Émile
Zola s'est progressivement intéressé à l'affaire Dreyfus pour finalement être convaincu de l'innocence de l'officier juif et s'engager dans sa défense. le 14 janvier 1898 il publie un article dans l'Aurore au titre provocateur « J'accuse… ! ». Une lettre ouverte au président de la République
Félix Faure mettant en cause l'antisémitisme des accusateurs d'
Alfred Dreyfus. Cela marque le début des ennuis judiciaires pour le célèbre écrivain, contraint dès lors de s'exiler pour échapper à une condamnation à une année de prison.
Arrivé en Angleterre dans le plus grand secret (et dans des circonstances quelque peu rocambolesques),
Zola ignore combien de temps va durer son exil, mais il sait qu'il doit se cacher pour éviter que lui soit notifié son jugement par contumace. Dans ce jeu du chat et de la souris,
Zola peut compter sur quelques amis anglais, notamment son éditeur et traducteur,
Ernest-Alfred Vizetelly. Un homme qui lui est complètement dévoué et va veiller sur le célèbre romancier pendant presqu'un an.
Pour Vizetelly et surtout pour
Zola, ce long exil est une période d'alternance de stress et de calme, assortie pour l'écrivain de la découverte d'un pays qui ne cesse de le surprendre par sa cuisine (détestable selon lui), son architecture, ses us et ses coutumes. Un temps long qu'Émile
Zola consacre aussi à l'écriture, aux rares visites d'amis triés sur le volet et à la lecture quotidienne des journaux anglais pour suivre l'évolution de l'affaire Dreyfus (il se met à l'anglais en partie dans ce but).
C'est d'ailleurs dans les colonnes de ces mêmes journaux que
Zola découvre enfin, à son grand soulagement et à celui de ses amis, les rebondissements de l'affaire qui lui permettent d'envisager un retour en France : le suicide du colonel Henry, auteur du faux à l'origine de la condamnation de Dreyfus, et la mort de l'anti-Dreyfusard acharné, le président
Félix Faure. Toutefois le retour n'est pas immédiat, l'affaire est encore trop passionnée pour
Zola ne risque plus rien de la part de ses ennemis.
Racontée avec précision et humour par
Ernest-Alfred Vizetelly, un témoin essentiel, l'histoire passionnante et assez méconnue d'un exil que
Zola s'était promis d'écrire sans pouvoir le faire, la mort ne lui en ayant pas laissé le temps.