le fais »


Comment en suis-je arrivée là ?


En fouinant sur les étals d'une librairie … Roman italien ? Auteur encore inconnue pour moi ? Fresque historique ? Portraits de femmes ? Emballé, c'est pesé.


De quoi s'agit-il ?


Concetta, une pauvresse des Pouilles, est la maîtresse de Francesco, qui lui a promis le mariage à condition qu'elle mette enfin au monde au garçon – et ce jour de 1861 naît Oreste, le premier garçon après six filles. A partir de cet évènement se déroule une jolie fresque familiale, du milieu du 19e siècle jusqu'à la fin du 20e, avec ses exils, ses regrets, ses amours et ses incompréhensions fatales, qui nous emmène des bas-fonds des sassi de Matera, aux campagnes de Pouilles en pleine réforme agraire, des bals et ders foires de villages à la naissance du Parti communiste italienne ; au fil du roman, les femmes conquièrent au fur et à mesure une place dans la famille et la société italienne : l'une d'elles est la première à porter des pantalons, l'autre une minijupe, une autre encore la première à faire des études ou à quitter le bourg familial …


La citation


« S'il ne perdit pas complètement la tête, ce fut grâce à un sachet d'olives noires au sel que sa mère lui avait donné avant le départ. Il en mangeait une chaque soir en la mâchant lentement avec le pain qu'il mettait de côté à midi, et la saveur de la chair saumâtre lui ramenait à la mémoire son nom, le visage des membres de sa famille, le souffle chaud de ses frères qui dormaient avec lui, le grommellement des animaux, les odeurs et les sons de sa maison ; elle lui permettait de transformer l'angoisse en nostalgie, l'effroi en regret, la démence en résignation » (p. 85).


Ce que j'en ai pensé :


On traverse plus d'un siècle de la « grande histoire » italienne, mais on a du mal à la croire, car le roman est assez court, ce qui donne au final un effet assez étourdissant. Et on entre dans l'histoire par le petit bout de la lorgnette, de manière indirecte, par les destins des hommes – et surtout des femmes – qui survivent sur cette âpre terre de Lucanie, à peine effleurés par les soubresauts politiques et sociaux, seulement lorsqu'ils bouleversent leurs existences. Un bien beau tableau, composé de destins de femmes exceptionnelles à bien des égards, quoique très différentes les unes des autres : de Gioia la révolutionnaire, à ses aïeules Candida, Albina ou Concetta. C'est une histoire tendre, même si on regrette parfois la vitesse du tourbillon qui nous entraîne et débouche sur une certaine forme de mélancolie. Les personnages sont particulièrement attachants (on a l'impression de les avoir toujours connus !), dans leur quête de dignité et de bonheur, même ceux qui ne le seraient pas a priori se révèlent en fin de compte profondément humains – et il s'agit vraiment d'un roman très humaniste. C'est aussi un bel hommage aux Pouilles, terre méconnue mais ô combien émouvante. Les générations s'enchevêtrent et se superposent (voir le parallélisme entre Franceszco et Gioia, repris au dernier chapitre), créant un sentiment troublant de continuité. L'écriture est poétique, avec parfois des passages au style très ciselé, mais toujours très fluide. On accroche très vite au bouquin qu'on a du mal à lâcher une fois entamé ! Il y a un souffle qui traverse l'oeuvre, un rythme bien particulier qui l'habite. J'ai vécu mille ans, par le côté fresque et les portraits de femmes, évoque parfois le très bel Art de la joie de Golliarda Sapienza.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Ce roman raconte l'histoire souvent rocambolesque d'une famille italienne dans le sud de l'Italie de 1861 à la fin du 20ème siècle. Dès les premières pages, le lecteur est pris par le beau style enlevé et poétique de l'auteur qui ne manque pas d'humour non plus.

Les personnages de cette saga sont certes très nombreux mais grâce à l'habileté de l'auteur, le lecteur ne les perd pas de vue pour autant. Les figures féminines (Concetta, Albina, Candida, Lucrezia) sont très marquantes ; ce sont toutes des femmes fortes, capables de tout face à l'adversité. Elles se révèlent lors de scénettes très imagées et très distrayantes.

Les histoires d'amour ou de haine s'enchainent au fil des générations sans jamais être ennuyeuses.

Ce livre a aussi un intérêt historique car l'histoire de l'Italie est toujours en toile de fond de cette saga familiale : unification italienne, brigandage, révoltes paysannes et nouvelle répartition des terres cultivables, immigration pour échapper à la misère, guerre de 14, avènement du fascisme, brigades rouges..

Aussi j'aurais été encline à donner une très bonne appréciation de ce livre pour l'inventivité du style et la force des personnages si la fin de m'avait pas tant déroutée et terriblement déçue. En effet, le dernier personnage féminin Goia, héritière de toutes les générations précédentes, vivant au 20ème siècle, me semble complètement raté et insaisissable. Avec ce dernier personnage, le style lui-même se dégrade et l'intrigue devenue très confuse se termine en queue de poisson. Quel dommage !
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J'ai vécu mille ans est une formidable saga familiale, une fresque vivante ou se mèlent les destins petits et grands qui ont façonné l'Italie contemporaine, le portrait d'un monde terrien dure et superbe.
Les personnages "hauts en couleur" et les situations tour à tour tragiques ou cocasses sont portés par une langue vivante et imagée qui n'est pas sans rappeler les films de l'âge d'or du cinéma italien.
Ce roman a obtenu le prestigieux prix Campiello 2007.
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Une saga familiale qui s'étend de 1861 à 1989 et dont le cadre est le Basilicate, une région du sud de l'Italie. Un arbre généalogique nous situe dès le début du roman et il faut y avoir recours souvent tout au long de la lecture. Les grands événements historiques (unification de l'Italie, montée du fascisme, guerres, chute du communisme en URSS) sont effleurés et laissent plutôt place aux bouleversements qu'ils créent chez les membres de cette famille. C'est très typique, écrit dans une langue colorée et grandement évocateur.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Lucrezia dissimulait dans un trou, près de la cheminée, ce qu'elle arrivait à économiser. Elle aurait préféré mourir plutôt que de le placer à la poste.
Mais elle continuait de s'y rendre pour s'enquérir de l'argent que son mari y avait déposé et inviter l'employé à le lui verser. Elle repartait en murmurant entre ses dents blasphèmes et malédictions, puisse la foudre lui tomber sur la tête, à lui qui avait son trésor et qui refusait de le lui donner : Et pourtant il lui aurait permis d'acheter un domaine, de le cultiver et de payer des études à son fils. Mais elle se débrouillerait pour lui offrir des études, par respect pour son serment et par vengeance, elle l'entretiendrait jusqu'à ce qu'il apprenne à lire et à écrire, dut-elle cracher son sang.
Le soir, la pauvre femme fabriquait descontient-moi en chaume, réparait les besaces, rempaillait les chaises. Elle réussit à s'acheter une poule qu'elle plaça sous son lit. Chaque matin, elle donnait un oeuf frais à son fils et, au printemps, la faisait couver. Elle tuait un poulet et le servait à Rocco le jour de sa fête. Les autres, elle les vendait. Grâce à l'argent mis de côté, elle acheta un porcelet à la foire, une femelle rondouillarde et bruyante à la queue en tire-bouchon.
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Elle était en train de se déshabiller.
Vincenzo la contempla un instant sans piper, puis il lui sauta dessus avec la fureur d’un assoiffé du désert, lui qui n’était plus autorisé à la toucher depuis des lustres. Mais elle ne le repoussa pas : une étrange idée avait soudain germé dans son cerveau.
Vincenzo posséda sa femme avec violence, s’enfonçant dans ce qui n’était plus pour lui qu’un mirage et son cœur malade faillit sortir de sa poitrine. Albina le sentit battre comme un tambour contre ses seins, battre de plus en plus fort, puis sursauter et s’écraser.
Elle s’attarda un moment sous lui. Le poids de son corps était agréable. Elle s’en extirpa non sans peine puis le retourna. Vincenzo affichait une expression de bonheur, ce plaisir même qui l’avait, un instant, envahie elle aussi en traitre. Elle lui dispensa une caresse rapide car, à force de lui faire la guerre tout au long de ces années, elle s’était attachée à lui, bien que ce fût jamais au point de le contenter. Enfin, elle lui ferma les yeux afin de chasser les pensées qui lui, venaient à l’esprit.
C’est ainsi que les prières de Candida furent exaucées. On célébra les fiançailles dès que le deuil prit fin
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1969. Grand mouvement populaire. Des barrages s'élèvent partout,parce que la vallée du Basento n'a pas droit aux financements gouvernementaux destinés à l'industrialisation. des usines,nous voulons des usines. Stop à l'émigration.
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La tâche la plus ardue consistait à éloigner ces hommes (ouvriers maçons) des six soeurs: les autoriser à vivre sous le même toit équivalait,en effet, à héberger le loup dans la bergerie ou à tenter le diable. Concetta fut donc obligée de monter la garde jour et nuit afin que ses filles soient épargnées et les dégâts limités aux jeunes voisines qui venaient l'aider aux travaux domestiques.
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(p. 100)

Personne, à Grottole, n’avait jamais été aussi heureux que ces deux-là. Tandis que le village glissait vers la guerre, Candida et Colino s’abandonnaient sans remords à leur amour conjugal. Albina grommelait en secouant la tête car, dans la région, le bonheur était un état dont seules pouvaient s’approprier les personnes convenables: le malheur était plus stable, plus sûr et en fin de compte plus digne. Mais elle ne pouvait le dire ouvertement parce que Colino apportait à la maison du pain et parfois de la viande, qu’il cachait sous son manteau pour ne pas blesser les autres villageois. Cependant, les paradis sur terre ne sont pas faits pour durer, et Colino reçut lui aussi la carte postale qui l’appelait sous les drapeaux.
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