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Christophe Claro (Traducteur)
EAN : 9782267014839
469 pages
Christian Bourgois Editeur (18/02/1999)
3.64/5   11 notes
Résumé :

Dans ce roman-mosaïque composé de treize récits et de treize épitaphes qui se reflètent et s'illuminent, William T. Vollmann explore avec minutie et humanité les différents mécanismes de la perte.

Qu'il s'agisse d'une ville que l'on quitte, comme San Francisco, d'amis que l'on perd de vue, d'une femme qui s'éloigne ou tout simplement de la vie qui s'en va, les formes de désarroi varient, et avec elles les solutions de survie.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
À force de trop habiter son écriture, un écrivain risque d'expulser complètement ses lecteurs potentiels de son territoire mental (et de son livre).
C'est exactement ce qui m'est arrivé ici : manquant d'air, au bord de la suffocation, je pris rapidement fuite. J'abandonne.
Et pourtant, faut reconnaître que j'avais été averti d'entrée de jeu.
Dans une note introductoire et très sibylline, William T. Vollman m'avait bien prévenu que ses histoires étaient censées conduire le lecteur jusqu'à un terminus où l'attend... «une épitaphe» !!
Au secours !! « Excusez la poussière », Miss Parker, mais moi je vais me tirer avant le pire..!
Le premier récit, «Le Spectre du Magnétisme» , le seul que j'aurai réussi à lire jusqu'au bout (je me demande comment d'ailleurs...) m'a immédiatement fait penser au très illisible William S. Burroughs, à cette écriture qui m'est personnellement insupportable, au style abusivement hasardeux et elliptique, façonnée quasiment au «cut-up», volontairement sans queue ni tête, procédé littéraire qui avait peut-être pu trouver tout son sens à un moment donné mais qui, depuis, a largement fait son temps...
Quel intérêt, dites-moi, à refaire aujourd'hui, par exemple, la «Fontaine» de Duchamp ou le «Carré Noir» de Malevitch?
Exercice littéraire qui s'avèrerait donc, de mon point de vue, purement gratuit et vide.
Baise et défonce, alcool et prostituées, junkies et psychopathes, vieux cons et paumés, pornographie et armes à feu, personnages néanmoins sans aucune épaisseur humaine, le tout jeté en vrac...Récits censés être enrobés, selon la quatrième de couverture du livre, d'un « style à l'élégance monstrueuse» - pourquoi pas ?- mais qui à mon sens ne fait autre chose que regarder son nombril, ou encore censés explorer «les mécanismes de la perte» mais qui n'en extraient pour autant rien d'exaltant ou de sensible, rien de vivant ou de poétique... À quoi bon alors tout ce tapage?
Toujours dans sa note introductoire (je crois que finalement c'est ce que je préfère dans ce livre..), l'auteur, dans ce qui ressemblerait à une sorte de fulgurance autocritique - ou peut-être juste à un tic postmoderniste ? -, se demandant si, malgré ses convictions, il n'avait pas «raté» son début, finira par conclure que cela n'a absolument aucune importance : de toute façon, «les mots sont froids et morts», déclare-t-il.
Oui, tout à fait d'accord, Bill!
On essaie de recommencer mieux ailleurs, oké ?
Quant à moi, je ferai mieux d'aller dépoussiérer mes Bukowkski et mes Cossery...



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William Tanner Vollmann un nom à retenir. Il est né en 1959 dans la Cité des Anges. Il est écrivain, journaliste et essayiste. Il s'intéresse à l'histoire, la violence et à la prostitution. Ces treize récits sont pour la plupart une satire sociale de la société américaine contemporaine. Il s'abandonne à ses obsessions, les amitiés, les relations, les addictions, le sexe, la violence, la mort. J'ai aimé deux des textes : "Dans l'Omaha" où il est question des grands-parents du héros et la dernière épitaphe : "La Tombe des histoires défuntes" Où Edgar A. Poe affronte le démon.
Il faut avoir du souffle pour lire ces récits. Longues phrases avec des digressions dans le passé et dans des villes imaginaires. Il pratique la langue et les styles avec malice et justesse. Il n'est pas cru dans ses descriptions de la nature humaine. C'est un auteur que je vais suivre assidûment.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Et donc je pris un car à Greyhound pour Los Angeles qui s'arrêtait dans toutes les petites villes du désert. Le type assis à côté de moi était un vieux boulanger adorable, quatre-vingts ans bien sonnés, qui avait fait cuire des tourtes toute sa vie. Je suppose qu'il est mort à présent. Il venait d'une de ces villes de l'Owens Valley où les champs bruissent de jets d'eau propulsés par les arroseurs mécaniques qui forment des arc-en-ciel brouillés au-dessus des ouvriers agricoles, des éoliennes, des colonnes d'alimentation et de la luzerne verte, mais les rues des villes, là-bas, étaient toujours poussiéreuses comme les cours intérieures des maisonnettes en pisé où roulaient les buissons d'amarante ; là-bas les devantures craquaient, la poussière apportée par l'air donnait aux Whites et aux Sierras la couleur de son bleu de travail. Je suppose qu'il savait presque tout ce qu'il y a à savoir sur la confection des tourtes. Les tourtes étaient d'un blanc nuageux quand il les mettaient dans le four et elles en ressortaient toutes brunes, croustillantes et parfumées aux fruits californiens. L'été dernier, pour son soixante-dix -neuvième anniversaire, il avait pris sa retraite, mais même encore aujourd'hui il aimait faire des tourtes. Je le voyais à présent tel qu'il était : un bouddha à la perfection onctueuse, au parler doux et serein comme un ventilateur qui tourne sans bruit et vous rafraîchit les nuits d'intense chaleur. Aussi l'ajoutai-je à mon panthéon des hommes divins, étant disposé à vénérer en lui le dieu des tourtes et des murmures. Son meilleur ami était à l'hôpital, aussi lui avait-il préparé quelques tourtes aux pommes. Elles étaient encore chaudes et sentaient le four ; tout le long du trajet j'inhalais leur parfum. Il me parla des dizaines d'années passées devant la porte du four au petit matin, et moi je ne cessai de me répéter Quel homme merveilleux ! voici au moins une personne dont la vie a été agréable et utile à tout le monde ; nous arrivâmes à Los Angeles à la nuit tombée et il me serra la main. Je me dis que je ne le verrais plus. Mais les probabilités sont étranges. De même qu'il y a de fortes chances pour que, dans un groupe de seulement trente personnes ( non pas trois cent cinquante et quelques, comme on pourrait le croire), deux soient nées le même jour, de même, alors que je rentrais à Los Angeles, cette fois-ci dans un car pratiquement vide, je revis mon ami et, ravi, allai m'asseoir à côté de lui. Lui aussi me retrouva avec plaisir, les heures s'écoulèrent au gré joyeux des tourtes jusqu'à ce que nous ne soyons plus très loin de ma ville. - Soudain, il me désigna un point au loin. - Regardez, dit-il, c'est Manzanar, ce camp de concentration où ils ont mis tous ces pauvres Japonais. - je n'y avais jamais été, aussi suivis-je son doigt, mais c'était bien trop loin ; je ne pus distinguer grand-chose. - Je ne comprends toujours pas comment on a pu faire tant de mal à ces pauvres gens, dit le vieux boulanger. - C'est abominable, dis-je. - Le boulanger me regarda droit dans les yeux, et je vis quelque chose se lever en lui, quelque chose qu'il devait dire : - Si seulement ç'avait été LES JUIFS !

Je le regardai, sans voix. Puis me levai et changeai de siège.

Qu'avait-il vu toutes ces années, quand il pétrissait cette pâte aussi pâle qu'un visage, la striant de ses ongles avant de la livrer aux flammes du gaz ?

Nous arrivâmes dans ma ville, je récupérai mon sac et me levai. J'étais tendu parce que j'allais devoir passer devant lui. Quand je fus au niveau de son siège, je lui dis au revoir d'une voix basse. Mais il ne me répondit pas.

Et je me demandai ce que j'aurais dû faire. Aurais-je dû rester assis et discuter avec cet homme ? Aurais-je dû ne pas lui dire au revoir ? Quoi que j'aie fait, c'était une erreur. Sinon pourquoi aurais-je eu honte ainsi ?...
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Assurément, aucun radin ne devrait négliger de soulever les paupières., lesquelles sont devenues des livres de comptes à deux colonnes laborieusement stylographiées et ponctuées de veines par de vieilles dames qui, étant des employées du Musée, ne font jamais de fautes ! (Même s'il est vrai qu'elles mâchonnent le capuchon de leur stylo après chaque sous-total.)
(Les Filles Heureuses)
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Oh, fort peu d'histoires meurent de leur propre gré, dit le Démon. Elles sont comme nous ; elles veulent vivre, peu importe les mauvais traitements qu'elles reçoivent... Et cependant il en est qui savent...
(La Tombe des Histoires Défuntes)
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Videos de William T. Vollmann (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William T. Vollmann
"Le Monde n'existe pas", un polar publié chez Gallimard où fiction et réalité se rejoignent. Fabrice Humbert, son auteur, nous en parle. Après "Autoportraits en noir et blanc" (Plon, 2001), "Avant la chute" (Passage, 2012) ou encore "Eden Utopie" (Gallimard, coll. "Blanche", 2015), ce troisième roman se situant entièrement ou en partie aux États Unis. le journaliste Adam Vollmann voit s'afficher un soir sur les écrans de Times Square le portrait d'un homme recherché qu'il reconnaît : il s'agit d'Ethan Shaw, le bel Ethan, celui-là même qui, qui vingt ans auparavant, était la star du lycée, et son seul ami. Il est désormais accusé d'avoir violé et tué une jeune Mexicaine. Refusant de croire à sa culpabilité, Adam retourne à Drysden, où ils se sont connus, pour mener l'enquête. Un polar, forme à laquelle l'auteur est très attaché, qui aborde la thématique de l'identité, la question des vies possibles, des choix déterminants de l'existence, du bien et du mal... autant de thèmes que l'on retrouve tout au long de son oeuvre.
La Grande table Culture d'Olivia Gesbert – émission du 23 janvier 2020 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/saison-26-08-2019-29-06-2020
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