Bob Morane, tome 6 : Les Bulles de l'ombre jaune (BD)

A la fin du tome précédent intitulé "Les Sortilèges de l'Ombre Jaune", pour vaincre Monsieur Ming malgré son duplicateur la team Bob Morane l'avait laissé dérivé dans l'espace infini enfermé dans un cercueil de matière vivante indestructible (car comme tous les super-vilains dignes de ce nom, Monsieur Ming a une machine programmée pour se cloner en urgence en cas de défaite fatale : cela aurait mieux que l'auteur ou l'éditeur l'explique au lieu des voies impénétrables de la Toile). Il échoue finalement sur une planète perdue, et l'alien gazeux surpuissant qui l'habite est trop heureux de fusionner avec ce nouvel arrivant pour faire de nouvelles expériences… Et le premier acte de Monsieur Ming enfin libéré de son exil spatial est de se venger de ses vieux adversaires !
Dans cette 35e bande dessinée, adaptation du 99e roman de la saga "Bob Morane" intitulé "Les Bulles de l'Ombre Jaune" et réalisé en 1977, c'est donc tout naturellement que les bulles bizarres de la série "Le Prisonnier" enlèvent Bob Morane, Bill Ballantine et Sophia Paramount pour les conduire dans une zone noire hors de portée de la Patrouille du Temps : nous retrouvons donc nos héros et notre héroïne à Niviork en 3322 où s'affrontent les Khops, morlocks WASP déguisés en flics new-yorkais, et les Enfants de la Rose, éloïs métisses déguisés en hippies New Age, qui tous vivent sous la domination de la divinité électronique Ubémé qui chaque 4 juillet exige son lot de sacrifices humains…
Nous sommes dans un tome graphiquement séduisant, avec un William Vance en grande forme, qui sent bon la SF des années 1960/1970 genre "La Planète des singes" ou "THX1138", tout en lorgnant sur la SF vintage genre "La Machine à explorer le temps"… L'alchimie prend bien et on sent presque arriver le film culte "New York 1997" (remember Snake Plissken ^^), et derrière l'affrontement entre Khops et Enfants de la Rose on devine la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis entre la jeunesse réformatrice (pléonasme) et forces de l'ordre conservatrices (pléonasme). La lutte contre Ubémé est malheureusement un peu expédié, parce qu'il fallait bien caser Monsieur Ming, son allié alien et la Patrouille du Temps… Une modernisation de ce tome donnerait à coup sûr un truc supracool !

Prisonnier de la gangue de matière vivante du zungowll, l'Ombre jaune est condamné à errer de planète en planète, d'astre en astre, de galaxie en galaxie, enfermé dans un cercueil de matière vivante et indestructible.
Voilà le sort qui lui a été réservé par Arthur et Merlin du peuple des galactiques à l'épilogue du chapitre précédent, "les sortilèges de l'Ombre jaune".
Un jour cependant, une planète, couleur de souffre et couverte d'émeraudes, offre un asile à l'errant de l'espace. Posé sur ce monde inhospitalier, le fragment de zungowll et son captif auraient pu demeurer oubliés durant des années lumières si il n'y avait pas eu une mystérieuse vapeur rose et un vaisseau venu de Gnur....
Plus tard, bien plus tard, de mystérieuses bulles vertes apparaissent soudainement, enlevant Bob Morane, Sophia Paramount et Bill Ballantine, pour les abandonner en plein coeur d'un New-York, en ruine, envahi par la jungle et, sans doute, bien loin dans le futur par rapport au vingtième siècle....
L'adaptation en bande dessinée de ce cinquième chapitre du "cycle du temps" des aventures de Bob Morane est le fruit de la collaboration entre William Vance et Henri Verne.
Le dessin de l'un sert magnifiquement l'imagination de l'autre.
New-York a, jadis, été détruite au cours d'une guerre atomique. Les survivants se divisèrent en deux clans.
Ceux, touchés par les radiations, formèrent la race des "Khops", sortes de zombis vêtus d'uniformes de police et obéissant aveuglément à Ibémé qui règne en toute puissance sur la nouvelle "Niviork".
Les autres, indemnes, se groupèrent en une communauté non violente : "les enfants de la rose".
Avec ce chapitre post-apocalyptique de ses aventures, Bob Morane fait une incursion de plus en pleine science-fiction.
Le graphisme efficace et moderne de Vance fait merveille et offre au récit d'Henri Verne une résonance nouvelle.
Initialement publié dans les pages du journal "Nouveau Tintin", en 1977, cet album est peut-être le plus réussi de toutes les adaptations en bande-dessinée des aventures du commandant Morane.
En tous cas, il est celui que je préfère.