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Blandings Castle et lord Emsworth tome 4 sur 10

Anne-Marie Bouloch (Traducteur)
EAN : 9782707148315
224 pages
La Découverte (28/10/2005)
3.58/5   18 notes
Résumé :
La lune rayonne doucement sur les tours et les créneaux du château de Blandings. Pourtant, le sommeil fuit Clarence, neuvième comte d'Emsworth. Etre obligé d'accueillir sous son toit son fils cadet Freddie suffirait déjà à le déprimer. Mais, sur ce, voilà que s'annonce Tipton Plimsoll, jeune et riche Américain, au bras de Véronica, la ravissante idiote de fille de sa sœur lady Hermione Wedge et ancienne fiancée de Freddie : la situation a de quoi faire trembler un a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Full Moon
Traduction : Anne-Marie Bouloch

ISBN : 9782707148315

Quand tout va mal autour de vous et que vous vous dites que la Terre est prête pour le Jugement Dernier, il convient de vous ruer sur l'un des romans de P. G. Wodehouse que contient votre bibliothèque, de vous mettre à genoux si vous le désirez en attendant que se produise le grand "boom" et qu'apparaisse enfin l'Être Divin (mais sur une foule de coussins bien confortables tout de même) et d'entonner, non un psaume et encore moins "Plus Près de Toi, Mon Dieu", mais la prose, inoubliable parce que finement stylée et ponctuée de dialogues ciselés avec un naturel impressionnant, de l'auteur britannique. Si le Jugement Dernier survient vraiment, Dieu constatera ainsi que vous êtes une personne de goût et un lecteur résolument optimiste et, dans Sa grande bonté, Il ne vous tiendra pas rigueur de votre légèreté apparente et Se concentrera surtout, à mon sens, sur ce que votre acte révèle, en vous, de générosité et d'amour de la vie.

Prétendre que, cette dernière semaine, je m'attendais au Jugement Dernier serait exagéré . Evidemment, nous avons eu beaucoup de "Belphégors" reçues en terrain militaire, alors qu'on est à deux pas de l'Île Longue et de son arsenal nucléaire alors que, par un hasard assez inquiétant, le Tchad prenait dans le même temps la décision d'interdire ce genre d'accoutrement pour cause d'attentats-suicides . Mais, pour paraphraser Wodehouse et pas mal de ses personnages, nous autres, Brestois & Bretons, en avons vu d'autres et c'est avec le sens purement celtique de l'éternité de l'âme que, comme d'ailleurs les Indiens des plaines, nous aimons à nous dire et à nous redire, avec de grandes claques dans le dos et entre deux bolées de cidre : "Gast, c'est un bon jour pour mourir."

Adoncques, disons plutôt que, les choses étant ce qu'elles sont et le monde ce que vous savez, ayant été contrainte, par le décès du dernier maillon de la génération précédente, de changer à nouveau de wagon et de grimper dans celui - très luxueux, je vous le certifie mais d'où l'on ne descend jamais qu'au bras de l'Ankou - qui se trouve en tête de chaque convoi humain sur l'humble route que nous sommes tenus de suivre jusqu'au bout, je me sentais un peu déstabilisée. La marche du Temps et tout ça ... Dans ces cas-là, en tous cas pour moi, il n'y a que deux remèdes : les romans noirs et les romans de Wodehouse. J'ai eu recours aux deux, vous avez pu le constater et, comme j'ai salué précédemment sur ce site les romans noirs qui m'ont aidée à franchir ce passage difficile, il est bien normal que je rende également hommage à "Pleine Lune à Blandings", livre qui a (presque) tout de suite provoqué mon hilarité puisque la première scène se situe dans le parc de Blandings, où le colonel Wedge, époux de l'une des innombrables soeurs de Clarence, lord Emsworth, neuvième du nom, tombe, à son retour de Londres (ou de je-ne-sais-plus-où) sur une espèce de tas de vieux vêtements écroulés sur la barrière entourant la porcherie où s'est majestueusement retirée à cette heure l'Impératrice de Blandings. En s'approchant, le colonel réalise que le tas de vêtements, qu'il croyait aussi fripés que mathusalémiques, n'est autre que lord Emsworth lui-même et, à sa question bien naturelle : "Mais, Clarence, que faites-vous ici à cette heure-ci ?" - il est plus de dix heures du soir - son beau-frère lui répond cette phrase que je n'hésiterai pas une seconde à qualifier de typiquement "wodehousienne" : "J'écoute mon cochon."

De fait, avec l'attendrissement légitime que l'on devine, lord Emsworth écoutait ronfler l'Impératrice. ;o)

Le ton est donné et il ne variera plus. A compter de cet instant nocturne, si solennel, si émouvant, la ronde se forme : l'Honorable Freddie Threepwood, fils aîné de lord Emsworth et désormais marié à une Américaine richissime, s'en vient faire une tournée publicitaire dans le ... shire afin d'y faire la promotion des croquettes pour chien que vend son beau-père ; dans la foulée, il doit aussi récupérer une rivière de diamants que sa femme avait confiée à une bijouterie anglaise pour la faire nettoyer ou retailler ou quelque chose comme ça ; il amène avec lui, pour le remonter car son médecin, pour des raisons qu'il serait trop long de vous exposer ici, lui a recommandé l'air de la campagne, un autre Américain, nettement plus jeune que son beau-père mais tout aussi richissime, Tipton Plimsoll ; et bien entendu, comme tout est facile dans les romans de Wodehouse (enfin, en apparence seulement), Plimsoll va tomber raide amoureux de Veronica, la fille des Wedge, jeune fille d'une beauté éclatante mais dotée d'une cervelle un peu paresseuse ; d'un autre côté, autant Veronica se sent monter au septième ciel, autant sa cousine Prudence - la fille d'une autre soeur Emsworth qui, elle, vit à Londres - est plongée dans les affres de l'Enfer amoureux car on l'a expédiée à Blandings pour la séparer de l'homme qu'elle aime, le jeune William Lister (surnommé "Blister" par ses condisciples, dont Freddie, qui le connaît bien) ; ledit William étant le filleul de Galahad Threepwood, le cadet de lord Emsworth et le désespoir absolu de toutes les soeurs du clan, voici que l'oncle Gally, bien décidé à voir Prudence et Bill unir leurs destinées de fille de la gentry et d'artiste peintre, arrive à son tour de Londres pour squatter un peu Blandings ; il faut ajouter à cela le désir obsessionnel de lord Emsworth de faire exécuter le portrait de sa très chère Impératrice, désir qui permettra par deux fois au jeune Bill, fortement poussé, il est vrai, par son parrain Galahad, de s'introduire dans la place. Ah ! n'oublions pas non plus la recommandation faite par le colonel Wedge à lord Emsworth de ne pas évoquer, devant le jeune Plimsoll, les lointaines fiançailles de Veronica avec Freddie. Toujours distrait, lord Emsworth enregistre les éléments de la recommandation mais en vrac et s'empresse donc de confesser au très riche héritier américain que oui, il y a de cela quelque temps, son fils Freddie s'était fiancé à Veronica . Là-dessus, lord Emsworth s'en va, très fier de lui et tout apaisé - il a fait à Plimsoll la commission que son beau-frère voulait qu'il lui fît - laissant derrière lui un Tipton livré à l'hydre hideuse et toute verte de la Jalousie.

J'ignore si vous avez réussi à me suivre jusqu'ici. Si vous y êtes parvenu, c'est très bien : ou vous avez déjà lu Wodehouse, ou alors vous êtes fin prêt pour vous plonger dans son univers. Avec ses échanges sémillants, ses descriptions troublantes de réalisme - Hermione Wedge, la soeur de lord Emsworth et descendante d'au moins dix mille aristocrates, y est dépeinte extérieurement comme une cuisinière toujours sur le point de rendre son tablier - les errances lunaires du seigneur et maître de Blandings, la certitude absolue qu'a Plimsoll, un solide buveur, d'être poursuivi par des hallucinations qui prennent l'apparence d'une tête de gorille, le fait que la tête de gorille n'est autre que celle de Bill Lister, lequel, pour diverses raisons, finit toujours par se retrouver sur le chemin de Plimsoll lorsque celui-ci picole un peu trop, la sottise non moins absolue et terriblement fascinante de Veronica Wedge, les inventions et astuces diverses autant que déjantées, sans compter le sang-froid indéniablement britannique, qui caractérisent le personnage de l'Oncle Galahad, les allers-retours incessants d'un Freddie que son mariage a métamorphosé d'héritier lymphatique en homme d'affaires résolu à vendre des croquettes pour chien Donaldson à toute l'Angleterre rurale, "Pleine Lune A Blandings" est l'un des opus qui vous permettra le mieux de prendre pied dans ce monde où règnent légèreté, gaieté et humour. Rien n'est grave, chez Wodehouse : tout peut toujours s'arranger.

Avec un peu de bonne volonté de part et d'autre. ;o)

P. G. Wodehouse : un nom qui est comme un monument littéraire dressé à l'Espoir. Déposer une gerbe à ses pieds est, pour tout lecteur digne de ce nom, pour ainsi dire un devoir. Et si vous glissez un pétard (ou encore un casque de policeman) dans la gerbe, ne vous inquiétez pas : du Paradis des Ecrivains où il se trouve certainement, Wodehouse sera très touché par votre hommage. ;o)
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Le domaine de Blandings pourrait être un havre de paix et de sérénité pour ses habitants. Imaginez un instant un château anglais posé sur un écrin de verdure, la nature à perte de vue, le silence seulement troublé par le bêlement des moutons, le meuglement des vaches, le chant d'un coq dans le lointain. "Ici, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté", comme l'a si bien écrit Baudelaire ... Voilà ce que devrait être l'atmosphère délicate du château de Blandings ! Sauf que la famille de lord Emsworth est tout, sauf conventionnelle. Et Clarence Threepwood, neuvième compte d'Emsworth se fait du souci au point d'en perdre le sommeil. C'est dire ! Et pas pour l'Impératrice, sa splendide truie de concours agricole, qui ronfle du sommeil du juste dans son wigwam et objet de toutes ses attentions. Je vous rassure de suite !

Au cours de cette nuit de pleine lune, le colonel Egbert Wedge, son beau-frère, apprendra à Clarence le retour de son cadet, Freddie, à Blandings. Rien que d'apprendre cette nouvelle, le comte d'Emsworth en tremble d'avance. Et si encore cet imbécile venait seul !
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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J'ai un seul problème avec P. G. Wodehouse, c'est que je dois m'isoler pour lire. Je ris tout haut et cela peut gêner mon entourage…
Celui-ci ne fait pas exception et les situations dans lesquelles sont entraînés Tipton Plimsoll et Bill Lister à la conquête de leur fiancée sont tout simplement irrésistibles. Vous l'avez sûrement compris, je ne me lasse pas de mes incursions au château de Blandings !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
[...] ... Et le seigneur du château de Blandings entra, humant la bonne odeur de rose qui sortait de la théière, le regard vague et béat derrière son pince-nez.

- "Ah !" fit-il. "Le thé, hein ? Capital, capital. Le thé."

Puis, voulant être parfaitement clair, selon sa coutume, il ajouta le mot "Thé" et le répéta trois fois. L'auditeur le plus idiot eût deviné qu'il avait conscience de la présence du thé et serait heureux d'en avoir une tasse, et lady Hermione, ne s'arrêtant que le temps d'un reniflement, lui en versa une.

- "Du thé," réitéra lord Emsworth pour éclaircir définitivement la situation et n'y laisser aucune ombre. "Merci, ma chère."

Il prit sa tasse, ajouta habilement du lait et du sucre, remua et but.

- "Ah !" s'écria-t-il, rafraîchi. "Eh bien, me voilà, Galahad.

- Tu n'as jamais rien dit d'aussi vrai, Clarence," admit son frère. "Je le vois à l'oeil nu. As-tu emmené Landseer ?

- Qui est Landseer ? Oh, bien sûr, oui, Landseer. J'avais oublié. C'est à Landseer que je parlais, dans le hall. Landseer," expliqua lord Emsworth en s'adressant à sa soeur, "est l'artiste qui vient peindre l'Impératrice.

- C'est ce que me disait Galahad," déclara lady Hermione.

Le ton de sa voix était si peu aimable que Gally se sentit obligé d'apporter son soutien.

- "Hermione est anti-Landseer. Elle a un préjugé absurde contre ce pauvre type.

- Je n'ai rien de ce genre," rétorqua lady Hermione. "Je garde l'esprit ouvert au sujet de Mr Landseer. Je suis toute prête à le trouver raisonnablement respectable, même si c'est un de tes amis. Je trouve seulement, comme auparavant, que c'est de l'argent gaspillé que de faire faire le portrait de ce cochon."

Lord Emsworth se redressa. Il était choqué, non seulement par l'affirmation, mais surtout en entendant dire "ce cochon" en parlant de la prunelle de ses yeux. Il sentait que c'était un manque de respect.

- "L'Impératrice a gagné deux fois successives la médaille d'argent des porcs gras au concours agricole de Shrewsbury," lui rappela-t-il froidement.

- "Exactement," renchérit Gally. "La seule célébrité que nous ayons jamais produite. Elle a bien plus le droit d'être dans la galerie des portraits que tous ces bandits barbus qui la défigurent." ... [...]

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Une fois encore, lord Emsworth demanda la bénédiction de son âme. L'idée que son plus jeune fils, l'Honorable Freddie Threepwood, s'occupât de succursales anglaises, lui semblait presque incroyable. Des années de vie commune avec ce garçon lui avaient donné l'impression qu'il avait à peine assez d'intelligence pour ouvrir la bouche quand il voulait manger, certainement pas plus. [...] Comme beaucoup de pères de la haute société britannique, il était quelque peu allergique aux fils cadets et n'était jamais ravi de retrouver celui qu'un funeste destin lui avait procuré.
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[...] ... Venu faire un petit tour pour se dérouiller les jambes après son long voyage, le colonel Wedge pensait être seul avec la nature. Le choc de découvrir que ce qu'il avait pris pour un tas de vieux vêtements était un de ses parents par alliance bien vivant le fit répondre un peu sèchement.

- "Bon Dieu, Clarence, c'est vous ? Que diable faites-vous là à cette heure de la nuit ?"

Lord Emsworth n'avait pas de secret pour ses proches. Il répondit qu'il écoutait son cochon, et cette affirmation fit frémir son interlocuteur comme si une vieille blessure se réveillait. Egbert Wedge avait depuis longtemps l'impression que le chef de la famille dans lequel il avait pris femme s'approchait de plus en plus de la loufoquerie pure et simple, mais voilà qui semblait un pas considérable dans cette direction.

- "Ecouter votre cochon ?" dit-il d'une voix presque timide.

Il s'interrompit un moment pour digérer l'information.

- "Vous feriez mieux d'aller vous coucher. Vous allez encore attraper un lumbago.

- Vous avez peut-être raison," acquiesça lord Emsworth en se mettant en marche à son côté.

Pendant quelques instants, ils se dirigèrent vers la maison dans un silence reposant, chacun occupé de ses propres pensées. Puis, comme si souvent en de telles occasions, ils se mirent à parler ensemble, le colonel disant qu'il était tombé sur Freddie la nuit précédente et lord Emsworth demandant à son compagnon si, pendant qu'il était à Londres, il avait vu Mabel.

Cela intrigua le colonel.

- "Mabel ?

- Je veux dire Dora. J'avais oublié son nom. Ma soeur Dora. (...)" ... [...]
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Je te l'affirme. Et que crois-tu que faisait le cochon ? Qu'il chantait ? Qu'il récitait le monologue d'Hamlet ? Rien de tout ça. Il respirait, rien d'autre. Je t'assure, l'idée d'être coincé à Blandings au moment de la pleine lune, avec Clarence, Galahad, Freddie et de Plimsoll dans les environs, ne m'attire pas vraiment. C'est comme faire naufrage sur une île déserte avec les Marx brothers.
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