Lorsque quelqu'un agit avec générosité et qu'on le loue pour cela, il n'est pas rare de l'entendre dire : "C'est naturel. A ma place, vous auriez fait la même chose." Lorsque, à l'inverse, quelqu'un fait quelque chose de choquant, la remarque est : "C'est contre nature." Presque spontanément, nous associons morale et nature. Mais a-t-on raison de le faire? Si l'on est généreux par nature, c'est que l'on n'a aucun mérite à cela. Pourquoi dès lors louer le généreux? "Il est né généreux", devrait-on dire. "C'est sa nature. C'était son destin d'être généreux." Félicite-t-on quelqu'un d'avoir les cheveux blonds? De même, il faudrait être logique et ne pas se récrier face à un acte contre nature. Car, si la morale est naturelle, l'immoralité l'est aussi. Quelqu'un est-il avare? C'est sa nature, devrait-on dire. D'ailleurs, les avares ne s'en privent pas. Ni les voleurs. Quand on leur reproche de faire ce qu'ils font, ils invoquent la nature pour dire qu'ils agissent ainsi parce qu'ils sont ce qu'ils sont. On le voit donc, traiter la morale en terme de nature est plus qu'ambigu, puisque cela revient à donner trop peu aux uns en leur enlevant tout mérite et trop aux autres en les déchargeant de toute responsabilité.
On peut chercher à comprendre la vie ainsi que le monde en se demandant d'où vient la vie et où elle va, ce qu'est le monde et comment le connaître. Pour nécessaires et passionnantes que soient ces questions, elles ne sont cependant pas suffisantes. Car, que veut dire comprendre la vie et le monde? A-t-Il vraiment compris la vie celui que sa compréhension de la vie n'a pas aidé à vivre? Non. Pour avoir compris quelque chose de la vie, il faut vivre ce que l'on a compris. Et donc vivre.
Le respect, loin d'être une attitude extérieure, est le sentiment le plus élevé que l'on puisse avoir à l'égard d'autrui, en étant une distance ouvrant sur autrui.
Il faut bien vivre, comme nous l'enseigne à le faire l'éthique. Mais pour bien vivre, encore faut-il ériger le bonheur en vertu, ce que nous apprend la morale, avec son sens de la vertu.
Il vaut mieux ne rien faire que faire les choses à contrecoeur. Car, montrer à l'autre que l'on se force pour-lui, c'est au fond, lui signifier qu'on le rejette. Ce qui enlève toute valeur au don qu'on peut lui faire. On a donc raison de dire que seule l'intention compte et, par là même, que l'intention sous la forme de la bonne intention est le fond même de la morale. La bonne intention résidant dans le fait d'aimer, seul le fait d'aimer compte au fond. Faisons sentir à l'autre qu'on l'aime, d'une façon ou d'une autre, celui-ci sera touché et, nous-mêmes, nous aurons triomphé de l'égoïsme et gagné en humanité. Trop se forcer n'est pas vertueux.
Bertrand Vergely est venu à La Procure présenter son livre "Dieu veut des dieux : la vie divine" paru aux éditions Mame.
Retrouvez le livre : https://www.laprocure.com/dieu-veut-dieux-vie-divine-bertrand-vergely/9782728928903.html
Inspiré par les textes bibliques et la tradition philosophique occidentale, l'auteur invite à penser la plénitude de la vie à la lumière du concept orthodoxe de theosis, la déification. La divinité est comprise comme la substance des aspirations profondes de chacun. ©Electre 2021
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