AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Eric Holstein (Traducteur)
EAN : 9782376862826
350 pages
Editions ActuSF (16/04/2021)
3.6/5   24 notes
Résumé :
Imaginez que mentir soit puni par la loi. D'être obligé de consigner par écrit vos faits et gestes quotidiens pour preuve.

Bienvenue dans le Golden State, une Californie alternative et souveraine qui a décidé de placer ses habitants sous haute surveillance... avec leur propre bénédiction. Laszlo Ratesic fait partie du Service Spéculatif depuis 19 ans. Il n'est pas un policier comme les autres : son travail consiste à s'assurer que la vérité est respec... >Voir plus
Que lire après Golden StateVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quelle belle surprise que ce Golden State ! En puisant (beaucoup) dans les grands classiques de la dystopie que sont 1984 et Fahrenheit 451, Ben H. Winters nous sort une nouvelle contre-utopie dans un style résolument moderne, à la sauce polar, rien que ça !

L'idée de base est toute conne et m'a séduit d'emblée : dans cette société, le mensonge est proscrit par la loi ! Une de ces idées simples qui fondent tant d'histoires de SF (comme les hommes qui dorment 20h par jour dans Les bras de Morphée, de Bécu). Une idée tellement géniale qu'elle a dû caresser l'esprit de tous les auteurs du genre, non ? Voyons, dans la plupart des contre-utopies, et il en va de même des régimes totalitaires, le pouvoir en place se maintient à grand renfort de récit officiel et de propagande. du grand classique. L'originalité de Golden State est d'inverser la relation : la seule société vivable est celle qui se fonde sur la vérité intangible (l'unique récit), et l'état se met à son service en garantissant son intégrité, sa complétude et son accessibilité aux citoyens. Évidemment, la notion de vérité ou de réalité des faits étant un sujet hautement philosophique, on se doute qu'il y a anguille sous la roche du Golden State

Les 400 pages de ce roman se lisent comme du petit pain.
Je ne suis pas un amateur du genre policier, mais je reconnais la force de ses figures, de ses clichés et de ses ressorts pour faire fonctionner une histoire. L'inspecteur usé et sa jeune recrue imposée, la scène du crime, la course poursuite, l'opposition entre les différents corps de métiers, la justice, l'infiltration, la corruption… Tout y est ! Alors oui, c'est du polar vu et revu, mais c'est aussi pour ça que le divertissement fonctionne parfaitement.
Ajouté à cela une écriture parfaitement fluide et maîtrisée, même si elle n'a rien d'exceptionnel. Un point m'a impressionné : tout au long du roman, le personnage principal (l'inspecteur et narrateur) nous commente en temps réel son usage d'un pouvoir mental de « discernement de la vérité » que seule sa caste possède. D'après mon expérience, c'est assez difficile à réaliser sans alourdir le texte. Winters s'en sort haut la main, alors que le résultat m'était apparu bien plus mitigé dans le Silence de la cité, de Vonarburg, par exemple.

Au niveau des thèmes, comme je l'ai dit, on sent une grosse inspiration des grands classiques.
De 1984, on retrouve la société de surveillance, certaines institutions d'état spécialisées, les livres autorisés, le traitement linguistique fouillé (les noms des institutions, les bonjours remplacés par les échanges de tautologies…).
De Fahrenheit 451, on retrouve le choix ironique du héros parmi la caste la plus emblématique de la société, mais aussi et surtout, le coup du livre... Non, Ben ! Comme t'as pu pomper le coup du livre dans Fahrenheit 451 ??? On voit illico où ça va nous mener du coup… Je n'en dirais pas plus, mais c'est quand même osé !


Quelques légers défauts que j'ai relevés :

- Un certain manque de crédibilité parfois.
Ainsi notre inspecteur est à la limite de l'obésité, mais il met toujours un point d'honneur à courir après, rattraper et menotter lui-même les fuyards, avec un certain succès apparemment.
Il est aussi une grande-gueule colérique mais fait preuve d'un grand sang-froid lors des interrogatoires.

- J'attendais beaucoup de la réflexion autour du concept et de la société qui en découle. L'auteur a clairement fait son job en théorisant de manière convaincante et en développant de nombreuses idées intéressantes qui relativisent l'apparente omniprésence de la vérité : accès à l'information parfois coûteux en temps et en moyens, sélectivité de l'information diffusée dans les médias. En revanche, j'ai trouvé vraiment dommage de n'avoir pas plus développé l'incidence de cette société sur la délinquance en col blanc, la corruption, les pratiques de dissimulation et la culture du secret qui caractérise la caste dominante.

- Si la dernière partie ne manque pas de rebondissements, elle part aussi un peu dans tous les sens et le message se brouille derrière une multitude d'interprétations. le dénouement quant à lui m'a moyennement convaincu.

- L'auteur a su fondre deux grands classiques pour créer une oeuvre possédant ses qualités propres, ce qui est remarquable. En revanche, la dimension émotionnelle, très présente dans ses deux sources d'inspiration (et habituelle dans le genre dystopique, comme dans Un bonheur insoutenable, du maitre Ira Levin), se trouve ici très réduite, malgré la ligne dramatique. le ton décalé et plaisant du narrateur y est sans doute pour quelque chose.
Commenter  J’apprécie          60
Après la percutante trilogie Dernier meurtre avant la fin du monde et la brillante uchronie Underground Airlines, Ben H. Winters revient avec une dystopie oppressante qui met terriblement mal à l'aise, surtout à la lumière de ce qui se passe un peu partout dans le monde actuellement. À savoir ces courants qui exigent une "épuration" constante du discours, des écrits et de la pensée, pour tendre vers un politiquement correct extrême et permanent.
Dans le Golden State, il n'y a plus de place pour l'humour, l'ironie ou les opinions. Seuls comptent les faits objectifs et vérifiables. Point. Les citoyens ne se saluent plus par des formules de politesse, mais par des vérités indiscutables comme "La Terre est en orbite autour du soleil", qui appelle en réponse "Et la Lune est en orbite autour de la Terre". le reste disparaît sous la dénomination de l'inconnu et inconnaissable. Affaire classée. Tout ce qui est de l'ordre du ressenti, de la sensibilité, du subjectif, etc. est non seulement soigneusement réprimé mais peut même vous faire exiler définitivement du pays.
Même les petits mensonges innocents et sans conséquences sont formellement interdits. Laszlo Ratesic, héros du roman, ne remet jamais en cause ces postulats. Il y croit, y est attaché. Comme dans ses romans précédents, Ben H. Winters choisit comme personnage principal un homme dont la seule raison d'exister se trouve dans son travail et qui continue vaille que vaille, peu importe le coût final de son obstination (aussi bien coût personnel que pour les autres). Laszlo ne sait rien faire d'autre, ne trouve son équilibre que de cette façon, comme Hank Palace dans Dernier meurtre avant la fin du monde.
Cette caractéristique, associée à une écriture assez froide et distante, rend les romans de Winters assez ardus au début. Il faut toujours s'accrocher pour entrer dans l'histoire. Mais, une fois qu'on y est, quel bonheur ! Sous couvert de science-fiction, l'auteur dissèque avec férocité les travers de son pays et les conséquences abominables auxquelles ils pourraient bien mener dans un futur pas si lointain.
Dans le Golden State, la littérature est elle aussi obligée de se plier aux diktats gouvernementaux. Elle n'existe plus que sous deux formes, publications officielles sans saveur et romans à la définition très particulière :
Une histoire vraie, répartie en chapitres ou différents actes, mettant en scène un ou plusieurs personnages historiques et dont la résolution délivre de manière plus ou moins explicite un message sur la nature inspirante du Golden State.
La télévision est du même acabit : les seuls programmes sont des compilations de moments saisis par les caméras de surveillance réparties par millions un peu partout, compilations classées par genres.
Bref, dans le Golden State, on s'emmerde ! La vie n'a plus aucune saveur, aucun intérêt et c'est un magnifique cri du coeur que lance l'auteur, un signal d'alarme porté par une écriture précise et efficace.
Ben H. Winters est une des voix venues d'outre-Atlantique à écouter avec attention.
Commenter  J’apprécie          20
Golden State se déroule dans une Amérique futuriste où la société a été complètement bouleversée suite à une « catastrophe » entraînant de nouvelles règles et particulièrement l'interdiction de mentir. En réalité, on ne sait pas quel a été cet évènement qui a entraîné le basculement de la société vers la nouvelle nommée Golden State, c'est un sujet tabou dont les habitants eux-mêmes ne connaissent plus les détails. le roman nous emmène donc dans une société bien huilée où les gens ont appris à éliminer le mensonge de leur vie et où certaines personnes ont développé le pouvoir de détecter les mensonges. Et c'est l'un de ces personnages que l'on va suivre : Laszlo Ratesic a intégré grâce à son don le service spéculatif dont le but est de déterminer s'il n'y a rien qui cloche dans les enquêtes policières, si l'intégrité de « Ce qui est » est bien préservée. Et on le retrouve justement à enquêter sur la mort d'un ouvrier qui semble être un simple accident du travail. Rien d'anormal à première vue, mais des petits détails étranges vont le pousser à enquêter plus profondément…

Ben H. Winters nous propose une dystopie dont le style n'est pas sans rappeler 1984 d'Orwell. le style de l'auteur est très froid à la fois dans son écriture, mais également dans sa manière de dépeindre son univers. le récit est écrit de manière très factuelle avec des phrases courtes et percutantes. L'univers possède également une grande froideur, il extrêmement codifié, aucune place n'est laissée aux émotions. Les personnages gravitent dans un monde extrêmement aseptisé dans lequel mentir n'est plus possible, mais également dans lequel chaque minute de leur vie est surveillée. Les personnages doivent ainsi remplir des rapports quotidiens détaillant heure par heure leur vie. Les personnages sont si contrôlés que les plus grands criminels deviennent finalement des enfants ayant menti pour avoir un paquet de bonbons. Bref, Ben H. Winters nous emmène dans un monde sans émotion dont il a pensé les moindres détails, car le mensonge ne passe pas uniquement par la parole. Il faut un peu de temps pour s'habituer à la froideur du récit mais, une fois les codes bien intégrés, il devient difficile de lâcher le récit qui nous emmène de plus en plus en profondeur dans cette société endoctrinée.

L'intrigue tourne autour du personnage de Laszlo Ratesic, un citoyen modèle complètement en phase avec sa société et qui va jusqu'à travailler pour elle en détectant le moindre petit mensonge. Il prend sous son aile une jeune stagiaire, Paige, avec laquelle il commence à enquêter sur un banal accident. L'enquête des deux personnages nous dévoile le fondement de cette société futuriste. On découvre les moyens très modernes mis à disposition des enquêteurs notamment les vidéos de surveillance ainsi que la manière dont se déroulent des interrogatoires quand on ne peut pas mentir, et certains personnages sont très forts pour ne rien révéler et les faire tourner à leur avantage ! Laszlo et Paige vont remonter le fil de la vie du jeune homme décédé nous entraînant dans différentes couches de la société jusqu'à les déliter complètement. L'auteur emmène peu à peu ses personnages sur des chemins très dangereux allant jusqu'à la remise en question totale de toute la société. C'est d'ailleurs ce qui est le plus fascinant dans ce récit : se rendre compte de l'engrenage dans lequel tombe un homme, qui va l'amener à remettre en question toutes ses convictions les plus profondes. Et de ce point de vue-là, l'évolution des personnages est extrêmement réussie. J'ai juste eu une réserve sur le personnage de Paige dont les réactions ne m'ont pas semblée très crédibles, mais cela s'explique finalement dans le récit.

L'enquête est vraiment très prenante, ses avancées sont nombreuses tout comme les rebondissements. Assez intrigante au départ puisque la situation ne semble pas nécessiter d'enquête, elle se complexifie de plus en plus et demande une attention de la part du lecteur pour ne pas perdre le fil. Ben H. Winters offre dans la dernière partie du roman d'énormes bouleversements qui viennent absolument tout remettre en question et, comme si ce n'était pas encore suffisant, les dernières pages elles-mêmes viennent encore redistribuer les cartes. L'auteur n'amène pas toutes les réponses sur un plateau, il demande aux lecteurs une réflexion pour comprendre cette fin. Personnellement, je n'ai pas été frustrée, car j'ai eu le sentiment d'avoir toutes les cartes en main pour réfléchir sur l'intrigue, mais ça ne sera pas forcément le cas de tous les lecteurs. Si vous n'aimez pas les fins un peu ouvertes qui laissent des choses en suspens, je ne vous conseille donc pas ce roman, sinon n'hésitez pas, c'est une excellente dystopie.

Lien : https://sometimesabook.wordp..
Commenter  J’apprécie          00
J'avais acheté le livre en lisant le 4eme de couverture...dans une librairie car imaginer un monde ( un peu façon 1984) où le mensonge est chassé et puni est assez séduisant comme intrigue ( pas comme vie!) ...je n'ai pas été déçu....c'est interessant. Je pourrais imaginer que le concept de vérité absolue ait pu être traitée d'une façon plus aboutie mais ,c'est illustré par de belles idées. L'intrigue avance mais se perd un peu à la fin ( à mon goût) ...en tous cas, je relirai des livres de cet auteur que je ne connaissais pas!
Commenter  J’apprécie          60
Dans une Californie alternative nommée Golden State, le mensonge est fortement réprimandé. Tout est scruté, archivé, documenté, enregistré car « ce qui est objectivement » le sera à jamais. Dans ce système, Laszlo Ratesic est un Spéculateur. Il traque le mensonge grâce à un don particulier. Mais surtout, il est autorisé à spéculer, à réfléchir aux différentes alternatives qui entourent une vérité pour déterminer laquelle est la vérité vraie. Quand il est appelé sur une chute de toit, il n'imagine pas qu'il va mettre le pied dans un engrenage. Une enquête qui va repousser ses limites.
Dans ce livre, la vérité est élevée comme une vertu et permet à un État totalitariste de contrôler la moindre journée de chaque citoyen.
Ben H Winters aborde le sujet du totalitarisme sous un angle original.
Car la vérité est un concept abstrait dont chacun détient une part. Je vous donne quelques proverbes qui illustrent ce propos.
Avec la vérité à ses côtés on va partout, même en prison (proverbe polonais).
Un mensonge qui fait l'affaire vaut mieux qu'une vérité qui l'embrouille (proverbe persan).
Les femmes disent toujours la vérité, mais pas tout entière (proverbe provençal).
J'aime particulièrement le dernier. Quel est le vôtre ? ahahahaha
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
SciFiUniverse
18 octobre 2021
Dystopie originale, univers où la vérité est devenue la seule loi, Golden State a un côté polar noir mâtiné de 1984. Vous y suivrez un enquêteur un peu particulier dans une investigation qui va dévoiler les secrets de cette société parfaite sur le papier. Dans la veine d’Underground Airlines, ce roman renvoie à notre réalité et à ses défauts.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Au bureau, le pouvoir dont vous êtes investi vous permet de réquisitionner toutes les extractions que vous voulez pour les charger sur votre écran et, d'un mot, les lancer. En revanche, sur les écrans domestiques, vous devez composer avec ce qu'on vous y propose. Ce ne sont que des tranches de vie, surprises par les captures disséminées dans la ville et rassemblées par la branche divertissements en flux thématiques : "Disputes dans un restaurant", "Demandes en mariage surprises", "Personnes en train de chercher des petits objets qu'elles ont perdus". (152)
Commenter  J’apprécie          00
Une question est une tasse qui attend d'être remplie. Il y a ceux qui la rempliront jusqu'au rebord, déversant toute la vérité qu'ils pourront, jusqu'à ce qu'elle déborde et se répande sur la table. Je ne suis pas comme ça. Moi, je ne vous donnerai que l'exacte vérité, et rien de plus. Je réponds à votre question et je la ferme.
Commenter  J’apprécie          00
« Une vache a quatre estomacs.
— Et un humain, un seul.
— Tels sont les faits.
— Ainsi va le monde. »
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Ben H. Winters (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ben H. Winters
READING VLOG | Le club Aegolius, Parasites, La fileuse d'argent, Am Stram Gram, Les gens heureux...
autres livres classés : science-fictionVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (68) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4891 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}