Publié en 1925, ce roman est, à n'en pas douter, un chef-d'oeuvre de la littérature et une prouesse technique. Dépourvu de chapitres et changeant régulièrement de narrateur, il nous emmène à la découverte des pensées des différents personnages en illustrant de manière frappante ce qu'on appelle le « flux de conscience« . le procédé est fascinant, la technique éblouissante. Pour autant, est-ce que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire
Mrs Dalloway ?
Euh, joker ?
Bon, d'accord, disons-le franchement, c'était déroutant, ardu et un peu pénible. Autrement dit, ce n'est pas ma tasse de thé. Je suis certes capable d'admirer l'écriture et la manière dont l'autrice nous balade dans
Londres en passant d'un personnage à un autre. J'ai même relevé des réflexions d'une incroyable modernité pour un livre qui a près de 100 ans.
Mais est-ce que cela ne vous retourne pas le sang, de voir des petites filles de cinq ou six ans traverser Piccadilly toutes seules ? La police devrait arrêter les voitures tout de suite. Il n'avait pas d'illusions sur la police de
Londres et il réunissait même des témoignages contre elle. Ces marchands des quatre-saisons à qui on ne permet pas d'arrêter leur voiture dans la rue, et ces prostituées, bon Dieu, ce n'est pas à
elles ni aux jeunes gens qu'il faut s'en prendre, mais à notre détestable système social, etc.
[A propos du fait de vieillir] Mais souvent ce corps qu'elle habitait […], ce corps avec toutes ses facultés, semblait n'être rien, rien du tout. Drôle d'impression ;
elle se sentait invisible, inaperçue, ignorée ; plus de mariage à présent, plus de maternités, rien que cette promenade étonnante, un peu solennelle, avec la foule, dans Bond Street, et c'est là
Mrs Dalloway, non plus même Clarissa, c'est là Mrs Richard Dalloway.
Mais je n'ai jamais vraiment réussi à m'intéresser aux personnages et à leurs tourments. Je suis restée détachée face à un texte finalement trop technique pour provoquer en moi la moindre émotion. Je me suis félicitée de n'avoir jamais eu à étudier ce roman à la fac et je suis persuadée que j'aurais détesté le traduire. Je tiens d'ailleurs à exprimer tout mon respect envers la traductrice Simone David et à saluer la beauté de ce livre illustré par Nathalie Navi pour les éditions Tibert. Même quand je peinais parfois sur ma lecture, j'ai apprécié de tenir ce très bel objet entre les mains !
Vous l'aurez compris, je vous recommande ce livre uniquement si vous aimez les exercices de style ou si vous avez envie de vous frotter à un grand classique de la littérature anglaise. Si ce n'est pas le cas,
Mrs Dalloway, malgré ses indéniables qualités, risque fort de vous tomber des mains.
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