Nevada, tome 2 : Route 99

Nevada Marquez, le régleur de problèmes de Hollywood est de retour ! Cette fois-ci il ne s'agira plus de retrouver une célébrité pour la forcer à revenir sur les plateaux et à tenir ses engagements, mais à convoyer une certaine marchandise (moins illégale que l'alcool) tout au long de la route 99.

Sauf que forcément, très rapidement, les choses vont s'envenimer et à la suite d'une indiscrétion, voilà notre cow-boy à moto qui se retrouve aux prises avec un impitoyable truand chinois, bien décidé à se rembourser d'une dette… le programme est donc d'autant plus chargé que les premières planches de l'album sont consacrées à la recherche d'un certain Carlsen.

Débutant peu de temps après le dénouement de L'étoile solitaire, Route 99 nous offre une certaine continuité. Continuité qui se retrouve également tout au long de l'album qui tente par ailleurs d'ouvrir de nouvelles perspectives à la série.

S'inspirant les westerns, les auteurs tentent ici d'enrichir les références et regardent également du côté des films de la route (pour ne pas dire « road movies »). le résultat est franchement convaincant. L'action tient une grande place, pourtant, comme si tout cela ne suffisait pas des personnages sympathiques ou au contraire antipathiques, font leur apparition. Tout cela est franchement immersif. le dénouement offre une belle surprise et annonce un troisième volume tout aussi passionnant.

Le scénario, bien que riche n'est pas ici le point fort. L'impression laissée à la fin du volume n'est guère flatteuse et donne l'impression, d'un « tout ça pour ça » assez regrettable, mais qu'importe ! le bout de route passé en compagnie de Neveda Marquez compense ce désagrément.

Ce qui retient l'attention (en dehors des personnages) reste les dessins. le trait est efficace, maîtrisé… et sert essentiellement à rendre hommage à un nombre plutôt impressionnant de films. Il y a bien sûr La mort aux trousses (la première de couverture annonçait déjà la couleur), mais également bien d'autres (Scarface, Les incorruptibles et Les sentiers de la perdition).

Voici donc un album qui aura bien peu fait parler de lui (et moins mis en évidence que L'étoile solitaire) mais qui se révèle efficace et particulièrement bien réussi. Un bon cru à découvrir (ou à faire découvrir) à tout bon cinéphile, qui sera ici aux anges !

Cette série BD suscite des impressions contrastées. D'un côté, les dessins de Colin Wilson sont toujours expressifs, prenants, et convenant à cette époque de transition entre le western, en train de disparaître, et Hollywood, en train d'écrire sa légende. Nevada Marquez, cascadeur pour le cinéma, livreur à deux roues motorisé, dégage un certain style. Bref, la série a du charme et ce tome 2 le confirme.
Tout comme cet épisode confirme la relative faiblesse du scénario. Nevada, alors à San Francisco, se voit confier la tâche d'aller à Chinatown prendre un colis et l'amener à Los Angeles, où des clients hollywoodiens l'attendent avec impatience. Pas de suspense, il s'agit de stups… Qui intéressent plus (à l'époque) la triade chinoise à qui l'affaire a échappé que la police locale (encore que…).
Résultat, voilà Nevada chevauchant sa Harley poursuivi par les hommes de main d'une triade et leur chef. Et derrière, comptant les points, un duo de policiers qui cherche à coffrer le chef de la triade.
Bagarres, têtes à queue, fusillade à l'ancienne, attaque depuis le ciel (et oui les premiers avions servent à tout), tout y passe le long de ce trajet. A un arrêt, Nevada rencontre une journaliste engagée. Une rencontre de deux êtres qui savent qu'ils ne peuvent rester accrochés l'un à l'autre, car trop indépendants.
Tout cela est assez fun, presque deuxième degré. le personnage de Nevada a du charisme, les décors sont somptueux (et donnent lieu à des séquences puisées dans l'imaginaire hollywoodien), les premières voitures et avions pétaradent.. Un excellent divertissement auquel il ne faut pas demander beaucoup plus.

Les petits boulots de Louise Hathaway commencent à se ressembler pour Nevada Marquez.
Tantôt doublure et cascadeur pour les films qu'elle produit, il est également son homme de main pour diverses petites corvées.

Et quand Nevada force la voiture de Joe à percuter un tramway dans les rues de San Francisco, il livre sur un plateau une partie du casse de la banque de Kansas City à la police.

Mais comme à chaque fois, toute bonne action en entraîne une autre pour Nevada, et pas toujours avec le même résultat.

Louise l'envoie à San Francisco, chez M. Wong dans Chinatown pour y prendre possession d'un kilo d'héroïne, à livrer à Beverly Hills, Los Angeles.

Mais dès le colis récupéré, Nevada fait la connaissance de François Cheng et ses hommes de main.
François Cheng est un autre mafieux chinois, actif dans le milieu du jeu, et pourtant élevé chez les Jésuites.
Ce dernier l'informe que l'argent qui a été restitué à la police la veille devait en partie lui revenir.
Son intervention l'ayant privé du remboursement de cette dette, il était donc normal que Nevada devienne de facto son débiteur pour cette somme.

Nevada arrive à leur fausser compagnie grâce à la puissance de son Harley Davidson, un chevron de l'industrie mécanique de Milwaukee.

De là à penser que le road trip sur la route 99 jusque Los Angeles sera de tout repos....

Nevada est chargé par Louise, sa partenaire, de récupérer un colis dans Chinatown, de la chinese rock, de l'heroine pour son client James Cagney. Il va se heurter à Francois Cheng, chef d'une mafia chinoise, parce qu'en arretant des gangsters qui lui devaient de l'argent, leur dette a été transférée à Nevada, ce qu'il refuse évdemment. S'attirant la haine mortelle de Cheng qui dans son cerveau tordu, pense que Nevada lui a fait perdre la face.
Suivi par un duo du FBI qui cherche à coincer Cheng, Nevada va devoir réaliser des miracles pour lui echapper. Mais cela lui permettra de rencontrer Dorothy Johnson future ecrivaine de western.
Dessin sur et précis, cette course poursuite est particulierement bien rendue. Haletant!

L'enchainement d'anecdotes ne fait pas une histoire.

Nevada effectue une livraison de dope, légale en Californie à la belle époque d'Hollywood.
Et va enchainer les embrouilles avec pas mal de monde…

Des séquences assez décousues, un nombre important de cases plutôt difformes, une volonté de surcharger l'histoire en scènes d'action, des rencontres de personnalités de l'époque à chaque coin de rue.
Les auteurs, qui nous ont prouvé leur valeur auparavant, ne sont pas ici à leur meilleur niveau.

Çà ce lit, mais c'est moyen, on espère que le prochain opus qui s'annonce sera plus équilibré.
(plus d'avis sur PP)