Adieu à la vie
Adieu ; je vais dans ce pays
D’où ne revint point feu mon père :
Pour jamais adieu, mes amis,
Qui ne me regretterez guère.
Vous en rirez, mes ennemis ;
C’est le requiem ordinaire.
Vous en tâterez quelque jour ;
Et lorsqu’aux ténébreux rivages
Vous irez trouvez vos ouvrages,
Vous ferez rire à votre tour.
Quand sur la scène de ce monde
Chaque homme a joué son rôlet,
En partant il est à la ronde
Reconduit à coup de sifflet.
Dans leur dernière maladie
J’ai vu des gens de tous états
Vieux évêques, vieux magistrats,
Vieux courtisans à l’agonie :
Vainement, en cérémonie
Avec sa clochette arrivait
L’attirail de la sacristie ;
Le curé vainement oignait
Notre vieille âme à sa sortie ;
Le public malin s’en moquait ;
La satire un moment parlait
Des ridicules de sa vie ;
Puis à jamais on l’oubliait ;
Ainsi la farce est finie.
Le purgatoire ou le néant
Terminait cette comédie.
Petits papillons d’un moment,
Invisibles marionnettes,
Qui volez si rapidement
De Polichinelle au néant,
Dites-moi donc ce que vous êtes !
Au terme où je suis parvenu,
Quel mortel est le moins à plaindre ?
C’est celui qui ne sait rien craindre,
Qui vit et meurt inconnu.
Les vrais passions donnent des forces, en donnant du courage.
Extrait de Correspondance.
ANECDOTE SUR CHARLES-QUINT.
Charles-Quint avait-il couché avec sa soeur Marguerite, gouvernante des Pays-Bas ? En avait-il eu don Juan d’Autriche, frère intrépide du prudent Philippe II ? Nous n’avons pas plus de preuve que nous n’en avons des secrets du lit de Charlemagne, qui coucha, dit-on, avec toutes ses filles. Pourquoi donc l’affirmer ? Si la sainte Écriture ne m’assurait pas que les filles de Loth curent des enfants de leur propre père, et Thamar de son beau-père, j’hésiterais beaucoup à les en accuser. Il faut être discret.
J'ai jugé justement un injuste adversaire .
in MEROPE ,IV,2 .
Aime la vérité mais pardonne à l'erreur .
VOLTAIRE / CANDIDE / LA P'TITE LIBRAIRIE